Des esquisses. Des mots qui se perdent. Un professeur qui partage ses connaissances et une cinquantaine de stylos qui grattent, de doigts qui pianotent. Toi tu dessines. Des croquis par dizaines, des idées qui s'emmêlent sur le papier blanc. Des robes, des pantalons, des chemises, des chapeaux, des chaussures. Tu te fermes dans ta bulle créatrice, lieu sacrée et mobile qui choisit de te laisser entrer quand ça lui chante. Alors quand sa porte t'est ouverte, tu oublies ce que tu fais pour t'y adonner à fond avant qu'elle ne se referme et ne te laisse devant la tragique feuille blanche. La bulle éclate lorsque les gens se lèvent, le cours est déjà terminé alors que tu as l'impression qu'il venait à peine de commencer. Tu ranges tes affaires et tu sors pour profiter du soleil. Tu vérifies tes messages, un certain Dragomir t'attend bien sagement - ou non - allongé sur une pelouse sur le campus. Tu situes très bien l'endroit et tu t'y rends immédiatement avec un sourire lumineux. Tu n'es pas capable de parler, et pourtant on dirait que tu chantes ton bonheur par tous les pores de ta peau. Tu le vois de loin, adossé à un arbre, à l'ombre, à moitié étalé sur l'herbe parfaitement entretenue par des jardiniers et autres paysagistes.

Tu arrives en souriant et jettes ton sac près de lui avant de venir t'installer près de lui. Sans aucune hésitation, la première chose que tu fais c'est de te coller à lui, l'enserrer par la taille et l'embrasser langoureusement. Ta langue vient taquiner la sienne quelques secondes alors que ta main vient se poser sur sa joue que tu caresses avec le pouce. Tu romps le baiser, tu te redresses pour t'asseoir et tu prends le temps de sortir ton bloc-note et ton stylo. Tu souris en écrivant, gardant l'espace de quelques secondes, le mystère de tes mots à ton amant. Et finalement tu retournes le cahier pour qu'il puisse voir le fond de ta pensée. "Ce soir. Toi et moi. Nus dans un jacuzzi. Partant ?" est écrit noir sur blanc. Tu retournes l'objet et t'arme à nouveau de ton stylo. "Comment tu vas depuis avant-hier soir ? Nos ébats ne t'ont pas trop exténué, tu as pu te lever le lendemain ? Parce que moi non haha !" tu le montres en riant silencieusement, seuls deux ou trois expirations sortant de tes narines et un haussement d'épaules prouvent que tu es en train de rire. Tu te penches à nouveau vers lui pour lui claquer un baiser au creux de son cou avec ton sourire joyeux habituel.

Tu ne relèves pas sa remarque sur les muets et ce pour plusieurs raisons. La première, c'est que tu as appris à filtrer les informations qu'on te donne, les questions qu'on te pose, afin de n'écrire que l'essentiel. Sinon tu passerais ta vie à écrire les réponses en laissant des blancs monstrueux dans la conversation. La seconde, c'est que s'il devait trouver un autre muet, il devrait aller stalker des écoles spécialisées ou des groupes de soutien et ça serait très malsain. Un vrai psychopathe. Et la dernière raison, c'est que tu sais avec certitude qu'il ne trouvera pas mieux que toi. Il t'entraîne avec toi dans l'herbe et tu te laisses faire malgré l'inconfort pour écrire. Alors à la place tu sors ton téléphone pour pianoter dessus. "J'ai ressenti la même chose. J'aime ce genre de courbatures." tu montres ce que tu as tapé sur ton smartphone alors que tu sens ses doigts glisser sur ta peau. Tu n'as jamais connu un homme comme lui, comme toi. Tu as toujours été conscient de ta personnalité, de ton côté séducteur rentre-dedans qui ne prend jamais de pincettes quand il s'agit de mettre un homme dans ton lit. Et pourtant, Dragomir l'est tout autant que toi, si ce n'est plus. Et c'est pour ça que tu ne peux pas t'empêcher de le revoir aussi souvent. Il te propose de cuisiner pour toi et de nouveau tu ris silencieusement. Il t'empêche d'écrire, ça ne te frustre pas le moins du monde, ça te fait rire. Alors tu plonges tes lèvres au creux de son cou et tu t'appliques à lui faire un suçon. De cette manière il pensera à toi les prochains jours. Tu bascules ton corps pour te mettre sur lui et tu finis par l'embrasser quelques secondes, tes mains placés de part et d'autre de son torse, te retenant pour ne pas l'écraser.

