annonce déroutante lâchée dans un message, presque deux ans de vie en colocation qui s'arrêtait du jour au lendemain. quelques jours déjà que vous étiez en dispute et pourtant tu n'avais pas été contente de lire ce message. ne sachant quoi répondre, espérant qu'il quitte le groupe pour que tu n'es pas à l'enlever. pensées qui t'avaient de nouveau traversées l'esprit le matin même alors que tu parcourais l'appartement. son coin du frigo débarrassé, les jouets de diesel ne décorant plus le sol du salon. des petits trucs cons dont tu t'es même parfois plain mais que t'avais tellement l'habitude de voir. le soir, une fois rentrée, cette sensation de vide était toujours là alors t'as fait ce que tu fais tout le temps pour t'éclipser mentalement. tu t'es plongé dans ton travail. les jambes croisés, tablettes posée entre ces dernières, les yeux rivés sur cet écran aux mille onglets de recherche. bulle éclatée par la porte d'entrée poussée dans un léger grincement, le son de clefs comme un carillon, tu tournes la tête pour voir lequel de tes colocataires venait de rentrer. seulement pour tomber nez à nez avec celui qui venait de vous quitter.  

t'as pas l'choix que de partir. avec le temps, t'as de plus en plus envie de tranquillité. puis t'es daron maintenant et diesel, il semblait clairement pas s'entendre avec le furet de cléo. aucune certitude hein, mais t'as quand même retrouvé deux ou trois fois des poils blancs entre ses dents. faudrait pas qu'il le croque un peu plus. t'veux pas de problème avec cléo toi. et puis, comme t'as dis dans la convo, t'as beau apprécier enzio, c'plus possible de dormir dans la même chambre que lui. tu doutes que l'odeur de fromage soit celle des pieds de jinx. quoi qu'on peut s'attendre à tout. non c'est plus possible tout ça. tu vas les regretter tes colocs. peut-être même que nila aussi. mais c'est pas c'que tu diras pour le moment. t'es chill, patient, mais pas trop eh. t'avais débarqué chez nico, qui t'avais proposé ya quelques temps de reprendre la chambre de zed, parce que lui aussi il prend petit à petit la poudre d'escampette. alors ouais, là bas, ce sera surement plus calme. et puis nico, elle sent bon des pieds. quoi que même si ça serait pas le cas, c'pas bien grave puisse que t'auras TA propre chambre. ayaaaa, ça ? c'est le st graal les gars. vous pouvez pas savoir. ya pleins d'avantages a avoir SA propre chambre. vous savez hein. ya pas d'dessins à faire. il reste quelques cartons à la coterie, alors t'as décidé d'aller les chercher. en espérant pas tomber sur la harp... ah bah... quand on parle du loup. aussitôt arrivé dans le centre communautaire que c'est sur elle qu'ton regard se pose. t'en fais rien. tu te contentes d'aller chercher c'qui te restes dans la chambre, puis un peu partout dans la cuisine. les croquettes de diesel, ta gourde de sport, et d'autres trucs à la con ― eh, j'crois que t'es assise sur mon coussin flash mcqueen. faut que j'le récupère. qu'tu dis en t'approchant de là où elle était assise. manquerait plus que tu leurs laisse. et au fond d'toi, tu grognes parce qu'en plus elle est entrain de l'abimer avec son coude.

bien sûr, avec la chance que t'as dans la vie, fallait qu'il tombe nez à nez sur toi. tu restes plongé le nez sur ta tablette. enfin, t'essayes le plus possible. mais ton regard curieux lève parfois ta tête pour suivre ses aller et venus dans l'appartement. collecte qui vient te trouver. réclamation d'un coussin sur lequel tu serais assise. tu soulèves légèrement ta jambre pour en extirper le pauvre flash mcqueen, asphyxié depuis au moins une bonne heure. coussin tendu, tu t'autorises une question, « c'était les dernières affaires que t'avais à récupérer ? », un déménagement efficace si c'était le cas, tu te demandes depuis combien de temps il l'avait en tête. « pour savoir si je peux déjà faire visiter la chambre. » que tu justifies. non, c'est pas juste toi qui est curieuse. c'est pour les visites, pour t'organiser. rien à voir avec lui.

elle n'y est pas pour rien si t'as décidé d'te barrer. t'aimes pas qu'on te prennes la tête et c'est exactement ce qu'elle fait depuis plusieurs semaines. depuis le départ de viggo, la grosse tête qu'elle a prit la go. vous imaginez même pas. hausses les sourcils en prenant ton coussin qu'elle te tends. tu l'inspectes en soupirant d'voir qu'il est limite déformé. secoues l'coussin fermement ― ouais, les dernières. t'auras plus à voir ma tronche après ça. non parce que vous vous connaissez quand même depuis quelques années hein. donc qu'elle fasse la meuf totalement détachée ça marche pas pour toi ― tiens, j'te rends la clé du hall aussi. la clé de la grande porte en taule d'la rue, qui menait à la coterie. tu la jettes à ses côtés, sur l'canap' tout en prenant une moue limite triste. toujours plus hunt'.

son soupir qui te fait rouler les yeux. « ça va, j'ai pas pété dessus non plus. » entre deux bruits sourds du coussin qu'il secoue. d'abord silencieuse à sa remarque. il t'avait saoulé, clairement, mais pas à en arriver là. tu prends sur toi, t'essayes. « ...merci. », le regard qui divague sur cette clé et ses quelques cartons près de l'entrée. « c'est toi qui peut plus voir la mienne. c'est pas ma faute si tu pars. » t'essayes de te rassurer. te rappeler que c'est lui qui avait pété les plombs pour un message. de quitter la conversation de groupe à quitter la coterie, un saut impulsif qui lui ressemble bien.