Les émeraudes lasses, fixent le plafond. Bras croisé derrière la nuque, il patiente. Attend le gamin qui ne vient pas. Là dans les draps vaporeux, son odorat s’enivre de l’odeur sucré. Témoin de la maitresse du lit. Elle qui – si elle débarque – n’hésitera pas à se faire entendre. Détestent l’idée même de sa présence ici. Sourire moqueur. Cargo camouflage. T-shirt blanc. Souligne l’encre qui peint ses bras. Grincement. Fouette l’air la porte. Dans l’entrebâillement, la vice-présidente fait son apparition. Les orbes qui s’obscurcissent déjà à sa vue. « Et j’crois qu’tu devrais changer tes draps d’temps en temps. » Rictus narquois, il maintient sa position nonchalante. « Ça commence à sentir. »

Longue tirade. Elle fait sourire le brun en interne. Mime la fausse lassitude, alors qu’il ne bouge toujours pas de son lit. « T’es doué pour parler Brin’ » Baille insolemment, avant de reprendre. « Dommage qu’ce soit pour dire d’la merde. » Les chaussures qui flirtent avec l’édredon de son lit. Le genre de superficialité qu’aime rajouté les meufs pour donner de l’allure à leur pieu. Il s’est toujours demandé pourquoi elles se prenaient cette peine. Pour qu’on est encore plus envie de les baiser dedans ? Ou est-ce que c’est juste un besoin de se sentir confortable ? Lui, il déteste ça. Tout comme rester enfermé l’insupporte. Solitude écœurante. Préfère remplir sa vie quotidienne. La remplir jusqu’à en faire une overdose. Juste pour ne pas penser. Pour ne pas se retrouver avec lui-même.

Du lit, il se redresse. S’assoit au bord. Sur ses genoux, ses coudes prennent appuie. Sur elle, il appose un regard. « J’te rend malheureuse Brinley ? » Rictus inexistant. Il affiche l’air faussement sérieux. « Ça se discute. » Patiemment, il observe la brune s’affairer. Chercher quelque chose qu’elle ne semble pas trouver. A moins, qu’elle s’occupe. Espérant peut-être qu’il se casse. Elle qui ne supporte pas sa présence. Balance des reproches, alors qu’elle ne connait rien. De lui ou de ce qui compose réellement sa vie. Jugement facile. Goût âpre sur sa langue. « C’est quoi ton problème avec moi. Le vrai problème. »

« Et je cherche pas à l’être. » L’ironie teintée de sérieux. « Quelle chance pour moi. » Elevé dans l’air, le prénom de son ex. Craché comme une affirmation. Sans savoir réellement ce qui se passait entre eux. Amer sensation que d’être jugé sans fondement. Il pourrait même y voir une forme de sexisme. A ce que ce soit toujours l’homme l’élément pourri. Pas une seule fois capable de se dire que ce n’était pas lui le problème, mais eux deux. Tout simplement. Elle l’était Lena. Aussi toxique que lui. Peu importe ce que pensait les gens, lui le savait. Et c’est tout ce qui importait. Il pouvait bien les autoriser à parler. A se féliciter de détenir une vérité faussée. Du lit, il s’échappe. Déplie sa carcasse dans la pièce. « Et toi si tu t’respecterais, tu l’ouvrirais pas pour dire d’la merde. » Orbes sur sa personne. Détaille la brune. Campée sur ses pieds. Ancrée dans le sol par son impertinence. « Tu condamne une personne en ayant qu’une seule version. » Se donne l’effort, avant de tirer sa référence. Même si tout ça, l’emmerde particulièrement. « Qu’ce soit toi ou tous les autres qui s’permettent de parler. Vous pensez savoir quelque chose d’ma relation avec Lena, mais vous savez rien. » Lassitude mêlé d’amertume. Camouflées derrière ses orbes. « Tu connais pas non plus la Lena que moi j’connais. Et quand bien même. J’ai mes torts. Elle aussi. Tu me traite de toxique ? Et si pour une fois, tu pensais intelligemment et tu t’disais que c’était pas moi le problème, mais elle et moi ? » Et malgré ça, il le souhaitait à n’importe qui. De connaître ce sentiment. Celui qui l’avait maintenu près d’elle pendant un an et demi. « Les gens n’ont pas besoin d’être individuellement pourri quand la relation l’est déjà pour les deux. » Mouvement. Le dos tourné, il s’approche de la porte qu’il ouvre. Entoure la poignée de sa main. « Oublie pas d’changer tes draps. J’voudrais pas qu’ma toxicité t’contamine. » Porte ouverte, il coule un salut militaire dans sa direction, avant de sortir.