• • J'me perds dans mes pensées qui ne me mènent nul part. On est là, dans un putain de paysage, dans un endroit où ont ne pourrait pas aller tous les jours, et, à la place de profiter, à la place de me lâcher, je pense, j'fais que ça, mais le pire, j'sais même pas pourquoi, j'me pose des questions sur la vie, sur Dieu, sur son rôle sur terre, pourquoi il a fait les choses comme ça, pourquoi il a aidé des pays et d'autres non ? Une multitude de questions qui n'auront surement jamais de réponse je pense, une multitude de questions qu'un paquet de gens doivent se poser, et qui attendent toujours une réponse. C'est possible que ça soit le fait d'être ici, loin de chez moi, loin de ma vie tranquille, qui me fait me poser des questions, c'est vrai merde, quand on ouvre les yeux, on fait face à la misère, et on ne peu rien faire, malheureusement, on ne peu rien y faire, on peu bien essayer, mais on aura jamais assez pour venir en aide à tout le monde. D'un côté, j'suis bien content d'avoir ma vie, j'me rend compte que je la ramène souvent pour rien, alors que j'devrais me mettre à la place des personnes qui vivent ici et qui garde le sourire, qui essaye d'arranger leurs vies à leurs façon. Putain, ils en ont du courage, vraiment. C'est pas la chaleur qui me dérange en soit, j'viens du Brésil, alors les températures élevés je les connais, c'est le fait de voir que c'est tout ou rien, qu'ici, soit t'as de la thunes, soit ta rien, comme à l'époque des pharaons en fait. Je secoue la tête, on s'en fou, putain j'suis pas là pour me mettre à réfléchir, je suis là pour m'amuser et profiter, merde. "J'vais éviter de te balancer à l'eau si t'as trop bu, j'vais devoir me la jouer secouriste après, bouche à bouche et tout ça..." J'avais pour tâche de faire des cocktails, pas de jouer au secouriste, et pour le coup, j'étais loin d'être doué. Quand il s'agit de consommer il n'y a aucun problème, mais quand il faut les préparer, c'est une toute autre histoire et Carter se fout de ma gueule quand je lui demande de l'aide. Je ne dis rien, je la laisse faire, je la laisse venir préparer, et même sa question ne mérite pas de réponse pour le coup vu qu'elle a déjà pris l'initiative d'elle même. "J'ai bien envie de dire non juste pour casser les couilles... Mais... T'aurais du être Mather sérieusement..." Qu'est-ce qu'elle est partie foutre chez les cabots ? •

Elle aimerait rester ici parce qu’elle était bien après tout, elle n’avait pas les cons sur son dos et personne ne connaissait son passé, son histoire et tous ce qu’elle avait pu vivre. Encore mieux, elle n’avait pas de souvenir sur sa grossesse, personne ne pourrait lui faire en sorte qu’elle se rappelle qu’il y avait peu elle avait eu un enfant, un fils et qu’elle l’avait simplement perdue, comme ça sans plus de raison, sans plus d’explication que ça. Elle essayait de garder la tête au dessus de l’eau, elle essayait comme elle pouvait mais, parfois elle flanchée, elle ne pouvait pas être forte, pas tout le temps et elle n’avait plus envie. Ils avaient tous réussis, ils avaient réussis à faire d’elle cette femme qui baisse facilement les bras, celle qui ne voulait plus se battre parce qu’elle était fatiguée, parce qu’elle en avait juste marre. Elle ne pouvait clairement pas vivre correctement avec eux dans sa vie, elle n’en avait jamais eu mais, c’était le risque d’avoir été avec Roman, elle pensait juste qu’elle allait au moins être deux à sa battre mais, en fin de compte il était toujours partit, toujours ailleurs et elle était seule. Elle secouait la tête ça ne servait à rien de penser aux connards qui ont pu être dans sa vie maintenant tout était terminée. « Tu peux le faire maintenant après c’est clair qu’on va avoir un souci à faire ça. » Elle sourit en coin sachant que c’était le cas, elle allait bien pour le moment mais, si elle mettait son nez dans l’alcool, elle allait très vite d’enchaîner les verres et ne plus réellement avoir la tête claire comme actuellement. Elle continua de préparer les cocktails tout en lui faisant le même qu’elle, pas le choix pour lui de toute façon. Elle finit par mettre ce qu’elle venait de faire dans les verres avant de rire encore une fois. « T’as pas le choix, donc c’est ça ou tu bois pas. J’étais pas comme ça quand je suis arrivée à Harvard, les Mather étaient clairement pas la maison qui me correspondait. » Est-ce qu’elle devait dire qu’elle correspondait aussi très bien à la Quincy ? Du moins à son arrivée, peut-être que tout avait changé depuis Janvier 2016, depuis qu’elle avait pu mettre son premier pied ici.

