Stressée. Euphémisme pour décrire l'état nerveux actuel dans laquelle Gracie se trouvait. Observe frénétiquement les alentours, le lieu du rendez-vous, analyse avec attention chaque faciès qu'elle croisait, s'attendant à tout instant à ce qu'on l'accoste avec sa robe courte rouge et jaune, couleurs criardes en écho de son pseudonyme du Love is Blind. Mushu. Sur son sac à main détonait également un pins en l'honneur du mini dragon, pins discret mais assez coloré pour attirer l'oeil de toute personne attentive, toute personne cherchant vivement une aiguille dans une botte de foin, Charlie dans la foule - à son image. Devant le grand manège d'entrée du parc, elle patientait en s'impatientant - oui - et comptait les minutes, les secondes, une crainte naissante de se voir se faire planter à chaque seconde passante. Zen, no stress, il allait arriver, il devait arriver.

Décontracté, les mains dans les poches avec un peu l’excitation de l’inconnu et de se rencontrer après le temps passé dans les capsules. Faut dire que c’était plutôt bien passé le feeling et elle n’avait pas l’air de se prendre la tête. Tu n’en sait pas tant que ça sur elle finalement et tu ne te souviens plus très bien des infos que tu as données dans les capsules, tu t’es un peu inventé une vie pour troller le concept même s’il y avait de la part de vérité, généralement quand tu annonces que tu es taxidermiste les filles trouvent ça répugnant, certains mecs aussi. Un peu en retard à cause des problèmes de métro, tu arrives au rendez-vous cherchant ton date des yeux. t’as fait un effort sur ton look, petit jean, un t-shirt et ton manteau d’hiver. t’as pas pensé qu’un date à l’extérieur quand t’es proche des 0°C, ça peut vite donner envie de partir, si jamais ça se passe mal. Après avoir alpagué 3 ou 4 filles en cherchant ton date, tu te demandes si tu vas pas te faire arrêter par les flics pour harcèlement, tu te pointes devant une blonde qui semble être toute seule. « Est ce que c’est toi la mère de notre enfant Joshua ? » Tu t’attends à un énième recalage mais tes yeux se posent sur le dragon en pins, c’est peut être pas peine perdu finalement.

Ce serait mentir de prétendre qu'elle avait participé sans rien attendre. Princesse à l'esprit logique, cartésien, restait toujours une Princesse, un tantinet naïve et rêveuse dans le fond. Quand bien même sa raison lui dictait que le Prince charmant n'existait pas et encore moins tout droit sorti d'une expérience inédite, avec des créateurs sans aucun doute complexés ou bloqués par leur physique dans la quête du grand amour. C'était ridicule. Pour autant, elle se tenait à un lieu de rendez-vous, grâce à ce concept, le stress apparent sur ses doigts, tapotant nerveusement son sac à main. La conversation menée avec son date se rejoue dans ses pensées, le peu d'informations concrets sur chacun d'eux lui saute temporairement aux yeux et peut-être qu'elle s'apprêtait à rencontrer le prochain serial killer du Massachussetts - ce serait la cerise sur le gâteau suite aux événements de l'année dernière, tiens. Une pointe d'hésitation se dessine avant qu'une voix n'éteigne instantanément ces tergiversations. Il venait d'arriver, de l'accoster, et sans aucun doute, c'était bien le Sully qu'elle attendait. Tu vois, je te l'avais dit que tu finirais par accepter de gré ou de force Joshua. Sourire espiègle, toute appréhension retombée. Gracie se tourne pleinement, et fait face à un blond désinvolte, sans doute loin de tout ce stress qu'elle rencontrait trente secondes plus tôt. Pas mal. Alors ? Est-ce que la prise de risque valait le coup à première vue ? Sa prise de risque à lui mentionnée dans les capsules, d'avoir accepté un date sans plus ample d'informations.

Comme à ton habitude, tu te laisses porter sans rien prévoir, vivant plutôt au jour le jour, mais si on t’avait dit que tu aurais finalement un rendez-vous à la fin de l'évènement, tu ne l'aurais pas cru et pourtant te voilà à aborder plein de fille à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin. Yeux persant qui s’enccre sur le spectacle qui s’offre à toi dans la découverte de la jeune femme que tu peux enfin assimiler à la voix découverte dans les capsules. Voix qui se fait bien plus douce qu’avec le déformateur de qui se dans les haut- parleur. « Je présume que tu vas accoucher à l’hôpital. J’irais déclarer le nom pendant que tu seras séquestré là bas et adieu Joshua. » Loin de te laisser faire sur cette histoire de prénom, toi vivant impossible qu’il s'appelle Joshua. Sourire malicieux, finalement vous retrouver facilement le lien qui c’est créé dans la capsule. « La vue est pas mal je dois dire. J’aime bien. Moins égocentrique que le petit dragon rouge. » Pour te remettre dans le bain, tu t’es tapé le film pour savoir un peu qui est Mushu et la seule envie était de lui foutre un coup de pied tellement il t’a agacé. « Mieux que l’original, je dirais même. Et toi donc ? Quelle version de Sully préfères-tu ? » Langue que tu passes sur tes lèvres comme pour t’en délecter. Après quelques échanges primaires, tu finis par te tourner vers l’entrée du parc. « Tu sais déjà ce que tu veux faire pour m’impressionner ? »