Deux semaines. Jules venait de passer deux putain de semaines seul et pourtant, il y avait toujours autant de bordel dans sa vie, si ce n'est plus. Ouais, carrément plus en fait. Y avait d'abord eu le client de la saint Patrick avec lequel il s'était comme qui dirait... battu et suite à ça, sa mise à pied pour un mois. Et c'était sans compter sur Agathe et Wade avec qui il s'était engueulé, à leur retour. Comme si ça ne suffisait pas avec Denys, fallait qu'il en soit de même avec ses autres potes. Résultat, Jules se retrouvait seul et sans boulot. Enfin seul... presque seul. Parce qu'en réalité, il restait encore une personne, peut-être même celle qui lui avait le plus manqué durant ce springbreak, d'ailleurs. Une personne qu'il n'avait pas encore revu depuis son retour alors que c'était la seule chose qu'il désirait. Anastasia. Ouais, du coup ça faisait pratiquement trois semaines qu'ils ne s'étaient pas vus, pas depuis cette soirée et ce moment dans le placard alors autant dire que ça commençait à faire long. Très long. Et c'était même en partie sa faute puisque Jules avait tout simplement refusé de la voir dès son retour, ne voulant pas que la blonde ne le voit le visage amoché. Mais là, c'était trop. Avec tout ce qui s'était passé ces derniers jours, il ne pouvait plus tenir. Il avait envie de la voir, il en avait besoin. Parce qu'il n'avait pas oublié ce qu'elle lui avait dit avant son départ et qu'il avait eu le temps d'y réfléchir. Beaucoup. En fait, Ana n'avait même pas quitté ses pensées. Alors peu importe qu'il ait encore un bleu au visage et qu'il ne soit pas aussi sexy que d'habitude, elle était la seule personne avec qui il voulait être, là tout de suite. Et c'est donc devant la porte de son appartement qu'il se trouvait, après avoir sonné. Jules ne savait même pas si elle était là puisqu'il ne l'avait pas prévenue avant de venir, ça s'était fait instinctivement dirons-nous, comme à son habitude. Puis, si elle n'était pas là, il n'aurait qu'à l'attendre ici, de toute façon.

Le Spring Break était passé depuis une semaine déjà. J'avais passé un bon moment là-bas. Les lieux étaient superbes et les activités m'avaient diverties, assez pour ne pas m'envoyer une seule seconde. Ce qui m'avait manqué, c'était certainement d'être avec Jules. Surtout que la veille avant mon départ, nous nous étions embrassé et pas qu'un peu, genre le vrai baiser, celui qui dit qu'on oublie tout et qu'on repart à zéro. Mais comme toujours, il n'y avait pas réellement eu de suite à tout cela. Jules était du genre discret quand il s'agissait de parler amour ou sentiments. Pour ma part, j'avais été très clair avec lui et c'est certain que pour le coup, j'étais restée sur ma faim. Je ne m'attendais pas à quoi que ce soit de la part du mather, mais seulement des sms c'était vraiment... peu. Je laissais échapper un soupir avant d'enfiler mon kimono. Quelqu'un venait de frapper à la porte alors que je n'attendais personne et je ne m'attendais certainement pas à tomber nez à nez avec Jules. La bouche légèrement entrouverte, j'avais du mal à cacher ma surprise. « Jules ?! Je ne m'attendant pas à te voir ici » Faut dire qu'il n'avait pas prévenu non plus.

