Je ne voulais pas lui arracher des confidences. Elle avait lâché quelques infos sur Marin par texto alors j’essayais d’en savoir plus. Et sa réaction était parlante en soit. Si elle s’était braquée au début, si elle avait été si troublée, c’était bien parce que le garçon comptait, bien plus que ce qu’elle n’avait voulu avouer. Alors oui, peut être qu’ainsi, je nous découvrais un énorme point commun : l’envie de s’accrocher à quelqu’un qui ne s’attache pas, quelqu’un qui fuit, un électron libre. Marin. Ash. Ils étaient tellement pareils sur ce point. Ils étaient pas meilleurs potes pour rien. Ce que je livrais au sujet d’Ash, au sujet de notre lien, cela conduisit mon interlocutrice m’expliqua qu’elle connaissait un peu ma blonde préférée, juste pour des histoires de complot contre Hippo. Un petit rire amusé s’échappa de mes lèvres : « Ca m’étonne tellement pas d’Ash ça… C’est tout elle… » Anti Eliot. Jusqu’au bout des ongles. Enfin, preuve qu’elle était pas bornée, elle avait baissé les armes avec Will’ pour trouver un terrain d’entente et s’allier dans leur intérêt commun à elles deux. « Peut être qu’on pourra se faire un truc un soir. A l’appart. Ash, Marin, toi, moi. » Puis peut être que comme ça, ça serait moins bizarre entre eux, que ça détendrait les tensions. L’avis de mon amie au sujet de mon amitié plus que particulière avec ma meilleure amie était clair : fallait que je lui parle. Que je sois clair. « J’ai juste tellement peur de la faire flipper et qu’elle s’éloigne. Je peux pas la perdre Will. Pas elle. Je préfère encore rester son meilleur ami pot de colle plutôt que le mec qu’elle évite parce qu’il a été un peu trop bavard sur ses sentiments. » Sauf que je savais dans le fond, que cette place j’arriverais jamais à m’en contenter. Malgré toutes les bonnes résolutions que j’avais pu prendre par le passé, jamais ça n’avait marché. « T’as raison. T’as surement raison… Faut que je lui parle… » conclus-je finalement avec un petit air résolu. Et on en revenait à elle, à Willow, à ses propres sentiments. Compliqué vu qu’elle avait eu à faire à un connard, pour ce que je savais de lui, ce Tate. Elle voulait passer à autre chose. Vraiment tourner la page. « Comment ça tu ignores si c’est une bonne chose ? Je sais que je suis pas neutre, il m’a l’air d’être un gros manipulateur Willow. Mais si tu tiens encore un peu à lui, tu peux aussi continuer de le voir, de le voir en tant qu’amis. » Ecoutez l’expert ‘je reste pote avec mes ex’. Il faisait mal sur le coup le ‘on reste amis’ mais ça pouvait donner de belles amitiés sur le long terme, la preuve avec Louve, avec Emilia… Mais fin du courrier du cœur, on passait au champ’, à la fête, et mes protestations l’amusèrent. « Puisque ça te fait plaisir alors… » Et bam, le bouchon sautait, le liquide sortait et arrosait la jeune femme. « T’aurais du ouvrir la bouche… » me moquai-je alors que la boisson avait surtout fini sur sa robe, qu’elle me soupçonnait d’avoir visé exprès. « Deux mois et demi à ne voir que des mâles en combi orange, c’est que mes yeux sont en manque de jolies filles. » la taquinai-je à mon tour avec un clin d’œil avant de verser du précieux breuvage dans son verre, dans le mien et de lever ma coupe pour trinquer : « A nos retrouvailles ! »  