Tu te mets à genoux et, libre, tu tapes vite sur ton téléphone. "Je peux cuisiner si tu préfères. Je sais très bien cuisiner ... MOI !" la ponctuation soulignant très bien ta moquerie sur les capacités culinaires de ton amant. Ton visage s'illumine, comme si tu venais de te souvenir de quelque chose d'important et tu écris. "Tu sais, j'ai voulu confectionner une tenue pour toi. Un costume trois pièces unique. Mais je me suis rendu compte que je n'aimais pas t'habiller, je préférais te déshabiller." Tu lui fais lire en offrant un sourire malicieux, abaissant le message plus bas, dévoilant un "PS : Je peux cuisiner tout nu au fait." et tu te rallonges sur le côté, posant ton portable près de toi alors que ta main vient glisser sous le haut de Dragomir, infligeant les mêmes caresses qu'il t'a fait plus tôt. Tu sais que tu aimes surenchérir. Mais tu sais aussi que Dragomir est comme toi. Vous vous savez audacieux. Et tu sais très bien que l'idée même de profiter du corps du beau blond ici à même cette pelouse devant un public ne te déplait pas du tout. Tu n'as pas de tabous, tu n'as pas honte. Mais la voix de la raison t'inciterait à ne pas le faire, la voix de la raison, Artemis, ta soeur. Qu'est-ce qu'elle dirait. Que si l'envie de faire des bêtises en public avec un homme te vient à l'esprit, ne pas le faire au milieu du campus en plein jour.

L'idée de voir ton prénom sur son fessier ne te déplait pas, l'idée t'amuse même. Et comme pour le prouver, tu prends ton stylo et le lui montre, le regard mutin. Comme pour dire "Je suis capable de le faire.". Quant à la cuisine, toi tu es un pro. Tu es friand de vidéos culinaires et autres tutoriaux pour apprendre à cuisiner certaines recettes. Mais tu as des périodes. Tu es quelqu'un de flemmard de nature, il te faut l'envie de cuisiner, et elle vient rarement. Mais quand elle vient, tu aimes vraiment ça. Tu souris quand il émet l'idée que cuisiner nu serait une bonne idée même si vous finiriez sans nourriture. Tu choisis de ne pas répondre, c'est le moyen que tu choisis pour montrer ton accord avec tout le monde parfois, ne rien dire. Agréer par le silence du stylo grattant sur le papier. Tu le touches, tu profites, tu joues, cruel. Et tu adores ça, le savoir à ta merci. Savoir qu'il perd les pédales juste par un simple effleurement de tes doigts. Il a le même pouvoir sur toi, mais tu es capable de te contrôler plus que lui ne se contrôle. Du moins pour le moment. Si jamais un jour les rôles s'inverseront, tu seras foutu. Tu t'empares du téléphone à nouveau pour y écrire rapidement. "Tant mieux si tu as la trique, ça te permettra de penser à moi toute la sainte journée et ce jusqu'au moment où on se verra ce soir." Tu lui montres sur ton écran. Tu glisses la bulle de conversation plus bas pour lui montrer la suite, tout sourire. "J'aime quand tu m'imposes de dormir chez toi, je trouve ça très ... excitant.". Tu te mordilles la lèvres inférieure alors qu'il t'ébouriffe les cheveux avec affection. Tu fais glisser l'écran encore plus bas. "D'accord, mais seulement si on prend la douche ensemble ce soir et demain matin.".

Loin d'en avoir fini avec lui tu te cales d'avantage contre lui, ta jambe frottant sensuellement la sienne, s'entremêlant presque alors que tu déposes un baiser sur son torse à travers le tissu de ses vêtements et que tu remontes lentement sur son épaule, en passant par la clavicule, le creux de son cou, la naissance de sa mâchoire et finalement ses lèvres, le Graal. Tu prends une feuille de ton sac qui dépasse, ton emploi du temps. Et tu lui montres en pointant du doigt ton cours magistral sur l'Histoire de l'empire de Chine. Tu pointes ton doigt sur son torse au niveau du coeur en articulant deux mots avec tes lèvres "Et toi ?" mais aucun son ne sort de ta bouche, seulement ta langue claque contre ton palais, son à peine audible. En vérité, tu n'as pas envie d'aller à ce cours pour la simple et bonne raison que tu connais déjà une bonne partie de l'Histoire de Chine, étant un fan de culture et d'Histoire asiatique depuis longtemps.

