J'étais légèrement appuyée contre le comptoir du bar, tenant mon téléphone dans mes mains. Je discutais avec Amare par sms depuis quelques minutes déjà et ça partait littéralement en freestyle là. J'étais passé à la meuf qui s'excusait à celle qui lui envoyait une photo de moi en sous-vêtement, oklm. Qu'est-ce que j'foutais? J'en savais rien, au début j'avais eu envie de le faire tourner en bourrique histoire de le faire mousser un peu et j'avais changée d'idée. T'façon, c'était qu'une putain de photo il pouvait en faire ce qu'il voulait. Et c'était toujours aussi compliqué entre lui et moi, c'était pas n'importe qui non plus et je l'aguichais un peu à ma façon, j'savais pas où tout ça allait nous mener. J'crois que je l'avais saoulée la dernière fois qu'il avait débarqué chez moi comme une fleur. J'avais compris qu'il n'avait pas eu envie de se prendre la tête et j'en avais fait de même, à quoi bon hein? Je l'invitais à venir prendre un verre afin d'avoir un peu de compagnie pendant que j'étais en train de bosser. Je foutais mon téléphone sur une tablette sous le comptoir et je me remettais à bosser. Je servais les clients, je buvais des verres avec eux comme j'avais l'habitude de faire tandis qu'on discutait, je me faisais dragouiller par un type barbu. Ptdr, c'tait marrant même si au fond c'était.. ew. Je me tournais afin de prendre un verre et mon regard se posait sur un petit ourson en peluche, où on pouvait y lire happy birthday. Mon coeur se serrait, mon anniversaire. La journée de mon anniversaire, Azraël était décédée. Putain. Et je levais les yeux vers les deux bras tatouées qui venaient de se poser sur le comptoir. J'reconnaissais ces tatouages, je savais que c'tait Amare. Je nous servais deux shooters d'alcool fort et je posais un des verres devant Amare. « C'est moi qui offre. » disais-je en oubliant Azraël. Et sans attendre, je buvais cul sec mon verre.

Ils étaient en train de parler, tranquillement et puis ça avait viré sur une photo d’Agathe dans l’ensemble rouge qui lui avait tant manqué. Décidément, ils étaient incapables de rester concentré ces deux là. Toujours en train de s’envoyer des piques, de flirter, de se draguer sans vraiment le faire. Ils sont pas normaux déjà séparés, mais ensemble, c’est pire. Ils sont incontrôlables, dangereusement attirés par l’autre, mais difficilement compatibles. Ils s’entendent pourtant tellement bien. Quand ils sont bien, ils sont merveilleusement bien. Et ça lui avait manqué Amare. Cette complicité qu’il ne retrouve nulle part ailleurs. Alors, à son dernier message, il souriait comme un débile et alla faire ses affaires pendant vingt longues minutes. Il n’avait toujours pas recouché avec Agathe depuis avant son départ, mais bon dieu, il se souvenait encore parfaitement de son corps sous toutes les coutures. Pendant vingt minutes, il ne pensait qu’à ça jusqu’à une explosion de plaisir. Décidément, même à distance, elle lui faisait toujours autant d’effets. Prenant une bonne douche froide, il en sortit frais, prêt à aller rendre une belle visite à sa blonde. Un t-shirt blanc, un jean bleu basique, sa paire de timbaland camel préféré et le voilà prêt. Portefeuille et portable dans sa poche, il partit vers le Lord Hobo, le bar où bossait la princesse. Il ne comprenait vraiment pas Agathe. Elle est littéralement une princesse mais persiste à bosser. Décidément, incompréhensible la meuf. En à peine dix minutes, il était déjà entré dans le bar. Il vit la jeune femme au bar, fidèle à son poste, toujours aussi sexy. Il alla vers elle, tranquillement, et posa ses deux mains sur le comptoir juste en face d’elle. Elle sembla le reconnaitre directement car elle servit deux shooters, un pour lui, un pour elle. Il ne dit pas un mot mais enfila le verre en même temps qu’elle. L’alcool fort lui brûla la gorge, mais il ne fit même pas une grimace. « Bel accueil. J’en attendais pas moins. » Il s’assoit au bar, juste en face d’elle. Y’a pas beaucoup de clients pour le moment mais il est sur d’ici quelques heures, il sera pleins. « Merci encore pour la photo, j’en ai fais très bon usage. » qu’il lui dit soudainement en la regardant avec ce regard qui veut tout dire. Ouais, sa main lui a très bien servis cette après-midi.

