Tu te regardes un long moment dans la glace, ton visage est tuméfié par les coups que l’on vient de lui asséner. Tu effleures ta pommette droite ensanglantée de tes doigts fins, tremblants. Tu ne sais plus quoi faire, tu sens une telle colère en toi… Tu peux répliquer, tu peux le mettre à terre, mais quelque chose te retient, quelque chose qui s’appelle les études et qui coûtent très chers. Tu souffles un long moment en baissant le regard, ce n’est pas la première fois qu’il te cogne et ce ne sera sûrement pas la dernière. Tu as connu bien pire, tu le sais, mais cette situation qui te lie les mains et la bouche te rend folle. Ce soir, il t’a frappé parce qu’il y a quelques jours l’une de tes connaissances a eu la folie de venir te tirer sur scène, terminant ton show un peu prématurément. Tu maudis Sabian pour t’avoir fait ce coup-là, tu ne vas pas perdre ton job, mais tu as une bosse douloureuse qui se forme en plus sur ton visage. Tu le hais de t’avoir pris pour sa chose, d’avoir tout fait pour dicter sa loi. Tu frappes ton meuble qui te serre de bureau puis tu passes une main dans tes cheveux démêlés. Tu es en colère mais tu te sens frêle, perdue, tu as besoin de réconfort et pas n’importe lequel. Tu regardes l’heure sur ton portable, la nuit est déjà bien engagée. Tant pis, tu t’y risque quand même. Tu sors des loges et te faufiles à l’extérieur de ce taudis qui te sert de lieu de travail, puis tu fais claquer tes talons de dix centimètres sur le sol, resserrant ton manteau contre ta poitrine tout en baissant la tête dans la rue. Les rues de Boston sont désertes à l’approche de l’été et ce n’est pas plus mal pour toi, tu as l’assurance d’être tranquille le temps de ta marche. Tu arrives après vingt bonnes minutes de marche à un petit appartement dont tu connais bien l’adresse. Tu fixes la porte, hésitante, te mordant la lèvre puis tu toques en espérant pas le réveiller…

Tu attends devant sa porte, tu es prête à poser ton front sur celle-ci tellement tu es désespérée. Ton visage te fait mal, tu ne sens presque plus ta lèvre inférieure qui s’est remise à saigner alors que tu marchais en direction de l’appartement du jeune Dunster. Tu attends encore quelques secondes et de la lumière brise l’obscurité du couloir. « Désolée, je ne voulais pas rentrer chez moi… » Tu voulais le voir, apercevoir son sourire si apaisant, sentir son parfum rassurant. Tu croises les bras contre ta poitrine et hésitante, tu t’introduis dans son appartement que tu connais déjà. Vous en avez passé des soirées ensemble sur le canapé, l’air de rien. Avec lui tu as toujours eu l’impression d’être une fille normale, pas une actrice célèbre déchue, pas une strip-teaseuse qui se fait tabasser. Parfois la vie normale te manque et tu te rends compte qu’il n’y a qu’en présence de Jimmy que tu combles ce besoin de retrouver une vie apaisante. Tu restes hésitante dans son salon, à te tourner vers lui. Il se rend compte que ton maquillage a coulé, que quelque chose ne va pas. « Ce n’est rien, juste une mauvaise soirée… » Tu en as connu d’autres et ce n’est pas prêt de s’arrêter, c’est ta vie, cruelle et tu dois être insensible pour la vivre comme tu l’entends. Tu l’aperçois chercher dans ses affaires un long tee-shirt et tu ne peux t’empêcher de sourire, il est tellement affectueux et tendre avec toi. Tu attrapes son tee-shirt et acquiesces de la tête. « Merci Jimmy. » Tu l’observes un instant, il dormait sûrement vu sa tenue. Tu observes son corps un instant et une vague de chaleur t’envahit, il est beau, bien bâti et tu te permets de loucher un instant sur son corps. Tu pourrais lui sauter dessus, coller tes lèvres sur les siennes et céder à ton envie, mais ce soir tu te sens faible, seule, usée. Tu t’approches alors de lui et tu viens poser tout naturellement ta tête contre son torse, profitant de la chaleur de son corps. Tu n’as pas envie de t’expliquer, tu n’as pas envie de te justifier, tu as juste besoin de son étreinte et de son âme.

Spoiler:

