L’après-midi a été longue et vraiment improductive, faut dire que j’avais qu’une envie en tête depuis cette échange de messages, alors me concentré sur ma compo fut mission impossible. J’ai même fini par abandonné pour essayer de dormir un peu, mais l’impatiente et l’excitation de revoir Mark après toute ces années n’a pas aidé, alors je me suis rabattu sur un manga. D’ailleurs à force que l’heure ne tourne pas, j’ai bien failli me faire avoir sur la fin. En courant un peu pour me préparer j’ai toutefois réussi à partir à l’heure. Sur la route, je suis bien heureux de pouvoir me faufiler à travers les voitures immobiles sinon il m’aurait bien fallu une bonne heure pour me rendre à Harbor. J’arrive enfin dans la rue et m’apprête à couper le moteur quand de l’autre côté de la chaussé, j’aperçois un objet qui me fait rire et fini par aller me garer dans une rue perpendiculaire afin qu’on ne voie pas ma bécane. Une fois la chaine installé, je cours comme un crétin pour récupérer le mini tricycle abandonné là et m’installe dessus devant la porte de Mark. C’est loin d’être des plus confortables, et je suis bien content d’avoir ma carrure fine, mais faut ce qu’il faut pour impressionner le faux bucheron non ? Attendant dix-neuf heure une pour le faire rager, je lui envoie un SMS pour lui signaler mon arrivée. Quand il arrive enfin, je suis bien content de pas avoir quitté mon casque parce que ne pas sourire à sa tête est impossible, déjà ne pas rire est un exploit. Mine de rien, je me relève pour lui offrir une accolade après m’être enfin séparé de mon casque.

Comment ça va ? Ptain t’as bien changé !

Je le juge un peu du regard, et on est bien loin de son ancien style puis en quatre ans ses traits se sont bien affiné, comme les miens je suppose.

J’abandonne mon superbe tricycle pour aller le saluer, non sans déception de son manque de réaction,  mais pas grave il réagira plus tard ! En tout cas, je suis pas surpris qu’il me retourne la remarque sur le changement après tant d’année. Par contre ma main s’empresse de retirer la sienne quand il tire sur mes joues. Okay j’ai encore une bouille de minot, c’est peut-être attirant,  mais la tiré dans tous les sens c’est loin d’être agréable !

M’en parle pas ! Pour le moment c’est une vrai plais…Mais je me console en me disant que quand tu auras la peau toute ridé, moi je commencerais à avoir la tête d’un jeune homme !

Le taquinais-je en retour en lui tapotant le dos comme pour lui adresser ma compassion avant qu’il ne parte chercher sa veste.

Let’s go !

Repondis-je avant de remonter sur le tricycle, j’avais dit que j’aurais ma réaction non ? Et après tout c’est lui qui voulais évoquer le bon vieux temps, alors il est servi !

J’avais pas assez pour l’option passager du coup faut que tu grimpe sur le guidon et soit mes yeux !

Déclarais-je sérieusement, bien qu’un petit sourire m’échappe, avant d’enfiler mon casque.

Son rire, ça faisait longtemps, et je suis bien content qu’il n’est pas changé, il sonne la nostalgie de la bonne époque, celle ou tout n’était pas aussi chaotique, mais surtout il apporte un peu de lumière dans les ténèbres ou je me trouve. Je le laisse prendre place sur mes genoux et commence à pédalé comme je peux, seulement entre ma maladresse et son poids qui bascule d’une jambe à l’autre, le tricycle bascule sur le côté en moins de deux en déclenchant nos rires. Une fois debout, je vérifie quand même qu’il n’a rien, parce que pour le coup, lui est bien loin d’être aussi protégé que moi alors que j’hoche la tête avant de l’emmène vers la Ninja.

Ne crois pas que je serais le seul à passer à la casserole !

Lui répondis-je pour lui signaler ma curiosité tout en enlevant l’antivol après lui avoir donné mon deuxième casque. Sur la route, comme toujours je reste assez prudent, mais pas curiosité je fais quelques pointes et virages serrés pour voir comment Mark réagis. En quelques minutes on arrive au pub, par chance celui-ci n’est pas trop fréquenté, on devrait être tranquille pour rattraper le temps perdu.

Je te laisse aller commander ? Mieux vaut éviter de montrer ma petite bouille comme tu dis, sinon je vais finir au coca !

Dis-je en lui adressant une tape amicale dans le dos. Je ne compte pas boire énormément puisque c’est moi le chauffeur, mais j’aimerais bien quand même pouvoir profiter d’une pinte ou deux. Le laissant faire, je nous dégotte une petite table isolé des clients déjà présent et l’attend sagement.

