Primaire bourrasque. Claque sa froideur sur son ovale. Teinte son derme d’une pellicule glacée. Brutale oxygène. Gonfle ses poumons à chaque inspiration. Rapide. Lui dont les pieds foulent le bitume avec vitesse. Il profite de l’Aube pour évacuer les pensées qui se bousculent. Les balancent dans les flots oceaniques. Il n’y a que le sport qui lui permet de s’en défaire. Même pour un court instant. Il oublie le rôle qui pèse sur ses épaules. Les contraintes. La peur des sentiments. Les examens. Il oublie Scott. Quelques heures. Braille dans ses oreilles.  La musique trop forte. De l’océan , il s’éloigne. Arrête sa course contre l’esprit. Près d’un café, il s’arrête pour s’y aventurer. La respiration encore sifflante. Il est frappé par la chaleur des lieux. Choc thermique. Autour de lui, l’endroit semble presque désert. Café commandé, il se dirige vers le fond. Sans savoir que la place est déjà convoité.

Il est beaucoup trop tôt mais j'avais au moins besoin de ça pour me motiver. Jogging enfilé, cheveux attaché, la tête un peu encore dans l'oreiller, je me suis déplacée jusqu'à ce café. Il est chaleureux, le matin bien souvent vide et j'y ai ma place attitrée. Que j'ai bien évidemment décrétée moi-même. L'ordinateur dans le sac, commande mon café, prends une pause de quelques instants pour y mettre du sucre, ajouter quelques trucs qui relèvent le goût uniquement selon moi. M'avance vers la place, touillant mon café, jusqu'à y arriver, bousculer quelqu'un en m'y approchant. Le café se balade dans la tasse, me brule quelques doigts en faisant un léger bruit de douleur. Rigole légèrement, l'humeur est douce ce matin. J'crois qu'on veut le même fauteuil. je m'y suis battue à presque y perdre mes doigts -j'exagère-.

Place dans le visuel. Il s’approche le brun. Son café en main. Devant lui, le chemin se profil sans heurt jusqu’à elle. La silhouette féminine qui le devance. Pressée. Et alors que la voix brise le silence, l’ombre la regarde attentivement. Reconnaît ses traits sans difficulté. Sofia. L’ancienne vice-présidente de sa confrérie. Il n’a jamais trop eu l’occasion de lui parler. « J’crois ouais. » Les émeraudes qui dérivent sur sa main tachée de café. « Vu que t’as risquer ta peau et que j’suis trop aimable, j’te laisse la place. » Sur ses lippes, flotte un vague sourire moqueur. « Mais j’prends celui d’en face. » Flemme de bouger plus. Maintenant qu’il est inactif, il ressent la contraction de ses muscles sollicités par la course. Muscles qu’il n’a même pas pris la peine d’étirer. Posant le mug sur la table, il s’écrase dans le fauteuil. Défait la fermeture de sa parka de sport, avant de s’en débarrasser. Même sort pour son bonnet. Brièvement, il passe une main dans ses cheveux.

« J’crois ouais. » Je connais le visage, je reconnais la voix. Probablement déjà croisé à quelques soirées ou rassemblements Dudley, sans oser l'approcher. Une sorte d'intimidation, ou le manque d'occasion. « Vu que t’as risquer ta peau et que j’suis trop aimable, j’te laisse la place. » Rigole légèrement, risquer sa peau, c'est un peu un abus mais je prends. « Mais j’prends celui d’en face. » Fait oui de la tête, s'assoit en face, l'observe quelques secondes avant de demander ; Tu cours tous les matins ou c'est exceptionnel ? demande avant de prendre une gorgée de café, poursuivant ; Scott, c'est ça ? obligé de connaître ses membres quand on préside une maison.