Même si j'avais envie d'envoyer chier Amare après qu'il eût disparu de la circulation et revenir deux mois plus tard, j'faisais rien. J'avais déjà passée mes nerfs sur lui lorsqu'il avait débarqué chez moi pour me donner cette lettre qui s'était perdue dans le courrier. Et maintenant, j'le savais pourquoi il était parti. J'avais tellement envie de le détester, d'le frapper et de lui hurler mais j'y arrivais pas. Au lieu de ça, je l'aguichais par sms. Je testais afin de voir si.. j'lui plaisais encore? Même si je l'avais embrassée avant qu'il ne quitte la villa, malgré tout ce qu'il avait écrit sur ce bout de papier où l'ancre était à peine visible, je ne pouvais pas m'empêcher de me poser des questions. Et ça m'agaçait quoi, arf pourquoi c'était compliqué putain? Nous n'avions pas recouché ensemble, parce que.. j'voulais pas que nos retrouvailles se déroulent comme ça. J'avais le cul entre deux chaises, d'un côté y'avait Wade et de l'autre Amare. Tous les deux étaient tellement différents, la relation que j'avais avec eux étaient très différentes et complexes à la fois. J'savais pu qu'est-ce que je voulais, où j'en étais. Lorsque je relevais la tête, je voyais Amare qui se tenait devant moi. Je posais un shooter devant lui, nous gardions le silence. On attrapait notre verre et on l'enfilait en même temps. « Peut-être que j'ai crachée dans ton verre avant que t'arrives. » disais-je en haussant un sourcil alors que je le taquinais en y rajoutant du sarcasme. Je prenais l'argent que le barbu venait de déposer sur le comptoir, tandis qu'il attrapait sa bière avant de se lever pour aller s'asseoir sur une chaise plus loin. Amare s'asseyait au bar et il me remerciait pour la photo. « T'as regardé trop de photos et du coup, ça t'a lassé? J'avoue que ça doit être lassant de regarder des filles en sous-vêtement en sachant que tu ne les verras jamais. » disais-je en posant mon regard dans le sien, puis je nous servais d'autres shooters. J'avais envie de me saouler avec lui pendant que j'étais en train de bosser tiens.  

La soirée ne faisait que commencer. Au début, il ne comptait même pas sortir mais bien entendu, il ferait tout pour la princesse Agathe. Absolument tout, même sortir de son appartement en vingt minutes pour la rejoindre au bar et boire un shot d’un alcool inconnu directement en arrivant devant elle. Ils s’étaient engueulés, ils avaient crié, mais au final, ils sont toujours accro l’un à l’autre, ils se retrouvaient toujours. En buvant le shot, il se retrouvait enfin chez lui, dans un environnement qu’il connaissait parfaitement. « Je suis presque sur que je l’aurais vu dans le verre s’il y avait de la salive, espèce de grosse dégueulasse. » Petite perverse. Il savait très bien qu’elle ne l’avait pas fait. Elle aurait plutôt mis un putain de poison dans son verre, pas de la salive. Agathe est rancunière, il le sait, mais il compte bien être là pour elle, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Elle bossait tout en lui parlant, prenant de l’argent d’un gars barbu un peu chelou, nettoyant des verres, servant d’autres personnes. Mais tout ce qu’Amare pouvait voir, c’était la photo qu’elle lui avait envoyé il y a peu. « Je ne regarde que ta photo ma belle. Elle est artistique, pas un vulgaire nude qui ne montre pas la moindre sensualité. » S’il y a bien une chose qu’il n’aimait pas, c’était les nudes sans art. Il aime quand il y a de l’imagination, de la sensualité, de la sexualité qui dégouline d’une photo nue ou à moitié nue. Pas de trucs vulgaire qui expose une partie du corps sans imagination. « Si tu bosses durant tout le temps que je suis là, je dois peut-être trouver une proie en attendant non ? » Il avait envie d’être avec elle, mais il avait besoin de se distraire aussi. Amare est un homme qui a besoin de distraction, d’amusement, toujours. Il n’est pas quelqu’un qui aime tant la compagnie si on la lui impose, il choisit avec qui il traîne. « Ou pas si tu me vends du rêve ma jolie. »