Ta tête contre le torse de Jimmy, tu restes un instant paisible, à fermer les yeux, à oublier la douleur qui s’empare de chacun de tes muscles à force de te faire battre et de danser en talons de quinze centimètres. Tu ne sais pas forcément ce que tu es venue faire ici, tu sais juste que tu avais envie de calme et ton calme, c’était Jimmy. Tu sens qu’il te caresse le dos, puis les cheveux et tu te laisses aller à cette douce étreinte. Quelques secondes après il brise votre contact et tu sens un frisson froid te parcourir le corps, tu as l’impression que l’on t’enlève quelque chose de précieux. Tu remontes légèrement ton regard vers le sien alors qu’il te conseille d’aller prendre une douche, ce n’est pas une si mauvaise idée, tu te sens poisseuse, tu n’as qu’une envie, avoir de l’eau chaude coulant sur ton corps. « D’accord. » Ton approbation est à peine audible, tu souffles entre tes lèvres, exténuées. Ce soir tu ne te sens pas toi-même. Toi qui es si forte d’habitude, si rebelle, ce soir te voilà frêle et sans armes, tu te ferais presque pitié à te voir dans cet état. Tu attrapes alors le tee-shirt qu’il t'a tendu et tu te diriges vers sa salle de bain, tu connais le chemin, comme tu connais son appartement par cœur. Tu refermes la porte derrière toi, à regret. Tu ne vas pas te mentir, tu aurais aimé qu’il t’accompagne. Tu ne penses pas forcément à l’ébat que tu aurais pu avoir dans cette douche mais juste ton corps nu contre le sien, arrosés par de l’eau chaude, masqués légèrement par la buée. Tant pis. Tu enlèves tes talons en soufflant de libération, puis tu enlèves ta robe que tu jettes vulgairement par terre, vient ensuite le tour de tes sous-vêtement et tu t’introduis dans la douche, faisant couler l’eau sur ton corps. Tu grimaces quelques secondes, l’eau ravive la douleur de quelques blessures mais termine par les calmer. Quelques minutes interminables passent et tu sors enfin de la douche un peu plus revigorée. Tu t’enroules dans la serviette qu’il ta fournis et tu tentes de t’habille avant de remarquer que tu n’as pas de dessous. Tu te mordilles la lèvre inférieure et décides de sortir enroulée de ta serviette. Tu admires une seconde Jimmy en pleine préparation d’une mixture dont l’odeur te chatouille les narines. Tu t’approches alors doucement de lui, tes cheveux dégoulinant sur ta serviette et les gouttes venant serpenter sur ton corps.

Spoiler:

« Heureusement que tu n’as pas de vêtements de fille. » C’est sorti tout seul, tes lèvres n’ont pas pu le retenir. Instinctivement tu fermes tes bras contre ta poitrine, regardant ailleurs après avoir haussé les épaules. Tu es jalouse même si tu n’es pas prête de l’avouer. Imaginer une fille dans l’appartement de Jimmy, se prélassant dans des vêtements qu’il aurait pu garder pour elle, c’est quelque chose qui pourrait très vite te rendre folle. Tu concentres alors à nouveau ton attention sur Jimmy, il faut que tu te détendes. « Le tee-shirt est très bien, seulement je n’ai rien à mettre en dessous. » Tu te mords la lèvre inférieure, tu n’as pas envie de remettre tes vêtements sales, autant rester en tee-shirt, même si au final tu ne vas pas avoir le choix, pour rentrer chez toi. Tu souffles longuement en plantant ton regard dans le sien, il semble ailleurs tout à coup. Tu passes alors une main dans tes cheveux mouillés et tu décides de t’en foutre, d’aller près de lui dans cette tenue. Tu as l’habitude que les hommes voient ton corps en petite tenue alors ce n’est pas le regard de Jimmy sur tes courbes qui va te perturber, quoique les autres hommes ne te laissent pas indifférents, eux… Tu viens alors prendre place auprès de lui, plantant ton regard langoureux dans le sien. Tu n’as qu’une envie, te lover une fois de plus dans ses bras et peut-être autre chose. Tu ne t’en caches pas, tu gonfles ta poitrine pour combler tes poumons alors qu’il approche ses mains de toi afin de te soigner.

Tu le fusilles du regard l’espace d’un instant. Bien sûr, tu es jalouse en ce qui le concerne, tu es même possessive vis-à-vis de lui mais tu ne laisses rien paraître. Tu te reprends l’espace d’un instant, il te charrie et tu tombes dans le panneau, cela ne te ressemble en rien. Tu mets ça sur le compte de la fatigue en chassant des pensées sombres de ton esprit puis tu viens t’asseoir près de lui pour qu’il panse tes blessures. Un sourire taquin vient se nicher sur le bord de tes lèvres, le programme est donc établi, tu dormiras ici cette nuit, avec lui. C’est la première fois que cela arrive et tu es plutôt satisfaite d’avoir forcé le destin à croiser son chemin ce soir, puisque tu es venue en pleine lui chez lui, tu ne peux plus vraiment parler de destin après tout… « Le problème, c’est que je n’ai pas de culotte. » Tu regardes devant toi alors que tu sens que ses doigts se crispent sur son corps. Tu glousses quelques secondes puis te mord la lèvre intérieure. S’il veut que tu sois habillée en bas, il devra te donner l’un de ses caleçons ou… tu ne porteras rien du tout. Te le laisse te soigner, tamponner les endroits sensibles alors qu’un rictus fige ton visage puis tu fermes les yeux un moment. Tu as besoin de te calmer, de souffler un moment. Son regard te donnes envie de succomber, tu as du mal à te retenir. Ta poitrine se gonfle à chaque fois qu’il te touche, peu importe l’endroit. « Merci. » C’est tout ce que tes lèvres articulent à ton ami, ami qui ne te laisse plus indifférente depuis un bon moment maintenant. Tu remets une mèche de cheveux mouillée derrière ton oreille puis tu t’approches doucement près de lui pour venir déposer tes lèvres sur sa joue ou plutôt à la commissure de ses lèvres, l’air de rien.