grosse réunion aujourd'hui de prévu avec mon maître de stage pour lui annoncer que mon dernier stage a été un franc succès et qu'il se pourrait que j'ai un job dans la boîte de mes rêves dès ma sortie d'Harvard. enfin.. dans le cas où Martin ne découvre pas que je me tape sa femme quand il est en voyage d'affaire. regard confiant et sourire à faire tomber le monde entier à mes pieds, je me rends dans l'aile sud pour retrouver Maître West. je traverse donc une partie du campus et arrive enfin au lieu de rendez-vous. au moment où je sors mon téléphone pour vérifier mes mails, je ne fais pas attention à la personne qui vient d'entrer dans la salle avant moi. coup d'oeil alarmé quand le mail de Maître West s'actualise " Valentin, veuillez me retrouver dans mon bureau plutôt que dans la salle de cours, il y a un problème avec la porte de celle-ci, elle ne s'ouvre plus de l'intérieur " je termine de lire au moment où je referme la porte derrière mois.. putain c'est une blague quand je me retourne, c'est ton visage que je vois. c'est un mirage ?

Jour de repos, pas de passage à la salle de boxe pour aujourd’hui. Tu préfères retrouver une amie, une étudiante d’Harvard, d’où t’as présence dans les couloirs de la prestigieuse université. Elle fait partie de ton paysage à présent, il y a bien longtemps que tu as arrêté de t’émerveiller devant sa façade chargée d’histoire, la grandeur est devenue banalité. A vrai dire tu n’y es pas beaucoup attachée non plus, pas vraiment destinée aux grandes études. C’est le ring qui t’a appelé très tôt, assez tôt pour que tu aies le temps de te former et de devenir l’une des meilleures boxeuses d’Italie. Si aujourd’hui tu as troqué tes vêtements de sport pour une tenue plus classique, l’effort se fait toujours sentir au niveau de tes cuisses. La séance de la veille a été particulièrement chargée et tes courbatures peuvent en témoigner. C’est cette raison qui te pousse à trouver un endroit où t’asseoir pour te soulager un peu. Pas le moindre banc dans le couloir, tu entres dans la première salle ouverte que tu trouves et prends place sur une chaise près de la fenêtre au soleil. Yeux fermés tu passes ta main dans ta longue chevelure pour dégager ton visage et cueillir les rayons printaniers, laissant tes boucles brunes retomber librement dans ton dos. Libre. C’est ce sentiment de liberté qui t’anime depuis plusieurs semaines. Ta vie a drastiquement changé ces derniers temps et ça t’a fait beaucoup de bien. Tu as déménagé, tu travailles dans une nouvelle salle de sport et tu as fait le ménage dans tes relations. Tu as été trop gentille, trop complaisante, naïve, pas assez méfiante, et tu n’as récolté que douleur et tristesse. Ça t’apprendra. Le mur est érigé autour de ton coeur, plus solide que le précédent, incassable. Perdue dans tes pensées, tu ne l’entends pas entrer dans la pièce. C’est sa voix qui te ramène. T’ouvres brusquement les yeux, ton coeur rate un battement. Non. Pas maintenant. Tu sais qu’il est là, tu reconnaîtrais sa voix entre mille, mais tu ne veux pas l’accepter. Tu fixes le mur devant toi, immobile, comme si cette immobilité allait te rendre invisible alors qu’il n’y a que toi dans la pièce, avec lui. Il faut que tu sortes, tout de suite. Tu te lèves, réalises trop tard qu’il se tient devant la porte fermée. Ton regard croise le sien et c’est comme si on te brisait le coeur une seconde fois. Il faut que tu sortes. Tu le contournes, attrapes la poignée et pousse, plusieurs fois. « Aller, s’il te plait… » Murmure qui ne sert à rien, tu es coincée. Tu le sais, pourtant tu continues de t’acharner sur la porte.

la blague n'est pas drôle. j'ai une tonne de chose à faire encore. des dossiers à relire, des articles à étudier, mes dernières pages de rapport de stage à écrire et un bain à me faire couler. j'ai clairement pas le temps ni l'envie de passer des heures enfermé ici, voire pire, une nuit. la batterie de mon téléphone qui indique qu'il est sur le point de me lâcher, j'ai juste le temps d'envoyer un message à Jack, un pote de promo pour lui dire où je suis et de venir me chercher que le téléphone s'éteint. foutu iphone qui ne tient même pas 4h de batterie. et alors que je ne percute pas immédiatement que je ne suis pas seul, c'est ton parfum qui me frappe en premier. comme une claque en pleine face. une odeur que je ne pourrais sans doute jamais oublier tant je l'ai aimé. une fois dans mon champ de vision, ton regard ténébreux que je croise avant que tu n'essaies d'ouvrir la porte, tout aussi désespérément que moi. je viens d'essayer. je sais encore ouvrir une porte à défaut d'être doué pour rendre mes copines heureuses. je me la balance tout seul comme un grand pour que tu n'aies pas à le faire. t'as ton téléphone avec toi ? bien sur que tu l'a hein ? qui ne l'aurait pas ? allez s'il te plait dis moi qu'on va sortir d'ici.

La journée s’annonçait douce et réconfortante. Passer l’après-midi avec ton amie allait te détendre, te faire penser à autre chose que tous les problèmes qui te travaillent l’esprit depuis des semaines. Il faut croire qu’on en a décidé autrement. En croisant le vert des yeux de celui qui t’as tant fait souffrir, tu comprends que cette journée sera sans doute l’une des plus éprouvantes. A moins que tu réussisses à quitter la pièce. Fuir le combat c’est pas si mal parfois. Raté la porte ne s’ouvre pas. Sans attendre sa question tu sors ton téléphone. « Oui je l’ai. » Le ton est sec, froid. T’es pas apte à communiquer avec lui, t’en as aucunes envie. T’envoie un message à ton amie pour la prévenir de la situation et le range dans ta poche sans te douter que le message n’est pas parti par manque de réseau. Tu relèves les yeux sur le brun. Et maintenant ? Vous allez rester comme ça à vous regardez dans le blanc des yeux jusqu’à ce que quelqu’un veuille bien vous faire sortir ? De ton côté, t’as pas envie de faire la discussion. Il n’a pas bougé, toujours les memes traits angéliques, ces fossettes dans le creux de ces joues. Il parait si calme alors que de ton coté c’est la tempête dans ta tête. Tu sais pas quoi faire, ni comment réagir, quoi ressentir. Pourtant tu t’étais préparée à ces retrouvailles, tu savais qu’elles étaient inévitables. Alors pourquoi tu n’agis pas comme tu l’avais prévu. T’es là, figée devant lui avec un mélange de tristesses et de fureur dans le regard. T’aurais voulu ne rien ressentir, ne pas être affectée par ce retour. Impossible, trois mois c’est pas assez pour réparer ce qu’il a détruit. « Il n’y a plus qu’à attendre. » Tu finis par lâcher d’une faible voix.