Tout ne voulait pas entrer dans mon esprit. Les pièces ne voulaient pas s’emboîter et j’commençais petit à petit à lâcher prise quant à mes émotions. J’avais encore de nombreuses séquelles suite à mon accident de voiture en mai dernier.. et ça ne faisait qu’un mois et demi right now que tout s’était passé. Et rien n’avait vraiment beaucoup changé. J’avais par moment des pertes de mémoire, à d’autres mes émotions partaient en vrille les plus complètes et ma libido faisait également des siennes. C’tait ptete pas important, mais croyez moi ça pouvait vraiment pourrir ma vie. Le physique tout allait bien. Le coma avait vraiment pas eu beaucoup de conséquences sur mon corps. J’avais pu de blessures corporels, tout était okay de ce côté-là. Mais le côté émotionnel, cognitif et sensoriel était très clairement beaucoup plus malmené. J’avais par moment des pertes d’équilibre sans que l’on sache pourquoi, j’ressentais pu rien par moment, j’pouvais très bien me brûler et rien sentir, j’avais des angoisses, des insomnies. D’après ce que j’avais lu sur internet, tous ces symptomes étaient tout à fait normal suite à un traumatisme grave tel que le coma dans lequel j’avais été plongé pendant une semaine. C’tait des handicaps « invisibles » car seule moi pouvait les ressentir au quotidien et c’tait très franchement.. contraignant. Car comment voulez-vous que j’explique cela à des gens qui possèdent toutes ces aspects de leur comportement de manière « normale » ?

De plus, ce qui s’était passé fin juin dans mon appart n’avait pas amélioré les choses. Loin de là. Un homme était entré par effraction, chez moi, chez nous. Chez Andy et moi. Et Coraleen de temps à autre. Il avait tenté de voler des objets de voleur. Mais il nous avait réveillé. Malheureusement pour lui. Malheureusement pour mon copain et moi. Tout s’était emboîté tellement vite. Le pistolet de ma chambre de nuit, en tant que bonne américaine que j’étais, dans la main d’Andy, le cran de sécurité abaissé.. la balle dans la poitrine de l’homme en noir. Il était mort. Sur le coup. Cette nuit là, j’avais appris à découvrir une nouvelle personne chez Andy. Nettement plus sombre.. et qui me faisait vraiment peur. En moins d’un mois, il avait tué trois personnes. Trois. Qui avaient une vie, une famille, des amis, des ennemis, un passé et un avenir également. Mais pu maintenant. Le corps avait été dissimulé mais le traumatisme était bel et bien là. J’avais déjà assisté à des règlements de compte à Chicago en tant que banlieusarde.. mais là, ce mec m’avait menacé physiquement, ainsi qu’Andy. Ma vie avait été pour la deuxième fois en moins d’un mois menacé. Quelques jours s’étaient écoulés, des jours pendant lequel je n’avais presque parlé.. où j’avais approché peu Andy. J’avais peur de lui. Il avait tué quelqu’un, devant mes yeux, avec un sang froid inégalé. Les insomnies s’étaient alors répétées. De manière plus violente. J’tais devenue un zombie.. et parano. Dans l’appart, dès que j’entendais un bruit, j’me sentais pas bien, j’me sentais surveillée et épiée. C’tait vraiment désagréable comme sensation et j’avais beau essayer de me ramener à la raison, rien n’y faisait, c’tait plus fort que moi. Mon stress était omniprésent. Mes émotions faisaient un yoyo des plus intenses me brisant. J’tais vide au bout de quelques jours. Et ça encore.. que seules les personnes ayant fait un coma et vécu un meurtre pouvaient comprendre. C’t’à dire.. que moi. J’en parlais pas. A personne. Même pas Andy, ni même un de mes meilleurs amis.. après tout, cet homme mort était un secret qui devait être à jamais protégé entre l’Eliot et moi. C’tait un accord tacite qu’on en parlerait jamais et qu’on ira sous terre avec ça. Enfin, pour ma part, c’tait comme ça que ça se passait.

