La malchance allait devenir le nouveau meilleur ami d'Elizabeth. J'ai une magnifique vie de merde à vous raconter aujourd'hui. Lizie bloquait dans un ascenseur. Aucun secours ne semblait pointer le bout de son nez depuis plus d'une heure à présent. Lizie se tourne vers sa partenaire de malchance. Une brunette, au nom de Lou-Eva. Française. Elle aussi à Harvard et à la Cabot House., elles avaient eu le temps de papoter de banalités depuis une bonne heure. La rouquine pousse un soupire, désespérée. J'ai l'impression qu'ils vont jamais venir nous chercher. Se plaint-elle. Condamnées ici, il ne fallait pas être claustrophobes. C'est bon, elles allaient mourir ici. Triste fin, Elizabeth Leroy, morte d'ennui dans un pauvre ascenseur d'un centre commercial. En plus, sa vie en ce moment n'était pas au meilleure de sa forme. Elle essayait d'oublier une tromperie, de reconstruire un couple dont l'avenir était désormais incertain. Bref, une vraie merde. La cabot n'avait plus envie de sourire dans ces moments-là. En plus de cela, elle ne savait pas ce que les deux jeunes femmes pouvaient faire pour tuer le temps. A part, regarder les mouches volaient, et compter les petits moutons. C'est bon, elle commençait déjà à délirer.

T'étais venue acheter des nouveaux tissus, malheureusement pour toi, ta flemme était aussi venue pour te punir de ne pas prendre les escaliers. Ouais, ça faisait déjà une heure que t'étais enfermée dans cet ascenseur, complètement bloqué. Les dépanneurs n'arrivaient pas, tu te demandais comment ça se passerait si t'étais entrain de crever entre ces quatre parois. Bien heureusement pour toi, il y avait Elizabeth, étudiante, cabot.. Tu comprenais pas pourquoi tu ne l'avais pas encore réellement croisé depuis ta rentrée de septembre. Ça vous avez donné l'occasion de faire connaissance, elle était gentille, française. Autant dire que parler français, ça te faisait du bien. Le retour aux sources, diront nous.. "Ils vont nous laisser pourrir ici toute la nuit ou ça se passe comment ?" Tu commençais à avoir chaud, tu t'étais finalement assise à terre, fatiguée d'attendre. Puis dans le fond, t'avais légèrement peur, ouais, c'était pas super rassurant d'être bloquée au troisième étage. Tu jetais un coup d'oeil à ton iphone, t'avais pas trop de réseau. Puis comme une illumination divine, en replaçant ton joujou favoris, tu voyais ton paquet de tabac dépasser... Bordel, tu te demandais pourquoi tu n'avais pas fait ça avant. Ni une ni deux, tu t'empressais de rouler ton joint. Tu t'activais sous les yeux de la française. "Je vais fumer un joint, ça va faire passer le temps. Tu veux fumer aussi ?" que tu lançais avant d'humidifier la feuille pour terminer ton art. Ouais, rouler, c'était de l'art à tes yeux. La flamme de ton briquet venait danser au bout de ton pétard, putain, ça te rendait le sourire.

"Ils vont nous laisser pourrir ici toute la nuit ou ça se passe comment ?" Lizie hoche péniblement la tête de haut en bas. Elle n'avait vraiment pas envie de passer toute sa soirée coincée dans un ascenseur. Malheureusement elle était bloquée ici avec la jeune femme. Toutes les deux au bout du rouleau. En plus, il commençait à faire chaud dans cet endroit, ou ce n'était juste une impression ? Etre enfermée dans ce lieu cloisonné, allait rendre folle la cabot. "Je vais fumer un joint, ça va faire passer le temps. Tu veux fumer aussi ?" De ses pupilles bleutées, elle regarde la jeune femme rouler avec habilité un joint entre ses doigts. C'est qu'elle était experte en la matière. Lizie et les joints, ça en faisait deux. Ce n'était pas une grande consommatrice. C'était juste occasionnelle . C'était comme Marie et l'alcool, vous voyez le genre. Alors, Lizie, se dit : pourquoi pas ? Il faut bien passer le temps comme on peut ? Et à ce moment, c'était la seule chose qu'elles avaient sous la main Oui je veux bien. Elle accepte le joint et se l'allume. Elle se cale mieux contre une parois de la boîte métallique, approche le pétard d'entre ses lèvres et fume une taffe. Libération. Il nous manquerait une petite bouteille et ça serait parfait. Dit-elle la rouquine avec un sourire.

