Oui, j'ai ouvert mon propre stand pendant ce homecoming. Je ne sais pas trop comment ça a été vu au fond. Provocation ? Peut-être. Fortement possible même. En fait, je me suis dis au départ que j'allais aller faire un tour à ce homecoming et là... là, j'me suis dis: à quoi bon ? Je déteste les confréries et il n'y aura rien pour moi là-bas. Du coup, j'ai décidé qu'il y ait quelque chose pour moi en faisant ce stand. J'ai été chercher des vieux clown qui étaient laissés pour pas chers par des forains, imprimé des photos des P et VP des confréries et voilà le travail. Bon, faut pas qu'ils prennent ça pour eux, je faisais ça pour rire, c'est tout (et pour énerver un peu je l'admets okaaay !). Alors que la soirée bat son plein, je décide de tout remballer parce qu'il commence à se faire tard et que j'aime pas trop trainer dehors quand il fait nuit toute seule depuis l'histoire des psychopathes. J'suis en train de ranger un clown quand je me tourne et que je vois Lincoln débarquer. Je souris en m'appuyant sur le bord de mon stand, « Bon, puisque c'est toi, t'as le droit de tenter ta chance avant que j'plie bagages. » Ouais Linc, regarde mon oeuvre. J'suis une rageuse provocatrice, tu veux toujours être mon amie ? J'ajoute alors plus bas, « Si tu tiens à ton image, tu devrais pas trainer par ici, j'crois bien que ma tête est mise à prix dans les maisons à partir de ce soir.. »

Le homecoming, c'était un peu l'occasion de faire une soirée pour débuter l'année. La première, celle qui forcément, mettait en avant les différentes maisons de l'université. C'était un peu blasant à la longue, dans le sens où y'en avait souvent que pour eux. Dommage, vraiment. Mais bon, on ne pouvait pas y faire grand chose. J'y étais quand même allé parce que c'était une ambiance assez cool et puis j'avais envie de voir des gens que je connaissais. Marchant sur l'herbe fraiche du stade de football de l'université, je passais de stands en stands et là, j'tombais sur un assez original, où on voyait les têtes des présidents des maisons en gros, à la place des têtes clowns. C'était le jeu où fallait mettre le plus d'eau dans la bouche pour gagner, assez fun je dois bien l'avouer. « Je passe mon tour, mais c'est gentil de proposer » disais-je en rigolant avant de l'entendre rajouter quelques mots. « Je m'en fous pas mal de mon image, je suis qu'un étudiant parmi tant d'autres.. pas plus exceptionnel qu'un autre » J'étais le déluré d'histoire, c'était bien suffisant. « T'as besoin d'aide pour tout ranger ? » Bon samaritain que je suis, je lui proposais mes gros - pas si gros - bras.

J'suis vraiment contente parce qu'avec ce stand (qui semble minable face à ceux des confréries faut bien l'avouer, mais tout l'monde n'a pas le budget pour !) j'ai pu enfin m'amuser un peu pendant ce homecoming. De un, c'est rare que je m'amuse beaucoup ici et de deux.. ça faisait longtemps que je ne m'étais pas vraiment amusée. Ça prend du temps, mais j'crois que j'commence enfin à guérir un peu de ma peine d'amour. Et ça fait du bien de me sentir plus légère, plus.. libre ? Lincoln arrive et j'lui propose de jouer. « Je passe mon tour, mais c'est gentil de proposer » J'ajoute que s'il tient à son image, il ne devrait peut-être pas rester ici. Ma tête est mise à prix j'en suis sûre. « Je m'en fous pas mal de mon image, je suis qu'un étudiant parmi tant d'autres.. pas plus exceptionnel qu'un autre » Je le regarde et je souris un peu, « Voilà, c'est pour ça que je hais les confréries. Non, t'es pas qu'un étudiant pas plus exceptionnel qu'un autre. On est tous exceptionnels. Toi t'es exceptionnel parce que t'as la discussion tellement agréable. »  Ouais enfin.. pour moi, parce que j'adore les mêmes sujets de conversation que lui. Je prends un clown pour le mettre dans un carton et je le porte sur un petit chariot que j'ai amené de chez moi tout à l'heure. « T'as besoin d'aide pour tout ranger ? » Je souris en coin et je me redresse en frottant mes mains, « J'dois éliminer les macaroni au fromage que tu m'as forcé à manger la semaine dernière, t'as oublié ? »  Je ris un peu en regardant les 12 autres clowns qu'il faut encore ranger et je finis par soupirer, «  J'veux bien de ton aide.  » Je sors les cartons dans lesquels ranger les clowns et je me remets au boulot, « T'as passé une bonne soirée ? »