Une érection toute la journée ? Non, jamais. Tu as beau fouiller dans ta mémoire, tu arrivais toujours à calmer tes pulsions. C'était facile, il suffisait simplement que tu dessines. Quand tu es armé d'un pinceau, d'un feutre ou d'un crayon, tu oublies tout le reste si facilement que ça en fait presque peur. Quand il te menace de t'attacher au lit tu ris en silence, tout en faisant le geste des menottes, collant tes deux poignets entre eux, comme pour lui dire de le faire, que ça ne te fait pas peur. La relation que tu partages avec lui est presque symbiotique. Une symbiose physique, psychique, spirituelle. Dans un roman à l'eau de rose il serait ton âme soeur peut être. Il inverse les rôles, te bousculant gentiment. Tu finis allongé sur le dos, lui sur toi alors qu'il regarde quel cours il doit suivre plus tard dans la journée. Son regard réflexif te fait fondre. Tes mains deviennent baladeuses, tes majeurs et indexs se transforment en petites paires de jambes qui se promènent dans le dos de ton compagnon pour finir par prendre une pause sur ses fesses que tu connais très bien. Il vient te murmurer à l'oreille une idée tentante. Sécher les cours pour rester ensemble. Tu n'as pas besoin de réfléchir, tu lui souris, un sourire presque niais et tes lèvres miment un "Oui" franc et sincère. Tout aussi sincère que le baiser que tu lui donnes juste après.

Tu te redresses pour t'asseoir, l'obligeant à lui aussi se redresse, à califourchon sur toi. Tu l'embrasses dans le cou délicatement puis tu l'enlaces tendrement en posant ta tête contre son pectoral gauche, tu discernes les battements de son coeur. Quelques secondes plus tard, tu prends ton téléphone pour y écrire à nouveau. "Tu veux aller où ? Tu veux faire quelque chose en particulier ?" tu demandes à travers l'écran de ton samsung galaxy, le dernier modèle sorti. Tu poses l'appareil pour que tes mains reviennent sur le corps de ton amant, les deux jumelles se glissent sous le haut de Dragomir, tu sens sa peau chaude, le détail de ses abdominaux, le léger duvet autour du nombril. Tu le connais par coeur tant tu l'as touché maintes fois. Tu mordilles ta lèvre inférieur, tu es vraiment cruel aujourd'hui à vouloir lui faire perdre la tête. Tu le cherches, tu vas le trouver. Tes yeux trahissent ce désir de jouer, remplis de malice ils ne quittent pas une seule seconde l'océan des yeux du beau russe au-dessus de toi.

Sa main dans tes cheveux te donnerait presque envie de ronronner si tu savais le faire. Sa présence t'apaise. Sa présence t'excite. Sa présence te rend heureux. Un mélange d'émotions positives qui te rendent invincible. Il a du mal à réfléchir et ça te fait rire, et ça ne t'empêche surtout pas de continuer. Il t'embrasse, il te mordille, sa langue s'infiltre entre tes lèvres que tu ouvres avec plaisir pour que sa jumelle vienne la titiller. Finalement il te propose un spa et tu souris près de ses lèvres qui t'effleurent sans jamais te toucher. Sensuel, coquin, aguicheur. Il renverse les rôles, il veut te rendre dingue. Lentement mais sûrement il y parvient. Tu es frustré qu'il ne t'embrasse pas pendant que ses mains visitent ton corps. Les yeux emplis d'espièglerie, Dragomir finit par glisser ses mains en dessous de ta ceinture, appuyant sur ton entrejambe. L'effet est immédiat et l'excitation monte en flèche. Tu grognerais presque si tu savais comment faire. À la place tu pousses une longue expiration pour essayer de te calmer et ce jusqu'à ce qu'il se laisse tomber sur le côté, te laissant reprendre tes esprits. Tu attrapes ton téléphone rapidement pour y taper ton message. "Tu proposes le spa parce que t'as juste envie de me voir tout nu en public, pervers. Vil tentateur." Tu montres sur l'écran, suivi d'un : "Je suis partant.".

Tu jettes presque ton téléphone sur le côté avant de sauter sur Dragomir, cette fois-ci tu te fiches pas mal de l'écraser. Ton torse se colle au sien, tes jambes s'entremêlent aux siennes et ton entrejambe se presse contre la sienne alors que tu viens l'embrasser avec fougue et passion. Ta respiration est haletante et tu multiplies les baisers, durant de longues secondes. Ton corps ondule contre le sien, mimant presque un acte indécent que vous faites si souvent dans le privé. Et finalement tu t'arrêtes et tu te mets debout en riant silencieusement, le sourire satisfait de t'être vengé toi aussi. Tu l'aides à se relever et tu ramasses tes affaires et ton téléphone pour y pianoter quelque chose rapidement. "Un massage et un hammam ? On peut se cacher dans le nuage de vapeur." Tu lui montres en soulevant les sourcils malicieusement, riant en silence.