La soirée s'était éternisée au Band of Brothers, qui avait fermé ses portes sur les combats clandestins quelques temps, afin de ne pas trop m'en demander lors de la reprise de l'affaire d'Alexis. Une douche qui avait pris du temps, à mon plus grand plaisir, avant qu'on ne finisse par bouger tous les deux dans cet endroit, un pub irlandais assez chaleureux, avec un jukebox et des chansons qui pouvaient plaire à quiconque ici. Toi y compris. Le temps passé sur la piste de danse à bouger tes hanches contre moi m'avait bien émoustillé pour le coup. N'ayant d'yeux que pour toi, j'étais incapable de regarder les autres femmes présentes ici. Une pause le temps de te rafraichir dans les toilettes, je retournais à notre table pour boire la bière qui m'attendait. C'est là qu'une des femmes présentes ici avait décidé de jouer ses cartes. S'installant face à moi, je me retrouvais d'un coup un peu trop tendu, loin d'être serein. « vous devriez partir, mon amie va revenir et... » Et elle était pas très partageuse. Je crois, j'en sais trop rien. Autant Love is Blind lui avait fait pas plaisir, autant je me doutais que je n'étais pas le seul. Donc pourquoi me priverais-je ? Non, non, pas devant elle. Jamais de la vie. « vraiment, elle ne va pas tarder et vous devriez vous en aller » Mais elle n'en faisait rien, préférant rester face à moi, les yeux en coeur. C'est pas comme si je l'avais pas prévenue.

Des idées plein derrière la tête, tu avais proposé à ton brun préféré, de sortir une fois de plus de sa zone de confort. Cette fois rien qui puisse lui faire peur, le mettre à mal. Rien que du plaisir, une séduction de plus pour pimenter ce qui t’attise depuis un moment maintenant. Si t’avais su que votre relation évoluerait autant, tu te serais sortie de là rapidement. L'inoffensif devenu une véritable arme destructrice. Sous la musique endiablée, vous vous adonnez encore à un jeu de séduction, laissant vos corps se découvrir sous une autre forme. Tension de plus, tu prétextes le besoin d’aller aux toilettes pour souffler un peu, la frustration au bord de tes reins. Et c’est quelques minutes qui s’écoulent avant que tu retournes en salle et cherche du regard Kaiden toujours aussi à cette table … c’est qui elle ? Sourcils froncés, tu ravales ton sourire. De loin t'observe et viens te commander un verre d’alcool, du fort, c’est ce qu’il te faut pour garder les nerfs en place. Ok, il t’en faut un autre. Premier que tu bois d’une traite, tu t’empares de l’autre, la rage au creux de toi, “ne pas faire de scandal, ne pas faire de scandal, zen ! respire” Il n’y a que ça à faire, ne pas faire d’histoire. ❝ Je dérange ? Placée derrière Kai, faux sourire au visage, tu l'observes sous toutes les coutures, te demandant qui ça pouvait être, le désire ardent dans ses yeux. Ah … on ne peut pas dire qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle crie haut et fort : oui tu déranges. Sourcils qui se lèvent vers le ciel, tu n’es pas certaine de comprendre ce qui se passe. Soit il y a confusion sur la situation, soit elle n’a pas compris ton message. ❝ Et tu es ? Autant faire les présentations si on doit passer le restant de la soirée à trois. Verre que tu viens poser sur la table, tu viens tirer une chaises entre elle et le brun, t’y asseoir en regardant ce dernier avec de nombreuses questions.

J'étais pas à l'aise avec cette femme face à moi, clairement. Son attitude, son regard sur moi. Je me sentais comme une bête de foire qu'elle voulait emmener chez elle pour en user toute la nuit. Autant dire que c'était pas du tout ma tasse de thé. Au contraire. Le regard qui allait vers les toilettes à plusieurs reprises, attendant patiemment ton retour, l'angoisse montait peu à peu. Allez Reese, ne me laisse pas seul ici, s'il te plait, reviens... Des flashs revenaient et l'angoisse montait davantage. Le pied tape de plus en plus régulièrement sur le sol, tandis que la femme refuse de s'en aller. Mes yeux pointaient mes doigts, liés entre eux, pour ne pas faire la moindre bêtise. Prendre mon mal en patience, c'était dur. Mais quel fut le soulagement quand j'entendais enfin ta voix. « te voilà enfin.... » que je finissais par dire. Oui oui, soulagé, très clairement. Je préférais de loin ta compagnie que celle de cette femme, bien plus effrayante qu'on ne pourrait le croire. Mais tu ne la faisais pas partir, au contraire. Tu t'installais entre nous et... ouais, non, j'aimais pas vraiment ça. « no- » Pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle prenait la parole. « caroline, mais on m'appelle carrie. et toi beau brun ? » Mon regard se tournait vers le tien, te suppliant de me sauver de ce traquenard.

