Nouveau chapitre hospitalier. Un titre que Bambi se permettait de donner à chacune de ses allées et venues dans ce milieu où elle désirait pourtant si ardemment travailler. Mais une fois encore, ses cours devraient attendre. Combien de retard pour cette fois ? Les paris étaient lancés. L'italienne se permettait de jouer silencieusement de sa condition, n'en faisant part à quiconque si ce n'est aux quelques infirmières qu'elle croisait toujours lorsqu'elle se rendait dans ce foutu service dont elle aurait pu décrire la couleur des murs les yeux fermés, ainsi que l'emplacement des chaises de sa chambre, l'odeur de javel imprégnant ses narines de la même façon à chaque nouvelle visite. Un rituel insupportable et pourtant vital pour quelqu'un souffrant d'une telle dégénérescence pulmonaire. Hélas, en l'attente d'une greffe, son traitement demeurait le même, et ses hospitalisations de plus en plus fréquentes. A chaque nouvelle toux hémorragique, en somme. Voilà ce qui conduisait une demoiselle si jeune à dormir presque à points fermés dans cette chambrée aseptisée, sans vie, jurant avec l'extraordinaire énergie dont savait si bien faire preuve la brunette. Et à aucun moment elle ne se doutait d'une présence extérieure, elle qui ne possédait pourtant guère un sommeil de plomb. N'était-ce pas là la première preuve d'un apaisement certain ? Apaisement apporté par un homme, un seul... celui lisant actuellement les quelques données sur son état de santé, inscrites scrupuleusement sur l'affiche métallique qu'il tenait entre ses mains.

Ce fut un bruit de charriot dans le couloir qui la poussa à ouvrir subitement les yeux. Silencieusement, ceci dit. Cet inconnu s'en était-il rendu compte ? Quoi qu'il en soit, Bambi ne mit guère de temps avant de se redresser, alertée par une ombre en face de son lit. Elle alluma la petite loupiote se trouvant à proximité de sa main, sourcils légèrement froncés, yeux ensablés, visage encore ensommeillé. Vous vous êtes perdu... Monsieur ? fit-elle en se frottant légèrement les paupières, avant d'adopter une position assise sur son lit.

La voix de cet homme s'éleva bientôt dans l'atmosphère, lui apprenant son prénom, et l'incitant à croire qu'elle l'avait déjà croisé quelque part. Cette sensation se renforçait au fil des minutes, même si, l'esprit encore embrumé par le sommeil, Bambi ne parvenait pas encore à dire où et quand. Lawrence... enchantée, je m'appelle Bambi. Même si je pense que cela doit être indiqué sur les feuilles que vous tenez entre vos mains... Petite pointe d'humour, afin sans doute de lui prouver qu'elle ne prenait pas ombrage de cet état de fait. Si cela se trouvait, Lawrence faisait partie du corps médical... qui pouvait savoir ? Un seul prénom ne représentait qu'une bien maigre information face au flot de questions s'imposant à l'esprit curieux de l'italienne. Ce qu'il pouvait faire comme job, son âge... la raison de sa présence ici n'arrivait que bien après tout cela, très curieusement. Puis... bientôt, la tristesse qu'elle lut sur le visage de l'homme lui indiqua, en plus de ses propos précédent, son attachement à cette amie qu'il venait d'évoquer et la maladie semblant la ronger. Une maladie semblable à celle de la brunette ? Vous ne me dérangez pas... vous êtes mon premier visiteur depuis pas mal de temps, je ne préviens jamais personne quand je fais des passages ici. Ma famille vit loin et je ne veux pas inquiéter mes amis... je suis désolée pour la vôtre. Mais il y a peut-être une possibilité de soin ? J'ose espérer en tout cas que ce n'est pas vous que vous traitez de vieux loup ! Même si vous avez l'air de respirer la santé, vous n'êtes pas solitaire...