Il se trouvait sur le pas de la porte, à attendre que celle-ci ne s'ouvre et surtout, à espérer qu'il s'agisse d'Ana. Jules n'avait pas réfléchi à ce qu'il dirait, une fois devant la blonde, c'est vrai. Mais après deux semaines à ressasser ce qu'elle lui avait dit, à même lui avoir demandé par formspring si elle était sincère et par dessus tout, à se demander ce que lui, voulait vraiment, la dernière chose dont il avait envie, c'était de réfléchir, encore. Ces derniers jours l'avaient assez saoulé comme ça pour qu'il n'en rajoute une couche. De toute évidence, il avait compris ce qu'il y avait à comprendre puisque s'il était là, dans ce couloir, ce n'était pas pour s'envoyer en l'air avec la blonde. C'était pas ça qu'il avait en tête, c'était plus ça non. Il voulait juste la voir, c'est tout. Le reste, il s'en fichait pas mal. Alors oui, lorsqu'il entendit enfin la porte s'ouvrir, lorsqu'il la vit enfin devant lui, toute étonnée qu'elle était, il ne resta pas indifférent. La revoir après tout ce temps, après ce qu'il s'était passé, entendre sa voix... Ouais, ça ne faisait que confirmer ce qu'il pensait. Et si ça ne tenait qu'à lui, peut-être qu'il lui aurait déjà sauté dessus pour l'embrasser mais ce n'était pas le genre de Jules. "Ouais... J'aurais dû prévenir, je sais..." Non, en fait il s'en foutait clairement de ne pas avoir prévenu, c'était qu'un détail, ça. Sauf si elle était occupée et qu'elle avait mieux à faire que de lui parler. Dans ce cas, ce serait différent. "J'peux entrer ? Ou je te dérange... ?"

J'étais surprise de voir Jules, je ne m'attendais pas à sa visite. Je ne sais pas, j'imaginais que ça allait être moi qui allais devoir faire le premier pas ou bien, j'imaginais qu'il m'aurait envoyé un message pour me prévenir. Mais d'un autre côté, ça ne m'étonnait pas tellement. C'était Jules après tout, il faisait ce qu'il voulait et comme il le voulait. « Ouais... J'aurais dû prévenir, je sais... » J'haussais les sourcils en pinçant mes lèvres. Pas nécessairement en fait. La surprise était au rendez-vous et clairement, je crois qu'il n'aurait pas pu faire plus fort. Je n'avais aucune idée de comment je devais me comporter ce qui voulait dire que je ne faisais rien et je restais plantée là à le regarder. « J'peux entrer ? Ou je te dérange... ? » - « Euh oui. Enfin, non. Tu ne me déranges pas. Je suis toute seule, Marin n'est pas là et j'étais juste... Je ne faisais rien d'important. » Respire Anastasia, tu es ridicule et ça ne te ressemble pas. J'affichais un sourire, le regardant et je me décalais enfin pour le laisser passer et refermer derrière lui. « Je suis contente que tu sois là. Ça fait.. un bail » Trois semaines à vrai dire. Trois semaines à s'envoyer des sms. Moins durant la dernière. Et puis, je n'oubliais pas la soirée avant mon départ pour le spring break. Nous nous étions embrassés et pas seulement, nous avions vraiment remis cela. « Tu veux boire un truc ? » Ou il veut que je l'embrasse ?

C'est pas qu'il se souciait réellement de déranger la blonde mais bon, quitte à venir la voir, autant être le bienvenu quand même quoi. Lui parler sur le palier c'était bien mais loin d'être suffisant pour Jules qui, pour une fois, avait peut-être des choses à dire. Il fut donc intérieurement soulagé lorsqu'elle lui expliqua que non, il ne la dérangeait pas et qu'il pouvait entrer, par conséquent. Ce qu'il s'empressa d'ailleurs de faire, après lui avoir adressé un sourire. Elle n'avait même pas mentionné le coquard qu'il avait à son visage, un exploit. Ses yeux parcourent rapidement le lieu - bah ouais il n'y avait jamais vraiment mis les pieds, dans ce nouvel appart - avant de se reposer sur la jeune femme. "Ouais... Beaucoup trop, même." répondit-il, plongeant son regard dans le sien. Traduisez "Tu m'as manqué". Ce qui n'était pas difficile à deviner puisqu'il était venu ici de lui-même, sans rien dire. "Non ça va, merci." Pas envie de boire, pas maintenant non. Il n'était pas là pour prendre du thé et des biscuits, même si c'était bien aimable de sa part. Non là, Jules était juste en train de chercher comment aborder un certain sujet de conversation. Ce qui était tout sauf évident pour lui qui n'était pas doué avec les mots, pas du tout. "Alors... ce springbreak ? Ouais bon, on était loin du compte mais ce n'était pas bien grave non ? Il avait tout son temps après tout.

