première semaine de stage d'achevée. il m'en reste une. j'avais peur de partir et quitter mes proches mais au final, ça me fait un bien fou. me retrouver isolé, loin de tous, me permet de prendre du recul sur tout. sur tous. ne plus les voir. ne plus les croiser dans la rue ou à l'université. c'est ce qu'il me fallait. ne plus céder à l'envie d'aller rejoindre telle ou telle personne. éviter d'aggraver mon cas. ici je me consacre à mon art et à moi même. je pense à ma gueule pour une fois. je fais ce que j'ai envie et pas ce qu'on attend de moi. et je sais que tu vas me rejoindre pour le week-end. tu me l'as promis et je suis si heureux que tu ai tenu cette promesse. t'es la seule personne que j'ai envie, besoin, de voir. la seule que je tolère. après ma journée à la galerie, je me suis précipité vers le lieu de notre rendez-vous. là où tu m'as dit de te rejoindre. évidemment je suis en avance parce que je ne connais pas cette ville alors j'ai prévu large, juste au cas où je me perds. je t'attends, la cigarette électronique à la bouche. le bonnet sur la tête. j'aime particulièrement l'ambiance qui se dégage de cette ville. j'apprends tout doucement à la connaitre. mes yeux scrutent tout autour de moi jusqu'à ce que mon regard croise le tien. mon sourire s'élargit jusqu'aux oreilles. « LYSSANDRE ! » oups, j'ai peut-être gueulé un peu fort. peu importe, je n'attends pas une seconde de plus avant de m'approcher de toi. étendre mes bras et les enrouler autour de toi. « j'suis trop content d'te voir » et je te serre fort contre moi. une étreinte qui fait du bien. une étreinte qui rassure le pauvre paumé que je suis en ce moment.

Il ne s’est pas écoulé tant de temps depuis la dernière fois qu’il a posé le pied à New-York, mais pour la première fois depuis longtemps, il éprouvait ce besoin d’y être, de fuir Boston, de souffler de son quotidien et de toutes les émotions négatives qu’il accumule depuis un certain temps. Il a besoin de se reconnecter avec ses racines, celles dont il a été contraint de s’éloigner il y a dix ans de cela, mais celles qui le rappellent sans cesse, comme si sa véritable place était ici. D’une certaine façon, il aime Boston, mais il sait qu’il aimera toujours bien plus NYC. Le rituel de sa venue inchangé depuis des années, il fait plusieurs arrêts en ville avant de se rendre chez son pote, qui l’hébergera le temps du week-end en plus d’Arlan. Quelques heures à discuter, à rattraper les derniers mois pendant lesquels ils ne sont pas vus. Il a l’impression que cela fait une éternité Lyssandre, mais c’est parce que toute la ville lui manque. Terriblement. Les minutes et les heures défilent, il récupère quelques essentiels Lyssandre et s’aventure à nouveau dans les rues de la ville, à la fois familières et nouvelles. Il est loin d’avoir arpenté toute la ville, connaît certains quartiers mieux que d’autres, mais il ne se sent que si rarement perdu ici. D’autant plus que ce soir, il sait exactement où il doit aller pour rejoindre son ami. A l’approche des lieux, il repousse sa capuche en arrière qui le protège du froid et ne tarde pas à se faire interpeller bruyamment. Il craque un sourire sur ses lèvres, hausse légèrement les épaules face à ce manque évident de discrétion. Les bras ouverts, il ne les referme qu’une fois Arlan contre lui. ” Ouais, je vois ça ! “ Et ça le surprend un peu d’ailleurs. Il se laisse le temps de profiter de cette étreinte chaleureuse avant de se reculer, son sourire toujours apparent. ” Ça a l’air de bien aller pour toi. T’as déjà survécu à la moitié de ton stage !” Il le taquine, mais il sait combien le peintre avait pu appréhender ce séjour.  

