frein à main grince devant l’immeuble. les ongles arrêtent le massacre nerveux. chauffeur pressé d’ouvrir la portière, presque à plat ventre. l’argent dominateur du monde et des autres. de ceux, qui n’ont pas la chance d’être né dans la coupe des dieux. signe de tête en guise de remerciement. rien de plus, rien de mieux. poupée glacée pour ne pas se fêler. à l’intérieur, traverse les couloirs la boule au ventre. le noeud à la gorge rend la respiration douloureuse. devant la porte, l’assurance faiblit un peu. reprends de sa force quand je tape contre le bois. coups secs. découvre la silhouette, celle qui laisse l’accès à tes murs dans un silence d’ivoire. les yeux habitués au décor, pour l’avoir trop vu. trop souvent. à remplir les trous qu’on laisse vide. à occuper le temps. - je reste pas longtemps. on se détestera dans les minutes qui suivent. tu me chasseras comme j’aurais pu le faire à ta place. alter ego. à dégager les pions gênants. arracher les problèmes à la racine sans réelle moralité.  manteau glisse des épaules avant de le retirer entièrement. rien. pas une émotion pour trahir le visage, pas l’ombre d’une mimique qui soulèverait la faiblesse. rien. pour que jamais tu ne me mettes à terre.

@Isla El Saher - Le masque de glace ne tombe que rarement, si ce n’est voire jamais, ce soir n’en serait pas l’exception. Les échanges défilent, les offenses fusent, sans se confondre dans les clichés du bas peuple sans finesse. La finesse, elle l’connaissait, l’apprivoisait, s’en appropriait. La finesse prend son blase, s’habille en poupée de glace aux orbes sinistrement déterminés qu’ils pouvaient en être ton reflet. Elle était ton reflet, le plus sombre et pour cette unique raison, ce masque persistait en sa présence. Délibérée ou inopinée, demandée ou imposée. L’impétueux ne fait aucune différence, l’accueille quel qu’il en soit de cette expression coutumière, assez suffisant pour invoquer son aversion mais assez fougueux pour la faire disparaître aussitôt. La danse classique, néfaste, dont elle improvise une nouvelle chorégraphie ce soir. Deux coups à ta porte. Trois enjambées et elle pénètre le repère, embaume la pièce de son aura familier. Assez longtemps pour t’en délaisser visiblement. Lance ce regard en biais vers le manteau dressé dans le vestibule, loin de ses épaules. Impassible dans ta reproche. Je n’apprécie sincèrement pas les surprises. Sous-entendu on ne peut plus explicite, l’invitant - exigeant - sans préface à appuyer sur la gâchette, à amorcer les hostilités. Porte fermée, sourcil arqué, le face à face prenait place.

comble l’espace. appartement sans vie, à ton image. celle qui te colle à la peau, de ce visage ferme, délesté d’émotions surfaites. juste un regard désintéressé et excitant à la fois. à vouloir gratter la couche pour en connaître les secrets d’un poison cruel. le charme mystique qui donne envie d’y retourner. de goûter encore. de voir si t’es vraiment mort ou encore un peu vivant. qui tu es, quand tu ne mens plus. quand le contrôle te glisse entre les doigts. entraînée dans ce jeu où les égos se confrontent, que la passion alimente, une fois emmêlée de tes draps froids. ignore le sarcasme quand le poids des conséquences penche dans la balance. plaisirs se transforment en faute vivante dans les entrailles. quelques pas sur le côté, effleure ta silhouette. - tu te souviens de ce soir là, à cette réception dans un hôtel ? les yeux s’absentent, fixent le vide dans un de tes tableaux. sans importance. - où on a pas arrêter de se chercher, de s’attirer de loin.. de jouer comme on sait le faire.. les images reprennent vie, l’impression d’y être encore. de retrouver cette chambre qu’on a souillé trop de fois. la saveur de tes lèvres quand elles ont ce goût d’impatience. d’envie. penchée à ton oreille, les cils remontent le long de ta nuque tendue. - tu étais vraiment beau ce soir là.. pointe de regret force le silence. doigts se resserrent autour de la pochette, manifeste l’angoisse sous le récit impassible. tire sur la languette du sac, main plonge à l’intérieur pour trouver la boîte cartonnée. te tends le test encore enfermé. sectionner l’attente d’un coup brutal. - tiens. nonchalante quand le coeur bat trop vite pourtant. - tu veux que je mette un genou à terre ? ironie grince sous les dents serrées. achève moi. j’attends que ça. que tu nous abîmes comme tu sais si bien le faire. talent pour la destruction, je sais que tu me feras mal. que je trouverais rien de confortant dans tes mots. rien à quoi me suspendre pour éviter le vide. tu m’aideras à oublier de tes paroles acerbes, à ne pas hésiter. à ne pas m’attacher à ce bout de nous.