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one thing you can't hide is when you're crippled inside
Feat @Kory Mendes
octobre 2023
massachusetts general hospital
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Mon loyer n’allait pas se payer tout seul- ni mes nombreuses soirées -, j’avais donc pour habitude d’accepter des gardes en dehors de ma spécialité habituelle. Aujourd’hui, j’en faisais une aux urgences et j’entamais le dernier tiers, cela voulait donc dire que je commençais à avoir mal aux jambes, que mes paupières tombaient et que je bayais entre deux patients. J’avais eu espoir de dormir quelques heures, mais les infirmiers ne cessaient de m’appeler pour moult demandes, dont un cas de traumatologie à cet instant précis. Alors que je me dirigeais vers le box, je balayais du regard le dossier de soins et je manquais de rentrer dans un autre patient lorsque j’apercevais l’identité de la patiente. Kory Mendes. Plusieurs images me revenaient en tête d’un seul coup : londres, elle, un été si vite passé et puis harvard. De nombreuses rencontres silencieuses, sans jamais une discussion, quelques regards mais rien de plus. Je n’avais jamais osé lui reparler, m’excuser et lui dire que je n’avais jamais voulu couper les ponts avec elle. De toute façon, elle était en couple à présent, la page était tournée. Elle devait juste avoir de l’indifférence pour moi aujourd’hui, j’étais juste une déception passée pour elle. J’inspirais un bon coup avant d’ouvrir la porte. Elle avait les yeux rivés vers le mur et ne se retournait pas. L’infirmier avait-il déjà informé Kory que j’étais son médecin ? Je me raclais la gorge. « Kory Mendes ? » dis-je sur un ton interrogatif, en ne laissant rien transparaître. Elle plongeait son regard dans le mien et je ne pouvais m’empêcher de la fixer. Sa phrase confirmait mes soupçons : elle ne voulait plus rien à voir à faire avec moi. Elle était la patiente, je devais respecter sa demande malgré moi. « Oui bien sûr… est-ce que tu peux enlever ton haut s’il te plaît ? ». Un peu mal à l’aise de faire une telle demande, je n’avais pas vraiment le choix puisque la coupure remontait trop haut. J’attrapais le matériel nécessaire pour la recoudre ainsi qu’un tabouret et je m’installais à sa hauteur. « Je… tu vas bien ? Enfin là maintenant de toute évidence non mais... en général ? ». Je ne savais pas quoi dire, c'était nul et brouillon, j’étais son médecin mais aussi plus que ça. J’attrapais son bras délicatement, en attendant sa réponse.

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Feat @Kory Mendes
octobre 2023
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Une sensation étrange m’habitait depuis que j’avais croisé le regard de Kory. Une sensation mêlée à un goût amer, à des souvenirs heureux et tristes à la fois, à une affection lointaine mais toujours discrètement présente. Cependant, que pouvais-je lui dire ? Je n’avais jamais su quoi dire lorsque j’avais croisé la jeune femme auparavant. J’avais porté à plusieurs reprises mon regard sur le sien mais rien de plus. La manière dont elle me répondait, avec un ton plus froid que le pôle nord, était révélatrice de ce qu’elle pouvait penser de moi. Je grimaçais légèrement en baissant les yeux au sol. « Je ne fais pas semblant et je ne dis pas ça juste parce que je suis ton médecin aujourd’hui. J’ai voulu te demander comment tu allais à de nombreuses reprises tu sais » dis-je simplement même si comme elle le soulignait si bien, ça n’allait sûrement rien changer. Pourtant, il y avait tant de choses que j’aimerais changer, dont mon silence et mon absence d’explications mais ce n'était ni lieu ni le moment pour pour une telle discussion. Pour autant, je n’avais jamais trouvé de moment parfait. Je venais de lui demander de retirer son haut pour que je puisse la recoudre mais je n’avais pas anticipé ses difficultés pour effectuer cette tâche. Je m’approchais délicatement en attrapant le bas de son tee-shirt que je faisais glisser jusqu’à sa tête pour l’enlever. « Voilà, c’est fait… ça ne devrait pas prendre longtemps pour te recoudre » dis-je en attrapant le matériel nécessaire avant de désinfecter la plaie. Le silence dans la pièce était pesant et je ne pouvais pas m’empêcher de le briser. « Pourquoi tu n’es jamais venue me reparler ? ». La vérité est que je savais pourquoi : je n’avais plus donné signe de vie malgré ce qu’on avait vécu ; mais je n’avais pas le courage de dire autre chose. Pour l’instant.

