ce stage a été la meilleure expérience de toute ma vie. exit le stage dans la banque de papa, le piston a du bon certes mais celui-ci c'était le meilleur de tous les temps. j'ai longtemps idolâtré Martin, j'ai suivi son travail depuis le pensionnat en suisse. je voulais être comme lui. alors toucher du bout des doigts mon rêve, imaginer une carrière à la hauteur de ce mec, c'était juste incroyable. en général, c'est ici que s'arrête le conte de fée. on rencontre celui que l'on met sur un piédestal et c'est la chute. sauf si notre adoration se porte sur un connard, un génie de la manipulation, prêt à flirter avec les limites de l'acceptable pour avoir ce qu'il désire. je l'ai vu agir pendant un mois et demi, signer des contrats à 10 millions de dollars après avoir passé la soirée à interroger une stripteaseuse uniquement pour avoir des infos sur un gros poisson. je l'ai vu mentir sans vergogne, manipuler avec classe, retourner des situations tellement intelligemment et sans prévenir que j'en ai presque bandé d'excitation. je me suis sentie à ma place avec lui et son équipe. je me suis sentie libre d'être qui je suis réellement. j'en ai même un peu abandonné Giulia, mais ça en valait la peine. deux semaines de prolongations, une poignée de main suivit d'un "la porte du cabinet t'est grande ouverte, à tout moment fiston" qui ont su faire naitre encore plus d'ambition et de détermination en moi. de retour à Boston, après une semaine à Londres, je passe justement récupérer quelques affaires laissées. au moment où je me gare devant le building, je reçois justement une petite vidéo de mon ex boss, en train de s'amuser dans un club de strip tease avec une jolie brune. "viens diner à la maison la semaine prochaine Val, ça me ferait plaisir de te voir et je pourrais te présenter ma femme" sa fameuse femme, cocue tellement de fois qu'elle doit avoir des cornes sur la tête. je réponds que ce serait avec plaisir et je m'engouffre dans l'ascenseur. une fois en haut, je retire mes écouteurs et c'est là qu'un verre passe à quelques centimètres de mon visage avant de se fracasser contre le mur, le bruit de verre brisé qui résonne. des feuilles volent de partout, les dossiers jonchent le sol, c'est un carnage. eh mais ça va pas ? que je lâche sèchement en te fixant avant de foncer droit sur toi, t'arrachant des mains un classeur que tu t'apprêtais surement à ruiner j'peux savoir qui vous êtes ? une ex conquête en colère ? une cliente frustrée ? une pute ?

non mais je rêve ? c'est quoi cette folle ? ils dorment à la sécurité pour t'avoir laissé entrer comme ça ? je te regarde les yeux ronds, l'impression de vivre un moment totalement lunaire. d'où je me fait embrouiller par une vieille ?  pardon ? ah non, avec ces petites fossettes, ce sourire incroyable et ce corps d'apollon, je fais pas le ménage par contre toi tu devrais avoir honte de foutre un bordel monstre. je regarde l'étendu des dégâts, les dossiers éparpillés au sol que je vais devoir ranger quand t'auras débarrassé le plancher et j'ai déjà envie de mourir. moi qui pensais que ce soir ça allait être détente et chill, je vais devoir rester à quatre pattes pour nettoyer ta merde. tu fais le tour, t'approche du bureau, me bouscule au passage et continue tes exploits. je fonce à nouveau sur toi, attrape ton poignet pour le bloquer entre mes doigts.  je m'en fous de qui vous êtes, mais vous n'avez rien à faire ici.   je referme les tiroirs avec brutalité, comme si c'était dans mes affaires que tu étais en train de fouiller.  ah et au passage, une femme de votre âge ne devrait pas s'habiller comme ça c'est indécent madame.

