Les cours prénataux, de moi-même je n'y aurai jamais pensé, je me dois de l'avouer, et quand il m'a planté le flyer sous les yeux, encore une fois, je me suis rendue à l'évidence, le fait que je ne suis pas normalement constituée, que les femmes qui attendent un enfant, les autres s'entend, ont forcément cette envie de leçon d'accouchement tellement naturellement. Le problème, parce qu'il y en a un, avec moi, il n'y a rien qui coule de source, c'est que la première chose que je lui ai répondu c'était « Tu veux que j'apprenne à respirer comme un chien ? » et quand il m'a répondu « Une chienne. » J'en ai rit, concédant déjà intérieurement à accepter sa demande. A abdiquer face à sa repartie. A l'amour que je ressens pour lui.

Alors j'ai prit rendez-vous, pour nous. Sans imaginer qu'il pourrait être occupé ce jour là, j'avais pourtant choisit exprès un samedi … Mais c'est le jour où son service a décidé de lui imposer une réunion sur un je ne sais quoi, je n'ai pas demandé de détail, déjà trop fatiguée par le fait de devoir m'y présenter sans lui.
C'est donc pour cette raison, que je me trouve dans le milieu du centre commercial, face à la devanture, à hésiter. Après tout, j'aurai bien pu annuler, s'il n'avait pas semblé y tenir vraiment. Réalisant que pour lui, encore une fois, je suis prête à être une autre que moi. Après quelques minutes, je me décide finalement, parce qu'à être ici, autant ne pas me dire que je suis sortie pour rien, braver mon côté de plus en plus exténué. Je pousse la porte, j'avance dans un couloir, esseulée, n'aimant pas ce sentiment et qui paraît me coller de plus en plus à la peau en ce moment. Quand j'arrive finalement, une femme toute sourire s'occupe de l'accueil et me gratifie d'un « Bonjour ! » bien trop gaie à mon goût. J'ai horreur de ce prétexte, celui qui fait que parce qu'on s'adresse à une femme enceinte on se doit d'être parfaitement heureux. Elle veut que je lui parle de mes tours aux toilettes récurrents ? Autant pour gerber que pisser ? Non parce que les vomissements, ils s'en sont foutus que j'ai dépassé les trois premiers mois. « Annalynne Malcolm, je me suis inscrite pour le cours de 15h. » Elle coche sur son joli calepin, avant de relever le regard, et j'y trouve une chose qui m'irrite à souhaits. De la pitié. « Et le papa ? » Parce qu'on vient forcément à deux dans ces cas là. Je lui lance une œillade noire quand elle me montre du doigt la direction à suivre. Et moi j'en ai une foutue envie de la baffer.

Qui m'explique ce que je fous au centre commercial un samedi ? Pourtant, je suis là, comme si mes jambes m'avaient guidé ici. Pas besoin, ni envie, de faire les magasins, loin de là même. J'aurais sacrément du rester à Quantico mais non, la bagarre que j'ai causé au réfectoire quand une de ces poupées gonflables est venue me voir en me collant une photo de Noah et moi sous le nez. Forcément, dans ce genre d'endroit, il faut connaître ses adversaires et taper les mots Kyla Carmichael sur internet ont mené vers une photo du gala où j'ai accompagné Noah et aux articles de cette vipère de CS, criant à qui veut l'entendre que j'étais une escort. Si ça s'était arrêté là, j'aurais laissé couler. Mais l'article suivant, me traitant de bâtarde à cause des récentes révélations sur ma filiation m'avait mis hors de moi. Hors de question de me faire traiter de la sorte, encore moins maintenant que je n'avais plus celui que j'aimais à mes côtés. Mon poing est parti dans le visage parfait de cette blonde. Et quand j'y repense, mes poings se serrent. Une Jobs ne frappe pas, elle a une image à préserver. Sauf que ce qu'il se passe à Quantico reste à Quantico. Bien entendu, j'ai pris cher dans le bureau du directeur mais ils m'ont laissé partir, ils m'ont forcé à rentrer le week-end. Je bouge mes doigts pour ressentir le coup que je lui ai donné une nouvelle. Debout devant une enseigne, je lève les yeux et grimace. Mes jambes me guident dans ce centre commercial à la con mais devant un local qui s'occupe de cours d'accouchement. Putain. Vas-y subconscient de merde, rappelle moi que c'est l'une des choses qui me remonterait le moral en un clin d'oeil, avant de m'envoyer en enfer. Je pousse la porte et un large sourire m'accueille. Je vais vomir. Mais je reconnais quelqu'un au loin et quand elle me demande qui je suis, je pointe Annalyne du doigt et souris. " C'est ma femme " Lâchais-je avec un large sourire. Annalyne va me tuer, j'en doute pas. " Le prochain, c'est moi qui le porte " Riais-je en entrant dans la salle et me posant à côté d'elle. " Salut mon amour " Soufflais-je en souriant légèrement. " J'ai rien trouvé de mieux que de dire que t'étais ma femme pour entrer " Lâchais-je entre mes dents serrées. Pas bien Kyla, pas bien de mentir. Mais ça va me faire un bien fou, parler bébé, oublier, oublier que je souffre bien trop...