comme d’habitude, je manque sûrement un peu de discrétion. c’est plus fort que moi. je n’arrive pas à faire les choses à moitié. mes réactions sont toujours bourrés d’émotions. j’en déborde. et je n’ai toujours pas trouvé le moyen de les canaliser. aussi étonnant que ça puisse paraître, je me sens bien ici à new york. j’ai beaucoup stressé à l’idée de venir vivre ici pour deux semaines. mais au final, je me rends compte que c’est pile ce dont j’avais besoin. pour une fois je pense à moi et rien qu’à moi. je prends un moment égoïste avec mon art. une pause de deux courtes semaines pour me recentrer sur moi même et sur mes besoins. et finalement je me rends compte que je suis bien tout seul. la recherche du couple a tout prix m’a valut mon amitié avec venus. depuis mon départ, je me suis juré de ne pas reproduire les mêmes erreurs. d’être un peu plus au clair avec moi même et les autres. cette pause est beaucoup plus bénéfique que je ne l’aurais cru. j’y allais à reculons mais finalement je passe mes plus beaux moments. je cours dans tes bras et te serre très fort contre moi. « pourquoi ça a l’air de t’surprendre autant ? t’es pas content d’me voir, toi ? » parce que moi je le suis. réellement. t’as respecté ta promesse et je suis hyper heureux de ça. voir une tête connue me fait le plus grand bien. surtout la tienne. t’es d’un sacré soutien depuis cet été. j’ai découvert une amitié qui semble solide et franchement, de nos jours, c’est hyper précieux. « je rayonne ici lyssandre, t’imagine même pas tout ce que je fais à la galerie. j’ai vu quelques artistes. j’suis comme un gosse moi ici. t’avais raison, ce stage est une vraie opportunité pour moi » et je compte profiter de chaque seconde. chaque opportunité. « et toi alors, comment tu vas ? t’as fait bon voyage ? » on se met en route. j’ai le smile accroché sur les lèvres. je n’arrive pas à le faire disparaître. et en même temps, j’en ai pas envie.

Il a beau avoir vécu dans des villes différents, s'être épanoui ailleurs, New-York reste son chez lui. Son point d'ancrage dans le monde, l'endroit où tout le ramène. Et bien qu'il construise actuellement sa vie à Boston, il sait qu'un jour, la vie le ramènera à la grosse pomme. Sans savoir pourquoi et comment, mais il le sent. Alors, chaque séjour qu'il y passe, c'est l'occasion d'envisager l'avenir, de penser à là où il se verrait, demain, s'il avait la possibilité de s'y installer de nouveau. Mais à New-York, il n'y a pas que l'avenir qui se dessine. Le passé est également présent, au travers des souvenirs qu'il a accumulé pendant quinze ans. Des souvenirs aussi joyeux que tristes, et qui pourtant, représente l'équilibre dont il a besoin dans sa vie. Il sait que sans certains évènements tragiques, sa vie n'aurait jamais prit le chemin qui a été le sien, que certaines rencontres n'auraient pas été faites, que certains sentiments n'auraient pas vu le jour. Il en voudra éternellement à l'univers pour certaines épreuves qu'il a traversée, mais il se console, en se disant que ces épreuves étaient là pour une raison. Peut-être pour lui permettre de faire une bonne action, comme il l'a fait, en aidant son ami à venir faire ce qui semble être le stage de ses rêves. Car il voit, combien Arlan rayonne aujourd'hui, et ça, ça lui réchauffe le coeur.  

Il ne refuse donc pas cette étreinte qui se présente, apprécie chaque seconde au contact de son ami.  « Bien sur que si je suis content de te voir. J’ai pas fait autant de kilomètres pour faire la gueule à tes côtés. » Parce qu’il a ce caractère solaire qui s’exprime toujours un peu plus au contact de ceux qu’il aime.  » Ca tombe bien, parce que t’as tout le week-end pour me raconter. » Il avait d’ailleurs hâte d’entendre Arlan lui raconter ses  aventures depuis son arrivée dans la grosse pomme, parce qu’il mesurait l’opportunité que cela représentait de travailler pour une galerie prestigieuse quand on est artiste. « Et depuis le temps, tu devrais savoir que j’ai toujours raison ! » Visage paré de son plus beau sourire, il adresse un clin d’oeil au brun, heureux de le voir si épanoui. « Je suis content de m’éloigner de Boston quelques jours. Mais vient, on va discuter de tout cela à l’intérieur. »  Sans trop réfléchir, c’est la main de son ami qu’il attrape  pour l’entrainer avec lui à l’intérieur.

