Rose voulait absolument me voir. Déjà mentionner endroit neutre et malentendu dans une même conversation je trouvais pas ça rassurant. J'étais complètement dans le flou, dans l'ignorance. C'était vachement frustrant de pas avoir au moins un indice sur le pourquoi elle avait un truc à me dire. À priori elle ne semblait pas être au courant pour mon amour si fort envers les calmants, pas avec le ton employé dans les messages. Donc, j'crois pas que la discussion allait s'orienter vers ce sujet.. j'connaissais ma cousine suffisamment par coeur. Ça ferait longtemps qu'elle m'aurait tué autrement dit. Je me posais sur le banc dans le parc avec ma salade, guettant son arrivée.    

 je ne savais pas. je me les répète en boucle alors que je m'apprête à te rejoindre. me persuadant que ça ira. réfléchissant à tous ces scénarios où tu ne me tourneras pas le dos. quand tu sauras. pour lui. pour marcus. en temps normal, j'aurais fait demi-tour. j'aurais fui, laissant de côté mes responsabilités. lâchement. par pure flemme. mais il était question de toi bri. la dernière personne autorisée à souffrir. et encore moins par ma faute. — mange pas maintenant, j'pense que ce que je vais te dire va sûrement te couper l'appétit j'annonce brusquement, venant me poser à côté de toi. prenant un peu de distance. au cas où tu serais tentée de me frapper sous une impulsion incontrôlée.

imperfectly

imperfect

ça concernait qui? notre famille? elle allait m'annoncer une mauvaise nouvelle? j'étais incapable de pas penser au pire, j'étais pas programmée pour penser de façon rationnelle. j'imaginais toujours le pire, c'tait un truc handicapant et je détestais ça. — mange pas maintenant, j'pense que ce que je vais te dire va sûrement te couper l'appétit hm, c'était une mauvaise augure ça. je la sentais froide, distante et pas seulement dans son attitude. rose avait pris la peine de garder une distance de sécurité entre nous sur ce banc. j'essayais de déchiffrer son expression mais je fronçais les sourcils peu de temps après, laissant de côté ma salade. « maintenant que j'suis prévenue, tu peux y aller. » accouche.

 moment fatidique. t'attends cette fameuse réponse qui reste bloquée au fond de ma gorge. tu t'impatientes. tu t'inquiètes de ce que je vais t'annoncer. en soit, rien de très grave. mais ça risque de te bouleverser. de ne pas te laisser indemne. et c'est surtout ça qui m'effraie. j'peux encore me raviser. t'éviter cette vérité douloureuse que tu risques de ne pas apprécier. j'ai peur bri. que tu te mettes à me détester. j'suis pas fautive. personne ne l'est. le hasard a juste mal les choses. j'prends une inspiration, décidant enfin de planter mes rétines dans les tiennes. j'suis pas sereine, tu dois t'en douter. autant arracher le pansement maintenant. — j'ai couché avec marcus je te révèle, te laissant quelques secondes encaisser cette révélation. avant d'enchainer. pour ne pas qu'il y ait un quelconque malentendu. — j'ai appris hier que vous vous fréquentiez. tu te doutes bien que si j'avais su que t'en pinçais pour lui, j'aurais rien fait. j'ai rien fait de mal en soit mais je tenais à ce que tu le saches. j'suis pas du genre à te cacher quoi que ce soit après tout. t'es ma famiglia.

imperfectly

imperfect

c'est comme si on venait de me lancer un sceau rempli de glaçon en plein dans la tronche. j'étais pas sûre d'avoir bien compris, d'avoir bien assimilé cette bombe qu'elle venait de lâcher. it's a fucking joke? j'aurais pu mettre la faute sur un pétard que j'avais fumé, histoire de mettre ça sur la faute d'une hallucination auditive. j'ai couché avec marcus, cette phrase je la retournais dans tous les sens dans ma tête. ma vie c'est une joke, j'avais confirmation que la vie me voulait pas de bien bahaha. non mais le pire c'est qu'elle enchaînait, pour rattraper la bêtise de ce début de conversation. est-ce qu'ils se fréquentaient aussi? et pas sexuellement parlant, j'veux dire.. ils sont déjà allés en date ensemble? ouais non j'veux pas savoir, ark. « Ça s'est produit une fois ou plus? » soyez jamais comme moi, moi j'ai besoin de savoir. j'suis maso, j'aime souffrir -mouais-. je me renfermais instantanément comme une huître. j'avais l'impression que ma relation avec marcus était basée sur la malhonnêteté, ptêtre même la manipulation. « Y'a autre chose que je dois savoir? » disais-je froidement, j'suis désolée mais j'pouvais pas être tendre. j'étais blessée, greaaaat. cool cool cool d'avoir des émotions gad.  

