JANVIER 2020, CAMPUS D'HARVARD
Les traits sont tirés par le décalage horaire. Il aime sa famille et leur manoir fantasque, mais au fil des années aux États-Unis, Edwin est forcé de constater que les aller-retour en avion sont parfois usants. Cependant, pour rien au monde, il n'aurait voulu passer des vacances de fin d'année sur ces terres dont les traditions lui échappaient encore. Ce taux de fatigue qui l'avait saisi à son retour, il le mettait de côté en tâchant de faire bonne figure auprès de ses amis. Néanmoins, il ne s'attendait pas à ce que cela le rende fou. À une dizaine de mètres, un fantôme qui avait le don de lui serrer le cœur à sa simple vision. Enfuie du jour au lendemain, il en voulait à Gracie d'être partie sans rien dire. Secouant la tête, il tourna cette dernière vers son groupe d'amis pour essayer de suivre la conversation inintéressante dans laquelle ils s'étaient engagés. Un rapide coup d'œil sur la gauche et la belle est toujours là, yeux rivés sur une feuille. Ses billes azures se froncent quand il comprend que le problème ne vient pas de lui - et d'une certaine manière, il aurait préféré. Il s'excuse auprès des personnes qui l'entourent et part à grandes enjambées pour rejoindre la silhouette féminine. _ Gracie. Son ton est sec, ça a simplement pour but de confirmer son identité et non pas une quelconque folie. Quand elle redresse son visage, il saisit le poignet de l'intéressée pour l'emmener en direction du bâtiment le plus proche. Enfin seuls, il la pousse contre le mur et vient la bloquer en posant ses mains - ses poings - de part et d'autre de son visage, tout en maintenant une certaine distance. _ Qu'est-ce que tu fais là ? Sa question est stupide. Il le sait. Mais sa surprise est trop grande pour qu'il ait un contrôle parfait de ce qui sort de sa bouche.

@Gracie von Habsburg

JANVIER 2020, CAMPUS D'HARVARD
Les sourcils se froncent, traduisent la confusion face au cours de physiques, sur le thème de la relativité dont elle venait de, sans exagération, subir. La liste des cours à valider pour sa première année s'impose à elle, et parmi les nombreuses classes d'astronomie, la physique dénotait sans conteste dans son cursus rêvé, sans encombres. Ses notes étaient d'autant plus sans sens, ayant tenté - vainement - de produire une logique aux déblatérations du professeur. Ce n'était pas gagné. La feuille lui fit lâcher un long soupir, ce soupir las, paré à abandonner lorsque son dernier partiel d'astrophysiques stellaire lui saute aux yeux. A-. Un presque parfait, si ce n'est quelques erreurs d'inattention et une exigence digne d'Harvard prévisible dont elle n'attendait pas moins. Et ses pupilles se dilatent, accompagnent les trais de son visage qui se dérident, le fin sourire qui se dessine. Non, elle n'abandonnerait pas, elle était ici pour une raison, pour sa passion et uniquement sa passion et rendrait sa mère fière. Son père, c'était une autre histoire. Mais cette pensée l'apaise, grandement. Et elle s'empare de sa feuille de physiques, prête à en démordre lorsqu'une tornade débarque. Gracie. La voix, elle la reconnaît. La voix, elle la pétrifie. Mais se persuade que ça ne pouvait pas être lui. Douce Gracie s'apprête à lever la tête, la peur viscérale de faire face à cette voix mais la tornade ne lui laisse pas le temps, s'empoigne de son poignet, l'embarque, l'emprisonne. Entre ses poings, posés de part et d'autre de sa tête. Les informations refusaient de s'enregistrer en haut, avec le court laps de temps accordé pour qu'elle réalise. Son cœur bat la chamade, le pouls s'affole quand elle ose enfin relever le regard. Qu'est-ce que tu fais là ? Ouvre, referme la bouche, tétanisée. Je- Ne sais pas ? Si, elle sait, elle sait plus que bien, aligner deux mots, répondre à cette question si aisée, se justifier, s'offusquer, s'énerver, se libérer de son emprise. Elle sait. Très bien. Pourtant, elle ne fit rien de tout ça.  Mes cours..  Un chuchotement. Son cerveau décide de partir dans une direction autre. T'as pas embarqué mes cours avec moi. Ils sont restés là-bas. Comme si c'était la priorité à cet instant pourtant cette pensée la faisait paniquer. Ou peut-être que c'était lui, qui sait. J'ai besoin de mes cours. Calme, un peu trop calme. Contrairement à son cœur, plus bruyant que jamais dans sa cage thoracique. S'il te plaît..

@Edwin Lestrange

JANVIER 2020, CAMPUS D'HARVARD
Il reconnaitrait ce visage en mille, lui, le non physionomiste qui sort cette excuse à tour de bras pour apaiser les consciences. La bouille de Gracie s'était gravée dans sa mémoire et malgré les années, rien n'avait pu effacer son existence. La retrouver sur le campus, au milieu d'une foule d'étudiants, c'était irréel à première vue. Une hallucination plaisante qu'il contemple à en oublier son groupe d'amis et leurs projets de "soirée de l'année". Ses sourcils se froncent quand l'hallucination ne disparait plus, s'animant quelques mètres plus loin. Quand il prononce son prénom et que l'attention de la demoiselle échappe à ses cours, son cœur s'emballe aussi vite que son corps entre en action.
Quelques minutes plus tard, ils sont dans un bâtiment dépourvu de monde - ou peut-être que c'est faux, il ne voit plus qu'elle. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Seule question qui lui brûle les lèvres à cet instant. Son cœur se gonfle d'il-ne-sait-quoi quand il voit les mêmes perturbations sur le visage de la demoiselle. Puis elle s'échappe déjà. Edwin est incapable de cacher son désespoir quand il remarque qu'il n'est plus le centre de son monde et que cela n'a duré qu'une poignée de secondes. _ On s'en fiche de tes cours. Ils ne vont pas disparaitre comme ça. qu'il aboie d'un ton sec. S'il accepte de mettre de la distance entre eux, il bloque cependant le passage vers la sortie. _ Où étais-tu pendant tout ce temps ?