Le départ pour pour le SC avait été pour moi retardé car il était hors de question que j’y aille en voiture et tous les appareils de locomotion étaient tous plus ou moins fermés.. J’tais devenue claustrophobe avec l’accident de voiture en mai. J’supportais pu les endroits fermés. J’devenais folle vraiment à faire des crises d’angoisse à n’importe quel moment de la journée, que ça soit dans l’appart, dans la rue à cause de ma paranoïa ou bien dans une pièce fermée, un ascenseur ou qu’importe avec le coma que j’avais eu. J’devenais vraiment folle. Des crises de nerf aussi violentes et fréquentes me prenaient tout mon énergie, j’arrivais même pu à me battre. Finalement, on était restés sur Cambridge pour qu’Andy puisse être totalement prêt avec ses blessures à lui pour le voyage jusqu’à cette destination de rêves. J’tais pas bien psychologiquement, mais j’me disais à ce moment là que le soleil et l’océan m’apaiseraient.

Les jours avançaient et se ressemblaient tous. Sans saveur, sans émotion qui parvenait à revenir à la surface. Moi qui étais d’ordinaire tellement.. soucieuse de comment mes proches se sentaient, attentionnée et préoccupée. Bien plus que par moi par moment. Puis par moment, j’voulais provoquer ce genre d’émotions fortes.. pour m’sentir humaine. Seul Andy arrivait à m’faire sentir vivante le temps d’un instant, quand on se retrouvait, dans les moments où l’attirance que j’éprouvais envers lui était plus forte que ma peur de lui. Des moments magiques tout simplement. Il n’y avait pas d’autres adjectifs qui pouvaient aller là. J’tais Bri le temps de quelques minutes. Puis j’tais de nouveau cette âme qui errait presque. L’image est forte j’le sais bien et au fond, c’tait ptete pas aussi important comme sentiment de vide en moi.. mais sur le coup, c’est sincèrement c’que j’ai ressenti. Mes pertes d’équilibre étaient toujours présentes, mes insomnies aussi et j’pouvais presque vivre H24 sans problème ce qui était assez alarmant, mes crises de claustrophobie devenaient de plus en plus importantes. J’avais une vie handicapante sentimentalement, psychiquement et psychologiquement. Des images me revenaient en tête constamment. Des tombes, du sang, des yeux vides. J’imaginais malgré moi comment s’était passé l’accident en mai, comment ces personnes étaient mortes. Qui elles étaient, où elles allaient. Si je n’avais pas bu, elles seraient ptete en vacances à l’heure actuelle. La culpabilité était vraiment grandissante.

Le summer camp était vraiment parfait j’suppose. Les destinations étaient paradisiaques, relaxantes et de nombreuses activités étaient proposés, de quoi combler de bonheur un bon paquet de personnes. J’servais des sourires en carton et en mousse à toutes les individus qui venaient me parler. C’t’à dire des connaissances, des potes, des inconnus même. Mon meilleur ami ne me parlait pu, l’autre meilleure amie soit disante j’voulais même pu la voir (en fait, j’arrivais quand même à ressentir du dégoût pour elle GG Briony) et la dernière.. j’la voyais de temps en temps, pas assez pour qu’elle me cuisine. Quant à Andy c’tait particulier. J’arrivais pas à aller mieux et me guérir. Parce que oui, autant mettre des mots. J’tais malade. J’tais malade et j’en étais pire que consciente. Pourtant, tout ce que j’essayais de mettre en place ne m’aidait pas vraiment. Un paysage avec l’océan, un coucher de soleil.. tout ça m’apaisait. Mais juste le temps d’un instant. Après tout reprenait. Mes émotions étaient de plus en plus en montagnes russes. Ca dépendait des jours.. par moment, j’me disais que tout revenait comme avant car j’éprouvais de nouveau des sentiments dits « normaux » puis le lendemain l’espoir s’envolait.

