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Blaise and Lauréane

Le spring break terminé, le quotidien reprenait petit à petite. Le soleil et les belles plages semblaient aujourd’hui loin. Mon retour avait été douloureux. Comme chaque matin depuis notre retour, j’étais levée avant tout le monde. J’avais encore beaucoup de mal à me remettre à l’heure anglaise. La maison des Lowell était calme. Tout le monde semblait dormir à poing fermé. Je regardais ma montre qui indiquait huit heures du matin. Je lâchais un soupiré, ne sachant pas vraiment quoi faire de mon temps libre. J’optais finalement pour une petite séance de sport. Courir allait me faire du bien. J’enfilais rapidement mes habits de sport qui se résumait à un pantalon noir, un débardeur blanc et un gilet pour me tenir chaud. Mes paires de basket enfilées, je partis direction le grand parc.

L’air frais me faisait du bien, loin de la chaleur que nous avions à Pointe Cana. J’avais toujours préféré la fraicheur à la chaleur. Il était bien plus facile de dormir en hiver qu’en été selon moi. Une idéologie qui s’était formée au fur et à mesure des années. Mes poumons s’emplissaient d’air frais, ma respiration s’accélérait au fur et à mesure. Le parc était le meilleur endroit pour courir un peu. Les écouteurs dans mes oreilles, je ne faisais que très peu attention au monde qui m’entourait. Sans vraiment savoir pourquoi et comment, je sentais une présence derrière moi. Quelqu’un qui courait derrière moi. J’augmentais le rythme et les pas se rapprochaient. Sur mes gardes, mes foulées semblaient moins prononcées attendant le moment parfait. L’inconnu passa à coter de moi et dans un mouvement brusque je lui pris la main et la retournai dans son dos. « Pourquoi tu me sus… … » mon visage se stoppa et ma prise se desserra. Blaise. Sans vraiment trop quoi faire, je fronçais des yeux tout en m’écartant de quelques centimètres « qu’est que tu fais ici ? » dis-je lentement en regardant son visage qui n’avait pas changé.

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Blaise and Lauréane

Revoir Joan avait empiré les choses. En quelque sorte. Je savais que je finirais par la croiser sur le campus d'Harvard mais ce que j'ignorais, c'est l'effet que ça me ferait. Les anciennes habitudes ont la peau dure et la première chose qui m'était venue à l'esprit, c'était l'envie de la serrer dans mes bras, naturellement. Comme avant. Seulement les choses étaient très différentes aujourd'hui. Et pas seulement parce que nous nous étions quitté comme des voleurs, sans faire de bruit sans chamailleries... Le problème, c'était ma conscience. Elle qui me rappelait que j'avais tout fait pour oublier mon premier amour mort à petit feu. Oui, j'avais trop fait. J'étais aller trop loin. Ou pas assez au niveau kilométrage. Toujours est-il que j'avais fini avec la seule personne avec qui je ne pouvais pas finir... Lauréane. Comment j'avais fait pour aller retrouver la meilleure amie de Joan ? J'aurais pu choisir n'importe quel endroit mais non, j'avais débarqué au Nigeria. Et là-bas, nos rôles qui nous convenaient si bien ont volé en éclats. Coucher avec elle n'était pas une erreur, c'est que ça devait arriver mais la culpabilité n'en est pas moins insoutenable. Surtout quand la simple idée de la revoir me met face à une réalité que je repousse de toutes mes forces : et si c'était plus qu'une attirance passagère ? Oui nous étions loin de chez nous, elle était la seule trace de mon bonheur perdu, mais si c'était autre chose ? Et si elle me plaisait bien plus que je ne l'avouerais jamais ? Je grimaces tout en courant. Je revois le visage de Joan, son trouble de me retrouver ici à Harvard, là où elle savait qu'était ma place...

J'accélère l'allure. Je ne vais pas laisser ces histoires me miner ! Après tout, je réalise enfin mon rêve non ? Je plisse les yeux en réalisant que la silhouette qui court devant moi m'est familière. Je hausse les épaules, continuant à mon allure. Manifestement, j'ai une foulée un peu plus longue parce que je me rapproche. Sans mes lunettes, j'ai du mal à la reconnaitre, je me dis que si je la dépasse, c'est elle qui me reconnaitra. Seulement quand j'arrive à sa hauteur, elle m'agrippe le poignet et me tord le bras dans le dos, je pousse un petit cri mi-plaintif, mi-surpris. La phrase qu'elle me hurlait dans les oreilles reste en suspend et sa main se déserre. Non de dieu ! Je me masse le bras, grimace en relevant la tête. "T'es dingue ou qu..." LAUREANE. Moi qui croyait qu'elle avait quitté Cambridge, ne l'ayant pas vue en deux mois. Je hausse un sourcil à sa question. "Je courais jusqu'à ce que tu m'attaques !" Plissant le nez, j'essaye de cerner ce qui lui passe par la tête avant de réaliser que ce n'est certainement pas ce qu’elle voulait dire. "J'étudie ici..."

