La tête et le bide en vrac, je sortais prendre l'air sur la terrasse de l'appartement des parents d'Ana. La soirée battait son plein, les corps se liaient et se déliaient au rythme de la musique, les verres s'enchainaient. Et si je suivais ce rythme effréné en espérant alléger mes pensées, cela marchait plus ou moins bien. Davantage moins que plus. J'arrêtais pas de penser à la conversation que j'avais eue avec Maze quelque heures plus tôt. A cette décision de tout arrêter entre nous pour s'en tenir à une relation purement platonique... J'avais pas tenu une semaine. J'avais craqué, lui avouant à quel point elle me manquait, à quel point elle occupait la moindre de mes pensées du jour et de la nuit malgré toutes ces soirées à tenter de l'oublier. Je ne savais plus quoi penser de tout ça. J'étais perdu, totalement paumé dans le bordel de mes sentiments. Cerise sur le gâteau, nous avions beau être nombreux ce soir, j'avais immédiatement reconnu son ex lorsqu'il s'était pointé. Me ramenant à cette révélation qu'elle m'avait faite, m'avouant qu'ils avaient remis le couvert à peine quelques jours plus tôt. A croire que le ciel l'avait envoyé pour me narguer. Attrapant le décapsuleur sur la table je faisais sauter la capsule de ma bière avant de la porter à mes lèvres, jouant machinalement avec l'objet tout en m'adossant contre le mur. Le calme de la nuit contrastait tellement avec les basses qui s'échappaient de l'intérieur de l'appart que je sursautais presque en entendant la baie vitrée s'ouvrir. Me retrouvant nez à nez avec Simeon. Evidemment. Je le voyais jeter un oeil en direction de la table, bière à la main... — C'est ça que tu cherches ? demandai-je en lui tendant le décapsuleur.  

Voilà plusieurs jours que t’as pris l’avion pour rejoindre tes meilleurs amis à Miami et profiter pleinement du spring break avant de retourner te concentrer dans tes études. Le temps de quelques jours, tu pourras respirer la sérénité, quoi que ce n'est pas l’angoisse qui guette en toi. Esprit léger, c’est ainsi comme dans ton quotidien que tu viens te rendre chez l’une de tes plus fidèles amies d’enfance. Venu avec tes acolytes de toujours, vous profitez pleinement de cet événement, musique qui vient faire vibrer les tympans, alcool qui coule à flot, rires qui résonnent de part et d’autre de l’appartement. T’ignores quelle heure il peut être, mais t’as les mains bien trop vides. Bière que tu viens t’emparer, tu cherches du regard un décapsuleur ou du moins un briquet … ❝ Ah ouais, merci. Objet que Zayn tend en ta direction, tu t’en empares à ton tour avec un sourire et vient ouvrir cette boisson qui n’attend qu’une chose : te rafraîchir. ❝ Comment tu vas ? 

J'avais rien contre Simeon en soi. Du peu qu'on se connaissait c'était un mec cool. Je me souvenais même avoir passé quelques bonnes soirées avec lui et les autres, et ce même lorsqu'ils étaient en couple avec Maze. Depuis, pas mal de choses avaient changées. Il l'avait trompée, ce qui avait clairement altéré mon jugement le concernant. Et puis il y avait ce truc qui avait changé entre elle et moi, que j'essayai d'ignorer sans y parvenir... et qui me rendait terriblement jaloux. Rien que de le voir là face à moi, je ne pouvais m'empêcher de penser au fait que c'était lui qui l'avait retrouvée quelques jours plus tôt. Qui l'avait embrassée, touchée... — De rien répondis-je. On partageait bien la même meuf, alors un décapsuleur... — Ca va répondis-je simplement, avant de prendre une nouvelle gorgée. Puis, sans vraiment retenir mes paroles j'ajoutai — Je me prends la tête pour une meuf.

La situation n’est pas étrange en soit, vous vous êtes vu à de multiples reprises, c’est l’un des meilleurs amis de deux de tes meilleurs-amis, c’est cool. C’est plus compliqué quand on sait que tu es l’ex de Maze qui elle aussi est sa meilleure-amie. Il doit être au courant de tout ce qui s’est passé avant votre rupture et tu ne dois pas être le mec le plus cool qui existe à ses yeux. Enfin, il fait l’effort d’être sympa et semble même te faire une confidence. Chapeau. ❝ Ah ouais ? Pourquoi tu te prends la tête comme ça ?

J'étais paumé. Tout se mélangeait dans ma tête, entre le manque de Maze, ce spring break où je faisais tout pour la sortir de ma tête... et maintenant Simeon qui était face à moi, ex petit ami qui l'avait mise plus bas que terre. Puis qui couchait à nouveau avec elle, maintenant, réveillant une espèce de jalousie à laquelle je ne m'étais pas attendu. Je lâchai ces mots sans vraiment me contrôler, ne sachant qui de l'alcool ou du bordel présent dans ma tête était le plus responsable pour justifier ça. Qu'est-ce qui me prenait putain ? C'était... beaucoup trop weird comme situation. Je soupirai, me pinçant l'arrête du nez en fermant les yeux. — Pour rien, j'sais même pas pourquoi j'te parle de ça... répondis-je, agacé de mon propre comportement. Je prenais une nouvelle gorgée, avant de tourner mon visage vers lui. — Il paraît que t'as revu Maze ? Revu, on s'entend hein. Pas besoin de faire un dessin.

Et finalement, il semble vouloir se raviser, revenir sur ce qu’il voulait dire ou non. Enfin, tu ne vas pas insister pour savoir, et lève même une épaule vers le ciel, te moquant bien de savoir ce qu’il avait en tête. Ce n’est pas comme si vous étiez réellement des amis, mais plus des connaissances via des amis communs. Tu le respectes, mais ça ne dépasse pas ce stade et peut-être que jamais ça n’ira au-delà de tout ça. Gorgée que tu bois, tu viens à souffler légèrement. ❝ Si tu dis ça, c’est que visiblement t’es déjà au courant de tout. Et quel est l’intérêt dans le fond, à par peut-être : ❝ Tu vas me faire la même leçon que Quincy ? La chanson tu la connais bien, et ça te saoules qu’on vienne te la sortir à chaque fois et ça même lorsque tu n’es pas au milieu des histoires.

Parler de ma relation avec Maze sans la nommer, auprès de Simeon, alors qu'elle couchait à nouveau avec lui ? Il se passait quoi dans ma tête pour partir vers ce terrain en fait ? Rapidement je me ravisais, retenant cette roue libre qui semblait prête à partir à tout moment. Avalis une bonne gorgée de bière pour retenir la jalousie qui me brûlait le bout des lèvres. Avant de finalement évoquer celle qui, sans le savoir, nous liait bien plus qu'on ne le pensait. J'acquiesçai à ses paroles dans une légère moue, me demandant maintenant si il fallait que je lui dise que je couchais aussi avec elle, ou si cela ferait tout simplement chelou. Je ne cherchais pas la guerre. J'étais juste agacé de la partager, et inquiet pour elle, aussi. Me rappelant que trop bien de son état il y a quelques semaines de ça encore. — Dans ce genre de cas en remettre une couche peut pas faire de mal j'ai envie de dire. Je ne savais même pas que Q lui avait fait la leçon mais à y réfléchir, j'aurais dû m'en douter. — Puisque t'acceptes de la côtoyer à nouveau en sachant ce que ça implique, tu feras en sorte de pas la blesser une seconde fois ajoutai-je un peu plus froidement.