Voilà maintenant presque 7 ans que j'ai quitté tout le monde. Ma famille, mes amis... J'ai quitté mon environnement, mes repères. Mais je n'avais pas le choix. J'ai fait de mauvais choix. Je n'ai pas écouté les bons conseils qu'on me donnait et aujourd'hui, je m'en mords les doigts. Malheureusement, je n'ai pas le temps pour les regrets, pas le temps pour être faible. A tout moment ma vie peut s’arrêter, il faut que je sois sans cesse prête. Aucun moment d’inattention ne sera tolérée.

Je me rappelle encore de cette journée où tout a basculé, je ne pourrais jamais l'oublier...
Léonora et moi étions les meilleures amies au monde. Une amitié fusionnelle comme je n'en avais jamais eu. Si bien que je le considérais comme ma sœur. On se connaissait depuis la maternelle. J'avais grandit avec elle, elle connaissait tout de moi et moi tout d'elle. Mais bien sur, les années passent, les choses changent. Mais malgré tout, notre amitié restait la même, indestructible. Jusqu'au jour où j'ai rencontré Adam. J'avais 16 ans et il était mon premier amour. Une sorte de passion inexplicable. J'étais folle amoureuse de lui au point d'avoir fait de lui la pire erreur de ma vie.

En effet, Adam n'était pas celui que je pensais être. Déjà il était beaucoup plus âgé que moi et avait des fréquentations douteuses. Mais j'étais amoureuse et je ne voyais rien de tout ça. Léonora avait beau essayer de m'ouvrir les yeux, je ne voulais rien entendre. J'étais même persuadée qu'elle était en réalité jalouse de moi et de mon bonheur. Elle n'avait jamais connu l'amour et essayait de gâcher le mien. J'ai rompu tout contact avec elle pour continuer de vivre mon idylle avec Adam. Mais un jour où j'étais seule chez lui, ses sorties nocturnes et ses cachotteries me pesaient de plus en plus. Je commençais à avoir des doutes. Je décidais de fouiller son appartement. Rien d'affolant à première vue. Mais quand j'arrivais dans la chambre, je remarquais une porte fermée à clef dans le fond de la pièce. Je ne trouvais évidemment pas la clef mais mon père qui était dans le FBI m'avait appris à crocheter les serrures. C'est ce que je fis donc et là je restais bouche bée devant ce que je voyais. Il y avait de la drogue rangée sur des étagères, classée par nom. Mais le pire restait à venir... Je m'installais à son ordinateur et découvrit avec effroi des photos d'enfants nus. En plus d'être un dealer, l'amour de ma vie était un dangereux prédateur sexuel.

Je tombais de haut. Léonora avait raison, si seulement je l'avais écouté... Je pris un échantillon de drogue et imprimais quelques photos avant de quitter l'appartement en courant. Aujourd'hui encore, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. Ca devait etre un reflexe, un héritage familiale. Mon père étant au FBI je pense qu'il aurait fait la même chose que moi dans cette situation... Bref, je restais enfermée des jours et des jours dans ma chambre à réfléchir à ce que j'allais faire. Mon père étant en déplacement et je ne pouvais pas lui parler. Après 3 jours, je décidais de me rendre au commiseriat le plus proche de chez moi pour expliquer ce que j'avais trouvé. Ils prévenirent le FBI et mon père.

Je pensais que mes ennuis étaient terminés mais ce n'était malheureusement pas le cas. Il leur fallait plus de preuves pour pouvoir coffrer Adam et son réseau pédophile. Mon père me demanda de rester avec mon petit ami et de trouver des preuves. Je n'avais que 16 ans à l'époque, j'étais une gamine apeurée. Je n'avais aucune envie de jouer les espions pour qui que ce soit ! Mais j'avais vu ces photos... J'avais vu ces enfants et je ne pouvais me résoudre à les laisser tomber. J'acceptais donc. Durant cette première mission, j'ai rencontrer l'entourage d'Adam, des dealers, des prédateurs. Le réseau pédophile a pu être démantelé mais pas celui de la drogue. Adam fut envoyé en prison. Pendant des mois j'ai du mentir à tous mes amis, à Adam, j'ai du me faire passer pour une fille amoureuse alors que je ne l'étais pas. Mais j'avais une énorme satisfaction d'avoir pu sauver des enfants.

