en couple jusqu'à demain matin. première fois de ma vie que je suis en couple et c'est sur un deal. ça m'a gavé au début, j'avoue que je l'ai un peu mal pris. et puis au final j'ai réfléchis et je me suis dis pourquoi pas ? après tout, qu'est ce que j'ai à perdre ? rien. dans le pire des scénarios possibles, je passe un merveilleux week-end avec toi. le problème c'est moi. j'attends tellement ce jour où je me mettrais en couple avec quelqu'un, que j'ai peur de la chute demain matin. je ne le montre pas mais sensible comme je le suis, je sens que ça va être compliqué de rebondir. tu m'as demandé de jouer le jeu. d'être dans l'immersion et de ne surtout pas me poser de question. c'est ce que j'essaie de faire mais c'est pas évident. je me prête au jeu et l'expérience me plait beaucoup. énormément. hier soir, tu m'as donné un aperçu de ce que je pourrais avoir avec toi. de la vie que je pourrais mener dans tes bras. et j'ai aimé plus que de raison. je ne me l'avoue pas encore. peur de trop m'attacher à cette illusion. à toi. j'ai du mal à me dire que tout ceci est réel. la date de fin me remet les pieds sur terre. je peux jouer le jeu mais je ne dois surtout pas le faire aveuglément. je me connais, ça va être la catastrophe après. je t'ai demandé un peu de temps pour préparer notre petit cours de peinture. on fait ça dans le salon. j'ai bougé ton canapé et une partie de tes meubles pour qu'on ait de la place. j'ai installé une grande bâche par terre pour ne pas mettre de la peinture sur ton sol. et j'ai installé un chevalet ainsi qu'une toile blanche. tu m'as regardé faire. je me redresse vers toi avec un large sourire sur les lèvres. « allez pose moi ce verre de vin et viens » je te taquine en te faisant passer pour une saoulotte alors que mon verre à moi est déjà fini depuis un moment. main tendue vers toi, j'attends que tu me rejoignes sur la bâche transparente. « prête pour ton premier cours ? » que je te demande, amusé par la situation.

C'était une manière de l'aider. Avec les femmes, Arlan a toujours eu cette difficulté. Je suis certaine que c'est lié à sa soeur. Même si je n'ai rien pour le prouver. J'en suis étonnée qu'il ait accepté, et qu'au contraire de ce que j'ai pu pensé aux premiers abords, qu'il soit heureux de vivre cette "expérience" avec moi. J'ai conscience que ça ne m'aide pas à m'éloigner de lui, de le sortir de ma tête. Mais je me disais que c'était peut-être une façon de profiter de l'instant au moins une fois avant qu'il ne tombe vraiment pour une personne qui le rendra heureux. Parce qu'il est beau à être heureux comme ça. Les soirées ensemble, sans parler de cette journée de samedi qui a été merveilleuse. Entre le SPA, les balades, le restaurant, cette tension entre nous. Je me sens presque fébrile de me retrouver à dimanche soir. C'est bientôt la fin de ce deal. Je l'avais que pour moi et c'est une satisfaction, une sensation, bon sang... elle est addictive. ce n'est pas pour autant que j'en ai trop faibli. Sur le quai, hier soir, je me suis rappelée de cette discussion que nous devions avoir. Il ne se rappelle pas ce que j'ai pu lui dire. Sûrement encore trop obnubilé par ce mec qu'il a en tête. ça me convient car je n'en vois pas l'intérêt de lui en parler alors que c'est un sens unique. son crush d'adolescence n'a pas de sens et de force. je ne suis qu'un fantasme assouvi. Toutes ses pensées se mélangent dans ma tête, alors que je sirote mon verre de vin en le regardant tout installer. Il est trop mignon quand il s'agit de l'art. Je le vois s'affairer et j'en admire la passion qui l'anime. Je ris en posant mon verre puis je le rejoins, glissant ma main dans la sienne. Je glisse mon dos contre son torse. Je tourne ma tête vers lui. -- Je suis prête...  puis mon regard se pose sur la toile blanche. On fait quoi ? je me rends compte que je ne sais même pas par où commencer. -- Professeur... j'ai déjà une question, faut dessiner quoi... au juste?  Je fais une petite moue gênée tout en posant mon crâne contre lui.

les meubles sont déplacées. nous avons toute la place nécessaire dans le salon. le sol est protégé et une toile est en plein milieu. ta main glisse dans la mienne, te rapprochant de moi. tu te colle à moi. dos contre mon torse. j'ai encore du mal à me faire à l'idée qu'en cet instant précis, tu es ma meuf. ma petite amie. à moi. l'idée me plait mais je dois surtout pas m'y accrocher. plus facile à dire qu'à faire. nous allons passer notre dernière soirée en tant que couple alors autant en profiter. je ne peux pas m'empêcher de rire à ta remarque. elle est trop mignonne. tu es trop mignonne. « rien vee, on ne va pas dessiner, on va peindre » et il y a une grosse nuance là dessus.

Je fais un petit "oh" de surprise quand il me corrige. Je souris, c'est une vision plus passionnée que la mienne. très passionné ! Un énième onomatopée sort de ma bouche quand il me retire mon haut, je me retrouve le buste nu sous ces yeux. Il en fait de même, bien que je ne comprenne pas ce qu'il fait. Je remarque la palette qu'il rapproche de nous. Il y a de nombreuses couleurs et en quantité suffisante pour se faire plaisir. J'écoute pieusement Arlan m'expliquer, je n'arrive pas à tout saisir parce que je le trouve trop adorable. Je sens la chaleur sur mon visage, il demande qu'on fasse ça tous les deux. "Notre" toile. Venant de lui, ça me chamboule. Ces trois jours m'ont travaillés au corps et ce dernier soir, j'en suis fatiguée de cette distance que je mets. Je suis totalement muette face à Arlan, je me laisse porter par par ses gestes. On peint. Un trait, c'est tout. sur la toile. sur son torse. -- Nos sentiments ? J'ai la sensation de valser quand il me parle ainsi. ça me bouleverse tellement que j'ai un léger sursaut quand il embrasse ma peau. -- oui, je crois ? Tu es là... pour m'aider. je suis fébrile car j'ai l'impression que je me retrouve à devoir lui peindre ce que je dois lui dire depuis des jours. De ma main encore propre, je l'approche du pot contenant le rouge. Tous mes doigts sont trempés et je plaque ma main contre la toile blanche. ce n'est pas très régulier, ni très beau. Alors que mes doigts étalent le rouge dans une forme de double sphère, je me rends compte que ce n'est pas une bonne idée. pas de formes. rester abstrait. alors je panique et ma main contenant le bleu vient se plaquer sur ce que je faisais. Un mélange de bleu et de rouge traine. J'ai le coeur qui bats à la chamade alors que je tourne lentement vers Arlan, très hésitante. -- Ne bouges pas... chéri.  Je dépose un baiser sur son pectoraux gauche avant de déposer ma main à la fois bleu et rouge au même endroit que je l'ai embrassé. Quand je lève mon regard pour rencontrer le sien, je déglutis.  J'aimerais lui demander son avis mais parler autrement, j'aurais l'impression de gâcher ce moment.