Je rigole de ses propos, non pas que je me moque de lui, mais ça façon de parler m’avais manqué et sa folie des grandeurs m’amuse aussi.  Cependant mon rire me quitte pour le regarder plein d’interrogation quand il me parle de but en blanc d’une éditrice. Okay aujourd’hui être publié avec les sites internet c’est facile, mais n’a pas une éditrice qui veut ! Puis merde, je connaissais sa passion pour l’écriture, mais pas à ce point-là.

J’espère que ta faim alors, parce que j’ai plutôt un appétit de moineau en ce moment. Mais rembobine un peu plus loin là. Ton éditrice ? Putain, t’as réussi à te faire publier ? Et pas qu’un peu à priori ? Félicitation vieux ! T’as intérêt de me ramener un exemplaire avec dédicace oui !

Dis-je en venant percuter nos verres pour marquer le coup. J’en reviens pas, et je suis super content pour lui. Du coup quand il me retourne la question, je me sens un peu minable avec mon grand changement qui au final m’embourbe un peu plus, parce que j’ai clairement l’impression de mettre lancé dans un rêve inaccessible vue comment je me mets des bâtons dans les roues tout seul avec ma timidité et mon manque de confiance.

Rien d’aussi emballant, mais comme je te l’évoquais dans mon message, j’ai quitté la politique pour me consacré à la musique. C’est très officieux, j’ai pas le courage d’affronter mon père pour lui avouer, en réalité j’ai subtilisé les dossiers d’inscription au dernier moment. Même Kurt n’est pas au courant, je voudrais pas lui attirer un peu plus d’emmerde avec les parents. Enfin, je te laisse imaginer la monté de stress quand le téléphone sonne...

Je pensait pas que ce serait aussi libérateur que de parler de ça, pourtant ça l'est. Je crois que quelques part j'attend de Mark qu'il me rassure, ou du moins me donne son avis, parce qu'il sera surement plus objectif que le mien gouverner par ma peur de le décevoir. De plus, il connait mon père et ses ambitions pour moi, donc son jugement sera bien plus réaliste qu'une personne ignorant cela.

Je pensais avoir un peu plus de détail sur comment sa vie a basculé, mais il part sur son arrivée à Harvard, et je suis choqué par ses paroles. Je le sens gêné et je comprends pas pourquoi.  Comment peut-il ne pas être plus fier de ce qu’il a accompli ? Surtout qu’ il est un des rares élèves à pouvoir se payer lui-même l’école. C’est comme les boursiers qui ont honte, je vois pas pourquoi, cet argent on leur donne pour leur capacité, c’est pas de la pitié, on croit en eux et en leur réussite.  

En quoi est-ce embarrassant que de réussir hein ? Je veux bien que tu sois modeste, mais dit moi au moins qu’au fond de toi, tu es fière de d’être rendu ici par tes propres moyen ? Sinon, je te jure que je me charge de le graver dans ta tête d’idiot !

Si les première questions de Mark me rendent un peu nerveux, parce que non, contrairement à lui, je n’ai rien prouvé du tout, ni rien de concret pour le moment, la suite de son  discours me touche, il me regonfle à bloque pour continuer, même si bon, talentueux, j’en suis moins sûr, il faut que je continue, pour me donner les moyens de faire de mon rêve une réalité. Enfin, c’est pas pour autant que je vais en parler aux parents demain, parce que oui, Kurt est peut-être en politique, et je doute pas qu’il arrive à faire sa place, mais c’est pas pour autant qu’il acceptera que son autre fils se lance dans voix aussi désastreuse que la musique.

Non rien de tout ça…Disons que je suis la comble de l’artiste…je suis incapable de jouer en publique, même devant toi, je ne pourrais pas…Cependant, ce qui m’intéresse le plus, c’est la composition, donc c’est pas un si gros soucis, si j’arrive à trouver des interprètes intéressé par ce que je fais, je me ferais juste un peu moins de billet qu’un artiste complet.

Ce point est loin de me chagriné, certes j’ai grandi avec une cuillère en argent dans la bouche, mais j’ai jamais été le gosse de riche à faire un caprice pour avoir quoi que ce soit. Puis je suis aussi passé par la case internat, et là, on peut pas dire que ce soit le grand luxe de la maison, mais ça m’a jamais déranger.

Mmmm, pas trop quand même, c’est bien connu qu’un artiste fait ses plus belles œuvres dans ses temps les plus sombres !

Dis-je en riant. Et le pire c’est que j’ai jamais eu autant d’inspiration que depuis que j’ai croisé cette Alexandre. D’ailleurs en parlant de lui, je suis bien curieux de savoir si la vie sourie à Mark dans tous ses points.

Et côté cœur alors ?