Je riais lorsqu'il m'insultait de grosse dégueulasse. Je dois avouer que c'était vrai que cracher dans le verre de quelqu'un c'tait dégueulasse. Quoique, j'avais fait pareil au Spring Break en voulant faire chier un mec qui me faisait chier. C'était compréhensible comme excuse m'voyez mais je n'avais pas de raison de le faire à Amare, c'était pas pareil. On s'était engueulés pour une connerie, qu'en fin de compte je savais pu pourquoi j'lui en voulais autant. Parce qu'il était revenu pour de bon? J'en savais rien. « T'es pas aussi con que j'le pensais, bien vu.  » disais-je sur un ton détaché sans toutefois être méchante dans mes propos. C'était impossible pour moi de faire comme si il n'y avait rien, j'étais toujours aussi remontée contre lui. Ptêtre que j'exagérais mais j'étais comme ça, il le savait comment j'étais et comment je fonctionnais. J'ignorais pourquoi il continuait de me parler, pourquoi il voulait à tout prix me garder dans sa vie. Ah j'oubliais, je venais de l'aguicher par sms. Un point pour Amare, zéro pour moi. Donc si il était assis devant moi là maintenant, c'était par ma faute. Je servais un autre client, puis je posais mon attention sur Amare. « T'essayerais pas de me recruter pour ton agence? Entre toi et moi, tu ne regardes pas que la mienne.  » disais-je en penchant légèrement la tête sur le côté. Je savais comment était Amare et sachant qu'il était mannequin, je me doutais bien qu'il y avait d'autres photos de ce genre dans son tel, des photos artistiques. J'appuyais mes coudes sur le comptoir, en me penchant vers lui. « Pas la peine pour la proie, la meuf là-bas elle te dévore des yeux. Tu sais ce qu'il te reste à faire, fais-toi plaisir. »  disais-je en regardant brièvement une cliente assit plus loin.  Moi vendre du rêve? Toujours voyons mais pour lui? Il méritait ça? Il méritait que je lui accorde un peu de mon temps? Arg, qu'est-ce que je foutais? « Les toilettes c'est cliché. » répondais-je au bout d'un moment. 

« Oh, parce que tu penses que je suis con maintenant ? Y’a du progrès dans la dégradation de ma personne dis donc.» Il a envie d’en rire Amare. Au final, elle se fout de sa gueule, mais en fait, elle est toujours foutrement énervée qu’il soit partit durant deux mois sans rien lui dire. Du Agathe tout craché. Se cacher derrière un sarcasme puissant pour cacher ses vrais sentiments. Mais il accepte son comportement, après tout, c’est lui qui l’a blessé pas le contraire. Il assume, pour une fois. Pas dit qu’il le fasse tout le temps. Elle continuait de bosser devant lui, servant les clients avec une facilité déconcertante, son petit cul se dandinant dans son short déchiré. Belle vue qu’il avait quand elle se retournait pour prendre des verres ou des bouteilles de l’autre côté du bar. « Mon agence de mannequin ? Hum, non tu te ferais chié là bas. Y’a que des minettes idiotes qui ne savent pas profiter de la vie et mangent du coton bio pour ne pas prendre un gramme.» Triste réalité mais réalité tout de même. C’est bien pour ça qu’il ne traînait presque jamais avec les personnes de son boulot. La réalité du monde du mannequina était plus que désastreuse. « Et si, je ne regarde que la tienne. Si j’ai besoin de voir des chattes, j’ai qu’à choisir une meuf dans la rue pour passer du bout temps.» Faut pas se leurrer, il enchaîne les meufs à la pelle le jeune homme. C’est à se demander s’il n’est pas nymphomane, addict ou autre. « Mouais, non pas mon genre. Je préfère les blondes derrière les bars.» qu’il dit en regardant brièvement la meuf et en se retournant vers Agathe, la regardant avec les yeux les plus lubriques qu’il puisse faire. Il avait envie d’elle, maintenant. Ils n’avaient pas couché ensemble depuis trop longtemps pour ne pas avoir envie d’elle encore et encore. « Je peux attendre. Je ne suis pas pressé. Mais sers moi un autre verre en attendant jeune demoiselle.» Il va attendre qu’elle ait fini son service. Peut-être qu’il viendra l’aider derrière le bar même à un moment.

