La curiosité est un vilain défaut, c’est un fait indiscutable, le monde entier est d’accord à ce sujet. Et si la politesse voudrait que les détails indiscrets restent secrets, de mon point de vue, j’estime que c’est tout le contraire qui est vrai. Je ne saurais dire ce qui m’a poussé réellement à traîner mes escarpins jusqu’ici. Peut-être le fait que ce défaut me sied plutôt bien étant donné que je me complais dans un caractère vilain. Parce que de toutes les histoires, d’une méchante sorcière, les héros ont besoin. Mais il est possible aussi que loin que Sheng et Haiwee, c’est Dan que j’avais tout bonnement envie de croiser. Qu’importe la vérité, il n’en reste pas moins que je détaille les alentours de la bâtisse sans pour autant avoir sonné.

J’avoue ne pas comprendre comment une amérindienne boursière et fauchée peut se permettre de vivre dans un tel quartier. Si pour les voyages je me doute que Sheng partage son porte-monnaie, j’ai un peu de mal à concevoir qu’il puisse aussi lui payer son loyer. Je n’accuse la brune de rien, cela dit j’ai presque envie de croire qu’il s’y cache un truc de malsain. Et toute à mes réflexions sur celle qui va dans quelques mois enfanter – garce qui a su trouver le moyen de se faire une place – je me décide a appuyer sur la sonnette dans l’espoir de voir mon binôme débarquer. De toutes les façons en semaine, elle n’est pas censée être là, l’indigène. Chose qu’il fait, une ou deux minutes après. Dans un temps premier, j’accueille son arrivée en lui offrant un sourire carnassier, lui décrochant un simple « Salut, » pour contrer la surprise qui s’est emparée de ses traits, m’armant de patience pour lui laisser le loisir de réaliser qu’il n’est pas en train d’halluciner alors que sur le bout de ma langue se trouve la volonté de lui persifler un Tu ne me fais pas entrer.

I am not a muse
I am the somebody
End of fucking story.