Tu tirais trois fois sur le joint avant de le passer à ta nouvelle connaissance, la jolie rousse. Tu l'avais bien dosé, ouais bah c'était histoire que ça défonce bien. La fumée commençait à s'entasser dans le petit endroit clos qu'était l'ascenseur. Oh, tu n'avais pas pensé à ça, tu souriais. Vous alliez faire un aqua. Merde, t'avais jamais pensé à cette idée mais ça relevait presque du génie de faire cela dans un tel endroit. T'approuvais les dires de la française, il manquait une bouteille. "Un bon verre de vin blanc moelleux bien frais, je te promets que tout de suite, il n'y aurait pas mieux pour nous.." Tu reprenais le joint, tu fumais à nouveau. Tu t'amusais à faire des ronds. T'avais toujours été impressionnée par ces cercles blanc, ils avaient quelque chose de magique et éphémère. "La France te manque pas parfois ?" que tu la questionnais tout naturellement.

Le pétard se balade entre les mains féminines et la fumée commence à s'entasser autour d'elles. Maintenant je sais ce que c'est un aqua, je me coucherais moins bête ce soir. Par contre Amélie, tu peux me faire boire à volonté mais pas fumer, je tiens à la santé de mes poumons chéris. Enfin, bref, je retourne avec ma rouquine chérie qui va vite finir défoncée je le sens, si elle est aussi solide que moi.  "Un bon verre de vin blanc moelleux bien frais, je te promets que tout de suite, il n'y aurait pas mieux pour nous.." Ses yeux se ferment et elle imagine déguster un magnifique vin. Ca lui rappelle les vins bordelais, les meilleurs de toute la terre entière. Non je ne fais pas de pub pour les vins de ma région. Pas du tout. Il faut vraiment que j'arrête d'être schyzo. J'en rêve ! Dès qu'on sort d'ici, on va s'en boire un, j'ai ma réserve chez moi. Dit-elle avec un énorme sourire sur les lèvres. "La France te manque pas parfois ?" Elle se tourne vers sa compatriote et finit par lui répondre Si, en plus j'ai pas vraiment eu le temps d'y aller durant ses dernières années. La cause, un emploi du temps beaucoup trop chargé. Mais quand il y a eu les attentats, j'ai dû rentrer en urgence. Mon frère a été touché. Se confesse-t-elle d'une voix plus calme cette fois-ci. Mais ne t'inquiète pas. Il va bien, dieu merci. Finit-elle avant de lui demander Et toi, ça va ?

Elle te proposait de boire dès que vous seriez sorties, tu hochais la tête. Enfin, c'est bien Lizie qui parle et non Marie, parce que sinon, ça serait la nouvelle du siècle. Après ta question, la jeune femme venait se confesser. Tu ressentais un frisson quand elle te disait qu'elle avait dû rentrer pour son frère, tu baissais les yeux, gênée. Bien heureusement, il allait bien. "Oh.. Tant mieux alors. J'ai deux amies qui ont été touchées également, elles étaient en terrasse." Tu soupirais, l'horreur de ces attentas te donnaient envie de vomir. Tu t'étais sentie coupable de ne pas être en France pour pouvoir aider, t'avais l'impression de t'être défilée, sans le vouloir. Bien que dans le fond, tu n'y étais pour rien. "La France me manque, c'est un merveilleux pays. Mais dans le fond, je suis contente d'en être éloignée. J'ai trop souffert là-bas, j'me dis qu'en restant loin, j'évite d'autres problèmes" ouais, la famille, éviter de croiser Léo, éviter de revoir tes anciens amis qui t'ont abandonné. Bref, t'aimais la France, mais peut-être que ton pays lui ne t'aimait pas. "Enfin, soyons plus joyeuse, on fume un joint et la vie reste pleine de bons plaisirs !" tu souriais, tu tendais à nouveau le joint à la rousse avant de choisir une musique sur ton téléphone. Wake me up before you go-go.

