plusieurs mois que tu erres entre le mur de l’hopital. les premières fois, tu faisais les cent pas, à te tordre les doigts, t’imaginer mille et une possibilités et surtout les pires. puis tu t'y es un peu habituée, c’était comme avoir 10 ans et aller faire la garde chez ce parent émotionnellement absent. on y est, on s’y sent ni bien ni mal, on supporte l’endroit, on s’occupe comme on peut. on pouvait souvent te voir assise sur une chaise à l’accueil, un banc dans la cafétéria avec ton carnet et ton ordi. t’écrivais, t’étudiais mais une chose était sûre, tu ne pensais pas. lorsque ton regard s’éloignait de tes affaires, il lui arrivait de croiser celui de capucine. une ancienne connaissance de la pforzheimer. vous n’aviez jamais été proche, au contraire, tu ne l’avais jamais vraiment sentie. sans réelles raisons, parfois ça s’explique juste pas. mais sa présence équivalente ou même, peut-être, plus fréquente à la tienne dans cet endroit morbide créer chez toi une certaine empathie pour ton ancienne confrère. empathie jointe à une certaine curiosité, sûrement mal placée. et  alors que tu aperçois de nouveau la brune, cette fois, à l'accueil près de l'entrée. ces deux sentiments te poussent à aller à son encontre. « capucine ? » apostrophe lancée un peu maladroitement, et c’est là postée devant elle que tu te dis que peut-être que c’était une mauvaise idée.