" J'parlais de levrettes mais ok, j'ai pas ce qu'il faut " Elle souffle contre ma nuque, et le contact si faible soit-il de son souffle contre cette dernière m'insupporte, ouais, ça me dérange au plus haut point. Non pas parce que parler de sexe est quelque chose que je ne fais pas, il faut dire que je ne suis des plus pudiques qu'en de très rares pas. Alors c'est bien pour cette raison, qu'à sa phrase je me permets tout de même de répliquer, tout en murmure parce que sinon les autres vont bel et bien nous penser extrêmement siphonnées. « Parce que pour une levrette faut pas de bite ? » Et je me demande, l'espace d'une seconde, si on est réellement en train de faire ça, converser sur les pénis et leur bien fait, et le pire, c'est que sur ce chemin épineux – au vu de notre position – je continue de m'y engager. « C'est pourtant ce que je préfère, bien qu'une main peut tout aussi bien le faire. » Ok, d'accord, je le sais, sortant de la bouche d'une femme enceinte à qui on donnerait le bon dieu sans confession, ce n'est pas franchement très joli, mais qu'est-ce que j'en ai à foutre après tout ? Il n'y a que ça pour m'amuser aujourd'hui.

À constater de mon énervement, je me dis qu'il doit être palpable et puis il ne faut pas être un génie pour savoir que faire ce qu'on m'ordonne n'est pas dans mes prérogatives. " J'me doute que t'as pas l'habitude d'obéir mais fais ce qu'elle te dit de faire, elle sera contente et tu pourras fuir ce calvaire le plus vite possible " Et voilà que la jeunette s'y met aussi, comme si mon cerveau de femme enceinte était complètement aliéné et que de ce qu'elle dit je ne pouvais pas seule m'en douter. Parce qu'elle forcément, elle serait parfaite dans ce rôle là, aimante et foutrement gaga de tout ce que la grossesse peut engendre en elle. Alors j'ose lui avouer que toute cette mascarade me dégoûte, et là je fais clairement une généralité, je lui avoue des choses qu'elle n'a pas besoin de savoir à la réalité, donc il n'en faut pas plus pour me voir retourner sur un sujet qui semble plus nous convenir pour la journée. " Et qui te dit que t'es pas entrain de faire mouiller ma petite culotte là. Je t'ai l'ai bien du au Chili non ? Une femme peut me faire kiffer autant qu'un homme " Et du tac au tac, je réponds. « Peut-être mieux, même. » Et levant les yeux au ciel, je fais preuve d'un brin d'intérêt envers sa personne quand je me permets de préciser. « Paraît que le bilan n'est pas brillant. » Avec les hommes s'entend. Je ne fais que me rapporter aux dires de Clay.

" Et le monstre que tu portes, il est pour quand ? " Qu'on se le dise, que ce soit moi qui l'insulte de monstre, ça passe parce que je fais partie des concepteurs, mais une tierce personne, clairement c'est une chose qui me déplaît, surtout venant d'une fille qui aurait – d'après ses dires une fois bourrée – bien voulu se faire sauter par Clay. Il ne faudrait pas abuser, mon foutu seuil de tolérance à une limite à ne pas franchir, sous peine d'en finir amochée. « Notre fils est pour décembre. » Que je précise carrément sèche. " Faites gaffe quand t'auras accouché, manquerait plus que vous en foutiez un deuxième en route. Ça serait assez comique tiens " Tout en inspirant calmement, pour ne pas devenir trop mauvaise, je me contente de lui demander. « Et en quoi ce serait un problème ? » D'accord, celui que j'attends en ce moment n'était pas prévu, et tous les deux, on est complètement novices aussi bien que paumés, mais il ne faut pas croire cet enfant sera aimé. Puis le fait est qu'il aura deux parents qui s'aiment aussi. La question est simple, finalement, qu'est-ce que ça peut te foutre qu'on en ait deux ou trois, tant que c'est notre choix ? « Comique, sûrement pas. » Parce que … « Clay sera parfait en papa. »