J'dois avouer que j'avais pas fait gaffe à ce stand à mon arrivée et j'avais fait un tour dans le stade avant de repartir et le trouver là, avec Holly qui commençait à plier bagages. C'était marrant, en quelque sorte, que les têtes des présidents des maisons soient représentés pour chaque clown. Me définissant comme quelqu'un de pas exceptionnel, ça avait eu le don d'attiser une certaine fougue de la part de la jeune femme, me démontrant à quel point elle hait les maisons. « Virulente comme fille, uh? » disais-je sur le ton de la rigolade, notant bien qu'elle me faisait un compliment. Oui oui, j'ai remarqué. Finalement, je lui proposais mon aide pour tout ranger. Bah ouais, elle est alone pour ranger tout ça alors je peux bien faire le bon samaritain de temps en temps. Fière qu'elle est, elle préférait se débrouiller toute seule, prétextant avoir ses macaroni à éliminer. Ouais, pourquoi pas. Ça reste une excuse valable. Mais voyant alors encore tout le travail qu'il reste à faire, elle capitulait sans ronchonner. Je l'imitais un peu dans les gestes, afin de ne pas faire de conneries. « Ça passe, mais j'étais pas trop à fond dans le truc, je sais pas trop pourquoi » disais-je en haussant les épaules, m'appliquant pour tout ranger. « Et toi ? Ton stand a eu du succès ? »

J'aime pas que Lincoln dise qu'il n'a rien d'exceptionnel. C'est vrai quoi, on a tous quelque chose d'exceptionnel dans notre genre non ? « Virulente comme fille, uh? » Je me mords la lèvre en souriant légèrement, me raclant la gorge alors que je pose un clown Quincy dans le carton,«  Ouais.. j'pense que j'vais peur à beaucoup de monde avec mon côté.. rebelle. »  Je ris un peu, « J'crois que j'aurai fait partie de deux qui auraient pris en premier les fourches et les torches pour faire la révolution française tu vois le genre ? »  Ouais, j'suis sûre que dans une vie antérieure j'ai été une Française révolutionnaire. Autant lui parler dans le langage qu'on connait le mieux lui et moi: l'histoire. Je continue de ranger mon stand et je lui demande s'il s'est bien amusé ce soir. « Ça passe, mais j'étais pas trop à fond dans le truc, je sais pas trop pourquoi » Je ferme un carton et je m'arrête pour le regarder alors qu'il ajoute, « Et toi ? Ton stand a eu du succès ? » J'hoche la tête, « Ouais, il a eu plus de succès que ce que prévu.  » Je pose le dernier carton sur le chariot et je soupire, « Bon, y'a plus qu'à ramener tout ça chez moi. »  Je pousse le chariot pour traverser le campus avec afin d'aller vers Cambridge, « Heureusement que mon frère est plus président de la Mather House, j'me serai sentie coupable de me foutre de sa gueule avec mes clowns. »  (MOMENT SCHYZOOOOO DE RIEN )

En fait, elle est pas virulente, elle est pire. Elle a cette espèce de rage en elle qui se déclenche dès qu'on commence à parler d'une certaine inégalité entre les étudiants et je pense que son stand prouve qu'elle n'aime pas les maisons. Enfin, c'est sa vision des choses, ses choix et je les respecte. « Je vois exactement le genre » Elle se bat pour ses convictions et elle le fait plutôt bien. Son stand a plutôt bien marché et puis à présent, c'était l'heure de tout remballer. Et forcément, elle m'avait demandé comment s'était passée la soirée pour moi, et je répondais en toute honnêteté. C'était pas le big fun mais ça se laissait vivre quoi. « Beh tant mieux, c'était ce que tu voulais non ? » C'est toujours plus agréable d'être surpris positivement que l'inverse. Une fois que tout était remballé dans le chariot, je la suivais tout en continuant de parler. « L'ancien président Mather c'est ton frère? Sérieux? » Moi aussi j'avais un frère. Sauf que moi je lui parlais pas. « Tu veux que j'le fasse ? » disais-je en indiquant le chariot à pousser. Je pouvais être galant des fois, ouais ouais.

« Je vois exactement le genre » Je souris en coin alors que je pose le dernier carton sur le chariot. J'pensais pas dire ça un jour de Lincoln, mais.. il commence à m'plaire. Ça fait du bien de me dégourdir les jambes parce que ça fait quand même longtemps que je suis debout à mon stand et je n'ai pas pensé à prendre quelque chose pour m'assoir. Du coup, j'ai les jambes assez lourdes, même si j'ai l'habitude de rester debout longtemps quand je bosse au caffé. Je dis à Lincoln que je suis quand même étonnée que mon stand ait eu du succès. J'pensais vraiment que j'm'en serais prise plein la gueule par les présidents qui passeraient par là mais au lieu de ça, ils se sont eux aussi mis à tirer dans les bouches des "clowns". « Beh tant mieux, c'était ce que tu voulais non ? » J'hoche la tête en restant silencieuse, faisant remarquer qu'heureusement qu'Alex n'était plus président de la MH. « L'ancien président Mather c'est ton frère? Sérieux? » J'hoche la tête de plus belle en riant, « Ouais, Alex est mon frère. On a pas grandi ensemble parce que mes parents l'ont eu jeunes et qu'ils l'ont abandonné mais..  » J'hausse les épaules, Mais j'l'aime comme si j'avais grandi avec lui. « Tu veux que j'le fasse ? » Je regarde Lincoln et j'hoche la tête, « J'veux bien, merci. »  Je glisse mes mains dans les poches de ma veste en jean alors que je marche à côté de Lincoln, demandant, « Et sinon t'as.. des frères et soeurs toi ? »

