w/ @nila hadi

L'échappée de sa silhouette fine naviguait entre des naufragés désarticulés. Nymphe de la nuit frôlant leurs corps de papiers, usés, pliés, morcelés en d'innombrables déchirures qu'elle recollait dans une ondulation parfaite. Cette chaleur étouffante lui retournait les poumons, suintait sur sa peau brûlée devenue moite, sous les lumières orangées des stroboscopes. L'air lui était devenu irrespirable, lourd, écrasant sa poitrine dont le palpitant cognait douloureusement. Leurs doigts s'étreignant et l'attirant à l'autre bout de la pièce, l'éloignant de la cendre soufflée par les hauts volcans. La fugitive serra sa main dans la sienne, remontant ses prunelles sur ces boucles d'or et ce parfum vanillé lui caressait les joues. L'une de ses meilleures amies au bout de ce tunnel sombre et contre laquelle elle se cogna lorsqu'elles s'arrêtèrent brusquement devant mille et un inconnus. Mélodie de leurs rires se mélangea à une musique trop forte. Les effluves de la liqueur qu'elles avaient partagée lui embrasant les veines et lui réchauffant l'estomac. Ils embrumaient avec lenteur l'esprit sauvage qui l'animait ce soir. Leurs mains naturellement accrochées et elles s'impatientèrent dans cette file qui les menait vers les enfers. Quelques mots susurrés à l'oreille lorsque la poupée aux cheveux de nacre se jeta dans la foule au cri du loup. Ne put la retenir, et se trouvant face à celui qui lui promettait des rêves. « Ton meilleur cocktail. » Lueur brillante au fond des ébènes. La tête posée sur sa main, alors qu'elle le regardait, souriante.

w/ @stella vargas

dernier moment de liberté avant de te confiner pour étudier. abandonnée par ton amie qui avait préféré rentré, l'appel de la nuit t'avait demandé de rester. offre alléchante alors qu'il ne s'agissant que d'une bar dansant au cocktails coupés à soda et une piste collante. tu t'étais donné une limite d'une heure du matin afin de ne pas chambouler ton cycle de sommeil. une heure arrive mais une de tes chansons préférées également. retour immédiat sur la piste auxquelles tes chaussures étaient collées. dans tous les sens du terme. une demie heure passe et tu te dis qu'il est vraiment temps de partir. et pourtant te voilà, seule, à te faufiler parmi la foule pour te rendre au bar. tu n'étais pas du genre à laisser ton verre vide n'importe où. non, fallait le déposer au bar. petit geste qui rendrait le travail des employés du lien un peu plus facile, tu l'espérais. verre déposé sur le comptoir alors qu'un des serveurs en pose un également, une commande. un cocktail qui, même sous les néons du club, attire l'oeil. ainsi qu'autre chose, enfin quelqu'un d'autre. un visage familier qui se dessine sous la lumière festive. la main vexée, qui cherche à se venger, saisit le verre qui vient d'être donnée à l'étranger. elle l'était redevenue. « je crois que tu me dois bien ça. » lâché le ton irrité. tu crois ? tu sais. même saoulée, tu mets les formes, t'exprimes pas ton seum à cent pour cent. prendre son verre était déjà un acte bien osé pour toi petite nila, on peut pas t'en demander trop.

w/ @nila hadi

Nuances orangées tourbillonnant dans ce cristal soufflé qui, ce soir, devenait sa proie. Quelques perles nimbées de sucre fondaient dans le micro-océan de cette couleur rayonnante, réveillant l'appétit de ses sens endormis sous les liqueurs lui creusant déjà l'sang. Fronça les sourcils cette nymphe de la nuit, lorsqu'une main aux griffes acérées s'empara de sa coupe grenadine. Mélodie acide lui attaquant les oreilles, et cette voix venimeuse qu'elle avait entendue plus douce, qui l'avait trop souvent captivée, la poussa à se r'tourner vers celle qu'elle pensait avoir oublié. Fracas des souvenirs ressuscitant des limbes embrumées de son esprit, alors qu'une lueur éclaira les profondeurs abyssales de ses prunelles voluptueuses. Un visage dont elle se rappelait tous les traits, tout comme ses ébènes à la teinte passagère. Mais elle s'attardait déjà sur ses lèvres dont les saveurs s'étaient imprégnées sur les siennes. Un sourire léger s'y dessina, dissimulant le ton provocateur sur lequel elle s'apprêtait à lui répondre. « Et pourquoi j'te dois ça au juste ? » Se rappelant leurs derniers éclats de rire, des effluves alcoolisés mêlés à la chaleur sèche de sa peau bronzée et de quelques mots balancés sous un croissant lune étoilé. Elle en était sûre, elle ne lui avait rien promis sous les astrées. Ni à elle ou à aucune autre silhouette s'étant glissée sous ses draps. C'était sa règle. Ce n'était qu'une fois et elle retournait flâner dans l'allée des condamnés, escaladant les marches de l'enfer. Elle se tourna rapidement vers l'homme qui attendait. « Une tequila. » Elle s'en persuadait, une nécessité au fond d'sa gorge serrée. Jeta son seul billet sur le comptoir, impatiente d'étancher sa soif.