Je l'écoute et lève les yeux au ciel. " Doux Jesus, quel esprit étriqué " Lâchais-je simplement. Parce que ouai, y a pas que ça dans la vie, y a pas qu'une bite pour satisfaire une nana, quelque soit la position. J'arrive pas à croire qu'on parle de ça quand même. C'est super étrange mais c'est sympa comme tout. Ouai, je dois avouer que ça me fait délirer, ça me fait du bien et ça me fait oublier. Et c'est bien pour ça que je suis venue ici et pas seulement parce que j'y ai vu la lumière. Je l'écoute alors que le son de sa voix me parvient et je ris légèrement. " Là tu me plais déjà plus " Et je pars dans un léger fou-rire. Je vois tellement ce qu'elle veut dire, un peu trop d'ailleurs. Rien de mieux que de le faire avec un homme bien que je n'ai jamais eu d'expériences désastreuses avec des femmes. C'est juste que… J'ai ma préférence. Et Annalyne aussi. Toujours mieux quand on est en couple avec un homme quand même. Ou alors je n'ai pas trouvé la bonne personne, celle qui me fera oublié les quelques hommes qui ont su me faire du bien, beaucoup de bien. Et en y pensant, je me dis qu'avec Alaska, c'était toujours quelque chose de dingue et d'extras. Mais là, le niveau a été relevé d'un petit cran. D'un sacré cran en fait. " J'en doute " Lâchais-je quand elle me dit qu'une femme peut me faire plus kiffer qu'un homme. Ouai j'en doute. Ça me semble un peu difficile. Mais qui sait ? Faut dire que je n'ai couché qu'avec des filles qui faisaient leur première fois, rien ni personne d'expérimentée en soit. Alors ouai, faudrait que j'y pense, que je teste, que je m'éclate un peu. Et quand elle parle de mon bilan avec les hommes, je sers les dents. " Au pieux c'était toujours très brillant, t'inquiètes pas pour ça " Claquais-je avec l'intention d'aller arracher la gueule à Clay quand je sortirais de cette salle où l'air devient, tout à coup, oppressant. Je me sens mal et me décale légèrement de moi même. Elle vient d'appuyer là où ça fait mal et je doute qu'elle en soit consciente. Ça me tue. Ça me dégoute, ça me gonfle. J'veux oublier. Je veux oublier que ma vie sentimentale est un putain de désastre et que je suis mal. Je veux aller bien, être heureuse, sauter partout et sauter tout ce qui bouge. Arrêter d'avoir l'impression que je dois lui être fidèle alors qu'il a déjà du tremper son biscuit dans de nombreuses tasses. Penser à autre chose, parler d'autre chose. Et ma langue fourche. Monstre. C'est pas très gentil ça quand même. Bien que tous les enfants soient des 'monstros' pour moi. Mais comme ça, j'en apprends plus sur l'enfant qu'elle porte. Un garçon. Un dur à cuire, je l'espère. Décembre. " Joli cadeau de Noël " Ouai. Et je le pense vraiment. C'est un beau cadeau de noël et j'aimerais tant avoir un cadeau de la sorte. La bonne blague, ce n'est pas près d'arriver. Pour Noël 2020 peut être, et encore. Ce serait le suicide que de tomber enceinte maintenant. Et aigrie, complètement rageuse, j'enfonce le clou avec Annalyne. C'est comme dans Fort Boyard. Au dernier coup, lorsque le clou sera enfoncé à 100% dans le bois, penser qu'on pourra s'entendre un jour ou l'autre sera une douce illusion. " J'ai jamais dis que c'était un problème. Juste que ça serait drôle de voir Clay avec deux gosses dans les bras " J'arrive déjà pas à l'imaginer avec un môme dans les bras pour tout dire. Mais je ne le connais pas comme elle le connait pas. Je l'écoute et ferme les yeux. On m'entendrait y a plusieurs mois, au sujet de Cole. Tout me ramène à lui. Tout sauf que rien de ça n'est vrai. Je me hais. Je ferme les yeux. " Il parait qu'un enfant, ça change la vie " Soufflais-je en retenant les larmes qui menacent de rouler sur mes joues. " J'vous souhaite vraiment le meilleur " Finis-je par balancer en me levant rapidement et filant vers les toilettes un peu plus loin. Ce sont les mamans qui ont la vessie compressée qui vont aux toilettes normalement. Mais j'en ai besoin, vraiment. Et quand je retournerais dans cette salle, j'inventerais les pires mensonges pour ne pas griller notre couverture, pour soutenir Annalyne dans cette épreuve même si je suis carrément mal placée pour le faire. Oui, rien que ça… Je souffle et essuye les larmes qui ont fini par couler. Ça devrait être moi dans cette salle. Et que je le veuille ou non, je les déteste toutes de porter la vie, je les envie toutes à ce moment précis… Et ça ne changera pas de si tôt parce qu'un enfant, c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé. Un jour. Peut être.

