Il faisait frais, ce matin. On remarquait rapidement l’approche de l’hiver. J’avais enfilé mes baskets et mon jogging et m’étais mise en route en direction du bord de la rivière où j’appréciais de fouler le macadam. Je m’étais vêtue suffisamment chaudement cette fois pour ne pas tomber malade en cinq secondes. J’étais prête à parier que la température n’était pas supérieure à 10 degrés au vu du brouillard présent. Puis, après tout, il n’était que sept heures du matin. Comme souvent, je m’étais levée tôt pour privilégier le sport. Mais il fallait avouer que j’étais claquée. Claquée de cette soirée qui s’était terminée tard. J’étais rentrée à quatre heures du matin, alcoolisée, et ça m’étonnait même que je tienne encore debout à l’heure actuelle. J’avais commencé à courir en prenant un rythme de croisière pour ne pas m’essouffler au bout de vingt minutes de course, trop habituée aux longs footings. J’étais dans mon monde, les écouteurs dans les oreilles, sans trop prêter attention à ce qui pouvait m’entourer. J’étais d’ailleurs sortie accompagnée. Accompagnée de mes deux chiens, Ari et Seïa. Deux gros dogues allemands. De quoi repousser plus d’une personne souhaitant me sauter au cou. J’avais pris l’habitude qu’ils effrayent et d’un côté ça me plaisait plutôt bien. Au moins, je n’étais pas ennuyée. Mais j’avais aussi pris la fâcheuse habitude de les laisser courir au gré de leurs envies, sans attaches. Et parfois, ils partaient. Sociables comme aucun autre, ils aimaient bien trop faire la fête à chaque passant. Et là, encore une fois, ce fut le cas. Les deux dogues s’étaient mis à courir en direction d’une personne au loin… « ARI ! SEÏA ! AU PIED ! »