Depuis que j’avais appris le retour de Sage, j’ignorais sur quel pied danser puisque je suis au courant que la jeune femme est vraiment attachée à Marin et en plus nous avions cédés tous les deux lors de notre voyage en Italie. Hors de question que mon amie ne puisse être au courant de notre soirée débauche ou même ce qui s’est passé au bal puisque je n’ai pas envie de perdre une seconde relation d’amitié. La mather comptait vraiment pour moi et l’idée de la perdre m’était vraiment inconcevable. Qu’est-ce que Marin pensait de moi ? Je n’en avais aucune idée. Je suis tout comme Denys, ce dernier ne semblait pas savoir ce que Ashleigh pensait sur son cas, est-ce qu’elle l’aimait ? Je pouvais essayer de lui donner des informations sur ce qu’elle pense de lui mais je ne peux pas m’imposer comme ça dans leur relation. Parlant d’Hippo, je ne pouvais m’empêcher de décrocher un sourire. « Ouais, je dois admettre que j’aime bien comploter avec elle-même si je vais contre les règles de la maison. » Ces foutus règlements allaient vraiment me rendre folle, c’est pourquoi j’avais dans l’idée de quitter la Eliot, marre de ces complots qui n’en finissaient pas. Quand le brun me proposait une soirée pour tous les quatre, je fis un signe de la tête. L’idée n’est pas si mauvaise que cela, puis de toute manière, Denys pouvait voir ce que ça peut donner entre moi et Marin. « C’est une très bonne idée ça. Tu vois, t’es un petit intelligent ma parole. » Dis-je avec ce même sourire amusé sur les lèvres. Je pourrai aussi voire comment Ashleigh réagirait en la présence de Denys. Avec tout ce qu’il me disait en ce moment, la meilleure chose qu’il fallait qu’il fasse c’est d’avoir une vraie discussion avec lui. De mettre les points sur les i une bonne fois pour toute. « Tu devrais savoir qu’avec le temps, j’ai toujours raison. » Le sujet dévia vers Tate, une conversation que je détestais en quelque sorte puisque je pris mon verre d’eau dans ma main, détournant un peu le regard. C’est ce que j’avais fait l’autre fois, nous nous étions pris la tête tous les deux puisqu’il était resté le petit chien de Cole. « J’sais que t’as raison Denys, de toute manière il m’a prouvé qu’il était toujours ami avec Cole l’autre fois. Des fois, je me dis qu’Ashleigh a raison… Je devrais peut-être quitter la Eliot House. Je n’ai jamais vraiment été à ma place. » Certains me disaient cette chose, comme si j’avais fait un mauvais choix en me présentant à la Eliot House. Posant mes mains sur ma tête, je voulais que l’on puisse changer de conversation, une bonne fois pour toute. Il fallait s’amuser un peu et c’est pourquoi j’ai demandé à ce cher Denys pour ouvrir cette bouteille de champagne. Malheureusement pour moi, je reçu pas mal de liquide sur ma robe, chose qui me faisait rire. « Si je l’avais fait, ça aurait eu l’air plus d’un vidéo porno qu’autre chose. » Je n’ai vraiment pas envie de faire un spectacle amateur pour toutes les personnes présentes… Ils devaient vraiment se demander pourquoi ils ont décidé de venir souper dans un temps pareil, surtout avec nous deux. Le laissant m’affirmer que ces deux-mois et demi avaient fait de lui un garçon en manque, j’arquais un sourcil. « Alors c’est quoi ? Tu me trouves belle ? Je suis flattée, depuis qu’on se connait c’est la première fois que tu me dis un truc pareil. » En le taquinant, je pris la coupe qu’il me donnait afin de trinquer en sa compagnie. « À nos retrouvailles et je te jure que plus jamais je ne vais me cacher pour venir te voir. » Prenant une gorgée du nectar, j’étais presque submergée par une variété de saveur qui me faisait un bien énorme. « Wow, c’est encore mieux que dans mes souvenirs. J’espère que tu as le droit de boire, bien que j’aimerais voir des policiers sexy venir t’arrêter. » Je venais à lui tirer la langue.