" Doux Jesus, quel esprit étriqué " Attends, on rembobine, est-ce tu sais seulement la définition de ce mot ? Parce que je ne vois largement pas où ça l'est. J'en lève les yeux au ciel et vogue sur les routes sinueuse de notre conversation, qui n'en est pas réellement une dans le fond. Je me demande même ce à quoi on est en train de jouer. On est amies elle et moi ? Depuis quand, parce que j'ai loupé le départ. Je ne devais pas être prête, toujours en retard, j'en sais rien, mais en tous les cas ça ne m'empêche pas de blablater sur tout ce qui est sexe et côté lesbien puisque aujourd'hui nous le sommes en apparence, après tout c'est elle qui voulait me détendre … Pour finalement en revenir aux hommes parce que même si les femmes sont biens, on ne va pas passer par quatre chemin, je préfère de beaucoup un homme et elle aussi, pas la peine d'être un génie. " Au pieux c'était toujours très brillant, t'inquiètes pas pour ça " Je m'inquiète de rien, c'est assez agaçant de voir qu'elle divague à chaque phrase que je peux prononcer. Et si au pieu c'était si bien pourquoi il n'y en a aucun qui soit resté dans ce cas … ? Mais celle là, je la retiens, pour me contenter d'un « Étonnant. » Pure réflexion mesquine à défaut d'une phrase qui aurait pu la blesser. Possible qu'avec ça, on arrête de penser que je suis une vraie vipère qui passe son temps à vouloir heurter le monde entier. Comme quoi, même si elle a voulu se taper mon mec, pour faux ou pour vrai, ça ne m'importe plus en fait, j'arrive à la tolérer. Un grand pas pour Anna, un petit pour l'humanité.

" Joli cadeau de Noël " Oui, peut-être, en même temps Kyla je ne vais pas t'expliquer que je ne l'ai pas vraiment calculé ? Crois-tu que je suis une de ces psychotiques qui forceraient leurs mecs à les sauter un jour spécial juste histoire de s'assurer d'expulser le colis au moment désiré ? Et l'une de mes mains se détachent de mon ventre pour aller s'écraser sur mon visage, pour dérider mes traits, alors que ma patience est torturée au niveau de ses limites. " J'ai jamais dis que c'était un problème. Juste que ça serait drôle de voir Clay avec deux gosses dans les bras " Parce que tu ne connais que la façade, parce qu'il est différent dans l'intimité. Parce que moi je sais que cet enfant c'est lui qui l'a voulu en premier. Je précise qu'il sera parfait, ma bouée de sauvetage dans l'océan de la parentalité. Me fous complètement du fait que ce soit l'amour qui me fasse parler, j'ai confiance en lui, c'est tout ce qui compte, même si elle a encore du mal à imaginer cet ours ronchon, railleur, avec un enfant dans les bras. Moi je le vois, je l'ai vu dans son regard, à New York, ce soir là … " Il parait qu'un enfant, ça change la vie " Il paraît ; Mais qu'est-ce que j'en sais ? Je ne suis pas du genre à me positionner selon l'avis des gens, tout ce que je sais et crois ça vient de mes propres impressions. Ce sera le paradis ou bien l'enfer. " J'vous souhaite vraiment le meilleur " Soudainement ? Sauf que je n'ai pas le temps de réagir qu'elle se barre de l'autre côté et j'ai la fâcheuse impression d'halluciner. Nouvellement seule et soumise aux regards des autres couples interloqués, je balance des sourires faussement gaies pour pallier à la honte qu'elle me fait ressentir. Me donner en spectacle n'est pas dans mes priorités. Dans ma famille on m'a apprit à savoir me tenir en public. Et si j'avais voulu rester calme jusque là, j'explose intérieurement, protégée comme sa sœur ou pas. Je me redresse – difficilement – et rapidement, une fois sur mes pieds, gratifie l'instructrice d'un « Elle vit toujours mal de ne pas avoir porté le premier. » Ca me fait gerber. Et quand j'entre dans les toilettes j'entonne un « Chérie ?! » Je vais la buter. Sauf que quand je relève le regard, c'est sur son visage rougit que je tombe, forcément. J'avais vraiment besoin de mélodrame aujourd'hui … « Balance, qu'on en finisse. » Now or never. La proposition ne sera pas faite deux fois. Je suis prête à t'écouter ici et maintenant, pas après, ni ailleurs.

