Elle me propose un câlin en guise de remerciement, et je ne sais pas si c'est une façon de vouloir être réconforté après le choc ou un truc du genre, mais malheureusement je suis loin d'être la bonne personne pour ça.

- Je n'aime pas me faire toucher, précisais-je simplement.

Qu'elle le prenne pas personnel, c'est rien contre elle spécifiquement. Je m'assure tout de même qu'elle aille bien et elle me répond par l'affirmative. Ses commentaires me tire un léger sourire en coin et je relève la tête pour chercher la silhouette du demeuré, mais il a disparu de notre champ de vision.

- Insistant, commentais-je. Certains sont plus long à la détente.

Certains ne veulent juste rien savoir non plus et n'en font qu'à leur tête. Par association, je passe la main sur mon poignet gauche où sont apparentes les marques de couteaux et de brûlures de cigarettes. Trop à mon idée de quitter l'appartement, je n'ai pas mis mes bracelets ce matin. Merde. Je n'ai que ma montre au poignet droit, mais les cicatrices, même si elles datent de quelques années, sont tout de même visibles de la sorte.

- Si tu ne veux pas risquer de rentrer seule, fais-moi signe et je te raccompagne, lui assurais-je, essayant bêtement de penser à autres choses que mes propres souvenirs.

Je ne sais pas exactement si elle me dit tout ça - de ne pas m'en faire et que c'est pareille pour elle en temps normal - simplement pour que je ne me sente pas malaisé par la situation ou si c'est la vérité. Mais bon, c'est pas plus grave.

- Benji, me présentais-je simplement à mon tour, changeant mon skateboard de main pour la lui tendre.

En faisant ce geste, je me rends bien compte que c'est l'influence de Jona qui ressort. Avant, j'aurais probablement juste hoché la tête, la main encore au fond de ma poche de jeans. Avec le temps, je me rends compte qu'il repousse doucement mes limites et j'en deviens peut-être un peu plus sociable. Même si le pas est énorme.

Commentant l'imbécile qui lui a fait du rentre-dedans de manière un peu trop directe, j'ai un sourire en coin à sa réplique. Disons que mon vocabulaire comparatif n'est pas aussi développé pour expliquer la lenteur d'une cervelle. Je me serais contenter de dire qu'il l'a planqué dans ses biceps. Et comme ça tourne pas vite chez lui, je préfère autant lui proposer à elle de la raccompagner si elle le veut. La proposition semble tout de même la surprendre, mais j'hoche affirmativement la tête.

- Oui, amuse-toi encore autant que tu veux et t'auras qu'à me faire signe quand tu veux rentrer, lui expliquais-je. C'est le camion juste là, fis-je en pointant mon vieux F100.