12 janvier 2024

Une nuit aux urgences. Un homme passé à tabac dans un brancard. Le visage tuméfié, le corps en mauvais, difficile de le reconnaitre. Un nom. V. JENKINS. A peine conscient.

@Hugo Llandry

(tw) la nuit est calme. je tape la discute avec un homme un peu trop bourré pour tenir debout. on m’appelle rapidement. un nouveau patient à gérer. à s’occuper. le sens de l’urgence se fait sentir. je me précipite jusqu’au brancard. « oh la vache ! viktor ? » les doigts frais tapotent ton visage. « viktor, tu m’entends ? »

Le visage gonflé. Semblant déguster, il a du mal à ouvrir les yeux. Pourtant un œil à la pupille noir croise le sien. Se cambre légèrement, lâche un gémissement douloureux. Il a essaye de prononcer quelque chose mais a du mal à articuler. Hugo... Sa main essaye de chercher le contact. Un doigt de la main droite qui semble un tordu dans un angle improbable, brisé.

(tw) j’en reviens pas. qu’est ce qui t’es arrivé ? tu es salement amoché. « oui c’est moi » mon dieu, je n’ose imaginer le pire. je scanne ton corps et y a du dégât. je prends ta main, celle valide. « serre ma main pour me dire oui, ok ? où as-tu mal ? là ? » je pose mon autre main sur ton bras. j’attends que tu serres ma main lorsque je passe en revue ton corps pour savoir où tu as mal.

Ses cheveux longs et ses tatouages. Signes distinctifs reconnaissables plus que son visage actuellement. Checkant l'ensemble de son corps. Les côtes semblent cassées, un miracle que le poumon ne soit pas perforé. Les autres endroits sont le visage, la main droite et la jambe gauche au niveau du genoux. Il ne parle plus, trop douloureux mais reste conscient. Une fois qu'il a fait le tour, il ne lui lâche pas la main. Soutenant son regard en secouant la tête... Essayant de lui faire comprendre un message.

j’essaie de savoir où tu as mal. là où sont les blessures. je suis obligé de scanner ton corps. tu me donnes les points de douleur. ils sont notés dans un coin de ma tête. « ça va aller mon vieux… j’vais m’occuper de toi. le médecin arrive, on va certainement devoir passer une ou deux radios mais j’vais t’aider ok ? » j’essaie de te rassurer comme je le peux. je suis là. je ne lâche pas ta main.

Il a l'habitude de la douleur. Il l'a côtoyé pendant de longues années. Il sent que sa main ne va pas bien et sa première pensée va vers la musique. Des larmes coulent de ses yeux, sa langue passe sur ses lèvres. Il a du sang séché autour du nez et de la bouche. Il souffle mais la douleur lui secoue les côtes et il grimace. Son regard se repose vers Hugo et il acquiesce, attendant la suite.

rapidement, le médecin arrive vers moi. je lui fais le topo des endroits où tu as mal. et ensemble, on se dirige vers la première salle d'examen. j« je te laisse avec les radiologues, elles vont te faire passer une batterie de radio et j'peux pas rester. j'suis obligé d'attendre dehors. je serais là quand tu sortiras ok ? » et au bout d'une bonne heure, je reviens te rejoindre à la sortie. je suppose qu'on t'a donné de quoi calmer la douleur. je te lance un sourire. « comment tu te sens, mon vieux ? » je ne sais même pas si t'es capable de parler ou non. j'ai pu suivre, de loin, les résultats des radios.

Il l'écoute avec attention. Il sait qu'il n'a pas le choix alors son chef acquiesce faiblement et se laisse faire. Il disparait et le verdict tombe à son retour. Six côtes brisées. Ce n'est pas qu'un doigt mais toute la main droite qui est en miette. Trauma crânien. Nez cassé. Cheveux arrachés par endroit, coupé à d'autres. Finalement le genoux n'a rien de plus qu'une contusion. Le bilan n'est pas joyeux. Sous morphine, il semble mieux gérer la douleur. Toujours conscient, il croise à nouveau le regard d'Hugo. Et une voix semblable à un murmure s'échappe de ses lèvres. Lui dis rien...

je reviens te voir de longues minutes après, peut-être même quelques heures. et la seule chose que tu trouves à me dire, c’est de ne rien lui dire. je rigole en me rapprochant de toi pour que tu puisses bien me voir. «elle te fait autant flipper que ça ma copine ?  » je rigole pour te taquiner un peu, je ne sais même pas si tu captes ce que je te racontes. « il s’est passé quoi ? »