j'avais envie de la passer avec toi cette soirée. bien trop longtemps à mon goût qu'on n'a pas partagé un moment rien que tout les deux, loin du boulot et des collègues. là bas, tout est poli, tout est cordiale entre nous. personne en doit savoir que t'es proche de la nouvelle patronne, qu'il y a un lien, un passé et je l'espère un futur. j'ai conscience que tu n'es pas aussi explicite que je l'aimerais. j'aurais aimé que tu poses des mots sur ce que tu ressens pour moi mais je fais avec. parce que je sais que t'es tacite mais que ça ne veut pas dire que tu ne ressens rien. c'est plus que de l'amitié, c'est sur, ça se lit dans nos yeux. alors si ce soir j'avais pas envie de t'emmener banalement chez moi, je nous ai loué une chambre dans l'hôtel hanté de Boston. les yeux bandés, t'as pas pu voir la route et surtout notre destinations. une fois la voiture garée sur le parking, je retire le bandeau de tes yeux.  et voilàààà tu peux ouvrir les yeux.  ce soir on mêle retrouvaille et horreur. chouette mélange  

Avec toi, je dois jongler. M’adapter. Quand je crois qu’on trouve notre équilibre, tu souffles une nouvelle idée, tu redistribue les cartes. J’suis pas très bon quand il s’agit d’être adroit, rester dans mon rôle, oublier des habitudes et des familiarités. J’vais avoir le regard qui traîne, les lèvres trop rieuses, quiconque sait lire sur les traits, saura que j’ai déjà croisé ta peau et que j’la désire encore. La spontanéité ficelée devant ton nouveau statut, j’crois que j’t’évite un peu au boulot, sauf quand ils finissent tous par passer la porte de sortie. Quand je freine mes pas, que je rallonge les au revoir, pour qu’on se retrouve autour du bar. Tu as tellement évolué, qu’aujourd’hui c’est toi qui noue un ruban dans mes boucles. Les paupières fermées en bonus, je me laisse bercer par les mouvements de la voiture. “Tu te venges ?” Soulevé, un fin sourire amusé à la bouche. Notre premier rapprochement, le premier frisson, la première envie ; une foule à la place d’une bagnole. Toi à ma place. Je ne sais pas quelle position je préfère. Je sors, toi aussi, tu me révèles, et mes lèvres restent suspendues, entrouvertes ; un instant. Les sourcils se froncent légèrement, les orbes oscillant entre cet hôtel flippant et toi. “On est où là ?” Pour m’en rappeler, si je dois appeler les secours. J’réfléchis, j’m’inquiète. “J’ai fais un truc de mal ?” Qu’est-ce que je fous là ? C’est parce que je parle pas assez, hein ?

il y a plus d'un an maintenant, je t'ai offert ma virginité. et je n'ai pas regretté un seul jour d'avoir sauté le pas avec toi. tu étais la personne parfaite pour moi. douce, à l'écoute, généreuse et compréhensive. je savais que l'attirance était palpable entre nous mais je savais également que ce n'était pas que le plaisir de la chaire qui nous animait mais un sentiment bien plus profond. quelque chose qu'on tait, enfin que tu réussis plus que moi à garder pour toi, mais les regards et les sourires ne mentent jamais. des sentiments parfois léger et parfois douloureux, mes des sentiments, bien présent. et si c'est compliqué à concilier au boulot, je crois qu'on a besoin de se retrouver en dehors du travail, des collègues, de la hiérarchie. et pour un petit week-end en ... je ne sais pas quoi mettre comme étiquette, quoi de mieux qu'un hôtel, des aventures, du frisson et des rires ? enfin c'est comme ça que j'imaginais la situation dans ma tête. peut-être un peu que je lâche en souriant, rajustant le bandeau sur tes yeux pour être sur que tu ne puisses rien voir. c'est vrai que tout a commencé avec un bandeau, posé délicatement sur mes yeux, ne me laissant que mes autres sens pour te trouver. ce soir là j'ai ancré en moi les traits de ton visage, l'odeur de tes cheveux et le son de ta voix. presque tatoué sur le corps, j'ai très rapidement compris la place importante que tu prenais et tout ce qui en découlerait. les moments difficiles, le myocarde qui s'emballe, la douceur de tes lèvres qui parcourreraient mon corps encore et encore. de ces moments, j'en ai composé des musiques, faisant danser les notes de musiques comme tes pulpeuses sur le bas de mon dos. tant de souvenir que je ne suis pas prête à oublier, que je refuse de ne plus vivre. ce week-end est à nous. une fois arrivé devant la grande porte austère de l'hôtel, je retire ton bandeau, un immense sourire aux lèvres. on est à l'hôtel Lizzie Borden House, c'est un hôtel hanté c'est pas trop bi... silence. je me tourne vers toi, le regard triste, le sourire disparait. merde ça te plait pas du tout c'est ça ? emballée par l'idée d'être que tout les deux, j'en ai oublié que l'ambiance du lieu pouvait être un peu trop étrange. non t'as rien fait. je voulais juste un endroit un peu originale pour qu'on se retrouve. c'était nul désolé.. on repart t'en fait pas je rebrousse chemin en direction de la voiture.