w/ @nila hadi

interrogation lâchée le sourire aux lèvres. une provocation à l'instar du caractère de la brune. secouée devant ton nez comme un steak devant un lion. une attaque en réponse, c'est tout ce qu'elle méritait. le verre projeté déversant le liquide fermenté sur le visage de zia. s'imprégnant dans ses cheveux, tâchant ses habits et laissant hilare avant de t'en aller. puis tu reviens à la réalité dans laquelle ta main empoigne le verre toujours plein. plus pour longtemps puisque tu en prends une gorgée pour te calmer. anesthésier tes nerfs avec un peu de liqueur. rien qu'un peu. laisse le temps à ta charmante némésis de recommander. « tu veux vraiment jouer à ça ? », t'essayes de mimer son attitude pour cacher ta déception. pourquoi ? ça te semblait pourtant évident. cette nuit sur la plage qui n'a jamais eu de réponse. proie qui pensait qu'elle ne l'était pas, amadouée par les yeux perçants de la prédatrice, bercée par les doux (faux) mots de la belle. ou peut-être que tu avais tout mal compris. interprétation flatteuse de ses dires et actions qui ne valaient, en fait, rien. yeux douteux qui se baladent partout sauf sur elle pendant quelque secondes. reste de courage collecté pour qu'ils lui fassent de nouveau face. « c'est moi qui suis stupide ou c'est toi ? » finalement lâché, parce que y avait bien une fautive entre vous deux. et tu voulais en avoir la réponse définitive ce soir.

w/ @nila hadi

Provocation qui ricochait sur sa peau tiède et le cœur balançoire qui cédait. Ses onyx se dilatèrent sous les lumières, jaillissant de cette pierre d'infernales ténèbres. Brûlure courant sous sa peau, son venin attisait les hostilités que l'imprudente avait jeté au feu. La reine jouait ce soir face à un autre reflet dans l'miroir. Souvenirs indélébiles de cette proie docile; Celle qui avait résisté, l'avait repoussée, l'esprit tourmenté, frustré, déchiré par d'innombrables pensées, désir percutant ce chaos désordonné. L'aphrodisiaque s'était insinué dans ses veines, dans chaque parcelle de son être qui exaltait dès qu'elle s'approchait d'elle. Réminiscence de ses effluves sucre et miel, de ses lèvres et de son sel. Chant de la chimère dont se rappelait la vipère. Cette sirène l'avait emmenée avec elle, dans les profondeurs d'une folie passagère. Nuit sur cette plage floridienne, cruelle, sous la lune en éclat du ciel, dont chaque instant était gravé en elle. Dans son derme qui en avait gardé les séquelles. L'apogée du plaisir, ivre. Son palpitant s'était disloqué, trop fort s'était cogné et, dans sa poitrine une ecchymose s'était creusée. Peau à la saveur salée-sucrée dans l'eau cérulée, alors qu'une chaleur indomptée l'avait empêché d'respirer, ses joues rougies dissimulées dans l'obscurité. Puis elle était rentrée, et là-bas l'avait laissée, ses peurs avaient surgi durant les premières nuits. Elle avait décidé de l'oublier, allant jusqu'à masquer le manque qu'elle lui avait laissé, la remplaçant avec d'autres silhouettes évaporées. Le temps avait, dans sa tortueuse lenteur, effacés les dernières traces de leur passé, mais les vestiges de leurs moments étaient ancrés dans ses chairs, comme si c'était hier. Mémoire qu'elle voulait tuer. Elle attrapa son nectar et l'claqua sur le comptoir. Liqueur amère l'embrassa de sa flamme acerbe. Un regard condescendant dont les prunelles se rétractèrent, cherchant à se noyer dans sa noirceur. « Tu vas perdre à ce jeu-là, querida. » Accent portugais qui la trahissait. Dernière note sensuelle pour celle qui avait éveillé en elle un instinct mortel. L'animal sauvage à la morsure fatale dont les crocs annonçaient le mal. Capable d'user les mots qui brisaient les cœurs et arrachaient les larmes, alors qu'elle ravalait cette envie de s'approcher, terrait cette envie de l'embrasser. La nymphe aux boucles de jais avait cet effet. Elle l'emmenait dans la douceur de la nuit d'vant la beauté d'un spectacle qu'elles avaient contemplé, et elle l'attirait maintenant dans un piège qui la menaçait, ressuscitant ses insécurités. Epaules haussées, la louve voulait fuguer, évitant de dévoiler les peurs qu'elle tenait cachées. Les évidences s'étaient emmêlées, prenant conscience que l'autre attendait plus que cette nuit étoilée. L'corps qui criait de s'échapper, les limbes embrumées qui paniquaient parce que ça lui filait nausée. Les membres glacés par l'effroi, elle ne s'attachait pas Stella. Digne fille d'une mère volant un peu de cet argent aux héritiers. « Arrête de te prendre la tête, t'es pas venue pour ça. » Musique forte, trop forte qui résonnait et qui camouflait les fragments brisés de leur relation j'tée à leurs pieds.