Ça faisait déjà plus de dix jours que le summer camp avait commencé. Ou bien plus de deux semaines ? Tu ne savais plus. Tu avais perdu toute notion du temps... Le Summer Camp était salvateur pour toi. Tu te reposais en journée, tu sortais le soir. Tu avais pris un bon rythme qui t'empêchait d'être complètement morte. Il fallait juste que tu fasses gaffe à ton foi, car tu ne savais pas encore combien de temps tu allais pouvoir enchaîner les cuites. Ce soir, t'avais pensé rester dans ta chambre d'hôtel. Ça aurait été une première depuis ton arrivée. Mais non, tu venais de recevoir un message d'Alek. Il voulait que vous vous retrouviez dans un café karaoké. L'idée te faisait rire. Vous faisiez souvent des choses pas très conventionnelles. Ça faisait plusieurs jours que vous ne vous étiez pas vus. La dernière fois remontait à une soirée sur la plage, et celle d'avant, dans une grotte. Tu passais du bon temps avec lui et c'est pourquoi tu acceptas son invitation sans hésiter. Vêtue d'un pantalon noir et d'un débardeur blanc, tu n'avais pas fait trop d'efforts, comme d'habitude en fait. Tu ne mettais jamais de maquillage, ou ce n'est qu'un coup de rouge à lèvres. Tes cheveux étaient encore salés de la journée que tu avais passé à la mer. Oui, tu étais une fille au naturel, sans artifice. Tu entras dans le café et cherchas Alek du regard. Il n'avait pas l'air d'être là, la salle était assez bondée. Tu commandas deux pintes au comptoir et alla t'installer à une table qui était libre.

• Elle était encore là, toujours la même personne qui me poussait vers le vice. Étrangement, ça me plaisait, j'aimais ces moments qu'on passait ensemble, j'aimais le fait qu'il n'y ai aucune gêne entre nous deux. Je ne pouvais pas dire que d'accepter un rendez vous dans un lieu public en sa compagnie était sans risque, à ce niveau là, rien ne nous arrêtait. Mais je voulais passer un moment en sa compagnie, et surtout, en apprendre un peu plus sur elle. Notre relation était basé sur le sexe pur et dur, rien de plus, je l'appréciais, mais je ne connaissais rien d'elle. C'est peut-être ça d'ailleurs qui me plaisait tant. Alors j'avais accepté ce rendez-vous, je m'étais préparé rapidement, enfilant un short et un t-shirt, coiffant mes cheveux aussi rapidement que j'ai mis mon t-shirt, et me voilà prêt. Quelques minutes de marche et j'entre dans le bar, regardant un peu partout, cherchant la jeune femme du regard, je finis par la voir, seule, assise à une table, deux verres face à elle. Un sourire sur le coin des lèvres, je m'avance, déposant un baisé sur sa joue, je prend place. "Je t'ai pas trop fait attendre au moins ?" Je ne pense pas, autrement, son verre serait à moitié vide et là ce n'était pas le cas. Mais par politesse, je demande. •

Je n'ai jamais pensé que l'amour soit synonyme de bonheur. Il ne rime qu'avec amertume et déception. Ma mère l'a connu, l'amour. Le vrai amour, le grand amour, celui qu'on voit dans les films et que certains jalousent. Moi, je n'y crois pas, je n'y pense même pas. Je l'ai jamais ressenti, ou, en tout cas, c'est ce que je me dis. C'est plus simple comme ça, de se voiler la face, de ne pas y penser, de ne pas y réfléchir. Émilio, il avait fait battre mon coeur, il m'avait rendue totalement différente et j'avais détesté ça. J'avais détesté l'idée qu'il puisse me rendre dans un autre état, que je ne puisse pas contrôler ce que je ressentais, ce que j'éprouvais. Depuis lui, je m'étais promise de ne plus jamais retomber aussi bas, de ressentir des sentiments comme j'avais pu en éprouver pour lui. Je ne voulais pas souffrir, je voulais éviter d'être comme ma mère, annéantie lors de la mort de mon père, de son mari. C'était simple, j'enchaîner les relations, je ne m'attachais pas, et je faisais souffrir les autres bien plus que je ne souffrais. Et avec Alek, j'étais persuadée que je contrôlais la situation. C'était simple, c'était de la baise. Rien de plus. On ne discutait pas beaucoup, enfin si, mais pas de choses très profondes. Je ne savais pas grand chose de lui, et au final, c'était tant mieux. Ça m'évitait de trop penser à lui ou de vouloir le voir un peu trop souvant. C'est en l'attendant dans ce bar, que je ressentis un sentiment étrange. C'était la première fois que l'on allait se voir dans un contexte différent. On n'était pas bourré et on était entouré de personnes qui pouvaient le connaître ou me connaître. Quand je réalisai ça, j'hésitai à me relever, à partir. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sentis emplie d'un sentiment désagréable. Une sorte de gêne, comme si je n'étais pas au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne. Les deux bières devant mes yeux, j'étais quasiment prête à me lever et à partir. Après tout, pourquoi avais-je accepter de le voir ici ? Mais au moment où j'étais quasi certaine d'avoir pris la décision de partir, Alek arriva. Il était beau. C'est bête, mais quand je le revois, j'ai toujours l'impression d'avoir oublié à quel point son visage est particulier et à quel point il a du charme. Il me demande s'il ne m'a pas fait trop attendre. Si seulement il savait que s'il était arrivé une minute plus tard, j'aurais déjà déguerpi... "Hmmm. Non, non, j'ai juste eu le temps de nous prendre des bières." Bon et bien voilà, je suis coincée, je dois rester. Vite, je lève mon verre contre le sien, le fait claquer et prend une grande gorgée. Il me faut boire, il me faut me relaxer pour ne pas paraître bizarre. "Bon alors, pourquoi t'as choisi cet endroit ? Tu voilais me dévoiler à quel point tu chantes bien, c'est ça ?"