 j'vois bien le changement dans ton regard. il passe de l'étonnement à l'incompréhension. en un quart de seconde. rapide mais perceptible. parce que c'était prévisible, au fond. pour finir sur une émotion bien familière. beaucoup trop familière. t'es en colère. j'le perçois. dans cette façon que t'as de me répondre. de me regarder. j'regrette pas de te l'avoir dit. ça aurait été cruel de ne pas l'avoir fait. — plusieurs fois. ma réponse ne te conviendra pas, j'en ai bien peur.  ce serait égoïste de ma part de te demander de prendre du recul. de ne pas me détester. vous n'étiez pas en couple. enlisés dans une relation. et j'avais surtout pas connaissance de votre lien. comment aurais-je pu le savoir ? tu ne te confies pas. — non, en soit, y'a rien de plus. que du sexe. il m'a jamais intéressé au delà de ça et c'est réciproque pour lui. il m'a parlé de toi et on a décrété immédiatement qu'on ne le ferait plus, évidemment. je ne savais pas pour vous deux. mais je tiens quand même à m'excuser, et je voulais que tu le saches. pas la peine de poser mes iris sur toi. j'sais déjà comment tu me perçois. la sensation est douloureuse, crois moi. bien plus que je ne l'aurais imaginé.

imperfectly

imperfect

j'étais pour l'honnêteté, quitte à ce que ça fasse mal et que ça blesse. et j'étais aussi pour le fait que parfois valait mieux ne rien dire, très paradoxal m'voyez. genre là, j'aurais cent fois aimé ne jamais le savoir ça. je repassais le tout dans ma tête, essayant malgré moi de défaire ce noeud pour comprendre les choses. j'avais créé un muret invisible entre elle et moi, elle tentait de le casser en utilisant le dialogue pour me rassurer -nah, pour dédramatiser la situation plutôt, ça me paraît plus juste. — plusieurs fois. merveilleuuuux, j'en suis ravie de cette précieuse info si pertinente. j'en avais mal au coeur, j'étais blessée. c'était quoi les fucking probabilités que MA COUSINE couche avec le mec que j'fréquentais, seriously. y'a genre des milliards de personnes sur cette terre, pourquoi elle en particulier? pourquoi lui en particulier? j'partais loin dans mes pensées, j'imaginais les pires scénarios. — non, en soit, y'a rien de plus. que du sexe. il m'a jamais intéressé au delà de ça et c'est réciproque pour lui. il m'a parlé de toi et on a décrété immédiatement qu'on ne le ferait plus, évidemment. je ne savais pas pour vous deux. mais je tiens quand même à m'excuser, et je voulais que tu le saches. j'suis censée être encore plus heureuse de savoir que c'était juste purement sexuel entre eux? et qu'ils le referont pu jamais? j'savais pas quoi en pensée, j'étais incapable de faire la part des choses. au moins, ils n'avaient pas été marié et ils n'avaient pas de gosses ensemble, faut bien qu'il y ait un truc positif dans ça moi je dis. « crois pas que j'vais te prendre dans mes bras parce que tu t'excuses, parce que tu te sens minable. tu m'dis ça pour soulager ta conscience mais je m'en fous, j'aurais préféré ne jamais l'apprendre, quitte à ce qu'il y ait un malaise entre vous sans m'y inclure. ça m'intéresse pas de savoir si c'était réciproque ou pas. comment c'était, à quel point vous avez pris votre pied pour remettre ça plusieurs fois. si ça tenait pas qu'à la relation qu'on a toi et moi, tu m'feras pas avaler qu'il n'y aurait pas eu de continuité entre vous. » c'est ça, détourne le regard rose.