Puis ce fameux jour arriva. Ce jour où Wade m’invita à une sortie avec des potes. Que j’aurai pas dû accepter. Depuis la fin de notre relation, tout était déjà ambigue malgré nous. Parce que notre histoire ne s’était jamais vraiment finie en fait. L’alcool m’avait fait déjà perdre le contrôle au bal en quelques sortes.. disons que j’avais plus insisté que je ne le devrais sur certaines attitudes lors de mon chant de Marilyn. Mais là.. c’tait juste terrible ce qui s’était passé. C’tait un jour de sentiments. Un jour presque grisant. Et il m’avait fait ressentir quelque chose ce jour là. Pas comme Andy le faisait, c’tait pas aussi bien que ça. C’tait juste autre chose. J'avais voulu aller plus loin, pour tenter de me guérir et d'aller mieux. C'tait ptete con de penser de cette manière.. mais pour moi c'tait presque légitime de fonctionner de cette manière. Non ? Non. Oui, j'le sais maintenant que j'aurai pas dû provoquer ces choses. J’avais pas su voir que c’tait allé trop loin et le baiser avait été là. J’avais pas repoussé au premier. Je ne l’avais fait qu’au deuxième. J’n’avais pas répondu à ses baisers. Rien. Mais quand même. Le mal avait été fait sans que j’l’en empêche. La suite avait été des plus violentes.

Andy avait été honnête avec moi en mai. Il m'avait avoué qu'il avait merdé avec Apple. Et j'suppose que c'tait plutôt rapidement après.. l'acte en soi. Ca n'avait été qu'un baiser mais c'tait déjà beaucoup trop. A c'moment là, toute la confiance que j'avais eu en lui, la confiance qui s'était construite en plusieurs mois.. entre ruptures, retrouvailles, sourires, larmes, coeurs battants à l'unisson. J'avais pas une histoire normale avec Andy et j'le savais depuis le début. J'avais une relation qu'on devait absolument chérir car unique. Plusieurs personnes m'avaient déjà dit qu'on avait l'air plus.. heureux ensemble que lorsqu'on était avec Apple pour lui ou Hendrix pour moi. Et même si j'l'avais pas vraiment dit à voix haute, je partageais cet opinion. Encore une fois, rien n'était comparable car deux unions de deux personnes était toujours unique. Mais il est vrai qu'Andy me faisait très clairement sentir plus vivante et heureuse qu'Hendrix malheureusement. Donc oui, quand il m'avait avoué qu'il avait merdé avec son ex-femme alors que j'étais à l'hôpital, j'l'avais très mal pris. Parce que malgré moi, en parallèle, toutes les images que j'avais de lui avec Apple au nouvel an me revenaient en tête. On était pu ensemble.. mais il avait voulu délibérément me faire du mal à c'moment là et j'lui avais jamais pardonné ça. Jamais. J'avais toujours autant envie de tuer la jeune femme même si elle m'avait aidé pour l'anniversaire de l'anglais, malgré mon rêve qui me perturbe encore. Puis quelques jours après, Andy avait presque amené à la mort ma meilleure amie Feldt. Enfin ex.. bref, j'sais pas trop. Trois conneries que j'avais su accepté. Trois conneries qui étaient pourtant importantes.