• J'me suis longtemps senti comme un putain d'intrus sur la terre, mes occupations n'étaient que vices et péchés, j'étais tombé dans le milieu de la nuit, des soirées alcoolisés, des lendemains difficiles, d'une vie faites d'excès et de merde, et, j'avais aimé en fait, sur le coup, j'appréciais cette vie que je menais, après tout, personne ne me faisait chier, personne ne venait me dire quoi faire, j'étais en compagnie de mes amis et c'est tout ce qui comptait, personne qui allait m'appeler pour savoir à quelle heure je rentrais, personne qui allait m'attendre, la lumière de la chambre allumé jusqu'à mon retour tard dans la nuit. J'étais content de cette vie de merde que j'avais, mais, je savais très bien que j'allais pas pouvoir la mener toute ma vie, qu'au bout d'un moment, j'allais finir par en avoir marre, que j'allais me retrouver seul, que tous mes amis auront des enfants, une femme, une petite vie tranquille, qu'ils seront surement mort aussi, et moi, j'serais le vieux pilier de bar, le parfait alcoolique qui a raté sa vie. Profiter, c'est bien, mais juste un temps. Cette vie n'était pas pour moi, je ne voulais pas de cette vie, et à chaque moment de faiblesse, à chaque remise en question de ma part, je me disais que j'avais fait le bon choix, que ma vie était bien mieux que celle que je menais au Brésil, qu'ici, je ne risquais pas de me prendre une balle à chaque coin de rue, ma vie était meilleure ici, point final. "Arrête j'vais finir par croire que t'as trop envie que je te fasses du bouche à bouche !" Rigolais-je en la regardant préparer les cocktails. Elle s'en sortait plutôt bien, et pour le coup j'étais étonné, jamais je ne l'aurais imaginé le faire en fait, pourquoi, aucune idée, alors ouais, je suis surpris. "Oh mais je vais boire t'inquiète pas ! [...] Chez les Cabots, qu'est-ce qui t'a attiré ?" Je suis sur que même si au départ elle ne s'imaginait pas chez les Mathers, elle aurait très bien pu y avoir sa place aujourd'hui... •

Sa vie n’était pas la même depuis qu’elle était à Boston, déjà elle ne subissait plus de violence, plus d’agression même si elle avait des gens sur le dos, elle ne finissait plus sans cesse à l’hôpital comme c’était le cas dans son adolescence. Elle n’avait plus besoin de se cacher, de cacher qui elle était dans le fond mais, ici elle était juste l’idiote de service, celle qui était tombée amoureuse du mauvais garçon et qui en avait souffert atrocement. Elle ne pourrait pas oublier tout ses mois, ses huit mois où elle avait pu se battre pour son couple, pour ce mec qui s’en fichait en quelque sorte d’elle. C’était ce qu’elle se disait, c’était plus simple mais, maintenant elle était toute seule, sans enfant, sans rien et peut-être que c’était mieux comme ça. Elle pourrait faire ce qu’elle voulait de sa vie, elle n’avait plus de poids sur ses épaules qui faisait en sorte qu’elle se sente coincer, qu’elle se sente incapable de faire quoi que ce soit. « Non je m’en passerais bien. » Elle sourit en coin sachant que s’il l’envoyait tout de suite dans l’eau aucun risque d’avoir besoin de faire du bouche à bouche, elle n’avait pas assez d’alcool dans le sang et heureusement parce qu’elle n’était pas plongé dedans à ce point. Enfin quand on la voyait, on mettait cette chose en doute mais, qu’importe. Elle prit son verre pour boire rapidement avant de réfléchir à ce qu’elle pourrait répondre, c’est vrai qu’elle aurait une place dans cette maison si elle en avait envie mais, elle ne pouvait nier qu’elle était attachée à la cabot house malgré tout. « Parce que c’était un groupe de femme qui était proche, elles avaient un vrai complicité sur le papier. Puis l’histoire des associations aussi ça me ressemble beaucoup sachant que j’ai fais beaucoup de voyages humanitaires quand j’étais adolescente. C’est pas le côté coquette ce genre de truc qui m’a attiré parce que je ne suis pas du tout comme ça. » Elle faisait tâche dans cette maison, elle le savait. Malgré tout, elle ne pouvait pas penser à quitter cette maison.

