Je n’avais pas eu l’occasion de beaucoup voir ma roomie ces derniers temps. Y’avait les partiels, d’une part. Ca allait venir vite. Le spring break, les voyages… Tout ça, plus le fait qu’elle était souvent avec son chéri, on n’avait pas eu le temps et l’opportunité de se poser toutes les deux pour véritablement discuter. Se rattraper en Egypte ? C’était clairement ce que j’avais en tête en lui écrivant, surtout que ma vie était un vrai dawa. Alors profitant de notre croisière entre rose, je filais jusqu’à la cabine chambre de mademoiselle Corleonesi, frappai et entrai sans attendre l’autorisation de la miss… « Bambi, c’est ta roomie préférée ! » m’annonçai-je en faisant quelques pas dans la pièce. Bah quoi, d’habitude sa chambre c’était aussi la mienne ? Puis après être tombée sur ses petites tenues et déguisements coquins, je crois que plus rien ne pouvait me choquer de la part de ma Bambi adorée. « J’arrive avec mes poupées vaudous, j’en ai ramené plein je crois que y’en a plus d’un que j’ai envie de maudire tu vois. » assurai-je avec un petit rire diabolique.  

 On était toutes les deux bien occupées, alors c’était avec un vrai enthousiasme qu’on se retrouvait. Je fondis dans les bras de Bambi qu’elle enroula autour de moi pour un câlin de retrouvaille parfait. Pas de tenue compromettante, elle était très élégante. Et elle n’était pas non plus en pleine embrassade avec son Ciarán chéri donc tant mieux pour moi, je n’interrompis rien. Je relâchai mon étreinte ensuite, après cette accolade et lançai avec un rire les nombreuses petites poupées ensorcelées que j’avais ramené, pour jeter des sorts à tous ces mecs pour qui je me prenais clairement trop la tête. « Je crois que je ne fais peur qu’à toi… » me marrai-je en réfléchissant quelques secondes avant de répondre : « Ha non, j’ai peut être fait peur à Amare aussi. C’est lui la première poupée tiens. » Je brandis l’une des pseudos poupée et la balançai dans la pièce. « C’est pour être parti sans dire au revoir… » Petite moue triste. Je vins ensuite m’installer à côté de ma roomie qui nous servait à boire. « Je veux bien un thé si tu as. » soufflai-je avant de demander : « Dis moi que t’as plus de chance que moi. Dis moi que ça roule toujours avec ton homme et dis moi aussi qu’il a un frère célibataire qui était complètement fou de moi. »

Rire diabolique et poupée vaudou, même avec tout ça je n’étais pas sûre d’être très flippante ou intimidante. Enfin, y’en avait quand même un que j’avais du effrayer, ce cher Amare, parti sans dire au revoir. Y’avait de la rancœur facilement perceptible dans ma voix quand j’envoyais l’une des premières poupées à l’effigie du mather voler à travers la pièce. Je rejoignis ensuite ma roomie qui s’étonnait de cette révélation. « Je sais pas ce qu’il lui a pris. Peut être qu’il représentait plus pour moi que ce que moi je représentais pour lui… J’ai quand même été à deux doigts de lui offrir ma virginité. Thanks god je ne l’ai pas fait avec lui. » Hymen toujours intact, j’étais sauvée. Je voulais une première fois qui est du sens, pas avec un type qui se barrerait sans un mot le lendemain. Je me posais près de mon amie et l’écoutais me répondre concernant son histoire avec Ciaràn. Tout allait bien, elle était partie avec lui en Laponie. « Faut que tu me racontes ? C’était comment ? Tu passes du climat glacial au soleil égyptien, tu vas nous faire un choc thermique. » rigolai-je alors avant de reprendre mon sérieux quand elle évoqua Nate. « La deuxième poupée c’est Nate oui… » Et d’ailleurs, même sort que pour poupée ‘Amare’ le petit Nate vola dans la pièce. « Et puis le troisième là, c’est Hadès, mon ex qui s’est fiancé à une autre… » Soupir désabusé et je repris : « J’aimerais bien que la route tourne un peu et que je tombe enfin sur mon prince charmant. »

 Bambi approuvait, et pour cause, c’était avec elle que j’avais parlé super ouvertement et pour la première fois de mon inexpérience en terme de relation physique. Etre vierge à mon âge aurait pu être quelque chose de gênant, mais avec Bambi, j’avais réussi à me confier en toute sérénité et c’est avec autant de naturel et de confiance que je lui racontais donc comment j’avais été à deux doigts de passer à la casserole avec Amare. Pas qu’il m’ait mis la pression, sur le moment, moi même, je l’avais vraiment voulu. Mais heureusement, j’avais eu la présence d’esprit d’y mettre un frein. Parce que désormais le beau métisse était aux abonnés absents. « Peut être que je devrais rester vierge toute ma vie non ? » rigolai-je avant d’ajouter bien plus sérieuse : « Au moins jusqu’au mariage. » Des paroles sages qui enchanteraient mes parents, sans aucun doute. Je m’installai près de mon amie écoutant son récit de voyage glacé, tiquant sur la fin de ses paroles. « Pourquoi il ne t’a pas accompagné d’ailleurs ? » demandai-je, fronçant un peu les sourcils, comme si je pressentais que quelque chose clochait malgré les précédentes paroles de mon interlocutrice au sujet de son couple. « Ouais, des fiançailles non consommées. Il dit qu’il fait ça pour faire plaisir à sa famille mais ça me met hors de moi quand même. » expliquai-je au sujet de mon ex avant d’écouter Bambi rebondir sur Nate et me questionner sur ce dernier. « Il m’a fait livrer des fleurs avant la croisière… Il m’a envoyé un sms pour s’excuser mais moi j’avais envie de jeter son bouquet.... » Je me mordis les lèvres avant d’ajouter : « Et en même temps j’avais envie de l’appeler et de l’inviter à venir en croisière avec nous, tu vois le genre ? » Du Cassie tout craché quoi, toute en ambivalence. « Du coup, j’ai gardé les fleurs, je les ai mises dans un vase. Mais sans eau. » Précisons bien ‘sans eau’ pour montrer que je m’étais pas complètement laissé attendrir.