Tu ne comprends ce qui est en train de se passer. Tu n’es pas partie bien longtemps pourtant. T’as été rapide au contraire. C’est à croire que la jeune femme attend depuis un moment que la place se libère. Regard vers le brun tu comprends que l’incompréhension ne vient pas de ton côté de celle qui se présente comme étant Caroline, ah non pardon Carrie… La rage se transforme alors en un fou rire incontrôlable. C’est une scène assez comique, tu penses. Lui qui te supplie du regard de venir l'aider et elle qui ne lâche pas l’affaire ne remarquant absolument rien en dehors de sa beauté. ❝ Le beau brun n’est pas intéressé si tu ne remarques pas. Il est trop poli pour te le dire, tu le gènes plus qu’autre chose. Première partie de phrase dite avec légèreté, tu viens terminer tes paroles avec fermeté. Alors que tu te lèves, Carrie ne lâche toujours pas l’affaire et tente de prendre la main du brun pour capter de nouveau son attention. Elle ne te croit pas, dit qu'il pourrait lui dire lui même si c’était véritablement le cas et qu'il pouvait mieux trouver que toi comme amante du soir. ❝ Elle a de la merde plein les yeux c'est pas possible… dis tu doucement alors que tu récupères ton verre. ❝ Tu veux qu'on rentre ? Tu finis par l’ignorer, elle n’en vaut pas le coup.

Possible que ça faisait remonter quelques mauvais souvenirs, oui. De toute évidence, cette femme n'en avait que faire de ce que je pouvais dire, elle avait une idée en tête et ne semblait pas en démordre. Seulement, ça me mettait mal à l'aise et tu l'avais bien vu. Faut dire que tous les regards que je te lançais, comme un appel à l'aide, y étaient sûrement pour quelque chose. Tes mots étaient clairement bien dits mais elle... elle lâchait vraiment pas l'affaire. Je comprenais pas comment on pouvait être buté comme ça. Le pire, c'était quand sa main tentait d'attraper la mienne et je la retirais presque violemment. « je veux bien rentrer ouais » Le cœur s'affole un peu trop et je ne saurais pas expliquer l'état dans lequel je me trouvais. Mais de toute évidence, j'étais pas à l'aise, pas dans mon assiette et clairement traumatisé par des femmes de cet acabit. Je finissais mon verre d'une traite, mettant alors un billet pour payer nos deux consommations sous ce dernier, avant de lancer un regard noir à la “Carrie”, signe de son insistance qui n'avait valu que ma fuite de ce lieu. En quelques pas, je me retrouvais à l'extérieur du bar, et j'accostais quelqu'un pour une cigarette. Barre mortelle entre les lèvres, je l'allumais et je laissais la fumée s'emparer de mes poumons comme seul exutoire. Tu me rejoignais assez rapidement et j'esquissais un léger sourire. « désolé d'avoir... gâché la soirée »

Le regard rempli d’incompréhension, tu n’es pas certaine de comprendre son désarroi, mais tu le perçois très nettement. Tête qui se secoue de manière affirmative vous allez rentrer, tant pis pour la soirée muy caliente. Merci Carrie, c’était un véritable plaisir. Tu le regardais partir alors que tu viens rassembler tes affaires et lancer un pic la blonde qui visiblement n’a aucune bonne technique de drague. Elle les fait fuir plus rapidement que toi, et t’es forte pourtant. Sac sur une épaule, tu viens les recouvrir avec ta veste pour aller rejoindre le brun. Il a jamais filé aussi rapidement dehors. Il est où ? Ah , clope au bec, ça craint ça. ❝ T’en fais pas, t’y es pour rien. Carrie c’est vraiment un nom de sorcière, visiblement. Petite balle perdue, tu le fais sous l’humour. ❝ Qu’est-ce qui s’est passé ? Tu ne comprends pas tout, et tu te moques bien qu’une femme soit venue lui faire du gringue. Non, c’est faux, mais on va faire genre, car lui il s’en foutait. ❝ Je veux dire, pour que tu perdes tes moyens. T’as eu peur qu’elle nous proposes un plan à trois ? Petit clin d’oeil, tu tentes un brin d’humour. T’es drôle toi dis donc.