Une fois Adam en prison, je décidais d'aller chez Léonora pour m'excuser et tout lui raconter. Bien sur elle allait me dire des millions de fois "Je t'avais prévenue !" mais je m'en fichais ! Je voulais juste retrouver ma meilleure amie. Mais sur le chemin de sa maison, une berline noire s’arrêta devant moi. Très vite, une deuxième arriva par derrière et je me retrouvais encerclée. Des hommes cagoulés sortirent des voitures, armés. Ils essayèrent de me mettre dans leur voiture de force mais des habitants sont intervenus et les hommes se sont enfui. Je rentrais chez moi toute tremblante expliquant à mon pere ce qu'il venait de se passer. Il comprit tout de suite qu'Adam n'était qu'un tout petit pion dans le cartel de drogue qu'il avait essayé de dissoudre et que les dirigeants essayaient de me faire disparaitre.

Il n'y avait plus qu'un seule solution: que je disparaisse vraiment. Sans attendre une seule seconde de plus, mon père mit tout en œuvre pour trouver quelqu'un qui me ressemblait à la perfection. Cette fille allait me remplacer ici aux Etats Unis pendant que moi je serais dans un autre pays. Je me retrouvais seule, à 16 ans. Heureusement, j'avais de la famille un peu partout et je pouvais voyager où je voulais. Mon père m'envoya chez ma grand mère en Espagne. Je n'ai jamais eu le temps de dire au revoir à Léonora ni à Aria, mon amie d'enfance. Je devais écrire chaque jour une lettre à mon sosie pour lui raconter des détails de ma vie au cas où elle en aurait besoin.

Les années passèrent. Mon sosie bénéficiait de la protection du FBI. Elle avait dit à mes amis que mon copain avait couché avec moi puis m'avait lâché. C'était surement mieux que de dire qu'il était en prison... Je changeais souvent de pays pour ne pas prendre de risque. Un coup en France, un coup en Angleterre. Je suis aussi allée en Russie, en Chine... J'ai beaucoup voyagé et je m'étais donné une règle d'or: ne jamais m'attacher. Je restais au service du FBI au cas où ils avaient besoin de mon aide pour infiltrer un réseau ou quoi que ce soit. Ma prestation si jeune les avait épaté et je dois avouer qu'au moins je ne m'ennuyait pas. Les épreuves que j'ai traversé durant ces nombreuses missions m'ont endurcies comme jamais. J'ai appris à me défendre mais aussi à me battre.

J'arrivais en Italie. J'avais 22 ans. Le FBI m'avait demandé de surveiller et de protéger le fils d'un héros. Il avait sauvé un soldat américain en Afghanistan et en était mort. Des personnes malveillantes en voulaient aujourd'hui à son fils en guise de représailles. J'étais chargée de sa protection. Mais ce qui ne devait surtout pas arriver arriva. Je m'attachais réellement et sincèrement à lui. Très vite nous sommes devenu un couple et nous emménagions ensemble. De toute façon si j'étais au plus proche de lui, je ne pouvais qu'assurer au mieux sa protection.

Nous vivions heureux pendant 1 mois seulement. Un soir en rentrant, je trouvais une tête de chien coupée sur le pas de notre porte. Ce cadavre était accompagné d'un petit mot: "ADAM". Je me précipitais de nettoyer tout ça avant qu'Ezio ne rentre et me barricadais à l'intérieur. Mais il fallait que je me rende à l'évidence: les trafiquants de drogue m'avaient retrouvées. Pendant plusieurs semaines, j'essayais de continuer à vivre comme si de rien était mais je rendais la vie impossible à Ezio. Je devenais méchante parfois même violente. J'avais sans cesse peur et quand il avait quelques minutes de retard, je lui hurlais dessus en faisant passer ça pour une crise de jalousie. Plus le temps passait et plus je devenais parano. Je n'osais plus sortir, j'avais peur. Mais avant tout, je ne voulais pas qu'Ezio paie pour mon passé. Je voulais le mettre à l'abris, le protéger. Je ne voulais pas qu'il soit une victime dans cette histoire...