Étonnant ? Qu'est-ce qui est étonnant ? Je me pose milles et unes questions mais je ne veux pas ouvrir la bouche pour lui demander parce que ouai, j'avoue, sans soucis aucun, que j'ai presque peur de sa réponse, de la pique qu'elle va me balancer. Je ne me souviens pas de toute notre entrevue au Chili il y a quelques mois de cela mais je sais que ce n'est pas la nana qui laisse démonter et qui ne balance pas tout ce qu'elle a à dire. Elle doit prendre des pincettes pour mon cas. Après tout, si Clay lui a vraiment raconté mes aventures catastrophiques avec ce connard de Wildingham, elle doit avoir pitié de moi. La nénette amoureuse qui se fait avoir comme une conne. Oh, je déteste ça. Je déteste qu'elle puisse avoir pitié de moi. J'ai pitié de moi même et c'est assez lourd à porter comme ça, y a pas à dire. Alors j'préfère pas chercher plus loin parce que la réponse ne me plaira pas, bien entendu. Je ne vois pas son visage et je crois que c'est mieux comme ça. Je me contente de rester derrière, de faire comme si, de déconner avec l'animatrice et de faire bonne figure. On est un putain de couple trop beau aussi, faut dire. Ou peut être pas. Parce que plus je parle et plus j'imagine tout ça et plus... Plus je me fais du mal, beaucoup de mal. Je souffre et je ne veux pas en parler, je ne veux pas l'énoncer à voix haute. Pourtant, mon corps entier se brise. C'est comme si je venais de balancer une balle rebondissante et qu'elle ne bondit pas partout, loin de là même. Je me pince les lèvres et file vers les toilettes pour me détendre. Putain, j'aurais du être une de ces junkies qui se baladent toujours avec des saloperies sur elles parce que je crois que là, c'est bien ce dont j'aurais besoin. Fumer un truc qui m'enverrait plus loin, beaucoup plus loin. Mais non, c'est pas le cas. Les mains sur le lavabo, je baisse le visage et me sens trembler. Je déteste ça. Qu'est-ce que je ne déteste pas chez moi ces derniers jours ? Rien, tout bonnement. Je me déteste. Je me déteste pour être tombée amoureuse d'un homme comme lui, pour y penser bien trop souvent. Je me déteste pour avoir frappé Wade, pour avoir frappé ces deux nanas à l'académie. Je me déteste pour bien trop de choses et c'est difficile à porter. Je lève le visage vers le miroir en face de moi et j'essuie mes lèvres. La voix d'Annalynne me parvient et je sursaute. Je ne l'attendais pas là, vraiment pas. Sa question me perturbe, me retourne le bide. " Qu'on en finisse ? " J'en finirais bien, des fois, quand ça va vraiment pas. Parce que je suis comme ça, faible et un rien me surmène. Je retiens un rire à ce moment là, essuyant une nouvelle fois le flot de larmes qui coulent sur mes joues. Oh qu'est-ce que j'aimerais me transformer en grain de sable et couler, moi aussi. " J'pensais être enceinte avant qu'on se rencontre au Chili. J'avais hâte. J'aurais du être mère à l'heure actuelle. J'aurais du être une super maman, comme tu le seras " J'en doute pas une seule seconde et si elle en doute, elle va s'prouver le contraire, j'ai aucun doute là dessus. " Y a des gens qui veulent pas de mômes, des gens qui sont heureux quand ils sont tout seul. Mais j'ai toujours voulu un enfant et quand j'vous vois toutes là, rayonnante, souriante ou presque bah... je suis jalouse. J'veux aussi ressembler à la mère noël avec mon gros bide. J'veux aussi avoir du mal à me lever quand je suis assise sur le sol, être limite obligée de me rouler pour sortir du lit " Soufflais-je en fermant les yeux. " Et je me déteste d'être jalouse du bonheur des autres " Lançais-je en tremblant légèrement, fermant les yeux et tournant le visage. qu'est-ce qu'elle doit rire devant la gamine de vingt-trois ans qui rêve d'avoir un enfant et qui n'en aura pas de si tôt. Parce que l'homme qu'elle aime baise l'ennemi et que le mec avec qui elle couche est un jeunot qui est déjà dans cette équation et qui n'a qu'une hâte : que la mère avorte. C'est le moment de se battre. Ou de se laisser couler. Au choix.