wow cherchez aussi qui est la plus mature de cette pièce, elle est pas devant moi en tout cas je sais pas si je suis consterné, blasé ou excité par ta manière désagréable de me traiter. je crois que j'aime trop quand on me résiste, quand on me parle mal et qu'on me challenge. et du challenge y en a, quand je vois ton regard s'assombrir et que tu dégages ta main de mon étreinte. au delà de tout saccager on dirait que tu cherches quelque chose. mes yeux s'arrêtent un instant sur les papiers que tu froisses sous tes doigts. t'es qui ? une cliente ? tu bosses pour un cabinet adverse ? les puceaux comme moi  que je lâche dans un rire sincère. si tu savais la rouquine. passe la nuit avec un puceau comme moi et tu seras surement moins frigide  ça sort tout seul. et terminé le vouvoiement. tu me respectes pas ? moi non plus. je ferme à nouveau brusquement les tiroirs avant de me glisser entre toi et le bureau. allez c'est bon j'ai assez joué là. je bosse ici, toi non. j'sais pas ce que tu cherches et j'en ai rien à foutre mais t'es pas censée laissé trainer tes mains partout ici  je fais rempart entre ce qu'il reste de l'intimité de Martin et de toi.

non, on ne fait que commencer ? que je demande, un petit rictus en coin. jouer. j'aime bien ça. je suis plutôt bon à ça d'ailleurs. bien trop parfois je crois. mon corps entre toi et le bureau t'empêche d'ouvrir à nouveau les tiroirs pour fouiller et mélanger les feuilles. j'avais pas prévu de passer la soirée à faire le chien de garde. qui que tu sois, tu fais chier. super, pas besoin de m'occuper de l'ancienne du coup petite impulsion de la main pour fermer le dernier tiroirs entre ouvert qui pourrait te donner envie de mettre tes mains dedans. exactement, Cerbère c'est moi. je fais la vanne avant comme ça on va plus vite ouais tu sais le toutou à son boss qui protège les lieux tout ça tout ça. ton sadisme va même encore plus fois que je ne l'imaginais, quand tu te penches pour renverser la pile de document sur la table, comme une enfant à qui on dirait de ne pas toucher à quelque chose et qui ne peux s'empêcher de le faire tout en prenant ton regard en otage de sa bêtise. ce mot que tu prononces presque dans un murmure, ton regard qui oscille entre provocation et défi. je me mords la lèvre, m'empêchant de sourire comme le petit con que je suis. dans tes rêves que je prononce à la même tonalité, sans sourciller, sans reculer.

la tension est tellement palpable qu'on pourrait presque la toucher. je ne sais toujours pas si je suis amusé ou agacé, surement un peu des deux. on se parle mal, on se clash, de l'autre côté de la baie vitrée, on pourrait penser qu'on se connait, qu'on joue au chat et à la souris. moi non plus, ça fait déjà trop longtemps que je suis là trop longtemps passé déjà entre ces murs pour une soirée que je pourrais passer tranquille, plutôt que d'être enfermé ici avec toi. t'attrape un nouveau verre remplit d'alcool, faut croire que chaque meuble en possède un. Martin est un fervent adepte des whisky extrêmement cher mais délicieux. sauf que toi t'as l'air de boire ça comme si t'en avais besoin, comme si t'étais en détresse et qu'il te fallait se moteur pour continuer à chercher ce que tu t'acharnes à trouver ici. quand je regarde autour de moi, j'ai l'impression que les dossiers de client, t'en as rien à faire, ça t'intéresse pas, tu les a dégagé par rage. mais ses tiroirs personnels, tu les veux. ah ouais y a un proverbe comme ça : c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleurs soupes eh je suis calé en culture G non ? j'ai pas le temps de me lancer des fleurs que tu dis un truc qui retiens mon attention : on est bien en enfer. t'es en colère ? est-ce que c'est de la rage que j'ai l'impression de voir danser dans tes iris ? tu ne peux pas être en colère comme ça contre quelqu'un que tu ne connais pas. volontairement ou non, tu viens renverser le contenu de ton verre sur ma chemise... à 2500$ ... je me contiens. je me contente juste d'attraper la manche ample de ta jolie robe pour venir essuyer mon torse. tu fais des conneries, tu assumes. pourquoi t'es là en colère à fouiller les affaires de Martin ? t'es pas juste une inconnue qui se venge. t'es entrée ici avec toutes les caméras et les vigiles sans encombre. t'es pas une ancienne collaboratrice parce que tu ne serais pas arrivée jusqu'ici. t'as l'air de connaitre le bureau par coeur et en même temps tu cherches quelque chose. pourquoi t'es là ? aux oubliettes le vouvoiement, on est plus à ça près.