J'arrivais de plus en plus à cerner le personnage qu'était Holly. Ouais, je pouvais dire que c'était un personnage -après tout il était créé de toute pièce par Marie derrière son ordinateur- assez particulier dans le sens où elle avait certaines même caractéristiques que moi avec son amour pour l'histoire aussi poussé. Mais elle avait ce côté provocateur, celui qui te poussait à changer les choses, celui qui te poussait à t'énerver quand t'étais confronté à elle. Mais elle pouvait être posée durant les débats, ce qui était assez troublant en fait quand on y pense. Ou alors peut-être c'était juste avec moi. Je l'entendais me parler de son frère, grande figure de la fac, je trouvais ça.. étrange, mais sûrement parce que j'avais pas encore assez côtoyé la jeune femme pour trouver ça normal. « .. mais ça change rien, c'est ton frère » Et puis je m'occupais de pousser le chariot à sa place, galant que je suis. Et maintenant elle me questionne quant à mon frère et.. j'étais pas très à l'aise. Mais si c'était confidences pour confidences, je lui devais bien ça. « Un frère. Jumeau à vrai dire... donc peut-être tu peux tomber sur lui, il est à Harvard aussi. M'enfin il est moins beau, tu pourras pas te tromper » Mais bon, je préférais qu'elle ne le voit pas. Il n'a pas à savoir ce qui se passe dans ma vie, mes amis mes proches et tout. Après tout, c'était lui qui avait choisi de se barrer.

Lorsque j'ai commencé à chercher Alex, ma plus grande peur a été de finalement ne pas accrocher avec lui. C'est vrai, quand on grandi avec quelqu'un, même si nos caractères sont différents et contradictoires, on apprend à vivre avec et on apprend à aimer cette personne. Si Alex et moi avions été totalement opposés, on ne se seraient peut-être pas autant attachés l'un à l'autre. C'est assez compliqué à expliquer, le fait que.. grandis ensemble ou pas.. bah ça change pas grand chose. « .. mais ça change rien, c'est ton frère » Je tourne la tête vers lui et silencieusement, j'hoche la tête pour acquiescer. Comment est-ce qu'il peut savoir ? Enfin.. comprendre ? Je sais pas s'il comprend mais il a mis des mots sur ce que je ressentais. Je lui demande alors s'il a aussi des frères ou des soeurs. Bah on apprend à ce connaître quoi.  « Un frère. Jumeau à vrai dire... donc peut-être tu peux tomber sur lui, il est à Harvard aussi. M'enfin il est moins beau, tu pourras pas te tromper » J'arque un sourcil avant d'éclater de rire, « Moins beau ? Attends, le principe des frères jumeaux c'est pas d'être à 100% identiques ? »  Je souris un peu, « C'est vrai que les jumeaux ont cette connexion ? T'sais, certains disent qu'ils ressentent les émotions de l'autre et tout.. »  Ça m'a toujours intrigué mais une chose est sûre: j'aurais détesté avoir une jumelle. Mais s'ils peuvent vraiment ressentir ce que l'autre ressent, c'est juste génial.

Je connaissais la relation fraternelle qu'on pouvait avoir avec un frère. J'en avais moi-même un, qui m'avait abandonné certes, mais qui restait mon frère. Alors ouais, je pouvais comprendre ce qu'Holly disait à propos du sien. S'ils n'ont pas grandi ensemble, ça n'en reste pas moins le même sang qu'elle et rien ni personne ne pourra changer ça. Mais du coup, avec ma compréhension quand même plutôt bien poussée, j'ai fini par avouer avoir moi aussi un frère. Jumeau qui plus est. Bon, forcément, égal à moi-même, je le lançais dans l'humour à deux francs cinquante. « Je te jure qu'il est moins beau » Faut dire qu'à partir d'un certain moment, il a eu un mode de vie assez différent du mien, préférant voguer de familles en familles plutôt que de rester avec la sienne. Ouais, il avait choisi d'être moins beau. Sa question, assez commune quand on est un jumeau de quelqu'un, me fit sourire et je répondais en hochant la tête. « Ça marche ouais.. c'est assez étrange d'ailleurs. Des fois, on le ressent plus que d'autres. Et puis même aussi, quand il couche avec une fille, j'ressens tout pareil. » Lincoln, arrête de dire des putains de conneries. « Non, c'est faux... la dernière partie j'entends. C'est assez spécial comme lien, mais c'est vrai qu'il y a une espèce de connexion. Je la ressentais beaucoup plus quand j'étais jeune » Quand lui et moi étions bien plus proches.