Elle court, court, le cœur battant à tout rompre, de s’être dit qu’elle serait à l’heure, de s’être juré de faire un effort. Mais entre Junon qui ne veut pas y mettre du sien, qui boude un peu, qui veut à tout prix choisir sa tenue, c'est maman par-ci, maman par-là. Une autre raison de plus pour prendre sa voiture et de le déposer chez son père... et bien-sûr, à peine la porte franchie, la déglingue fatiguée du père, qui voit son petit Junon, avec ses grands yeux de merlan frit, son sourire espiègle, et ses quelques dents de lait qui tombent. En mode papa, "j’suis là pour te faire passer un mauvais quart d’heure". Lomée met sa main devant sa bouche pour le taquiner et il rit, "maman laisse moi, laisse moi." C'est la petite souris qui nous joue des tours, et qui vole à Junon son sourire. Et donc, brunette donne son sac, ses petits plats, une liste de ce qu’il faut faire à Jasper. Après les remarques, les grogneries. Elle embrasse une dizaine de fois Junon, qui hurle à la mort, riant aux éclats. Quel comédien !"Y’en a marre des biboux baveux", mais au fond, il aime ça. Princesse court, reprend le volant, son cœur serré d'adrénaline. Elle appelle Gio, un peu essoufflée. Lomée est en retard, comme toujours. 30 minutes ? Ou peut-être 45 ? Ouche.  "T’es où ? Je me gare dans la rue adjacente à... (bruit de station radio).  "Tu viens ? Elle se gare et sort de la voiture ...Madame, où êtes-vous ? Votre carrosse royal est arrêté et c’est une ancienne reine qui vous conduit". La petite révérence parce qu’elle semble la localiser au loin.