une heure du matin quand vous décollez de boston. les kilomètres qui défilent, l’aiguille du réservoir d’essence qui baisse doucement, pas de panne sèche en vue pour autant. au milieu de nulle part, voiture qui sillonne les routes macadamées, les arbres par centaines qui défilent à toute vitesse autour de vous. jusqu’à la perte de puissance, jusqu’à ce que la voiture se mette à décélérer. les yeux qui s’écarquillent quand dans la pénombre le moteur s’arrête sans une lumière autour de vous. la lune qui vous observe, ton flash que t’allumes pour éclairer la tronche de ton cousin. « tu me fais une vanne là ? démarre, c’est naze ! » tout ce que vous vouliez, c’est aller manger un petit-déjeuner à philadelphie, pas crever comme deux blaireaux au milieu des bois, pas vrai ?

les yeux presque globuleux qui le dévisagent alors que ton flash éclaire ses traits comme un réveil trop matinal par une brigade entière. la panne que tu prends pour une vanne, sa voix qui s’élève pour te contredire. « tu te fous de moi ?! » c’est pas possible que le moteur s’arrête soudainement et pile ici, sans rien autour, si ? y a que dans les films d’horreur qu’on voit ça habituellement, non ? « démarre, je déconne pas ! » habituellement, t’es courageuse ; mais ici, tu sens l’ambiance pesante des pires massacres sans l’envie d’être le petit-déjeuner de quelqu’un de taré alors que tu voulais juste bouffer le tien à philadelphie.

regard qui tente de transpercer le cousin pour lui faire avouer sa vanne. vanne qui dure trop longtemps pourtant, trop de risques pris à ton goût, ambiance lugubre qui vous entoure. clé qu’il tourne sans réaction. « putain ! » que tu maugrées. question qui te fait vérifier le réseau sur ton portable, sourcils qui se froncent. « rien du tout, c’est vraiment du foutage de gueule ! » comment vous allez sortir d’ici, déjà ? « je veux pas crever dans cette foutue forêt de merde je te préviens, trouve une solution ! » comme s’il allait en sortir une de sa poche.