Dans l'encolure de la porte, je reste un instant figée. Les tableaux qui se dressent devant moi sont des plus … écoeurant à la vérité, et dépeignent des vies de famille que je ne peine même pas à imaginer. Tous des couples qui frôlent leur propre perfection, à leur manière, accordé, j'en ai subitement la nausée et l'envie d'autant plus présente de me tirer. De l'endroit, et une balle peut-être même si forcément, au vue des derniers événements, la blague est mauvaise, je le sais. Mais encore il est question de faire des concessions, de faire ce qu'il souhaite et que je m'adoucisse un peu plus afin de lui prouver qu'après tout, en tant que mère, je peux parfaitement gérer.

De ce fait, je fais quelques pas, et lorsqu'on me gratifie de trop de sourires bienveillants, je baisse le regard pour ne pas me montrer désagréable directement. Tous étant assis sur coussins, tapis et autre fauteuils en mousse, je me dirige naturellement sur le côté, afin de m'asseoir, à leur image bien qu'étriquée, et prends le soin de constater que je suis la seule à ne pas être accompagnée. Sa réunion, à Clay, c'est clair, je vais lui faire bouffer, pour le ridicule que je ressens dans l'instant. " Salut mon amour " Pardon ? J'en ai juste le temps de relever le regard et de constater une masse s'affalant à mes côtés. Une oeillade est lancée autour de nous, et sers simplement un sourire polie à ma nouvelle accompagnatrice. Si c'est Clay qui a décidé de me la mettre dans les pattes, le fait est que j'aurai préféré en être informé avant. Vraiment. " J'ai rien trouvé de mieux que de dire que t'étais ma femme pour entrer " D'accord, mais excuse moi de ne pas encore totalement comprendre le délire. Bon heureusement pour elle, les relations homosexuelles ne sont pas de celles qui me font fuir. Tolérante sur ce point, pour en avoir déjà fait l'expérience personnellement, et de ne pas en être sortie déçue, forcément. Mais là n'est pas la question, bien que mes hormones se trouvent en permanence en ébullition, la vraie problématique, réside dans le mystère de la voir ici.

« Alors, on va d'abord faire un tour de salle, pour les présentations. » Parce qu'en plus c'est comme les alcooliques anonymes ces putains de leçons ? Et pendant que les autres commencent à nous déballer leurs prénoms et celui de leur futur enfant, ainsi que son temps passer dans le ventre de leur merveilleuse maman, je me tourne vers Kyla pour demander. « Tu m'expliques ? » Si nos relations ont d'abord été chaotiques, à présent on tente plutôt un côté sympathique.