  Je les imaginais bien toutes les deux, complotant contre la reine de glace de la Eliot. Moi j’avais pas cette vision d’Hippo. Naïf, hein. Je l’avais connu chaleureuse, accueillante, piquante un peu, mais généreuse, au point de m’héberger gratos chez elle, rigolant avec moi, me laissant entrevoir une autre facette de sa personnalité. Alors quand on avait dérapé, quand elle avait utilisé ça pour ruiner mon début de relation avec Veïa à l’époque, quand elle m’avait mis dehors, j’étais descendu de dix étages. Et je crois qu’à présent, j’avais tiré un trait sur elle. Peut être qu’il y a des gens toxiques comme ça, irrécupérables, qu’il valait mieux garder hors de sa vie. Pour ça que je sermonnais pas mon interlocutrice pour ses complots, m’en amusant plutôt. « Tu ferais une bonne mather en fait. » Et je proposais ensuite une idée, pour Marin et elle, pour Ash et moi, pour pouvoir passer un moment ensemble et peut être pouvoir tirer des conclusions sur les relations que chacun entretenait. Elle approuvait. « La prison n’a pas grillé tous mes neurones c’est rassurant. » que je commentais avec autodérision avant de prendre note de ses conseils pour Ashleigh et d’approuver. Je devais parler avec ma meilleure amie. Clairement. Et finalement, en parlant de Tate, j’appris comme ça qu’elle envisageait vraiment de quitter les bleus. « Qu’importe dans quelle confrérie tu es Willow. Y’a es gens bien partout. Y’a des connards partout aussi. » Et moi je l’avais adoré malgré son étiquette ELIOT, je l’aimerais quelque soit son étendard. On laissait tomber les sujets sérieux en même temps que la bouteille de champ’ arrivait. Bouchon qui vole, jet de boisson directement sur la robe, devenue un peu transparente au passage, de mon amie, et elle rigola à mes mots. Mon rire redoubla en imaginant effectivement la scène. J’avais parlé un peu vite, sans réfléchir à la connotation plus que sexuelle qu’aurait eu une telle chose. Chassons ces images de ma tête, ça valait mieux. Et lorsqu’elle m’accusait de l’avoir arrosé exprès pour me rincer l’œil, je ne démentis pas. Petit clin d’œil amusé. Cela parut l’étonner. « T’es sublime Willow. Fais pas celle qui l’ignore. » Elle avait tous les gars du campus à ses pieds. Marin inclus dans le lot surement. Elle avait un charme fou et elle en avait surement conscience. « A nos retrouvailles et à notre première sortie officielle alors ! » trinquai-je ensuite, entrechoquant mon verre avec le sien. Bordel, que c’était bon. Je n’y connaissais rien en champagne. Mais là, mademoiselle Prada ne s’était pas fichue de moi. Vu le prix de la bouteille, en même temps, il pouvait être bon. « C’est de la bombe. Je te préviens on part pas tant qu’on a pas fini la bouteille. » En fait on allait pas manger, on allait juste picoler ha ha. Sauf que je devais rentrer à 22h. D’ailleurs, sur mes conditions de sortie, elle s’interrogeait. « Je peux boire, pas de soucis, je dois juste passer la nuit chez moi. Et faut j’arrête aussi le chichon… » Dosage de TSH réguliers oblige. Le marqueur du cannabis, ça pouvait se retrouver jusqu’à un mois après le dernier joint donc je devais être sage sur ce plan là. « Tu fantasmes sur les flics t’es sérieuse ? » rigolai-je alors après son aveu.  