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Blaise and Lauréane

Mes années au Nigeria m’avaient-elles guérie ? Je ne le savais pas. Ce voyage m’avait appris et retiré bon nombre de choses existentielles. Un résultat mitigé. Cinq après la mort de mes parents, il m'arrivait de ressentir ce vide qui m'avait poussé à quitter ma ville natale. Peu de personnes étaient au courant de cela. J’avais appris à me méfier, le mystère était parfois le meilleur des atouts. Le Nigeria m’avait appris à me défendre, ma main était agile. « T’es dingue ou que…" mes yeux se posèrent sur ce visage. Blaise. Ce jogging prenait une tout autre tournure. J’avalais calmement ma salive. J’avais plusieurs fois imaginé plusieurs fois nos retrouvailles mais pour être franche, elle ne ressemblait en rien à cela. Une certaine hostilité se reflétait sur mon visage lorsqu’il me fit : « Je courais jusqu’à ce que tu m’attaques ! » mon visage se pencha sur le cotée. Depuis mon accident, j’étais devenue quelqu’un de plus craintif mais aussi de plus affaibli même si je ne laissais rien paraître. Mes mains se croisaient contre moi, attendant finalement la vraie réponse. « J’étudie ici… » mes sourcils se levèrent légèrement. Il étudiait ici . Je finis par lui dire : « depuis combien de temps ? » dis-je doucement. Notre relation était étrange. Et le Nigeria n’avait rien arrangé de tout cela. « Tu as revu Joan ? » dis-je en le regardant. Les questions fusionnaient mais l’incompréhension était tout aussi importante. Mes bras étaient toujours croisés, ma respiration reprenait de sa normalité et mon regard restait fixé sur ce visage que je n’avais pas vu depuis mon accident. « Je vais bien tu sais ! Tu n’as pas besoin de me le demander… même si j’aurais apprécié que tu te manifestes pour savoir comment j'allais moi. » dis-je sèchement ne pouvant finalement plus contenir la rancœur que j’avais accumulé ses derniers mois contre lui. Mes yeux le fusillaient et je commençais à marcher lentement sans prendre le temps de l’attendre.

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Blaise and Lauréane

Je déglutis tout en me frottant le poignet. Me concentrer sur une fausse douleur m'évitait de devoir affronter son regard. Ouai, avec elle ausis je me comportais comme un vrai salopard. Je me souviens encore de notre au-revoir, de l'hélicoptère qui s'éloigne dans un tourbillon de poussières. Et je me rappelle aussi de ma promesse de la contacter dés que je serais de retour aux Etats-Unis. Je ne l'avais pas fait bien sûr. C'était au-dessus de mes forces. Sûrement parce que cette drôle d'attirance s'était peu à peu muée en sentiments dans mon esprit. J'avais peur de la revoir, peur d'entendre sa voix. J'étais le premier à m'être occupé d'elle lors de l'attaque, j'avais accroché son regard au mien pour ne pas qu'elle panique. Pour ne pas que je panique. Cette situation était stupide. Nous avions toujours été bons amis, elle l'amie de Joan, moi son copain. C'était la seule chose qui nous liait. A présent, nous avions le Nigeria. Nous avions ces nuits. Ces quelques nuits que je ne parvenaient pas à me sortir de la tête malgré tous mes efforts. Difficile de dire ce qu'elle pensait à cet instant mais vu sa tête, je n'avais pas intérêt à la ramener aujourd'hui. Soudain, les questions s'entrechoquèrent et avant que j'ai pu répondre, elle m'envoya une réplique cinglante avant de tourner les talons.

Je restais là. Immobile. Elle avait raison. Je serrais les poings avant de la rattraper. "Lauréane attends ! Je suis désolé ok ?!" Je me mis à son rythme, marchant avec elle. "Je ne suis pas là depuis longtemps... Deux mois. Un peu plus... Et j'ai voulu venir te voir, mille fois... Mais, je..." Les mots s'éteignirent dans ma gorge. Quoi? Oui quoi ? Qu'est-ce qui m'avait empêcher de prendre de ses nouvelles ? J'aurais dû. j'aurais dû... "Les infirmières m'avaient dit que tu allais bien, je ne voyais pas l'intérêt de remuer le passé." Je ne voyais pas l'intérêt de me confronter à ses sentiments que je ne pouvais pas ressentir. "Et oui, j'ai revu Joan." Mais ça ne m'a pas aidé à prendre les bonnes décisions ni à me sentir mieux après. "Je suis content que tu ailles bien..." En ce qui concerne le fait qu'elle me déteste, j'étais plus mitigé. Au moins, je n'aurais pas à lutter contre son attirance en plus de la mienne...