Je ne sais absolument pas ce que je branle là mais pourtant, je suis là, toute sourire, prête à écouter des femmes parler de leur merveilleuse grossesse alors que moi, je suis seule au monde. Plus de papa probable dans le coin et mon envie de fonder une famille n'est pas partie avec lui, à mon grand regret. J'aurais préféré pourtant. C'est pas comme si on avait failli devenir parent, tous les deux. Me retrouver ici ça me renvoie au Spring Break quand j'ai cru être enceinte et qu'au final, ça n'a pas été le cas. J'étais tellement heureuse et mal à la fois, voulant être avec lui, fonder une famille avec lui puis... Je soupire légèrement avant de pousser la porte et de prendre Annalyne comme mon excuse. Heureusement qu'elle est là et que je sais qu'elle n'est pas homophobe ou quoi que ce soit sinon, j'aurais pu me prendre un coup dans la gueule. Je souris à tout le monde le plus faussement possible. Lui expliquer quoi ? Que je suis une nana plutôt déprimée en ce moment et que j'ai besoin de parler bébé pour me sentir mieux ? Alors que ça va juste être l'effet inverse parce que ces femmes ont tout ce que je veux, pour la plus part. " J'ai vu la lumière et je suis entrée " Soufflais-je avec un léger sourire. Je sais bien qu'elle n'y croit pas une seule seconde mais est-ce que je peux lui en vouloir ? Non, absolument pas. " Je me suis dis que ça me ferait du bien d'arrêter de penser à moi, à ma vie et de me concentrer sur celle de quelqu'un, sur le petit miracle d'autres femmes " Concluais-je simplement avec un sourire timide sur les lèvres. " Tu veux bien de moi pour être ta femme pendant quoi, une heure ? " finis-je par demander en battant des cils. J'avais besoin de me changer les idées et j'espérais réellement qu'Annalyne accepterait. Sinon, ça risquerait d'être étrange, très étrange.

Dans l'attente d'une réponse de sa part, je ne réalise pas ce que les autres sont en train de déblatérer. Et face à son sourire, je m'éteins petit à petit, me disant encore une fois que c'est l'idée de Clay et qu'il a sûrement cru bon de ne pas me laisser seule ici. Alors d'un côté, c'est attentionné, mais de l'autre, ça montre franchement le manque de confiance qu'il a en ma capacité de me débrouiller une fois esseulée. " J'ai vu la lumière et je suis entrée " Plaît-il ? Elle se fiche de moi en plus de cela. J'en arque les sourcils pour avoir la suite de ses pensées, considérant le fait que peut-être, qui sait, elle est enceinte. Bien que Clay m'ait soufflé le fait qu'entre elle et Cole se soit terminé, un accident c'est vite arrivé. " Je me suis dis que ça me ferait du bien d'arrêter de penser à moi, à ma vie et de me concentrer sur celle de quelqu'un, sur le petit miracle d'autres femmes " J'en reste encore dubitative, parce que je sais pertinemment que c'est une idée qui ne me serait jamais venue de façon naturelle. Allez m'extasier devant des demies baleines prêtes à exploser n'est pas franchement mon occupation préférée. Et presque sur le point de lui demander si elle se paie ma tête pour minimiser la réelle raison du fait qu'elle vient de faire irruption, elle me prend de court, au moment où elle me demande ; " Tu veux bien de moi pour être ta femme pendant quoi, une heure ? " Une seconde, je la jauge entièrement. Définissant si elle dit la vérité, si elle ment. Et pour avoir appris pendant des années à maîtriser l'art de la seconde possibilité, il n'y a pas à en douter, c'est carrément de la sincérité qu'elle est en train de me donner. Pour dire vrai, c'est un tantinet grisant, parce que c'est avec parcimonie que les gens se permettent de l'utiliser avec moi, sachant que je suis capable de briser en paroles d'une meilleure façon que quiconque. Alors j'en pèse encore le pour et le contre, quand je capte de l'autre côté que c'est bientôt à notre tour de nous présenter. Mon regard jongle, du visage de celle que je devine comme « la prof » et celle qui apparemment va se trouver être ma femme pour l'heure à venir. Et je suis à la limite de penser que je vais le regretter. « On fini le tour avec … ? » Qu'elle demande l'autre idiote avec son sourire à faire pâlir, et moi je soupire. « Annalynne et Kyla. » Plus de moyen de faire marche arrière, et balance un sourire à ma fausse compagne, parce qu'il semblerait que ce soit nécessaire ici. « Enceinte de sept mois. » Faut plus d'informations ? Je sais même pas, mais je laisse la parole à celle qui se trouve à côté de moi.

