« Je me moque pas. Je te taquine. Si je me moquais, tu serais en train de pleurer là. » Amare veut bien lui faire comprendre que ce n’est que parce qu’elle est son amie qu’il ne prend pas un malin plaisir à la rendre folle de honte devant tout le monde. Parce qu’il peut Amare. Il peut la mettre à terre. Il a les mots et les expressions pour la rendre aussi minable qu’un insecte. Mais il l’aime bien Kaya. Il l’aime bien car elle est différente, originale, à l’image de sa maison. Elle représente la différence dans toute sa beauté et innocence. Et ça, c’est rare. Surtout chez une fille aussi jolie qui ne voit pas sa propre beauté. Faut pas se mentir, il a l’oeil le petit. Elle se faufile dans la vie des gens avec une facilité incompréhensible parce que qui aurait pu penser que le petit bad boy de Mather, le nouveau qui se tape la vice présidente, qui s’est tapé un bon nombre de quinquagénaire and counting, pourrait devenir amie avec la douce et innocente Kaya Weasley. Qui ? Personne sans doute. Ou alors, ils auraient pensé que c’est parce qu’il voulait coucher avec elle. Ce qui n’était pas le cas. « Non, sinon ce ne sera plus un cadeau. » Il ne fallait pas ruiner la surprise. Il comptait bien demander à un de ses « amis » photographes de la prendre en photo dans une séance shooting digne d’une princesse. Elle le méritait cette petite rousse. Ils s’assirent sur une petite table, laissant enfin le temps à la jeune femme de se restaurer correctement et proprement. Il fut assez surpris en l’entendant dire qu’une personne lui avait déjà demandé de se taire parce qu’elle parle trop. Qui aurait eut l’impolitesse de dire ça à une fille comme elle ? « Clairement, ces gens sont pas sympa. J’aurais aimé parler un peu plus. D’habitude, je suis pas très bavard. » Il préfère le silence et le calme venant de lui et l’euphorie venant des autres. Il n’est une personne très heureuse et joviale, il est plutôt calme et posé, un peu grognon. Prenant avec plaisir le morceau de pâtisserie qu’elle lui proposa, il continua à l’écouter. S’enfuir ? Lui ? « T’inquiète pas. Tu peux pas être pire qu’Ashleigh. Elle la ferme jamais elle, et pourtant, c’est une de mes amies le plus proches. » Si ce n’est une de ses meilleures amies. Elle avait réussi à entrer dans le cercle très fermé d’Amare, et c’est un exploit vu son caractère et son style de vie. « Ouais, ça peut aller. J’y suis que la nuit de toute façon, alors je m’en fous des autres. Et puis, on en m’approche pas donc c’est cool. » Le loup solitaire, le mec qu’on approche pas vraiment ou très difficilement. Il n’est pas le genre de gars avec qui on veut faire ami ami en général. Trop sombre, trop sarcastique, trop lugubre. Il a l’allure du gars qui n’en a rien à foutre de personne et qui envoie tout le monde bouler. Et c’est vrai. Il n’aime pas qu’on l’approche. Il approche. Sa vie n’est qu’une succession de désastre alors il choisit ceux qui entrent dans la sienne avec précaution. Bon, peut-être pas Rhiannon, mais elle est à part. Les autres, ce sont ses choix qui les ont fait entrer dans sa petite vie misérable. « Et toi ? Avoir la maison qui a brûlé doit faire un sacré coup au moral. T’as réussis à tous les héberger quelque part ? »

Il la regarde. Il sait qu’il aurait pu. C’est ainsi qu’il est. Cruel, peu sympathique, assez sarcastique, assez pour faire pleurer quiconque l’énerve un temps soit peu. « Oui. Mais je ne le ferais pas. » Parce qu’elle est devenue son amie. Parce qu’avec le peu de temps qu’ils passent ensemble, ils arrivent à parler de tout et de rien, de lui faire oublier qu’il n’est qu’un petit con narcissique qui ne pense qu’à lui même. Pour une fois, Amare ne joue pas un rôle ou ne prétend pas quelque chose. Il n’est pas foncièrement gentil, mais il a une part de bonté que peu connaissent. La maladie de Kaya a tout de même remué quelque chose en lui, et il ne peut pas le nier. La voir se balader avec cette foutue bouteille d’oxygène lui rappelle bien des souvenirs qu’il aurait voulu éviter. Tellement qu’il s’attachait à elle de manière amicale et c’est rare. « Non, je ne te dirais pas. Ce ne serait vraaaiment plus une surprise du coup. J’espère tout de même que t’as une super idée de cadeau pour moi. Je suis difficile comme mec. » Il aime bien la faire ramer un peu. Ça montre bien à quel point ils se sont attachés l’un à l’autre pour s’enquiquiner ainsi pour quelque chose d’aussi futile. Amare n’a pas eut de cadeaux de Noël pendant des années. Depuis la mort de sa mère, il avait pas ou très peu fêter Noël, malgré que cette saison soit sa préférée. Et ce n’est pas qu’il ne voulait pas, c’est juste qu’il n’avait personne avec qui fêter Noël. « Tu devrais répondre. T’es pas une poupée que l’on peut secouer sans s’attendre à ce qu’elle réponde. » Le voilà moralisateur maintenant. Une avancée. Il hausse les épaules à la répartie de la jeune femme. Ouais, il parle, et quand il parle, il le fait bien. Mais il n’aime pas forcément parler. Rester une journée entière sans ouvrir la bouche pour qu’un son en sorte est assez régulier pour lui. « Oh mon dieu. Jamais je te la présente. Jamais. Et je ne dis pas ça pour te vexer, juste je peux supporter qu’une à la fois. » dit-il en lui offrant un sourire bien grand, du genre moqueur mais mignon. Celui que l’on voit rarement le jeune homme avoir car ce n’est pas son genre. « Ne t’inquiète pas, j’aime bien être seul, ou juste en très bonne compagnie. » Il hausse les sourcils pour lui faire comprendre le message. La douce et innocente Kaya. Il doute qu’elle comprenne le-dit message, mais ce n’est pas faute d’essayer. Il prend alors des nouvelles de la maison des Lowell qui a péri dans l’incendie. « Je me disais bien que les couloirs de la Mather étaient un peu plus … bruyants ces temps ci. La musique des Lowell a déjà envahis les lieux, c’est bien. Ça va réveiller les stoners un peu plus. » Il la vit un peu triste. Être présidente d’une maison qui a péri dans les flammes devait être assommants. « Je pense que tu devras gérer pour toute l’année ma belle. La reconstruction des maisons peut prendre des mois. » Pas vraiment réconfortant Amare, mais t’as fait de ton mieux. Il finit son café désormais froid à force d’avoir parler et parler. Il n’aime pas quand le mocha est froid alors il le jette dans la poubelle non loin par la force de son poignet. « Bon, on va faire les boutiques ? » Finis de manger Kaya. Less talking. More eating.