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Feat @Ambroise Alcott
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je pensais pas que te revoir d'aussi près me provoquerait autant d'incertitudes. que tu me donnerais cette envie folle de balayer cette déception pour te reprendre dans mes bras. je perçois ta tristesse à travers ce regard fixé sur mon visage. tu me fais culpabiliser alors que c'est toi qui t'es détourné. toi qui t'es éloigné. toi qui a soudainement décidé que je n'étais pas assez bien pour toi. c'est ce que j'en ai conclus. parce que tu me prouves pas le contraire. parce que tu préfères demeurer dans le silence, taire ce que tu ressens. ou plutôt ce que tu ressentais. me laissant seule avec mon chagrin et mes doutes. — à de nombreuses reprises hein ... ? pourquoi on se parle que maintenant alors ? au final t'as juste pas eu le courage de venir me voir... ou tu t'es juste dit que ça n'en valait pas la peine ? je murmure, me concentrant sur chaque mot prononcé. mon niveau d'anglais me trahissait souvent quand il était question de m'ouvrir. ou quand il était question de toi. tout simplement. je te demande de te rapprocher, pour m'aider à retirer mon haut. j'aurais dû prévoir ce que ça impliquerait, une telle proximité. les effluves de ton parfum viennent titiller mes narines, me redonnant un avant goût de ce que tu m'offrais auparavant. je hais cette partie de moi qui continue de se tourner dans ta direction. au lieu de s'en détourner définitivement. silence presque morbide qui s'installe, toi concentré sur les soins, moi préférant rester en retrait. c'était plus facile de cette façon. ne pas ouvrir la bouche pour éviter de me confier. pour éviter de te faire prendre conscience que tu m'as manqué. affreusement. mais t'en viens à me poser une question, et me voilà contrainte d'y répondre. fallait bien tuer le temps de toute façon. — sûrement parce que je savais qu'il n'y aurait pas d'issue qui me conviendrait. te reparler ça aurait voulu dire te laisser de nouveau une place dans ma vie, et j'étais pas préparée à ce que tu me laisses une nouvelle fois. et comme tu ne faisais pas non plus l'effort de revenir, j'en ai conclus que tu avais tourné la page. tout simplement...

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Feat @Kory Mendes
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J’étais dans cette pièce avec Kory et d’un autre côté, je n’y étais pas vraiment. J’étais en voyage direction le passé, me remémorant nos moments à londres, notre aventure, nos rires et nos promesses. À ses yeux, je devais être le pire des égoïstes et des lâches. Il y avait de toute évidence une forme de vérité là-dedans. Est-ce que je manquais de courage comme elle venait de me le balancer à la figure ? Oui, sûrement mais une chose était sûre, je n’avais jamais pensé que « ça n’en valait pas la peine ». Pour la première fois de ma vie, je ne savais pas quoi dire alors que j’avais toujours quelque chose à dire d’ordinaire. Je passais une main dans mes cheveux en fixant le sol quelques secondes. « Parce que je n’ai pas eu le courage oui, parce que je ne savais pas comment t’aborder, par quoi commencer. Mais je devrais sûrement commencer par dire que je suis désolé. Alors voilà, Kory, excuse-moi ». Voilà, un début d’excuses après tant d’années, alors qu’elle méritait ces dernières depuis bien longtemps. Je devais ensuite l’aider à enlever son tee-shirt pour la recoudre. Cette proximité, sentir sa peau contre main, redécouvrir son corps, son odeur, sa voix, cela me troublait autant qu’à elle, je le voyais bien dans son regard. Je n’avais pas pu m’empêcher de lui demander pourquoi elle n’était jamais venue me reparler. Si je n’avais jamais été capable de faire le premier pas, elle non plus. Elle avait toujours dévié son regard lorsque mes yeux se posaient sur elle, notamment lorsqu'elle était avec son conjoint. À sa réponse, mon coeur se tordait. Je m’en voulais d’avoir fait ressentir toutes ces choses à la jeune femme car j’avais toujours souhaité que ce petit être unique qu’elle était soit heureux. « Si je ne t’avais pas laissée, tu aurais voulu me garder dans ta vie ? ». Je ne savais pas trop pourquoi je demandais ça mais c’était sorti tout seul, comme si je voulais imaginer une autre version de l'histoire. « Je n’ai jamais voulu te laisser tu sais, ni tourner la page ou quoi que ce soit. Quand je suis rentré à boston je me suis plongé dans les études en oubliant tout le reste... puis je n'ai jamais osé revenir ». C'était nul mais comment expliquer l’inexplicable ? J’étais incapable de construire une phrase logique, trop troublé de la revoir.