Pourquoi je suis là ? Franchement, je me demande réellement pourquoi je suis là. Je pouvais pas rester chez moi ? Je pouvais pas arracher le papier peint de ma nouvelle chambre et me démerder pour refaire quelque chose à mon image ? Non, j'ai préféré venir ici et me retrouver près d'un groupe de femmes enceinte, chose qui ne sera surement jamais mon cas quand on voit ma capacité à garder mes relations. Ouai, j'en suis venue à ça, à me dire que de toute façon, je finirais ma vie avec dix-sept chats et ma seule main droite pour me faire du bien. Je me ferais vomir tellement je suis dégueulasse mais c'est plus fort que moi. Je suis mal et tente de sortir la tête du trou d'une manière ou d'une autre. Et ça sera "d'une autre" visiblement. Voir des femmes enceintes m'apaisent. Si dans deux mois, une rumeur court qu'une folle furieuse a posé ses quartiers à la maternité du coin, ce sera moi. Les bébés m'apaisent et je suis presque triste de ne pas m'être incrusté à un cours pour bébé. Je devrais voir avec Azraël pour ça tiens. L'idée notée dans un coin de ma tête, j'explique à Annalyne la raison de ma présence ici. J'aurais pu inventer n'importe quoi mais je sais que, quoi que je dise, Clay sera surement au courant alors bon. Autant se la jouer réglo et puis... Je ne suis pas douée pour mentir. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure quand je mens et je n'ai aucune honte. Spoiler alert : je veux un enfant. Spoiler alert bis : je ne veux pas faire un bébé toute seule. Si Annalyne semble être le genre de nana forte et qui pourrait élever un môme seule, ce n'est pas mon cas, pas maintenant. Les attentions reviennent rapidement sur nous et je souris quand elle part dans mon plan. Je souris largement et ouvre la bouche. J'espère que je ne dirais pas de conneries ou quoi que ce soit parce que j'ai pas du tout écouté ce que les autres ont dit. " Le donneur est notre meilleur ami " Soufflais-je avec panache. Clay, notre meilleur ami, oui oui, on y croit. " Nous voulions un enfant depuis si longtemps et... voilà " Soufflais-je, inventant une histoire de toute pièce. Et pour ne pas faire de conneries, je souris légèrement et me penche en avant, comme si je faisais une confidence à l'assemblée. " Je ne connais pas le sexe du bébé, je veux garder la surprise jusqu'au bout " Ouai, je préfère dire ça plutôt que de dire que c'est une fille alors que non. Ou mieux, que je donne le sexe de l'enfant 'rêvé' pour moi et que c'est l'inverse qu'elle a indiqué lors de l'inscription à ce cours. " Et le prochain, c'est moi qui le porte, bien entendu " Soufflais-je avec un sourire alors que la 'prof' nous sourit et commence à discuter de choses diverses et variées. Moi, je regarde Annalyne et souris. " Ça va, je m'en sors bien en maman ? " Ahah. La blague. Je demande ça à Miss Malcolm quoi. C'est un dragon. Mais un joli dragon.