J’avais connu Hippolyte comme elle est présentement, une femme difficile à cerner et pour l’instant je suis mieux depuis que je ne la voyais plus en face de moi. Par contre, le fait que j’aille au Laos sans être accompagnée avait ses inconvénients et ses avantages mais qu’est-ce que je peux faire ? Nos complots avec Ashleigh, c’est digne des grandes scènes de cinéma, comme quand j’ai couché avec Royce rien que pour emmerder la bleu. D’ailleurs, Marin n’avait pas vraiment apprécié avoir cette nouvelle en message texte sauf que j’aimais mieux ne pas penser au passé et voir l’avenir. Quand Denys venait à me dire que je ferais une bonne mather, je lui fis un petit sourire. « Ouais, certains comme ma très chère amie Hippolyte, le croit. » Combien de fois avait-elle mentionné le fait que cette maison m’irait très bien ? Avec mon passé de toxicomane, j’ai tout pour devenir une verte l’an prochain et ces magouilles avec le vice-président, je n’en pouvais plus. Parlant d’un petit souper entre ‘couple’, je ne pouvais m’empêcher de dire au jeune homme que c’était une excellente idée. Pourquoi ne pas briser la glace une bonne fois pour toute ? Je n’ai certainement pas envie de me prononcer sauf qu’il y avait ce petit quelque chose chez Marin qui me rendait perplexe. Il y avait beaucoup de trucs que je n’avais pas encore dit à Denys sauf que j’aimais mieux garder cette soirée pour de belles retrouvailles. « Par chance ! Être enfermé entre quatre murs, sans pouvoir faire ce qui te chante, tu peux quasiment devenir fou. » Avec l’histoire d’Adriel, je ne sais même pas comment réagir puisqu’à tout moment la police peut débarquer pour venir me chercher sauf qu’avec le temps, les soupçons qui étaient vers moi s’estompaient. Une chance pour moi… Lui faisant part de mes intentions l’an prochain, un petit sourire se dessine sur mes lèvres quand le jeune homme venait à me dire qu’il y avait des gens honnêtes ou pas. C’est vrai, j’avais fait un tri dans mes amis, afin de savoir les personnes qui sont fréquentables et d’autres non. Sauf que maintenant, je voulais m’amuser sans trop avoir à penser au passé et aux choses que j’ai pût faire. Faisant un sursaut quand il venait à ouvrir la bouteille, une bonne partie du liquide venait à aboutir sur ma robe. Étant amusée par la situation, je ne pouvais m’empêcher de soupçonner Denys sur ce coup. « C’est pas mon genre de me dire un truc pareil mais oui t’as raison. » Venant à lever ma coupe, nous trinquons tous les deux. « À la nôtre. » Prenant une gorgée, je ne pouvais m’empêcher de fermer les yeux, un petit sourire sur le coin de mes lèvres… Bon sang que ça faisait du bien. Il y avait plusieurs jours que je n’avais pas consommer de l’alcool et disons que j’étais en charmante compagnie ce soir. Voir Denys, aussi impressionné par le goût et surtout excité, ça me faisait encore plus sourire. Il avait droit a bonheur, celui de passer aussi une petite soirée avec son amie. « Il faut la terminer ! Hors de question que je paie cette bouteille si chère sans la finir. » Pour être franche, je m’en fiche un peu. Ce que je veux faire en ce moment c’est de passé une bonne soirée avec lui, rien d’autre. Lui demandant jusqu’à quelle heure était son couvre-feu, je ne voulais pas le voir se faire menotter par des agents de la paix. « D’accord, alors ce soir je serai ton ange gardien. Je n’ai pas envie que mon ami passe la nuit derrière les barreaux… » Si c’était le cas, j’allais prendre le soin de venir lui rendre visite le lendemain matin en me foutant de sa gueule, gentiment parlant. Après lui avoir avoué que je fantasmais sur les hommes en uniformes, je ne pouvais m’empêcher de rire. « Bah ouais, ne me dit pas que tu n’as jamais rêver passer un agréable moment avec une femme en uniforme ? » Lui adressant un clin d’œil, je suis au courant que c’est le fantasme dont la plupart des hommes aimeraient. Je ne pouvais m’empêcher de penser à ce que nous avions dit, Marin et moi lors du bal. Rien qu’à cette pensée, j’avais un petit sourire. « Bon allez, on commande… »