C'est tout ce que je suis capable de lui donner pour l'instant en terme de compassion. Parce qu'il ne faut pas se voiler la face, Kyla et moi, de base, nous ne sommes pas amies. Jalouse comme pas possible, je me dois de l'avouer, je n'ai jamais vu d'un bon œil sa relation avec Clay. Mais je m'essaie à des efforts, ayant bien comprit que quoi que j'en ai pensé de primes abords, cette fille va faire partie de sa vie, et de la mienne par la même occasion, c'est juste une question de faire la bonne équation. Alors j'attends … Patiente quand ce n'est pas ma première qualité, mais je le fais, parce que tout semble mieux plutôt que de retourner dans cette salle de cours où j'ai directement eu l'impression d'étouffer. " Qu'on en finisse ? " Elle ne va pas s'offusquer pour si peu, n'est-ce pas ? D'accord ce n'était peut-être pas la meilleure façon de l'interroger, mais quand même ce n'est pas comme si j'avais été mauvaise. " J'pensais être enceinte avant qu'on se rencontre au Chili. J'avais hâte. J'aurais du être mère à l'heure actuelle. J'aurais du être une super maman, comme tu le seras " Dans mon esprit, ça commence à faire un peu de sens … J'en hoche le visage, mimant le fait que oui, je vois. Cette grossesse n'ayant pas eu lieu, elle la regrette, tout simplement. Bien que je ne parviens pas à convenir d'un Cole papa. " Y a des gens qui veulent pas de mômes, des gens qui sont heureux quand ils sont tout seul. » Et j'en faisais partie, je me devrais peut-être de le souligner, mais je préfère me raviser, me disant qu'il ne vaut mieux pas la couper. « Mais j'ai toujours voulu un enfant et quand j'vous vois toutes là, rayonnante, souriante ou presque bah... je suis jalouse. » J'en lève les yeux au ciel, la jalousie … C'est un des pires des venins, cependant pour la première fois, j'avoue la comprendre, juste assez. « J'veux aussi ressembler à la mère noël avec mon gros bide. J'veux aussi avoir du mal à me lever quand je suis assise sur le sol, être limite obligée de me rouler pour sortir du lit " Toujours taciturne, je me contente de rester de marbre, sans sourciller. Stoïque pour mieux l'appréhender au moment où je lui présenterai les choses de façon différente. " Et je me déteste d'être jalouse du bonheur des autres " Alors j'en soupire, plissant les paupières sans trop savoir comment lui dire. Je suis femme de peu de mot et non experte en sentiment, en relation humaine … du reste je tente de mettre mes anciens démons de côté.

« Kyla. » Je commence alors sans bouger pour autant, je la jauge, elle et ses yeux encore humides, dépitée. « J'ai vingt-neuf ans. » C'est prononcé pour lui dire qu'après tout, elle a le temps. « Et je n'ai jamais envisagé ne serait-ce qu'une fois de tomber un jour sur quelqu'un comme Clay. » Avant lui, tout était tracé, calculé, je n'avais absolument rien à dire, enchaînée à un tyran, un père faussement aimant, à une mère capable de forcer à vomir son enfant. Alors non, jamais, je n'ai avant ces derniers mois engendrer un être comme moi. Mais de son histoire, je n'en connais que les grandes lignes, et malgré cela, je sais que ça finira par lui arriver, il ne faut pas être un génie pour le deviner. Elle est de celles qui sont passionnées, de celles qui aiment en déraison … « Je vais pas te dire que tu vas rencontrer quelqu'un, qu'il va t'aimer au point de vouloir faire un enfant. Je vais pas non plus t'expliquer par tout un argumentaire que tu as tout pour plaire. » Non je ne le ferais pas, parce que certes, je ne suis pas comme ça, mais parce que : « Tu le sais déjà. » C'est aussi simple, c'est une certitude qui se trouve en toi. Même si tu peines à la voir, même si t'as l'impression de t'effondrer dans un trou noir. Mes prunelles la défient, si bien que j'en oublie de sourire, ce n'est pas pour la rassurer, c'est pour lui faire comprendre, pour qu'elle voit. « Maintenant, on s'en va. » T'en dis quoi ?

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