Il y a de la vie dehors. J’enchaîne les idées merdiques à souhait. Qu’est-ce qu’il m’a pris, au juste, de proposer de sortir plutôt que de nous terrer dans ma chambre à la Kirk. Ici et maintenant, en face de la salle d’arcades, à l’attendre, tout ce que je sais et garde en tête, c’est que j’ai subi les transports en communs et que l’on m’a marché sur le pied. Certes, ce serait beaucoup plus simple si je me décidais à passer mon permis de conduire, ou si encore j’acceptais de profiter du chauffeur que ma mère a tenté de m’imposer. Néanmoins, ce n’est clairement pas dans mes prochains. Utiliser la fortune familiale c’est une alternative que j’aime mieux éviter.

Alors dans la poche de ma veste mes doigts vont trouver une version miniature d’un rubik’scube destiné à me déstresser. Je le fais tourner, jongle avec les différentes couleurs comme si je ne connaissais pas la technique pour le terminer par cœur. Et plus les minutes s’amoncèlent plus j’hésite à envoyer un message à Lyssandre pour lui souligner qu’on peut se rejoindre à la fraternité. Mais puisque j’essaie de travailler sur ma sociabilité, je refoule cette possibilité. Les minutes s’écoulent encore un peu avant que détournant le regard de mon cube, je tombe sur le sien, sa silhouette qui m’arrache un sourire et me force à ranger mon si précieux objet. Et l’aborde d’un « Alors, prêt à te faire battre par une fille ? » On ne peut plus sûre de moi, les jeux d’arcades c’est simple, c’est mon dada.