• Coco, elle a été la première femme que j'ai embrassé depuis Nevada, elle a débarqué dans ma vie, et elle a décidé de tout chambouler. J'sais pas comment elle a fait, j'ai aucune idée de comment elle s'y ai prit, mais elle a réussit. A chaque fois que l'on c'est vu, on a couché ensemble, on c'est laissé aller, on a pas couché, on a baisé, ouais, c'est ça le mot, on a baisé ensemble. Il n'y a jamais rien eu de sensuelle, juste de la passion, de l'envie, de l'excitation. Et j'ai aimé ces moments qu'on a passé ensemble, j'ai compris assez rapidement que je ne pouvais rien faire pour aller contre ça, que c'était comme ça, et qu'à part céder, me laisser aller, je n'avais aucune autre porte de sortie. Aujourd'hui, c'était différent, aujourd'hui, on ne se voyait pas pour coucher, juste pour passer un moment ensemble, pour que je puisse apprendre à la connaitre par delà son corps, autrement que dans un lit ou contre un mur. Alors je lui avais donné rendez-vous ici, dans cet espèce de café, et elle était venue, avant moi-même. "Ah parfait ! Ça me fait plaisir de te voir en tout cas !" Que je lâche en prenant place face à elle, attrapant mon verre d'une main. Et là, j'arrive à voir qu'elle est quelque peu stressé, pourquoi ? Aucune idée. Mon rôle ? La détendre. Du coup, quand elle me demande si je l'ai fait venir ici pour lui faire découvrir mes talents de chanteur, je fais mine de me racler la gorge, puis je lui répond. "Honnêtement ? C'est le seul bar dont je connais le nom en fait... Et j'me voyais mal te demander de me rejoindre dans un club de strip tease..." Pas qu'elle aurait dit non, enfin, j'en ai aucune idée, mais j'ai préféré miser sur la sécurité. •

À quoi est-ce que l'on joue ? Qu'est-ce que l'on recherche ? Qu'est-ce qu'Alek a derrière la tête lorsqu'il me propose de le rejoindre ici ? J'aime sa compagnie, il a l'air d'apprécier la mienne, mais pourquoi se voir dans un bar et non pas dans sa chambre ou dans la mienne ? N'est-ce pas à ça que se réume notre "relation" ? Et ça me va très bien, je ne cherche rien de plus. Pas d'accroche, pas de sentiments. Juste de la baise.
Lorsqu'il arrive, je ne me sens plus très bien. Je déchante, je me pose trop de questions, et ça, ça ne va pas. C'est pourquoi je me précipite de boire. Plus l'alcool coulera dans mon corps, et moins mes pensées ne s'immiçeront. Je rigole lorsqu'il me donna la raison du choix du bar. "Hmmm, tu sais très bien que ça aurait pu me plaire..." Je lui lançe ce regard qui veut tout dire, celui que je n'arrête pas de lui faire lorsque nous sommes ensemble, juste avant de le tenter. Je continue à boire ma bière, un peu vite. Mais il ne s'en aperceveras sûrement pas, toutes les personnes d'harvard boivent autant, aussi vite, de toute façon. "Bon alors, pourquoi un bar ? Après la grotte, je m'attendais à un lieu plus insolite."