il fallait que je te prenne dans mes bras. que je te serre fortement. c'est plus fort que moi. je ne peux pas m'en empêcher. j'ai beau passer le plus merveilleux des stages, je manque cruellement de repères ici et ça me joue des jours. ici la vie va à 100 à l'heure. pas le temps pour les états d'âme, les caprices ou les sentiments. alors forcément, quand je me retrouve tout seul dans ma chambre, c'est l'hécatombe. tout retombe. la pression, le stress, les doutes. je vis un véritable ascenseur émotionnel. je ne contrôle rien et mon hypersensibilité en prend un coup ici. j'ai bien du mal à rester maître de tout ce qui m'arrive. donc forcément, quand je vois une tête connue, j'en profite. « t'as pas intérêt wayne » surtout que si tu fais la gueule, je vais le prendre de plein fouet et ça va me mettre dans un putain de mauvais mood. déjà que je suis très instable, un rien peut me faire vriller et dérailler. je rigole à ta remarque. « t'es pas prêt j'crois, j'vais te bassiner tout le week-end sur ce que j'ai fait cette semaine. tu vas en avoir marre et tu vas repartir avec un mal de crâne, t'es prévenu. » gamin un peu euphorique qui cache un énorme problème d'hyperémotivité. il faut se méfier de mes rires, de mes sourires, ils ne sont pas toujours significatifs d'un grand bien être. au contraire même. « mhhhhh pas toujours mais là t'avais raison, j'te l'accorde. tu avais raison » et j'insiste bien sur les derniers mots. les prononçant un par un avec intensité. te charriant au passage. tu choppes ma main et on entre à l'intérieur. je te suis sans broncher parce que je ne connais pas trop les lieux. « t'as autant besoin que ça de t'éloigner de boston ? t'inquiète, ton pote arlan va s'occuper de toi comme il se doit » j'hausse un sourcil assez provocateur. siffle les mots. beaucoup trop de sous entendu dans tout ça.

Il rit doucement à la fausse menace d’Arlan. Il pourrait bouder pour de faux, ou prétendre qu’il est simplement heureux de revenir passer quelques jours à New-York, mais il ne peut mentir et prendre le risque de lire la déception sur le visage de son ami. En réalité, il est heureux pour lui, même s’il lui manque un peu à Boston, de le voir si enthousiaste et épanoui grâce à ce stage. Il mesure Lyssandre, l’importance d’une telle expérience quand on est un artiste, et il sait combien cela pourrait compter dans la carrière de son ami. ” Sinon quoi Geddes ? “ Pourtant, il ne peut s’empêcher de le provoquer avec un immense sourire, sachant pertinemment qu’aucune des menaces que pourrait évoquer l’artiste ne seraient véritablement applicables. ” Peut-être pas. Après tout, j’ai pas l’obligation de t’écouter si ? “ Là encore, il le taquine, parce qu’il sait parfaitement qu’il l’écouterait jusqu’au bout de la nuit s’il le fallait. Ils avaient une passion commune, et Arlan allait lui partager une expérience richissime dans le domaine. Comment l’ignorer ? Surtout quand il capte son attention, soulignant qu’il avait raison sur l’opportunité que représentait ce stage. ”Enfin quelqu’un pour reconnaître mon génie. Merci ! “ Vantard et prétentieux le temps d’une minute, il prend son air le plus princier Lyssandre, avant de redevenir lui-même. Pour preuve, il attrape la main d’Arlan et l'entraîne avec lui à l’intérieur du bar. A l’intérieur, une ambiance un peu rétro, rappelant les plus heures du blues qui se joue encore sur scène. Installé à une table, il reprend le fil de leur conversation, tendant une carte à Arlan. ” J’crois que j’ai pris un coup avec ce qu’il s’est passé à Halloween… “ Même s’il n’était pas sur les lieux, l’inquiétude avait frappé. ” C’est pas la première fois que ce genre de chose arrive à Boston ces derniers mois, et… Ouais, je sais pas, Boston ça m’a foutu dans l’angoisse totale. Mais j’pense qu’il y aussi une petite part de caprice puéril, de me dire que j’étais mieux ailleurs, alors que mes responsabilités n'étaient pas du tout les mêmes. “ Il est étonnement sérieux pour une fois, relevant à peine les sous-entendu de son ami. ” Mais c’est moi qui suis venu m’occuper de toi ! “