Je m'étais fait une joie de passer du temps avec toi, dehors comme ça. Un bar où on pouvait être nous, sans que personne ne nous juge, ne nous regarde. On était nous sans se soucier de rien du tout. Jusqu'à ce que tu t'éclipses et que l'ambiance de la soirée soit plombée par quelqu'un qui estimait avoir une chance avec moi. Je n'avais pourtant envoyé aucun signal dans ce sens, au contraire. Je n'avais d'yeux que pour toi et ça se confirmait d'avantage en cet instant. Mais le fait qu'elle ait insisté comme ça... les mauvais souvenirs sont remontés malgré moi et je m'étais éclipsé super rapidement. Sûrement que tu t'interrogeais de ton côté et possible que je pouvais t'expliquer les choses. Seulement, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure chose pour ce soir. La soirée était gâchée et j'avais pas envie que tu aies pitié de moi ou que tu me vois comme un homme fragile. C'était ce que j'étais, je le savais, mais j'aimais l'idée que tu me voies comme un puma, comme un prédateur qui n'a peur de rien ni de personne. Clope au bec, je haussais les épaules. « elle a fait remonter des souvenirs... me mettant dans une position que je déteste et... voilà » soufflais-je avant de tirer une nouvelle fois sur la cigarette. Le regard se perd sur mes pieds, jouant nerveusement avec contre le bitume. Sans te regarder, je finissais par dire « une femme a déjà... eu ce qu'elle voulait de moi. sans que je donne mon accord » admettais-je, refoulant les émotions qui se déchainaient en moi.

Définitivement, tu ne comprends pas ce qui se passe. Entre l’autre femme qui vient gâcher votre moment chaud et lui qui prend pas la fuite en un claquement de doigts, t’ignores si tu as loupé quelque chose. Retrouvé dehors alors qu’il est en train de passer ses nerfs sur cette clope à peine allumée, tu tentes à l’inverse l’humour pour apaiser cette ambiance qui t’échappe. Première explication, rien ne semble être plus clair pour toi. Tout est aussi sombre. Sourcils que tu fronces, tu essaies de faire des liens avec tes souvenirs. Tu ne comprends pas ce qu’il y a de désagréable dans le fait d’être désiré. Tu le désires tout le temps toi par exemple, mais t’es nettement plus canon qu’elle donc c’est facile. ❝ Ah … Ok, tout semble plus clair et la compassion s’empare immédiatement de toi. ❝ Je ne savais pas … je suis désolée Kai … Désolée pour ce qui s’est passé dans sa jeunesse et de ses souvenirs remontés qu’il aurait préféré taire à jamais. ❝ C’est fini, ok ? On va aller se chercher à manger en chemin et on rentrera. On n’est pas obligé d’en parler, si tu n’en as pas envie. Je suis prête à oublier même. Hop j’ai oublié, je ne sais pas quoi on parle, je me souviens juste que je te chauffais dur sur la piste de danse. Grand sourire, t’espères qu’il ne va pas être dans le mal trop longtemps et qu’il va remuer ça encore et encore.

Difficile de parler de choses de ce genre. Surtout quand c'était pas si vieux - ni tellement récent. Quelques années oui, mais c'était suffisant pour me faire revivre les sensations de cette soirée là. Désagréable feeling qui me prenait aux tripes. Alors j'suis sorti, m'étant alors extirpé de cet endroit, suffocation présente. Clope au bec, seul moyen immédiat de faire retomber la pression. Je suis pas un fumeur actif mais de temps en temps, j'en ressens le besoin. Comme maintenant. Expliquant alors à la jeune femme ce qui a pu se passer quelques années auparavant, son attitude devenait d'un coup plus empathique. « pas grand monde est au courant.. c'est principalement pour ça que j'évite les lieux de fête trop fréquentés » Mais de toute évidence, même les bars peu remplis pouvaient attirer les personnes problématiques comme la femme de tout à l'heure. On parle beaucoup de consentement, mais j'en vois pas tellement le mettre en pratique. Un sourire se tire aux mots de Reese, se voulant réconfortante à sa façon. Une raison de plus de l'apprécier davantage. « merci... » Je tirais une nouvelle fois sur la cigarette avant d'en stopper la combustion sur le mur à côté, jetant alors le mégot dans une poubelle pour revenir vers ma cavalière de la soirée. Bras qui glisse dans son dos, je venais lui voler un baiser. Plus de mots, juste des gestes, c'était suffisant pour panser mon coeur, mon corps et mon esprit de cet épisode désastreux. « rentrons » Main qui attrape la sienne, et j'avance dans les rues de Boston à la recherche du premier resto qui nous donnerait envie à tous les deux.