"Oh.. Tant mieux alors. J'ai deux amies qui ont été touchées également, elles étaient en terrasse." Se soutenir, rester solidaire, c'est la seule chose qu'on peut faire dans ces moments douloureux. Ces moments qui affectent autant les victimes que leurs proches. Elles sont ressorties saines et sauves ? hésite-t-elle à demander en espérant de tout coeur qu'elles vont bien et qu'elles sont en sécurité à présent. Lizie ne voudrait pas plomber l'ambiance, alors qu'elle venait de trouver un moyen pour se détendre et faire passer le temps. "La France me manque, c'est un merveilleux pays. Mais dans le fond, je suis contente d'en être éloignée. J'ai trop souffert là-bas, j'me dis qu'en restant loin, j'évite d'autres problèmes" C'est vrai, Lizie était tout à fait d'accord, la France était un magnifique pays, le plus beau du monde selon elle. Il avait tant de merveilles à voir. Je pense qu'on a tous fuit notre pays dans l'espoir de trouver mieux ailleurs. dit-elle avec un mince sourire qui se voulait conciliant. On avait tous été attirés un jour par le rêve américain. Un rêve éphémère mais qui semblait toujours marcher. "Enfin, soyons plus joyeuse, on fume un joint et la vie reste pleine de bons plaisirs !" ajoute-t-elle en mettant de la musique. Une chanson que la cabot adorait en plus. Dès les premières notes, elle bondit sur ses jambes Tu as raison on va pas s'empêcher de vivre à cause d'eux. Eux désignait tellement de personnes à la fois. Les terroristes, les méchants qui pourrissaient notre vie, nos malheurs du quotidien, les mecs qui nous brisaient le coeur en mille morceaux. La musique remplie de joie la rouquine qui se met à danser sur les notes et chanter les paroles de la chanson. Elle la connaissait par coeur et commença à élaborer une chorégraphie complètement improvisée. Le joint commençait à faire son petit effet sur son corps et son esprit. Allez viens !!

"Oui, elles vont bien, t'en fais pas" tu souriais. Ouais, t'avais eu peur, très peur. Au-delà d'un traumatisme psychologique, elles ont eu quelques blessures légères. T'étais heureuse que ça se soit arrêté là. Puis tu trouvais les paroles d'Elizabeth très sage, c'était vrai que t'étais venue à Harvard parce que tu avais trouvé la clé de ta réussite.. Mais dans le fond, tu savais aussi que c'était à des milliers de kilomètres de la France. T'avais hoché la tête, complètement approbatrice de ses dires. Seulement, le temps était venu à la musique, à la joie. Le joint était terminé, tu l'écrasais sur le sol de l'ascenseur. T'étais amusée de voir ta soeur Cabot se dandinait, elle bougeait au rythme de la musique. Tu te contentais de remuer la tête de gauche à droite, chantant légèrement. Puis très vite, tu te mettais sur tes deux jambes. Ouais, cette musique te mettait de très bonne humeur. Et le refrain.... "WAAAKE MEEE UUUUUUP BEFOOORE U GO-GOO" que tu te mettais à chanter, totalement faux, mais totalement heureuse à cet instant même. Tu saisissais une main de la rousse, tu la faisais tourner sur elle-même. Tu sautillais sur place, ses mains venaient rencontrer tes cheveux. Totalement à fond, tu rigolais, tu souriais, t'étais vivante. Putain, putain que c'était bon.

La rouquine se laisse guider par les notes de musique. Ses cheveux virevoltent autour d’elle. Elle chatonne la musique. Lou finit par la rejoindre à son tour. Les deux cabots s’en donnent à cœur joie, l’effet du joint commence à se faire sentir dans leurs veines. Lizie se laisse guider par son amie qui prend sa main et la fait tourner sur elle-même. Lizie explose de rire pour je ne sais quelle raison. Sur le coup, elle oublie totalement qu’elle est coincée dans une cage d’ascenseur depuis plus d’une heure et profite juste de l’instant présent. Elle danse, rigole, sourit, sautille sur place avec sa compatriote cabot (et française !!). Elle s’en donne tellement à cœur joie, que ses pieds s’emmêlent et elle tombe sur les fesses. Elle explose de rire avant de dire Oups. Lizie était vraiment maladroite.

Tu faisais tourner Lizie sur elle-même, tu sautais, tu bougeais tes fesses, tu les remuais, tu jouais de tes bras. Heureuse, voilà. T'étais heureuse et insouciante aux côtés d'une nouvelle rencontre. Tu fermais les yeux quelques instants, la musique arrivait à sa fin quand la cabot tombait les fesses à même le sol. Tu t'arrêtais, t'explosais de rire, gorge déployée. Tu repartais de plus belle quand elle sortait un léger oups. Tu venais t'asseoir à ses côtés, tu voulais t'assurer qu'elle allait bien. "Tu t'es pas fait mal j'espère ?" que tu demandais souriante. Tu changeais la musique, tu mettais la soundtrack de Dirty Dancing. Tu adorais ce film, complètement. C'était un peu plus posé. Tu reprenais ton sac, t'allais rouler un nouveau joint. "Allez, c'est reparti!" que tu disais toute enjouée.