Semaine de merde, problèmes par-dessus problèmes. T’avais promis une semaine géniale à ton pote au fond du trou, mais au final c’est qu’une montagne d'emmerdes que tu lui sers sur un plateau d’argent. Yohan qui ramène son ex sur le tapis, un pote qui mate ton frangin nu sous la douche, la guerre avec ton petit frère qui éclate, autant dire que t’as besoin de mettre les voiles et de te vider l’esprit avant de devenir fou. Confidente trouvée sous les traits de Jane, le destin qui se fout clairement de ta gueule, il faut dire que la brune tombe à pique, tout comme ses idées de partir en vadrouille. Tu chevauches ton speed bike avec un simple sac à dos en guise de bagage et file directement chez la jeune dudley pour la récupérer. Une fois devant l’immeuble, tu attrapes ton téléphone pour la prévenir de ton arrivée et tu profites de l’occasion pour lui dire de se bouger le cul. L’envie de quitter Boston qui se fait de plus en plus pressante.

La fermeture du sac à dos que je viens de préparer glisse sous mon doigt. Je regarde mon téléphone sans voir d’appel de la part de Kir. Ce mec pour qui une haine c’était développée au début, devient mon confident, mon compagnon de route. Une dizaine de minutes plus tard, je reçois un appel. Appel d’un Kir, pressé de partir. Je choppe mon sac à l’entrée de mon appartement avant de dévaler les escaliers. Je tire la porte d’entrée et sors d’une traite. Devant lui, je souris légèrement essoufflée. Saluuuuut ! Ma voix augmente en décibel, remplie de bonheur de partir en vadrouille, loin de Boston j’en avais bel et bien besoin. Aloooors tu veux partir sur ça ou on prend ma voiture ? J’hoche la tête vers son speed bike en souriant. Je suis pas sûre qu’on y monte à deux, et qu’on aille bien loin ! Je lui lance un clin d’œil, toujours enclin à taquiner les gens finalement.

@Kirill Mikhaïlov

La bonne humeur de Jane est contagieuse. Elle gambade joyeusement dans ta direction, son sac qui vole dans tous les sens, ce qui te fait sourire sous ton casque. Tu retires la protection sur ta tête pour lui retourner la politesse, lippes étirées dans un rictus discret. ‘’ Sur ça ? ‘’ Tu la fixes l’air faussement outré. ‘’ Demande pardon à ma bécane ! ‘’ Tu tapotes la carrosserie comme s’il s’agissait d’un animal de compagnie, puis quitte le confort de ton siège pour soulever ce dernier. ‘’ On part en moto Vanderbilt. ‘’ C’est la vraie vie et en plus ça change des voitures. Tu attrapes le casque réservé aux passagers, que tu lui tends sans perdre de temps. ‘’ Y’a de la place pour deux, suffit de te coller un peu. T’en fais pas, tu ne tomberas pas enceinte en étant dans mon dos. ‘’ Tu glousses comme un gamin. ‘’ Et si on se fait choper par la pluie, ça nous fera des aventures de plus à vivre ! ‘’ C’est bien pour cela que vous avez organisé ce week-end non ?

Je le regarde en faisant la moue, avant de rigoler gorge déployée. Tu sais que je fais de la moto aussi, gringo ? Je prend un léger accent espagnol en bougeant les sourcils, rictus au bord des lèvres. Je choppe le casque tout en donnant mon sac à Kir. Je l’enfile d’une traite avant de m’assoir derrière lui. Je veux pas de gosses. Par contre le serrer à toi me dérange pas voyons .. Je tapote sur son casque, histoire de l’embêter. Bon chauffeur si t’es champion, appuies sur le champignon. Vends moi du rêve. Je serre ma prise autour de son corps, sentant sous mes mains ses abdos, léger frisson qui me parait extrêmement bizarre mais je ne relève pas. Je me concentre sur la route, bougeant les jambes dans tous les sens. Ce week-end, je sais pas pourquoi, mais je sens qu’il va être dingue.

Sourire carnassier pendu aux lèvres, tu réponds à ses propos avec la même attitude qu’elle. Provocation qui te sors par les pores de la peau, ça te fait le plus grand bien de juste pouvoir dire ce qui te passe par la tête. ‘’ Tu montes une Bicyclette, oui ‘’ Clin d'œil taquin avant d’enfiler ton casque et de ranger son sac sous le banc. Jambe qui passe par-dessus le monstre, tu laisses la dame s’installer avant de poser tes fesses sur le siège. ‘’ Accroche toi alors ! ‘’ Phalanges solidement ancrés aux poignées, tu envoies le gaz à fond, propulsant l’engin à une vitesse folle. Roue avant qui se soulève, tu hurles à plein poumons pour évacuer tout le négatif qui t’habite. Tu te laisses planer, à toute vitesse, zigzaguant sur la route pour un plus grand frisson. Boston disparaît peu à peu et t’es pas triste de voir la ville s’effacer et disparaître complètement de ton rétroviseur.  ‘’ Ça va toujours? ‘’ Tu fou un coup de frein pour la sentir s’écraser contre toi et tu te marres à plein poumons avant de repartir à toute vitesse. Une fois arrivé à une intersection, tu soulèves la visière pour mieux causer avec elle. ‘’ Je te laisse choisir la direction ! ‘’ Aller ou l'instinct vous mène, c’est le crédo.

Une fois sur la moto, derrière Kirill, j’ai l’impression de me sentir invincible. Je ressens malgré le casque et mes habits, le vent glisser sur ma peau. Une adrénaline qui cogne contre les parois de mon corps. Une envie de quitter immédiatement Boston. Je l’entends me demander comment je vais, pendant qu’inconsciemment je me perds dans mes contemplations. Une fois le frein brusquement atteint par le conducteur, je me retrouve collée à lui. Je l’entend hurler de rire derrière son casque, mon seul réflexe est de le taper, une bonne claque dans le dos, mignonne et irréfléchi pour démontrer mon mécontentement. Je vais bien si tu conduis bien, et que je crève pas ce soir j’ai de trop belles choses à vivre Kirill. Je me remets contre lui instinctivement, en souriant derrière mon casque pour une excursion que je devinais déjà inoubliable. Une fois arrivés à un croisement, je l’entends me donner cette fameuse chance de choisir notre destination. Une route complètement vide, je regarde à droite puis à gauche. Viens on part sur notre droite, viens on va à Portland. J’ai envie de voir autre chose que New York. Ville non loin de Boston, Portland été le bon compromis. Ville jamais visitée, j’évite comme cela NYC, que j’ai trop connu depuis mon enfance. J’avais besoin, d’autre chose pour ce trip.

@Kirill Mikhaïlov