Allongé sur le sol, l’humidité de l’herbe qui transperce ses tissus, il cherche encore à retrouver toute sa lucidité, à retrouver suffisamment de ses sens pour affirmer que oui, il est toujours vivant. Le soleil, au dessus de lui agresse ses rétines, l’herbe entre ses doigts chatouille sa peau, le vent qui souffle doucement provoque un chant dans la toile dont il ne comprend les murmures. Mais une chose est bien certaine : il est vivant. Il en doutait encore légèrement quand Florian s’était adressé à lui, convaincu d’être sur le point de mourir, s’il n’était pas déjà passé de l’autre côté de la barrière. La voix de Florian résonne d’ailleurs comme un écho lointain, comme s’ils étaient à des kilomètres de distance alors qu’ils se trouvaient à seulement quelques centimètres l’un de l’autre. Il passe quelques minutes inerte, étalé sur le sol. Il n’arrive toujours pas à réaliser ce qu’il vient de faire, ce qu’il vient d’accomplir. Il avait sauté en parachute. Il avait affronté sa peur, son appréhension pour sauter dans le vide et attérir plusieurs centaines de mètres plus bas.

Son rythme cardiaque à nouveau régulier et ralentit, il se redresse, se défait maladroitement de son équipement et commence à rassembler sa toile. Il roule le tissu sous ses bras, trahissant son manque de maîtrise dans ses gestes. Le tout enfin dans ses bras, il regarde tout autour de lui. Normalement, une camionnette devait les attendre dans les environs pour récupérer leur parachute et les échanger pour la suite du programme. « Flo ! » Il interpelle sa moitié, désigne le véhicule un peu plus loin pour l’inviter à s’orienter dans la même direction que lui. Premier sur les lieux, il rend volontiers tout son attirail de parachutiste pour l’échanger contre un panier de pique nique afin qu’une couverture dans lesquels s’envelopper une fois installer. Il attend Florian, sourit en le voyant arriver à son tour. Il le laisse rendre également ses affaires, l’embrasse tendrement en l’attirant vers lui. « Tu te rends compte de ce qu’on vient de faire. T’as vraiment le don de me convaincre de faire des folies. » Affirme t-il amusé. Florian évoquait souvent l’influence que pouvait avoir le brun sur lui, mais la réciproque était tout aussi vraie. Il n’y avait que lui pour pousser l’étudiant à se surpasser, à affronter ses appréhensions et ses craintes. Il n’y avait que lui pour le pousser à faire ce qu’il pensait ne jamais faire un jour.