J'étais tellement surprise de voir Jules sur le pas de ma porte, que j'en étais déstabilisée. Que faisait-il ici ? Avait-il quelque chose à me demander ? Est-ce que c'était positif ou bien négatif ? J'avais du mal à cerner le pourquoi du comment pour le coup et je me demandais vraiment pourquoi il était là, si calme et surtout, sans avoir demandé avant. Je n'étais pas étonnée qu'il vienne à l'improviste, mais tout de même, après s'être vu pour la dernière fois il y a déjà trois semaines, je ne pensais pas qu'il sera là ce soir. Je le laissais entrer et je soulignais le fait que cela faisait un petit moment que nous nous étions pas croisés. « Ouais... Beaucoup trop, même. » J'haussais les sourcils encore une fois surprise. "Beaucoup trop" ? Qu'est-ce que je devais comprendre avec ça ? Est-ce qu'il est venu me voir parce que justement, je n'étais pas passée de moi-même à la mather house ? J'essayais de paraître des plus normales, lui proposant même à boire. « Non ça va, merci. » Ok, d'accord, très bien. Qu'est-ce que je suis supposée faire ? « Alors... ce springbreak ? » - « Euh... C'était chouette... C'était calme aussi. » Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre ? « Tu n'étais pas là... Tu as loupé des super vacances » Ouaip. Des vacances avec moi.

Calme. Pour lui aussi ça avait été calme, un certain temps du moins... Et ensuite, les emmerdes étaient arrivées, lui faisant bien vite regretter ce "calme" auquel il s'était rapidement habitué. C'est que la solitude, c'était loin de le déranger, bien au contraire, parfois, c'était même ce que Jules préférait. Mais pour être honnête, maintenant qu'il se trouvait devant la blonde, le mather regrettait son choix. Partir en Jamaïque, avec elle et les autres, c'est ce qu'il aurait dû faire. Qu'est-ce qu'il croyait de toute manière ? Que c'était en se tenant éloigné d'elle qui la protégerait de tous les dangers ? Non. La seule chose de laquelle il la protégeait en faisant ça, c'était de lui-même. "Ouais, c'est ce que je commence à croire... Mais je suis là maintenant." dit-il avant de s'approcher inconsciemment de la blonde. Oui, il était là et il n'avait pas l'intention de partir, certainement pas. "Tu te rappelles quand tu m'as demandé ce que je voulais ? Et que j'étais trop en colère pour te répondre... ? Tu te souviens ?" Ou comment aborder le sujet en toute subtilité, ou pas. Mais Jules n'était pas à l'aise, il ne regardait même plus Ana, ses yeux divaguant sur la décoration de l'appartement qui devenait soudain plus intéressante. Il savait sur quel terrain il se risquait et surtout, qu'il ne pourrait pas faire marche arrière ensuite. L'inconnu total, c'était ce à quoi le mather devait faire face. Et autant dire qu'il faisait de gros efforts, là, rien que pour remettre cette conversation sur le tapis.

« Ouais, c'est ce que je commence à croire... Mais je suis là maintenant. » dit-il en s'approchant de moi. « Avec une semaine de retard... » Oui, parce que cela faisait déjà une semaine que j'étais de retour à Boston. Je ne lui reprochais rien, seulement, je trouvais cela fou qu'il ait mis autant de temps à retrouver le chemin de mon appartement. Surtout... surtout après ce qu'il s'était passé entre nous. Nous n'avions jamais été aussi proche que la veille de mon départ et même par sms pendant le spring break. Où était-il passé durant une semaine ? Est-ce que j'allais devoir me contenter de cet œil au beurre noir comme réponse ? D'ailleurs, comment c'était arrivé ? J'avais déjà plusieurs questions à lui poser et j'espérais qu'il n'allait pas être trop saoulé. « Tu te rappelles quand tu m'as demandé ce que je voulais ? Et que j'étais trop en colère pour te répondre... ? Tu te souviens ? » Et là, gros blanc. Mon cœur s'affola aussitôt que ses mots entrèrent dans ma tête. Est-ce que je me souviens ? « Oui ? » répondis-je en attendant une suite. Était-il désormais moins en colère pour reprendre cette conversation ? En tout cas, je ne m'y attendais pas.