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je suis désolé. tu me le dis enfin. ces mots parmi tant d'autres que je désirais ardemment entendre. tes mots réchauffent cette zone froide et inhabitée depuis que tu l'as déserté. même la chaleur de liam ne me galvanisait pas autant. je prenais conscience de cette différence, entre ces deux êtres qui m'avaient apporté un semblant de bonheur à leur façon. c'est un début mais ça ne suffira pas. ça ne suffira pas à faire taire cette mélancolie qui m'habite depuis que tu t'es volatilisé. ton absence a laissé un vide, vide que je peine à recouvrir. ne l'agrandis pas davantage ambroise avec de telles paroles. — si t'avais eu le courage de revenir vers moi bien plus tôt, peut-être que toi et moi... je laisse ma phrase en suspens, détournant mon regard attristé de ton corps désormais étranger à mon toucher pour m'attarder sur mes doigts agrippés à la couverture. toi et moi on aurait pu continuer notre histoire. faire perdurer ce bonheur éphémère. devenir la zone safe de l'un et de l'autre. faire en sorte que nos bras respectifs deviennent un foyer réconfortant et rassurant. on aurait pu créer un nous. espoir qui s'est tari au moment même où t'as abandonné ce futur. — si tu ne m'avais pas laissé, j'aurais sûrement fini par t'épouser je te révèle sereinement, doux sourire qui vient se loger entre mes lippes. imaginant brièvement ce futur qui m'était apparu si clair à l'époque. avant de reprendre mon visage de marbre. celui que j'aurais dû t'adresser depuis le début. celui que tu méritais. — donc si je comprends bien, t'as pas eu ce manque, ce besoin d'être avec moi. sois honnête ambroise. si t'avais envisagé un avenir avec moi, t'aurais trouvé les moyens pour revenir. t'aurais eu envie de revenir. j'ai haussé la voix inconsciemment, mon corps désormais tourné entièrement vers le tien. oubliant mon frère, oubliant cette douleur lancinante dans mon bras. toutes mes pensées étaient pour toi. capturant ton visage dans mon esprit. persuadée de toute façon que ce moment serait le dernier. qu'il n'y en aurait pas d'autres. — bref ça n'a plus d'importance, j'ai fini par tourner la page moi aussi. vérité dissimulée derrière ce mensonge que tu devras digérer. c'est pas comme si ce que tu pensais m'importait, n'est-ce pas ?

