royaume en feu. brûle l’imaginaire idyllique. vendu pendant des années. gobé quand on a pas l’choix. à devoir écouter les règles, suivre les ordres, hocher la tête pour n’pas faire de bavures. tout pour le paraître. pour ne pas éclabousser le nom. l’amour du statut. lena, t’es qu’une bonne à rien. lena, tu t’habilles comme une catin. lena, arrête de pleurer. putain de patronyme ! aimerais me l’arracher, dépecer le corps pour ne plus lui ressembler. ne plus lui appartenir. trop dur à avaler, réaliser qu’on a baigné dans le mensonge. à nourrir des espoirs d’un meilleur impossible. paternel aux mains ensanglantées, aux ombres funestes. incapable d’imaginer. tire la table basse au milieu de la pièce. pochons éparpillés sur le bois, un peu sur la moquette. prépare la dose. mortelle. léthal. le cerveau qui veut se fendre en deux. oublier toute une vie. trace les premières lignes. les azurs déterminés à s’bousiller. à éclater les vaisseaux jusqu’au trou noir. perles explosent entre les tas de poudre. aspire. renifle. trop vite, les doigts qui tremblent. poitrine qui vibre à en briser les ossements. assise par terre, le billet roulé coincé entre les phalanges. pitoyable. les joues réceptionnent la chaleur des océans. le revers de son pull efface les traces. ou presque. recommence. même refrain. celui de la carte qui tapote contre la table, laisse tomber les résidus des lignes. aspire. plus fort. les cils humides.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Silencieux sont les murs. Entre leur carcasse, l’ombre s’avance. Traverse les couloirs pour sortir. Quitter le silence pour retrouver la nocturne Boston. Agitation. Se fait entendre. L'ovale attiré par une lumière, il en suit la trace pour la trouver elle. Gamine camée. Paradis blanc au bord des narines. S'enfonce dans la défonce. Noie ce qui la dépasse dans la cocaïne, parce qu'elle se déteste Lena. Et il ne la connait que trop bien, cette fracture qui déchire. Reste à vif en permanence. Revient à lui, les nouvelles dont elle l'a tenu au courant. Imagine sa silhouette hagarde perdu dans un monde trop crade, mais qui la rassure. Pulsant martyr. Tambourine de lent coups. Poignants. Il n'est pas insensible l'ombre. Sa déchéance, il en partage un bout. Culpabilité vive. Omniprésente. Stagne le garçon, dans une toxicité sans fin. Poison l'un pour l'autre. Imagine leurs âmes danser sur ce champ de ruine. Le même dont ils ont déjà parlé. A présent, il peut discerner de la poussière à quelques endroits. Jusqu'à la table basse, il s'avance. Fait tomber les clés. Dispersent les traces de poudre. Pupilles dilatées. Les vaisseaux pétés. Abîme son ses billes bleues. Entraperçoit l’éclat. Dévoile le non dit. Celui dont il devine la présence sans savoir sa signification. « T’en a eu assez. »

monte le son. vacarme dans la chambre. rendent les murs tremblants. haut le coeur à chaque pulsations. agenouillée devant le bordel, admire la matière. fascination perverse. à chercher refuge dans les limbes. l’unique enfer, c’est le mien. fuite perpétuelle pour ne plus le sentir brûler. n’importe où. n’importe qui. avec le premier batard qui m’balafrera le myocarde. ou celui qui se souviendra même plus que j’existe. azurs étoilés. impatientes d’accuser la prochaine dose, maculées d’histoires salines, le sommeil ne se pointera pas ce soir. la lune fait trop mal au crâne ce soir. autant que les images qui se bousculent dans ma tête. va t’faire foutre roméo. ce sera plus facile d’te détester toi. remontée de rage, impulsive, fend la poitrine. plonge sur la table basse, fait disparaître une autre trace. les yeux qui se ferment, penche la tête en arrière. attends la sentence. ou la délivrance. est-ce que ça aura disparu ? est-ce qu’elle sera suffisante celle-là ? non. tout, toujours trop bruyant. les dents qui grincent, claquent dans le tic nerveux. excitation dans les phalanges qui sursautent. vole la poussière. explose dans un nuage que tu provoques. bruit sourd, la tête encore penchée se relève lentement. toujours c’foutu toi. haine qui martèle le palpitant. les bleutées trop sombres. - barres toi. index qui ramasse les restes éparpillés. à mes lèvres, serpentine s’enroule à la pulpe pour le faire disparaître. déteste moi.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

Doigts trempé dans la poudre. Porté à ses lippes pour s’en abreuver. Se tisse en lui, la profonde inversion qu’il ressent pour les drogues dures. L’impuissance face à l’addiction qui détruit. La haine face à elle. Sa colère a elle. Submergé par sa vague. En mouvement, la carcasse se laisse tomber sur le lit. Entre en contact avec les draps défaits. Odeur parfumée, imbibe le coton. « J’attends d’voir s’tu vas faire une over’» Regard rivé au plafond. Rebondis sur un echo lointain.

sors du cauchemar. retombe dans un autre. le crâne qui hurle à la mort. le poison dans les veines, cherche à intoxiquer toutes les cellules pour qu’elles cessent de fonctionner. de tourner. rebondir sur les aveux qui écorchent. grince le matelas sur lequel tu retombes. à vouloir laisser ton parfum traîner encore sur les draps. ceux qui s’en souviennent plus à force. les mots qui piquent, touchent où ça fait mal. rappel d’un ancien souvenir. de ses secrets qu’on se murmure quand on est con. à vouloir tout dévoiler pour laisser l’occasion de se les prendre en pleine gueule. - j’appellerais l’samu avant. sarcasme sans coeur. dos à toi, laisse la carte cogner nerveusement sur la table. - j’ai pas b’soin d’toi. entre le battement d’une voix qui grésille de l’enceinte.

Let me be there

I can be, there 'til you're whole. you weren't touched by a man in so long
'Cause the last time, it was way too strong. ;;

L’ironie froide coule de ses lèvres. Glisse sur l’ombre sans impacte. Tambourine sur le bois, la carte. Agace sa boîte crânienne. « Dégage-moi. » Il pourrait en rire. Utiliser la moquerie contre elle, mais à la place, il garde un ton neutre. Détaché. Sur le lit, il se redresse contre les coussins. Tire un joint qu’il fait rouler entre ses doigts. Il le sait. Sa présence n’est pas tout à fait justifiable. Sûrement qu’il ferait mieux de partir. De laisser la brune se déchirer. Tomber dans les limbes poudrés.