Mais Andy lui n'avait pas voulu laisser passer ce baiser avec Wade. Bien sûr que j'avais été honnête avec lui, que j'lui avais direct dit le soir ce qui s'tait passé derrière ce bosquet. Il m'avait menacé. Il m'avait dit de dégager. Il n'avait pas voulu voir mon état de santé psychique qui était pour moi une circonstance atténuante même si elle n’excusait pas tout parce que j’tais consciente de mes actes. Andy m’avait reproché que j’l’avais déjà trompé. C’est vrai. C’tait totalement vrai et j’tais tombée enceinte sans vouloir avorter. Il n’avait pu voulu de moi avant de revenir après la fausse couche. J’l’avais demandé en mariage malgré moi.. il avait bien fait de dire non du coup. Andy n’avait pas compris que j’n’avais pas embrassé Wade. J’avais laissé faire. J’pouvais pas dire « juste » car c’tait déjà trop. Et j’le savais. Andy m’avait prévenu mais j’n’y avais que trop peu pensé sur le coup. J’aurai dû être mature et pas me tester pour guérir, c’est vrai. C’tait même pas ironique au fond.. j’aurai dû rester avec Andy qui lui m’épaulait, qui lui aussi avait des troubles psychiques. Encore plus aggravés avec ses antécédents.  La rupture était tombée. Elle était violente. Elle avait vraiment énormément de mal à passer et à être digérée. Pour moi, Andy était tout. Il était mon pilier, la personne à qui j’pouvais parler de ces choses même si j’ne le faisais pas. Il était mon protecteur même si j’en avais peur, il était ma moitié et même si j’tais jeune, il était la personne que j’voulais garder pour moi. Mais il avait rompu. Et c’tait normal. J’tais déchirée, j’en étais malade mais j’essayais de rester forte. De sourire aux autres. J’avais parlé de cette rupture avec personne. Personne. Personne n’était au courant et j’voulais que personne ne le soit tout simplement. J’me sentais encore plus vide. Mon ancre était désormais partie et mes troubles s’intensifièrent de manière exponentielle. A croire qu’Andy arrivait à calmer un tant soit peu les symptômes. Tous les soirs je pleurais, tous les soirs, j’regardais mon tatouage en m’disant qu’il allait ptete revenir.. mais en même temps j’me disais que c’tait fini et j’avais vraiment trop merdé. L’accumulation était la cause de tout. J’savais bien que je n’étais pas fréquentable.. depuis le début Anastasiya n’avait pas tort et on lui avait jamais donné raison. On avait essayé de s’accrocher pour lui prouver qu’on pouvait tenir mais non. J’pouvais pas dire qu’on était restés en bons termes car c’tait loin d’être le cas. On s’aimait encore et j’le savais aussi bien que j’savais qu’après Lundi c’tait Mardi. Qu’après le jour c’tait la nuit.. quoique, la nuit avait l’air d’être vraiment longue et le soleil ne venait pas après ces longs mois dans les tenebres.  

Mais non. J’avais pas tenté d’faire un pas vers lui. Car il m’aurait jeté. On avait ptete besoin de se reconstruire chacun de son côté finalement. J’avais divagué pendant une grande partie du mois d’août. J’avais essayé de chercher un nouveau but dans ma vie, mais c’tait vraiment compliqué. Le plus dur était d’être loin de mes médecins de Cambridge ou bien des psychologues. Je n’avais même pas mes meilleurs amis pour alléger ma souffrance. J’me sentais tellement mal, tellement au fond du trou. Comme si rien n’était aussi coloré qu’avant, que tout était fait pour enfoncer un peu plus à chaque le couteau dans mon cœur, dans ma poitrine, dans mon ventre. Mes envies de vomir, de pleurer étaient fréquentes. La drogue était présente dans mon esprit. J’tais vraiment tentée de tout reprendre comme avant. J’voulais replonger. J’tais allée dans des endroits pour avoir ce genre de marchandises.. avant d’être finalement dégoutée et de m’dire que mes troubles sensoriels, cognitifs et émotionels n’allaient pas s’arranger avec ça dans mon sang. Alors j’avais essayé d’avancer, de mettre un pied devant l’autre.. complexe quand on a des pertes d’équilibre j’vous l’accorde.

Un mois. Un mois pour essayer de faire taire le reste des émotions que j’arrivais encore à ressentir. Puis tout s’écroula encore plus qu’avant ce qui me semblait pas possible.

L’épiderme de ma peau n’était pu qu’un champ de bataille. Les coupures s’y enchainaient sans réelle logique. Un coup par-ci, un coup par là, le temps que ça m’change les idées, le temps que j’pense à cette douleur éphémère qui m’fait peur tellement elle est puissante et grisante. Apaisante serait presque le mot parfaite paradoxalement. Oublier Andy de cette manière, oublier que j’avais tout fait merder encore une fois et bien profondément. Oublier que j’foutais en l’air tout ce que j’touchais. Ca et la bouteille étaient devenus mon quotidien. La clope aussi. Du moins, autant que j’pouvais. Parce que j’tais pauvre et que la vie coute cher de nos jours. La moto était devenue un reflexe aussi. La vitesse, l’adrénaline, le risque. Tout pour oublier, tout pour s’évader, avoir l’esprit loin, vraiment loin d’ici. C’tait même pas suffisant. Ou les premiers jours. Puis après, on s’y habitue et faut qu’on aille encore plus haut dans le danger pour ressentir ce même sentiment qu’au début. J’avais pas craqué sous la drogue et j’tais fière de moi. J’savais que j’pouvais y arriver et continuer mon sevrage, même si j’avais pu de réelle motivation en fait. Andy était parti. Un fantôme du passé ? Non. Il était bien plus que ça et j’arrivais pas à l’enlever de mon esprit.