Le sarcasme était la meilleure défense pour moi et je n'hésitais pas à l'attaquer en l'insultant de con, il l'était n'est-ce pas? Je me contentais d'hausser les épaules comme si j'en avais rien à foutre de ce qu'il pouvait en penser. « Allez, sois pas vexé par mes propos. T'es trop susceptible. » disais-je en lui lançant une pique encore une fois. Bah quoi? J'voyais pas le soucis moi, j'étais franche au moins. Je me foutais de sa gueule à ma façon, je connaissais les raisons de son départ si soudain mais j'étais vraiment rancunière là-dessus, j'y pouvais rien. J'étais moins énervée que le premier soir où il avait débarqué chez moi mais au fond, je l'étais toujours. J'étais passée de l'énervement puissance mille à la meuf qui lui envoyait des piques au passage, je faisais beaucoup de progrès wow. Je continuais de discuter avec lui tout en servant un client installé à l'autre bout du comptoir. Lorsque je me tournais vers lui, je remarquais qu'il fixait mon cul puis il posait finalement ses yeux dans les miens en répondant à ma provocation qui s'était transformée en une question.  « Justement, j'me ferais chier là-bas. Et donc, t'avoues que tu ne sais pas profiter de la vie toi non plus? » demandais-je en jouant sur les mots, come on il serait mannequin pour quelques années encore avant de se faire jeter de l'agence parce qu'il ne répondrait pu aux critères de sélection m'voyez. « J'étais l'une de ses meufs y'a quelques mois tu te rappelles? » disais-je en faisant référence à l'altercation qu'il y avait eu entre lui et Abel pour moi justement au coin d'une rue. Je savais pertinemment que ça n'avait rien à voir mais je jouais sur les mots encore une fois, je devais avouer que c'était un peu abusé mes réactions, je n'avais pas besoin de me justifier là-dessus concernant les raisons du pourquoi du comment. « Les barmaids qui sont blondes quoi. » répondais-je, tout en restant penché vers lui, coudes appuyés sur le comptoir. Amare me regardait avec ce regard que je connaissais que trop bien, j'pouvais pas rester insensible vis-à-vis de ça. Et avec les verres d'alcool que je m'étais enfilée tout à l'heure, j'savais pu quoi en penser de tout ça.  « Une préférence pour le cocktail ou je choisis pour toi? » demandais-je en attrapant un verre sous le comptoir sans le lâcher du regard. 

« Je ne suis pas vexé. Je pensais juste que tu me connaissais un peu mieux. Apparemment non. » Il le prend à moitié mal. Il a conscience d’avoir blessé Agathe en partant, mais il a aussi l’impression qu’elle n’est qu’une princesse pourrie gâté qui ne voit pas plus loin que son nez à présent. Qu’elle ne voit pas qu’il fait des efforts lui qui est roi dans l’art de s’en contre foutre largement et honnêtement de tout et n’importe quoi. Alors ouais, ça lui fait chié, ça l’agace et surtout, ça le fatigue de toujours se battre contre elle pour prouver qu’il n’est pas qu’un petit con qui n’en a rien à faire d’elle. Et puis bon, au final, c’est Agathe. Elle est ainsi. Elle a vécu comme une princesse malgré le fait qu’elle travaille, paye ses factures et soit aussi malade que lui à présent. Elle a eut l’habitude d’être choyée par des gouvernantes et de grandir entourée de personnes qui ne partiront jamais. Pas lui. Mais il reste, parce qu’il ne va plus nulle part, surtout pas sans elle. « Je n’ai jamais dit que je faisais pareil. Je me suis bien enfilée un burger gros comme ma tête hier soir. Et tu sais que je sais profiter de la vie. » qu’il dit en la regardant droit dans les yeux. Combien de fois s’était-il retrouvé ‘par accident’ dans les draps d’Agathe après une soirée trop arrosé quand ils habitaient tous les deux à la Mather House. Alors non, il profite de la vie Amare. Il en profite encore plus maintenant qu’il a eut ce foutu cancer. « Ah bon ? Je m’en souviens pas. En tout cas, tu ne l’étais pas pour moi. » Il est honnête, brutalement honnête. Elle n’a jamais été une minette dans la rue. Jamais. Ils ont tout de même passé des mois à se connaître en tant qu’amis avant de s’abandonner dans les bras de l’autre. Et c’était épique, magique, mais tout simplement parce qu’ils se connaissaient avant, ils ont appris à s’apprivoiser avant de se laisser aller. « Pas forcément, mais ouais, un faible pour une femme qui me fait des cocktails. Surtout en ce moment présent. » Surtout elle. Elle lui avait tellement manqué cette chieuse avec son caractère de merde et ses attitudes provocatrices dignes d’elle. « Choisis pour moi, je te fais confiance. » Bizarrement confiance. Elle pourrait très bien lui faire un cocktail horrible ou une tuerie, il s’en fiche. Il a confiance en elle. Lui qui a un énorme soucis à ce niveau là, il arrive à laisser entrer Agathe avoir une place et connaître des choses de lui qu’il n’a jamais dit à personne. « Tu viens au Summer Camp cet été ? » Il voulait savoir s’il allait pouvoir profiter de la présence magnifique de la blonde durant deux longs mois. Ils pourraient drôlement s’amuser à deux.