• Après tout, pourquoi ne pas faire ce que l'on désire ? Pourquoi toujours se poser des questions ? Pourquoi toujours se demander si ça c'est bien, si ça c'est mal ? Pourquoi autant de pourquoi putain ? On s'en fou merde, on profite, on vis sa vie, on fait ce que l'on désire, car ce n'est pas arrivé à soixante piges, devant ton putain de miroir, à regarder tes cheveux blancs, tes rides et ta gueule de vieux, et à te demander ce que t'as fait de ta vie, si t'aurais du accoster cette fille, si t'aurais du dire ça plutôt que ça. J'ai arrêter de me poser trop de questions, j'ai arrêter de réfléchir, et quand je veux quelque chose, quand je désire vraiment une chose, je fais en sorte de l'avoir et de balayer tout ce qui se trouve sur mon passage. Je pense avoir vécu assez de merde tout au long de ma putain de vie pour m'empêcher aujourd'hui de faire ce que je désire vraiment. C'est peut-être pour ça que je suis toujours dans l'excès à en faire trop, à toujours me pousser dans mes retranchements, à aller jusqu'à mes limites et essayer de les dépasser, encore et encore. J'suis le mec qui profite de sa vie, tout simplement, j'me dis que je n'ai aucune idée de ce que l'avenir est fait, j'ai tellement vu de personnes mourir que j'me dis que j'pourrais très bien y passer demain, bref, on va pas se miner le moral maintenant. "T'arrives pas à être convaincante dans tes paroles, mais t'inquiète on va oublier !" J'attrapais le verre qu'elle venait de me préparer, la remerciant d'un signe de la tête, m'asseyant sur le bar, je l'écouta me parler de la Cabot house et tout ça. Et je remarque une chose, elle parle au passé, comme si cette époque était révolue, comme si désormais, elle ne pensait plus de la même façon. "Est-ce que c'est les évènements de ta vie qui on fait qu'aujourd'hui, tu parles de ça au passé ? C'est une mauvaise passe et pour le moment, tu veux juste t'amuser ?" Je crois bien que c'est la première fois qu'on avait une discussion avec un minimum de sérieux... •

Elle n’arrivait pas à croire qu’une vie pouvait changer aussi rapidement et aussi simplement que ça, c’était comme ci quelqu’un claquer des doigts et bam c’était n’importe quoi, c’était un bordel monstre et il fallait s’y retrouver à travers ce bordel. Elle avait déjà fait en sorte de retrouver une vie dites normale même si elle ne le serait jamais entièrement, elle avait toujours des blessures dans le fond, elle se rappellerait toujours des psys qui avaient répété qu’elle avait rêvé ce qu’elle avait pu vivre ou simplement que ses cauchemars étaient dû au fait qu’elle n’avait aucun souvenir de ses géniteurs. C’était un peu comme ci elle avait été née à trois ans, elle se souvenait pas de ce qu’elle avait pu vivre avant cet âge, la preuve sa petite sœur elle l’avait retrouvé des années plus tard et elles étaient en train d’apprendre à se connaître doucement. Même si elle n’en parlait plus, même si elle n’en parlait jamais pour tout dire, elle se rappelait de tout ça, c’était toujours en elle et maintenant, il y avait la perte de son enfant. Une blessure qu’elle garderait sûrement un moment en elle et cette fois, elle s’était plongé dans l’alcool, dans ce liquide qui était capable de lui faire oublier ses plaies pour un petit moment mais, jusqu’à quand exactement ? A force de boire, elle n’allait plus sentir ses mêmes effets, elle ne s’arrêtait pas, elle continuait cherchant toujours à repousser ses limites depuis ce fameux dix sept Avril. Ce jour où elle avait décidé de foutre sa propre vie en l’air. « Ou tu arrives simplement pas à croire qu’une femme ne veut pas t’embrasser mais, tu sais ça arrive à tout le monde tu n’as pas à t’en faire. » Elle reprit une gorgée de ce qu’elle venait de faire avant de répondre à sa question, avant d’expliquer pourquoi elle avait choisis la cabot house en première maison et ça avait été évident à l’époque, ça paraissait logique même si elle ne rentrait pas parfaitement dans le moule, elle ne se voyait pas autrement et aujourd’hui, il avait parfaitement raison elle avait aussi sa place à la mather. « Depuis la perte de mon fils, j’ai décidée d’envoyer un peu tout en l’air et l’alcool est devenue ma plus grande amie. Je m’éloigne beaucoup de ce qu’elle représente. J’en sais rien, peut-être que demain j’arrêterais tout ça ou peut-être que je continuerais à me détruire de la sorte. » Parce que c’était le cas après tout, c’était purement et simplement de la destruction à son stade.