Et quand j’commençais à aller un peu mieux, à voir la surface.. tout s’effondra. Ma meilleure amie avait trouvé ça bon qu’on prenne l’air toutes les deux. Elle m’avait cuisiné, avait deviné que quelque chose n’allait pas chez moi. C’ma meilleure amie en même temps.. elle me connait depuis que j’suis née. Mais j’avais réussi à plus ou moins cacher la vérité. Ca aurait dû être un après midi banal, un après midi où mes émotions pouvaient ptete revenir après un mois de douleur, de souffrance et de tristesse. Ca aurait pu mais non. Tout s’était passé tellement vite.. Un magasin. Un étage. Une fenetre. Une bagarre. Et Keyla avait volé avant d’atterir lourdement au sol, la tête dans les éclats de verre, dans les gravas, deux mètres plus bas de son point de départ. Mon cœur avait alors cessé de battre imaginant le pire. J’avais pleuré tout ce que j’voulais ce jour là, tout en donnant des indications en espagnol et en anglais aux gens aux alentours, aux secouristes également. J’avais pas dormi de la nuit, j’avais envoyé chier les gens qui voulaient me virer de la chambre de Keyla. J’voulais rester là. Elle était tout pour moi, elle était ma meilleure amie, mon âme sœur, ma sœur, ma jumelle. Tout, tout, tout. La seule en qui j’avais désormais confiance et que j’voulais absolument pas perdre. J’acceptais de me sacrifier pour elle, j’tais prête à tout. La jeune femme avait été plongé dans un coma artificiel et j’avais cessé de vivre à c’moment là.

Un sms. Juste un. Hendrix était mort. Sans m’en rendre compte, les larmes avaient coulées de part et d’autre de mon visage déjà bien creux après ma perte de poids. Hendrix était mort. Alors qu’on commençait à peine à se reparler et à se comprendre enfin.. il commençait à de nouveau me tolérer peut-être même me pardonner. Mais non, il nous avait été arraché par son putain de cœur malade. Arrêt cardiaque. C’tait juste affreux de se dire qu’il ne respirait pu, qu’il y a deux jours encore il jouait ptete de la musique ou gueulait quelque part.. et maintenant, c’est fini. La fête est annulée. L’ange est retourné au ciel. Pendant un tas de jours, j’m’étais sentie vraiment mal, constamment. Remuant le passé et le présent.. Feldt m’avait envoyé chier puissamment. Alex beaucoup moins. J’avais retrouvé mon meilleur ami qui voulait pu de moi dans la souffrance. On avait réussi à communiquer.. ou juste à apaiser les douleurs de l’autre. L’enterrement avait lieu presque au même moment que l’enterrement de mes parents l’an passé. J’avais l’impression de devenir encore plus folle que je ne l’étais. Mes sentiments étaient vraiment tous morts au fond de moi. J’enchaînais trop d’événements marquants en si peu de temps que j’pouvais juste pas m’adapter. C’tait tout bonnement impossible. J’tais morte moi aussi. Mes bras étaient témoins de cette descente en Enfers au fur et à mesure que les jours avançaient. Hendrix était parti.. et j’tais de retour sur Cambridge.

