La discussion tournait clairement au vinaigre et pourtant, je n'arrivais pas à me calmer. Soudain poussé dans mes retranchement, mis face à mes propres responsabilités quand elle évoquait toutes ces conquêtes que j'enchainais. Toujours en quête de remplir mon lit, pour ne pas voir le vide qui s'y trouvait... Le spring break avait été particulier puisque mon but principal était justement de me distraire pour ne pas penser à elle. Mais ça ne changeait rien aux faits. — Je t'ai dit que j'étais désolé, c'était... nul et stupide répondis-je en regardant nerveusement la route, agacé de mon propre comportement. Je l'entendais me parler ouvertement des sentiments qu'elle avait pour lui, loin de me démentir et tout ça ne faisait que tourner et tourner dans ma tête, ne retenant que cette information pour occulter toutes les autres. — Mais arrête ! Tu sais très bien que c'est pas ce que je veux ! m'exclamai-je vivement alors qu'on arrivait en bas de son immeuble. Me garant à l'arrache je mettais le point mort, coupais le moteur en soupirant. — J'en ai rien à foutre de ces filles ! m'exclamai-je, toujours sur le même ton. — La seule qui m'importe... c'est toi. Pourtant les mots ne sortaient pas. Je me taisais un instant, essayant de reprendre mon calme. Tentant de laisser cette jalousie qui me rongeait de côté. — J'ai compris, je ne t'embêterais plus avec Simeon dis-je en me tournant vers elle.

Nous étions visiblement dépassés par cette conversation. Je sentais mon palpitant s’échauffer, mon corps se tendre. J’essayais de remettre les pièces du puzzle dans l’ordre. Est-ce que passer du temps avec Simeon me valait cette réaction ? Alors je recontextualisais les faits, pointant du doigt qu’à côté de mon comportement, je n’étais pas l’unique fautive. Je me défendais par l’attaque, peut-être parce que dans le fond, je me sentais coupable. Quand tu avouais être jaloux, ça accentuait ma peine, car loin de moi était l’envie de te briser davantage. — Alors je fais quoi, je fais de l’omission ? Parce que je ne savais plus comment faire. Quoi que je fasse, tu sauterais aux conclusions, comme tu l’avais fait quand je t’avais avoué être prise samedi. Enfoncée dans mon siège, décroisaient les bras, jouant avec la ceinture de sécurité. J’avais besoin de canaliser mes pensées en m’occupant les mains. Parce que je savais que la seule qui t'importait, c'était Charlie. Je préférais ne pas relever, ni répondre pour toi. — On est en bons termes où tu as d’autres choses à me dire ? Parce que quitte à être lancée, je préférais mettre toutes les choses à plat.

On avait beau mettre les choses à plats, plus la conversation avançait, plus j'avais l'impression qu'elle m'échappait. J'étais perdu, aveuglé par ma jalousie et ma possessivité. Par ce truc au fond de moi que je ne savais pas expliquer, mais qui me rappelait à quel point j'avais mal de l'imaginer dans les bras d'un autre. De me dire que c'était lui qu'elle avait dans ses pensées.. et pas moi. Je m'agaçais, détestant cette impression que quoi qu'on fasse, rien de parvenait à satisfaire l'autre. — J'en sais rien ! m'exclamai-je en soupirant. Valait-il mieux qu'elle me cache la vérité ? Est-ce qu'on en était résolus à ça maintenant ? Battant en retraite en sentant mon coeur s'emballer un peu trop fort, je faisais chemin inverse. Lui promettais de ne plus lui prendre la tête avec son ex, puisqu'elle avait choisi de retourner vers lui malgré le mal qu'il lui avait fait. Ce qui importait le plus au final, c'est que je ne voulais pas de ces disputes. Mon rythme cardiaque s'emballait dans ma poitrine à ses mots, pensant irrémédiablement à tout ce qu'elle déclenchait en moi. — Non... et toi ? demandais-je encore un brin tendu en me tournant vers elle.

Peut-être qu’il était trop tôt pour aborder ce sujet. Peut-être que je m’y prenais mal et qu’en pensant à moi, je vous blessais sur mon passage. J’avais peur de te briser davantage, alors même que j’essayais moi aussi de me reconstruire. Pourtant, j’étais certaine d’une chose, pour l’heure, il m’était impossible de choisir l’un plutôt que l’autre. Vous étiez tous les deux différents et tous les deux importants. Je vous avais individuellement confié des bouts de ma vie, vous offrant une part de moi que je ne voulais pas perdre. Je te proposais donc l’omission d’information, pour tenter de calmer le jeu. Tu préférais couper court en proposant de ne plus t’emballer si le sujet venait sur la table. J’expirais, tentant de me détendre un peu. — Non, c’est bon. Enfin, ça irait mieux quand j’arriverais à relativiser et que je ne serais plus une boule de nerf. Me laissant retomber sur le dossier, j’ajoutais : — On s’est quand même créé des super souvenirs là-bas, tu trouves pas ?

Qui étais-je pour lui faire une crise ? Maze était libre de faire ce qu'elle souhaitait, même de retourner vers son ex. Après tout à la base, je n'étais que son pote avec qui elle s'autorisait des extras. Du fun, et rien de plus. Alors pourquoi tout était devenu si compliqué.. ? Je repensais à cette distance que je nous avais imposée. A ce chemin inverse que j'avais tenté d'effectuer en sentant que l'attachement devenait bien trop important.. Cette fois j'avais réagi trop tard. Maze avait déjà capturé tout mon être, si bien que les derniers instants passés ensemble la veille du spring break n'avaient fait que tourner et retourner mes pensées. Je me souvenais de tout. Du moindre de ses baisers, de la moindre de ses caresses inscrites dans ma chair. Du moindre de ses soupirs pour bercer mes rêves. Au fond, j'avais eu beau me voiler la face, je savais en mon fort intérieur que cette distance ne servirait à rien hormis rendre le manque encore plus intense... et laisser une porte ouverte. Serait-elle retournée vers son ex si je n'avais pas voulu mettre un stop à tout ça ? Si elle était venue au spring break comme elle avait prévu de le faire initialement ? J'avais beau tenter de chasser ces pensées, une boule se formait dans ma gorge, inexorablement. Mais je gardais la face, préférant faire la paix avec Maze plutôt que poursuivre un conflit qui n'avait pas lieu d'être. — Si, bien sûr répondis-je d'une voix plus douce, tourné vers elle. — Je donnerai tout pour te revoir t'étaler dans le sable au voley dis-je avec un sourire moqueur pour essayer de détendre l'atmosphère. — Ou pour revivre ces retrouvailles... ajoutai-je dans un murmure, mon regard glissant malgré moi vers ses lèvres à cette pensée.