perdue dans tes pensées, la tête complètement dans les nuages, peu regardante sur le monde qui t'entoure. peu attentive mais tu vois le bonhomme passer au vert, signe que tu peux traverser. un pieds sur le passage clouté et te voilà projeté à quelques mètres. choc peu violent, mais t'es étourdie quand même. tu te redresses, t'entends des voix autour de toi qui scandent des mademoiselle?! vous allez bien à répétition. un ça va merci, aussi froid que tu sais le faire et tu te redresses pour inspecter les dégâts. alors que tous les passants ont fini par te laisser à tes ordres, t'as la sensation d'une présence à proximité. tu te retournes pour inspecter les lieux. — tu veux ma photo ?! l'aimable personne que tu es fais une démonstration publique. le regard se pose sur le jeune homme et ton visage se fige.  — qu'est-ce que tu fais ici ? froideur du son de la voix, les yeux se plissent et se dessine un air encore moins avenant sur ton visage.

nouvelle monture, route enneigée et les saleuses ont apparemment oublié de passer dans cette rue. l'orange qui passe au rouge, tu freines comme t'as l'habitude de le faire oubliant que tes pneus, eux, ne sont pas habitués à la patinoire sur laquelle ils n'ont pas réussi à adhérer. vitesse entravée mais toujours existante, il a fallu que tu te retrouves à l'une des extrémités du passage piéton percutant la première personne à l'engager. merde., c'est le seul mot qui te vient à l'esprit. le temps de descendre de ta moto et enlever ton casque, quelques personnes inquiètes avaient déjà entourées ta victime. tu t'insères tant bien que mal entre ce monde qui finit par se disperser. les yeux, enfin posés sur celle que tu as accidentée, la reconnaissent immédiatement. dur d'oublier son reflet, parce qu'il y a quelques années, tu t'étais vu en elle. surprise dont tu es vite sorti par la brune qui, à raison, t'aboie dessus. son expression figée, sa question, une froideur à garder la route gelée et tu comprends que tu n'es pas le seul à avoir une bonne mémoire. « à part écraser les gens, rien de spécial... » que tu dis avec un sourire avenant mais certainement gêné essayant de rire de la situation. « je suis désolé, je t'ai pas fait mal ? » dis un peu plus sérieusement, pas qui s'avance pour vérifier qu'hazel n'avait rien de cassé.

quelques minutes d'inattention avaient suffit à te projeter quelques mètres plus loin. plus de peur que de mal, des dégâts superficiels que tu remarquais immédiatement en te redressant. tu retirais tes gants ce qui laissait apparaitre les plaies, le goudron ne t'avais pas épargné et tes mains n'étaient sûrement pas le seul endroit éraflé, mais si ce n'était que ça.. tu survivrais largement. le problème était loin d'être sur tes blessures lorsque ton regard croisa le sien. edan. rencontré il y a des années, au mauvais moment. soupir d'agacement réitéré à plusieurs reprises à ses mots, la vérité c'est que tu n'as aucune raison de lui en vouloir mais qu'il faut que tu manifestes ta douleur par de la colère comme toujours. — non, j'ai rien disais-tu en remettant tes gants pour qu'il ne voit pas le massacre sur ta peau. — depuis quand t'es à boston? t'aurais pu prévenir, non surtout pas. t'aurais juste préféré ne jamais le croiser, car le voir ravivait des souvenirs douloureux, enfoui à des kilomètres pour ne plus avoir a les affronter.

t'es la reine de la mauvaise foi. et par principe, tu préfères souffrir en silence que de t'avouer vaincu. fierté exacerbée, qui n'avait souvent pas lieu d'être. l'ultime méthode de défense contre le reste du monde. edan n'était pas la personne que tu pensais croiser un jour et surtout pas de cette manière. déjà, tu ne savais même pas qu'il avait le permis deux roues mais par dessus tout, tu ne le pensais plus dans la ville depuis des lustres. — eh bah.. que dire de ça? tu soupires longuement. — qu'est-ce qui t'as ramené? il y a forcément une raison et il a intérêt à te la donner, même si finalement, ça ne t'apporteras pas grand chose. mains cachées dans tes gants, ta peau égratignée te picote et tu te retrouve forcer de les retirer. — tu veux m'examiner ? dis-tu en tendant tes paumes vers lui. après tout, s'il veut voir les dégâts, ça t'es égal.