le silence. l’absence. les heures qui tournent et les pensées qui s’arrêtent. toujours le même scénario qui se joue dans ma tête. te savoir entre d’autres cuisses ce soir. comme à chaque fois, comme toutes les fois où t’as envie de faire marche arrière. de m’assassiner dans le myocarde capricieux. traverse les rues encore trop peuplées de boston, les virages qui grincent sous les pneus à moitié morts. conduite nerveuse, celle qui me ramène jusqu’en bas de chez toi. monte les escaliers trop vite. devant la porte, l’hésitation dans le poing en suspend. est-ce que j’ai envie de te voir comme ça ? est-ce que j’suis prête à mettre des visages sur tes nymphes. de voir quelles courbes remplacent les miennes quand t’as besoin de tirer un trait sur les sentiments. cogne contre le bois. porte qui tremble dans les coups secs. froids. - ouvre, putain ! secondes s’éternisent sur le palier. font gonfler le palpitant déjà saignant. cliquetis dans le courant d’air, ondulations valsent avant que mes yeux se lèvent. lèvres s’ouvrent et s’arrêtent dans leur élan. - roméo.. découvre le visage rafistolés. mal. vulgaires pansements couvrent les plaies. azurs qui se fissurent, battent les cils pour réaliser encore. te regarder encore. - t’as fait quoi bordel ?.. il s’est passé quoi ?! entre sans permission. referme la porte, les doigts qui se posent sous ton menton. - tout ça.. et tu m’as rien dit. déception au fond de la voix. celle qui se noue en noeud dans la gorge. douloureuse.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Le pied décontracté, posé avec nonchalance sur le rebord de la table basse, Roméo tire nerveusement sur son joint de cannabis, les doigts agités pressant la tige. La fumée s'échappe rapidement, emporte avec elle la douleur sournoisement insinuée dans son corps, endort le myocarde piqué par les regrets quand il se souvient que tout ce qui l’éloigne d’elle ce soir, ce sont les blessures qu’il veut garder silencieuses parce que comme un animal blessé, il préfère s’isoler plutôt que de laisser celle qu’il n’a que trop fait saigner, panser ses plaies. L'intrusion sonore résonne comme un réveil brutal, se redresse dans un bond, la main qui se passe machinalement derrière son dos, sous son t-shirt, doigts effleure la crosse de son flingue. Il balance le reste du cylindre vert dans le cendrier et se dirige vers la porte d’entrée. Baisse la garde quand il entend la voix de Lena. La panique le happe, l’espace d’un instant, il aurait espéré partir en fumée pour ne pas avoir à lui faire face. L’insistance de la brune l’oblige à ouvrir dans un soupir bruyant. Pas le temps d’en placer une, qu’elle s’invite, découvre le carnage gravé sur son visage. Doigts de la brune se placent sous son menton, le regard de Roméo s'écarte avec insolence : ﹙ Parce qu’on en est là, Lena ? Serre les dents. Cherche à la faire fuir pour l’épargner. Phalanges qui entourent fermement le poignet de la brune pour la repousser mais il n’en a pas la force, pas aujourd’hui. Au lieu de ça, il la tire contre lui, laisse sa poitrine s’écraser contre son torse. Les bras emprisonnent sa taille et son visage se réfugie dans le creux de son cou : ﹙ … Pardon. Étreinte se resserre plus fort, les doigts qui agrippent au tissu de son haut : ﹙Reste.

appartement en sourdine. mutisme des murs, imprégnés de l’odeur ambré du joint que tu viens d’assassiner. myocarde mitraille la poitrine, chaire qui palpe trop brusquement quand les azurs dessinent rapidement chacune de tes plaies. de tes crevasses pourpres. le violacé qui enlace le vermeille comme une toile inachevée. bâclée. torturée pour finalement l’abandonner. les orbes retracent encore comme pour chercher la certitude que j’ai pas envie de réaliser. l’œil se détourne quelques secondes, analyse l’autour pour s’assurer encore qu’il n’y avait rien d’autre. aucune autre. sauf moi. là, à me craqueler devant les blessures et le silence que t’as dissimulé. fronce les sourcils à la question. même mécanisme, celui que je déteste. que t’as juré de pas refaire. me repousser, m’éloigner, t’éloigner. user de la facilité pour protéger ce qu’il reste de nous. sentiments qui restent agrippés, serres s’enfoncent toujours autant dans le palpitant. - on en est là depuis toujours. même avec le temps, même avec l’absence, même en le niant de toutes nos forces.. on est là où on a voulu oublié d’être. là où on a seulement envie d’être. unique place. poitrine percute ton torse, souffle qui ricoche dans ton abdomen sous le choc de nos corps qui se nouent. encore. l’un à l’autre, comme une évidence. main qui remonte sur ta nuque, grimpe jusqu’à la naissance de ta crinière pour s’y perdre. la seconde sur ton flanc, presse la peau nue sous les doigts. qu’est ce que c’est bon quand t’es là. contre moi. à respirer mes cheveux comme si ton air dépendait que de nous. le pardon qui noue ta gorge. que tu demandes pour ce soir et pour tout le reste. ferme les yeux, les doigts qui griffent plus intensément ta nuque. - shht.. ça va, bébé. visage qui se décolle à peine, ma joue qui glisse le long de la tienne pour retrouver le face à face. en appuie contre ton front. - j’vais nulle part.. les yeux à demis clos, lèvres qui se posent sur les tiennes. doucement. pour épargner les entailles qui tâchent encore ta pulpeuse. - t’as mal ?.. le pouce qui remonte à ta pommette endolorie. caresse à peine la surface.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;