Encore irritée de façon inconsciente contre celui qui partage ma vie, je crois que je ne réalise pas vraiment que je suis en train d'annoncer clairement à ce groupe de quelques personnes mon homosexualité assumée. Et faut d'énervement, j'en viens presque à penser qu'après tout, cela peut rendre ma torture moins dure. Alors toujours ce foutu sourire menteur et bienveillant aux lèvres, je patiente pour qu'elle prenne la relève. " Le donneur est notre meilleur ami " Au moins, il est clair qu'elle est plus douée que moi dans l'art et la manière de traduire un bien être ahurissant. Abrutissant. Cependant je ne peux dénoter que mes mâchoires se serrent à l'entente de la désignation … meilleur ami. " Nous voulions un enfant depuis si longtemps et... voilà " Justement. Cela faisait si longtemps qu'on attendait d'être libérés, lui et moi, mais si je ne suis plus enchaînée à mon père, le fait est qu'il le sera pour toujours à son travail. Ca fait mal. " Je ne connais pas le sexe du bébé, je veux garder la surprise jusqu'au bout " Elle joue si bien que presque moi j'y croirai, et hoche le visage, parce que j'avoue en être presque amusée. Et dans mon intérieur, se murmure ce surnom qu'on lui a donné le jour où on a su que c'est un être masculin que je vais expulser. Miro teub … Parents indignes, s'ils savaient, tout ceux présent qui paraissent si parfaits. " Et le prochain, c'est moi qui le porte, bien entendu " Oui, bien sur c'est cela … Comme si j'étais assez maso pour supporter ce supplice une seconde fois.

Alors l'attention se détourne de nous et c'est à ce moment que Kyla choisit pour me demander une chose à laquelle je ne m'attends pas. " Ça va, je m'en sors bien en maman ? " Erf. Comment te dire ? Une chose est certaine c'est qu'elle le fait mieux que moi, et tout le monde d'ailleurs, c'est une vérité bien irréfutable, même si elle me donne la nausée, je me dois de m'incliner, être mère n'a jamais été quelque chose que j'ai ressentit comme essentiel à mon épanouissement. Mais j'ai appris, à mes dépends, que l'amour a la capacité de changer les gens. Alors en un soupir et un haussement de main, je balaie sa question en lui offrant comme réponse. « Très bien. » Pas la peine de blablater avec elle sur mes insécurités, celles la qui ne cessent jamais de m'acculer. Heurts puissants et déraisonnants. Alors je réalise que je n'écoute pas ce que la bonne femme est en train de raconter, et que cela fait de moi un cancre doublé d'une future non impliquée. « Comme nous commençons une nouvelle session. » D'accord, donc que des nouveaux présents dans l'habitacle, au moins, nous ne serons pas les seules novices. « Nous allons nous concentrer sur la respiration. » J'avais donc raison, c'est comme une chienne qu'ils vont m'apprendre à le faire. « Les compagnons placez vous derrière la maman. » Et dans un petit rire, elle se reprend. « Et la compagne. » Une oeillade lancée à Kyla, surplombée d'un … « Puisqu'il le faut vraiment. » Apprenons à respirer gaiement.

Spoiler:

Pinocchio. Si on devait me trouver un nouveau surnom, ce serait celui là. Je mens comme je respire et je me mets à fond dans mon rôle. Pauvre gosse, il va avoir une maman menteuse. Euh... ouai c'est ça Kyla, t'y crois pas trop tu veux. En tout cas, je prends un certain plaisir à faire ce genre de choses parce que ça me permet de laisser Kyla Carmichael-Jobs aux vestiaires, de laisser cette pauvre loque amoureuse au placard pour le moment. Je regarde les gens autour de moi, souris, ris, tente la confidence sur le fait que je ne veux pas savoir le sexe du bébé... Je créais ce contexte de confidence, comme si c'était donc impossible que je mente alors que, on ne va pas se voiler la face, dès qu'on aura quitter cet endroit, on en reparlera surement jamais de tout ça, comme on a jamais reparlé de mon comportement au Summer Camp où, ivre morte, j'lui ai proposé de coucher avec moi, d'aller voir Clay pour qu'il m'apprenne à mettre un préservatif et où je pleurais pour ma non-grossesse. Tout ça dans cet ordre ou dans un autre, je ne sais plus trop. Tous ces moments sont encore un peu flous pour moi et je m'en fiche pas mal. Tout ça est au vestiaire ! « Nous allons nous concentrer sur la respiration. » Je souris légèrement. Cool. On va pouvoir respirer et se détendre. Inspirez, expirez ! Et n'oubliez pas de vous détendre. Moi ça me tente carrément. Mais... « Les compagnons placez vous derrière la maman. » C'est pour les mamans. Et je suis pas la maman. Merde. « Et la compagne. » Je souris largement et me déplace derrière Annalyne qui a l'air déjà blasé d'avance. " Souris, on a l'impression qu'on t'emmène en prison " Lâchais-je pour me moquer d'elle. Je sais bien que ce truc qui grandit, elle en veut pas vraiment. " T'inquiète, j'te prendrais pas par derrière comme il peut le faire " Soufflais-je en collant ma poitrine à son dos, mes jambes collées à ses cuisses. " J'crois que c'est le moment où je mets mes mains sur ton ventre " Lâchais-je le plus normalement du monde. Ça me gêne pas moi, pas du tout. Et ça se voit. C'est avec une facilité déconcertante que je pose une main sur son ventre et pose l'autre un peu derrière moi. " Si la position est pas agréable, tu m'le dis, j'peux me reculer un peu pour que tu puisses être plus à l'aise " Soufflais-je simplement. Ta gueule Kyla, tu parles trop.