Putain, ce n'était jamais contente une fille ou bien ? Il lui faisait la surprise de venir la voir là, tout de suite et madame trouvait encore à redire. Elle aussi aurait pu se déplacer jusque la porte de sa chambre à la mather house,  avant ou après les cours. C'était elle après tout, qui était partie au spring break, pas lui. Mais non, forcément, c'était de la faute de Jules. Jules qui aurait dû l'accompagner durant le séjour, Jules qui aurait pu au moins lui rendre visite plus tôt. Jules qui avait un oeil au beurre noir mais dont elle n'en avait rien à foutre pour le coup. Jules qui allait prendre sur lui pour éviter que la conversation ne dérape. Ils s'engueulaient déjà assez souvent comme ça. "J'ai été pas mal occupé au cas où tu l'aurais pas remarqué." Enfin bref, si elle voulait qu'ils parlent de ça, ils le feraient mais plus tard par contre. Là, il y avait plus intéressant à faire. Et à dire surtout. Parce que bien sûr qu'elle se souvenait de cette conversation qu'ils avaient eu, en pleine rue, juste avant la nouvelle année. C'était elle qui l'avait lancée et aujourd'hui, c'était à son tour à lui. Tournant à nouveau la tête vers la jeune femme, il la regarda un instant en silence avant de se rapprocher d'elle, suffisamment près pour pouvoir délicatement laisser glisser sa main sur son visage jusque dans ses mèches blondes. "Je pense que j'ai la réponse, maintenant..." Ou plutôt qu'il était enfin prêt à l'assumer, parce que la réponse, ça faisait pas mal de temps qu'il la connaissait, hein. "Et c'est toi..." Conclut-il, le plus calmement et sérieusement du monde. Et comme pour ajouter plus de valeur à ses paroles, il s'empara de ses lèvres pour l'embrasser. Trois semaines qu'il n'avait pas pu le faire alors autant dire qu'il n'allait plus se priver, surtout pas après ce qu'il venait de lui avouer. Comme quoi, ce n'était pas si compliqué que ça en fin de compte.

« J'ai été pas mal occupé au cas où tu l'aurais pas remarqué. » J'haussais les sourcils en le regardant. La discussion prenait une tournure un peu plus électrique, comme s'il n'avait pas apprécié ma remarque. N'ayant aucune envie de me reprendre la tête, je préférais ne rien dire, le fixant simplement en me demandant pourquoi il avait reçu un coup. Puis la discussion changea a nouveau et je restais immobile face au jeune homme. Je ne m'attendais pas à le voir s'approcher, à se montrer si doux avec moi. Mon cœur se mit à battre plus rapidement, d'abord en repensant à cette discussion que nous avions eu avant la nouvelle année et là, avec cet instant que nous étions en train de partager. « Je pense que j'ai la réponse, maintenant... » - « Oh... » que je glissais doucement en attendant la suite. Que voulait-il alors ? « Et c'est toi... » Je me mis à buguer en le regardant. Mon coeur s'emballait et mon joue se mirent à rougir. Il me voulait moi ? Je n'avais pas le temps de réagir plus, il se penchait d'avantage et alors que je me hissais sur la pointe de mes pieds, Jules poser ses lèvres sur les miennes. Punaise, ça faisait un moment que j'en avais envie et la, j'étais sur mon nuage. Je prolongeais le baiser, entourant ses épaules de mes bras. « Est-ce que ça veut dire que nous sommes ensembles ? En couple ?  » demandais-je une fois le baiser rompu.