Je voyais bien que mon changement brutal devenait de plus en plus insupportable pour lui. Et j'allais en jouer. J'avais décidé de le pousser à bout pour qu'il s'en aille. Je voulais qu'il me déteste tellement qu'il ai envie de quitter la ville ou même mieux, le pays ! Je lui rendais donc la vie impossible et croyez moi, faire du mal volontairement à une personne qu'on aime, c'est très dur. Mais quoi qu'il en soit, il fallait le protéger. Mon plan fonctionna et il quitta le pays pour les Etats Unis.

J'avais réussi à le faire partir, à l'éloigner de moi. Il ne risquait plus rien, je n'étais plus un danger pour lui J'étais heureuse et malheureuse à la fois... Mais il était temps d'agir contre ceux qui me menaçaient et j'appelais mon père à l'aide. Quand il arriva, j'étais assez mal. Je vomissais et avais des nausées. Il pensa tout de suite à un empoisonnement et me fit passer des analyses. Et putain, j'aurais préféré être empoisonnée: j'étais enceinte. Ne vous méprenez pas, je n'ai rien contre le fait d'être enceinte en lui même ni contre celui qu'Ezio soit le père, non. Le problème est que cet enfant va naitre et grandir dans l'insécurité et je ne peux pas le cautionner.

Après avoir foutu Ezio dehors et m'être fait passer pour la pire des garces, je devais maintenant le rappeler pour lui dire que j'attendais un enfant de lui. Je savais qu'il avait de bons principes et qu'il n'allait pas me laisser tomber. Comme prévu, il revint en Italie pour s'occuper de moi jusqu'à la naissance de notre enfant. C'était tellement dur de devoir être la pire des salopes avec lui alors que je l'aimais... Mais le plus difficile a été à la naissance de notre fils. Nous étions réunis tous les trois, comme une vraie famille. J'aurais tellement voulu pouvoir lui dire de rester, tout lui expliquer et vivre avec mon petit bout de choux et l'homme que j'aime pour le reste de ma vie. Mais c'était impossible.

Une fois qu'Ezio avait reconnu notre bébé. Je lui dis que je ne voulais pas m'occuper de cet enfant et que je voulais juste qu'il reparte avec lui. Ce fut le plus grand sacrifice de toute ma vie. Laisser ma chaire, mon sang partir loin de moi. Après son départ, j'ai passé des semaines entières à pleurer et à regretter.

Et voilà qu'aujourd'hui je suis à l’aéroport de Cambridge pour retrouver ceux que j'aime. Le cartel de drogue a finalement été démantelé et je peux de nouveau vivre ma vie correctement. J'ai rencontré Ruby, la sœur jumelle de ma meilleur amie Léo, en Italie. Elle m'a conseillé de foncer retrouver sa sœur et c'est ce que j'ai fait ! J'ai prétexté auprès du FBI vouloir résoudre le problème de drogue à Harvard pour pouvoir m'y rendre. Je n'imagine pas la tête de Léo quand elle me reverra... Elle me croit morte car mon sosie a contracté le virus du SIDA et en est décédée il y a trois ans maintenant. Je sais que ça sera un choc pour elle mais je ne peux plus me cacher, je ne peux plus vivre sans elle. J'ai appelé mon fils Léonardo en son honneur. Je l'aime et je veux la retrouver.

Je veux aussi serrer mon fils dans mes bras. Je veux le voir faire ses premiers pas, dire ses premiers mots. Je veux rétablir la vérité avec Ezio. J'espère qu'il pourra me pardonner et qu'il comprendra. Je veux vivre ma vie, sans avoir peur.