" Souris, on a l'impression qu'on t'emmène en prison " Et là j'ai presque envie de lui souligner qu'elle commence sérieusement à m'agacer. Est-ce que je lui dis, moi, qu'elle parle comme si elle avait bouffé un arc-en-ciel au petit déjeuner ? Et ta licorne, petite princesse, dehors, tu l'as bien garé ? T'as aucune foutu idée de ce que ça fait d'être dans ma peau en ce moment, donc les jugements, si tu pouvais te les garder. Mais je me tais, forcément, parce qu'ici même, je sauvegarde les apparences, celles là même qui m'ont tant de fois hanté. C'est ma tête, que j'ai fortement envie de faire exploser. Et madame sourire se déplace pour venir se placer derrière moi, ou plutôt se coller, ce serait plus correct. " T'inquiète, j'te prendrais pas par derrière comme il peut le faire " Tiens, ça, c'est une phrase qui pourrait presque venir de moi. Et j'avoue que si elle avait traversé mes lèvres, j'en aurai aimé son goût de venin, mais ici tout ce qu'elle provoque ce sont mes mâchoires qui se serrent et mon envie grandissante de lui dire d'aller se faire foutre, justement. Bien loin de moi de penser que Clay peut lui raconter ce qu'il se passe entre lui et moi, dans l'intimité. Il est bien trop taciturne pour cela, un bougre silencieux, qui préfère la déconne aux sujets sérieux. « T'as pas ce qu'il faut, de toute façon. » Alors quand c'est pour dire des choses aussi stupides, généralement, on se tait. Enfant à qui on n'a pas apprit à tenir sa langue lorsqu'il le fallait.

" J'crois que c'est le moment où je mets mes mains sur ton ventre " Putain, et moi, je suis pas tactile pour un sou, même bien loin de là. Alors ma paume s'écrase sur mon front, quand je le frotte, à répétition. La première main fait son chemin, et la seconde la suit, bien rapidement, parfaitement parallèles, on pourrait presque croire que c'est toute sa vie qu'elle a fait ça. Le contact m'électrise, mais j'en reste toujours aussi sans mot dire, de toutes les façons, à quoi servirait de donner une quelconque précision ? Nous sommes ici pour jouer et ne pas passer pour deux pauvres cons. " Si la position est pas agréable, tu m'le dis, j'peux me reculer un peu pour que tu puisses être plus à l'aise "  Comment t'expliquer ? Il n'y a rien qui me rende à l'aise dans ce moment précis. Bien au contraire, j'en suis encore au point de haïr profondément ma vie. Et pas la même occasion, Clay, parce que c'est avec lui que je me devrais d'assister à ce bordel qu'ils osent appeler cours visant à nous préparer. Je ne suis prête à rien, et surtout pas à accoucher, et clairement pas certaine que cet apprentissage de la respiration pourra m'aider à expulser un être d'environ trois kilos de mon vagin qui ne demande rien. « C'est le tout qui l'est. » Inconfortable, désagréable. Et l'autre débile qui commence à expirer, inspirer. Avec de grands gestes pour nous inciter à faire de même. Je respire une fois, deux fois … « Ca me dégoûte. » Pas les mièvreries que l'autre sort, mais bel et bien tout ce tintamarre autour de la grossesse, de ses bien faits. J'aime mon futur, qu'on ne s'y trompe pas, et encore plus son père, cela va de soi, mais c'est dans un abysse dégueulasse que je suis plongée. Et puisque je fais preuve de sincérité, je me rattrape en lui disant sur un ton moqueur à souhait. « Que t'ai pas de pénis. Tu serais en train de bander. » Et j'en ricane avant de recommencer à expirer, quelle connerie je fais.