J’avais dû faire mes affaires pour partir de mon appart avec Andy. J’avais fait ça rapidement. Pour pas qu’on s’attarde. J’avais fait ça quand il n’était pas là, lui laissant alors les clés de son luxueux appart désormais pour lui tout seul, ne comptant pas les garder pour faire le troll de temps à autre. Puis une chambre étudiante.. seule. Pour combattre mes troubles, ma folie, ma phobie d’être enfermée, affrontée la mort d’Hendrix, le coma de Keyla. C’tait beaucoup trop. Pour moi en tout cas, ptete que certaines personnes sont assez fortes psychologiquement pour ça. Pas moi. Alors oui, j’suis allée voir mon meilleur ami et oui on a emmenagé ensemble une semaine pour qu’on fasse notre deuil et que moi, officieusement, j’aille mieux. Il était au courant de rien du tout. Comme tout le monde en fait. J’refusais encore d’en parler même si j’en avais plus que besoin. J’avais l’impression de servir à rien sur cette Terre, de n’être qu’une personne qui prend la bouffe d’un africain qui en a plus besoin et qui a plus la niac de vivre que moi qui m’laisse crever. C’tait vraiment dur. Le plus compliqué avait aussi le réveil de Keyla. Ca aurait dû être une bonne nouvelle. Mais non, l’amnésie était d’nouveau un coup dur. Elle m’avait pas oublié.. mais elle avait oublié qui elle était et elle devait se reconstruire. Forcément, j’prenais soin d’elle, de tout mon cœur et c’tait normal. Mais qui prenait soin de moi ?

Au final.. ma vie avait été totalement détruite en l'espace d'un an. Tous mes reperes étaient partis, toutes mes convictions s'étaient évaporées et un tas d'évenements que personne ne pouvait humainement supportait m'était tombé dessus. J'devrais être morte à l'heure actuelle, j'devrais déjà m'être jetée d'un pont ou sous un train. J'devrais déjà avoir arrêté de me battre tellement c'était juste impossible de s'en sortir avec tout ça. C'est même pu un poids sur mes épaules.. parce qu'un poids, c'est ptete génant, mais ça vous tue pas. Là, j'tais juste morte de l'intérieure et j'déconne pas avec la signification de mes mots là. J'tais au dessus de tout ce qu'une personne normale se préoccuppait. Ma journée type ? Oh bah tout plein d'actions, allez pas croire que j'suis inactive. J'me leve, j'vais en cours, j'bosse, je mange, j'me douche ect. Mais au final, j'fais juste ça pour pas crever dans mon lit comme une pauvre de loque de déshydration, de faim ou autre. Dans mes journées, il se passe rien, elles sont toutes plates, elles sont toutes sans interet et se ressemblent. Y a rien qui les différencie.

Le retour à Harvard avait été compliqué. Parce que j'avais pris une décision pour essayer de m'en sortir, pour essayer d'aller de l'avant. Elle avait été dure à prendre mais j'avais quitté les mathers, ceux qui avaient été ma famille. De base, c'tait pour être vivante, avoir un nouveau départ ect.. mais au final, ça m'avait juste foutu encore plus bas que terre que je ne le pensais imaginable aha. J'tais sans famille, sans amis, sans ancre, sans gouvernail pour me guider. J'tais rien, un fantôme. A Poudlard, ils ont leur fantome pour les maisons, à Harvard on a la Brioche. On peut l'apercevoir de temps en temps, on peut lui parler et lui demander des conseils et après elle repart doucement, sans un bruit, si bien qu'on s'demande si on a pas halluciné. Jude était parti en Afrique, pour Ebola, j'me faisais du soucis pour lui au quotidien mais j'me demandais aussi si il fallait pas que j'le rejoigne. Le Housing day s'était.. passé. Pas d'adjectif, comment j'pourrais juger quelque chose alors que c'tait qu'une soirée qui avait été juste plus agitée avant que j'm'endorme de nouveau sur des cauchemars ? Ca n'avait pas été une bouffée d'oxygène loin d'là, plus toxique qu'autre chose, à voir des gens qui me rappelaient mon passé. En fait, j'devrais ptete faire le tri dans mes relations. D'une pour éviter de leur faire du mal.. parce que soit ils sont en couple et j'suis potentiellement une personne qui peut être à l'origine de la fin de leur histoire, ou bien quelqu'un qui peut leur faire du mal. Et de deux.. pour oublier la personne que j'tais avant, la personne que j'pourrais pu jamais être et essayer de me rappeler du passé. A voir. A voir si j'laisse une chance au passé ou pas.