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Feat @Kory Mendes
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La tension qui se construisait lentement au fil des paroles de Kory m’étouffait presque. J’écartais légèrement ma blouse qui me semblait bien trop lourde aujourd’hui alors qu’il s’agissait d’un simple bout de tissu bon marché. « Peut-être que toi et moi » et puis plus rien. Le silence et la perte de son regard. Son regard que j’avais perdu déjà depuis bien longtemps et qui avait pourtant habité mes pensées, mes rêves et mes souvenirs. Que pouvais-je faire ? Continuer sa phrase ? La vérité était que je ne savais absolument pas quoi répondre ni quoi faire. Je venais de lui présenter mes excuses car elles me brulaient la gorge et qu’elle méritait au moins ça. Sa blessure était à présent recousue et j’essayais de rattraper son regard, en vain. Lorsque ses yeux se posent à nouveau sur les miens, la fin de sa phrase manque de me faire tomber du tabouret. C’était comme si une tout autre histoire se dessinait devant mes yeux, une histoire à ses côtés qui ne ressemblait en rien à celle que j’étais en train de vivre. Je la laissais continuer car le choc de ses révélations m’empêchait de répondre. Je me demandais si elle pensait réellement ce qu’elle était en train de dire mais je ne me voyais pas lui demander plus d’explications. Elle assénait les coups, un par un, l’un après l’autre. « Je ne dis pas ça. Évidemment que tu m’as manqué, tu penses que je n’ai jamais repensé à toi ? Tu te trompes. Moi aussi j’ai imaginé un futur avec toi, je n'ai rien oublié. ». Les yeux rivés sur les siens, je marquais un silence. « J’ai été égoïste, je n’ai pensé qu’à moi en me concentrant sur mes études. Comment tu voulais que je revienne après ça ? Que je te dise que la seule chose que je voulais c’était être avec toi ? Tu ne m’aurais jamais cru ». Je sortais tout avec mes tripes. Il y avait peu d’espoir qu’elle me croit aujourd’hui d’ailleurs. Sa dernière révélation finissait de m’achever, car pour moi, la page n’avait jamais été réellement tournée. La voir ravivait tout mais j’avais également conscience qu’elle avait quelqu’un dans sa vie. Quelqu’un à ma place. Je ne pouvais plus être égoïste aujourd'hui. « Je sais, j’ai bien vu que tu avais trouvé chaussure à ton pied et j’espère que tu es heureuse ». En fait, la petite voix au fond de moi espérait tout le contraire. Cette petite voix, elle me disait également qu'une partie de moi aimait toujours Kory. C'était le plus dur à accepter. Perdu, je ne pouvais quitter son regard.

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Feat @Ambroise Alcott
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à peine les mots sortis, je les regrette presque aussitôt. te révéler ce que j’avais imaginé pour nous deux n’avait plus de sens maintenant. parce que ce futur avait été effacé à l’instant même où t’avais décidé que je n’en ferai plus partie. à quoi bon repenser à un si alors qu’on en connaissait déjà l’issue. j’aimerais capter ton regard pour connaître tes intentions. l’attraper pour vérifier que tu réagissais à mes propos. que ton corps lui-même s'évertue à m’envoyer une réponse. mais je m'entête dans ma rancune, fuyant tes iris le plus longtemps possible. tu te rends pas compte à quel point te revoir me fait autant d’effet. à quel point un regard de ta part me bouleverse. à quel point une caresse de ta part me galvanise. je n’ai pas encore de ressentir ce que j’ai perdu. ce que tu as décidé de ne pas m’offrir. c’est douloureux, cette sensation de brûlure qui étouffe dans ma poitrine. Moi aussi j’ai imaginé un futur avec toi, je n'ai rien oublié. cette fois-ci c’est à mon tour de me retrouver prise au dépourvu. prise au piège par ces pensées que tu dévoiles. des pensées dont je n’avais pas connaissance. ni conscience.  déstabilisée par ces propos que tu tiens. arrête-toi. cesse de me faire comprendre que nos regrets sont réels. j’fronce les sourcils, le visage fermé tourné vers toi. mes orbes d’une noirceur extrême fondent dans les tiennes. — t’as imaginé un avenir avec moi ? et tu m’as quand même laissé partir ? si je le pouvais je serai en train de rire à gorge déployée tellement cette situation était ironique. pathétique. j’ai envie de déguerpir de cette pièce. la nausée qui m’envahit à mesure que j’comprends qu’elles étaient tes intentions passées. en réalité j’suis juste dépitée. parce qu’on aurait pu créer un nous. et que t’as laissé passer cette chance par égoïsme. — oui t’as été égoïste je te confirme et oui j’voulais que tu reviennes pour moi. que tu me montres que je comptais. parce qu’à cette époque, j’aurais tout lâché pour être avec toi… j’en vaux pas la peine. j’vaux pas ce détour, c’est ce que tu m’as fait croire. c’est avec cette pensée bien sombre que j’ai continué ma vie. j’me suis reprise en main. j’ai avancé. enfouissant tout ce qu’il me restait de toi. pour ne plus me laisser atteindre. — ouais… je le suis… je murmure, ma main qui se pose spontanément sur la tienne. les lèvres qui mentent, et les mains qui dévoilent ce que je désirais vraiment. me rendant compte à quel point ta chaleur m’avait manqué.