Je me trouve quand même sacrément douée pour coller un putain de sourire sur mon visage et faire comme si tout allait bien alors que je sombre, que j'suis entrain de tomber dans un gouffre et que je ne sais pas à quoi me raccrocher pour ne pas disparaître pour de bon. Sourire collé au visage, ton joyeux, je suis une putain de bonne comédienne et j'aime ça. C'est ce qu'il faut pour s'en sortir dans ce monde de merde : sourire comme une poufiasse et faire comme si tout allait bien alors que, comme Bambi, on marche sur la glace et on a aucun équilibre. Mais là, je me raccroche à cette séance. Entourée de maman et papa gâteau, ça devait le faire, j'en oublierais ma misérable condition et mon envie de chialer parce que ce gros bidon, ça devrait être le mien, presque à terme. " J'parlais de levrettes mais ok, j'ai pas ce qu'il faut " Lâchais-je faussement vexée. C'était sensé la détendre mais je crois que ce n'est clairement pas ce qu'il se passe. Elle est tellement crispée et tendue que c'est désagréable pour elle comme pour moi. Non mais Annalyne, j'vais pas te violer, rien alors détends toi la coquillette. Tiens, ça fera notre sujet de conversation la prochaine fois que je croise Clay : ta meuf est tendue comme un string, faudrait peut être pensé à la soulager. Pas sur que ça plaise à l'un comme à l'autre et je ne les vois pas faire la diet ces deux là. Enfin, j'essayais de rendre ce moment le plus 'agréable' pour elle même si je me doutais bien qu'il n'y a rien d'agréable à ce genre de choses. J'en sais rien. Je me voyais bien grosse comme une vache, prête à éclater mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Et puis, je me rappelle qu'en avril, elle était sensée être fiancée à un anglais et toutes les dates entrent en collision dans mon esprit. Oh. Merde alors. Mais chacun sa vie. " J'me doute que t'as pas l'habitude d'obéir mais fais ce qu'elle te dit de faire, elle sera contente et tu pourras fuir ce calvaire le plus vite possible " C'était ce que je me disais toujours. Fais ce qu'il veut, il aura ce qu'il recherche et te laissera filer plus rapidement. Et puis, quand elle me dit que ça la dégoûte, je déglutis difficilement. C'est moi qui la dégoûte ? Je l'écoute et ris franchement. Je me retiens de ne pas éclater de rire. " Et qui te dit que t'es pas entrain de faire mouiller ma petite culotte là " Soufflais-je avec un sourire. Non, franchement, qui lui dit que ... ? Bon, la réponse est non mais ça, elle ne le saura jamais. " Je t'ai l'ai bien du au Chili non ? Une femme peut me faire kiffer autant qu'un homme " Si ce n'est pas plus. Parce que j'ai ce gros défaut à me tourner vers les femmes quand je suis déçue d'un homme et c'est usant, fatiguant. Elles ne sont qu'un 'cache misère', qu'une erreur que je réitère quand rien ne va, un choix par défaut. " Et le monstre que tu portes, il est pour quand ? " Peut être que parler la fera se sentir mieux. " Faites gaffe quand t'auras accouché, manquerait plus que vous en foutiez un deuxième en route. Ça serait assez comique tiens " Claquais-je avec un large sourire qu'elle ne pouvait pas voir. Clay avec un gosse, j'avais du mal à imaginer mais alors avec deux... Laissez moi rire et mourir, je reviens.