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with @Poppy Shipley

Enfin, l’intrusion masculine cesse. L’inconnu et l’enfant referment la porte derrière eux, les vestiges de consommations abandonnées sur la table. Trois verres, trois assiettes et une heure de discussion arrachée à tes oreilles mais pas à ta vision. Difficilement, tu as respecté l’intimité du cercle, observant de loin la situation. Est-ce qu’il te ressemble ? Ce bambin, ou est-il le fruit de leur union à eux ? L’acidité entrave ta gorge d’une brûlure incandescente. Elle disparaît au claquement de la porte dans un silence effroyable. Était-ce un moment aussi douloureux que tu l’imagines ? Tu soupires légèrement, nettoyant rapidement leur table pour les clients suivants. Admets, Seven, que tu aurais préféré que cette rencontre se déroule ailleurs que sous tes yeux envieux et jaloux. Après plusieurs minutes de son absence, l’inquiète interrogation hante ton esprit… Comment se sent-elle ? Voit-elle combien il te ressemble ? Non... Simple fruit de ton imagination, illusion rassurante pour nier leur proximité. Une bouteille manque à la collection au-dessus du bar et à cette simple observation ton poing s’abat sourdement contre la porte de ton bureau. Impossible qu’elle puisse se réfugier dans un autre havre ici. Tu n’obtiens aucune réponse, seul un sanglot s’échappe du bureau. Tu pénètres le lieu, refermant l’échappatoire derrière toi. « — Hm.. Viens là. » Tu t’approches calmement, réfrénant l’amertume qui prolifère dans tes artères pour la serrer dans tes bras.

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Rencontre aussi agréable qu'amer, le battant agité, les mains moites, angoisse brouillant entre ses pensées qu'elle tentait de cacher. À travers des sourires et cette attitude maternelle, ce naturel presque trop perturbant qu'elle s'effrayait à découvrir. Les émeraudes qui ne cessent de scruter les traits de son visage, incapable d'y croire, incapable d'accepter la réalité. Face à sa chair, son sang, celui pour qui elle s'était battu afin qu'il vienne au monde, alors qu'elle était seule, pleurant la vie d'être aussi infernale. Arraché des bras, aujourd'hui retrouvé qu'à travers un repas et quelques anecdotes du passé. Les minutes qui défilent, les silhouettes qui finissent par s'échapper. Parce qu'il suffisait que la porte se ferme, pour qu'elle s'échappe à son tour, loin des regards, loin des fausses idées. Incapable de retenir plus longtemps cette tristesse bouillonnant en elle. Mais aussi parce qu'elle savait que t'étais là, depuis le début. Spectateur de ses erreurs, spectateur de la place que tu devais prendre. Bouteille dérobée du bar pour retrouver son antre, les armes baissés, accompagnée des larmes qui s'évadent, une à une. Désolation accaparant son esprit, silhouette figée lorsqu'elle l'entendait, s'approcher, à pas de souris, imbibé de cette douceur réconfortante. Poupée de chiffon se laissant aller à cette étreinte, le visage se nichant dans son cou, incapable d'en stopper les sanglots. Parce qu'elle était pas comme ça d'habitude, elle était pas aussi faible. Sauf que cette fois, elle y arrivait plus. Non, non, je veux pas que tu me vois comme ça. Dit-elle alors qu'elle finit par se reculer, lui faisant dos, les mains qui passent à travers les joues pour en effacer les preuves salées. Il est partie, c'est comme ça. Le corps qui finit par se reculer pour s'asseoir sur son bureau, le regardant évitant le sien, parce qu'elle le savait, il était peut-être l'un des seuls à pouvoir lire aussi bien en elle. T'inquiètes pas pour moi, ça va aller, j'ai ce qu'il faut. Dit-elle en relevant la bouteille volée, profitant pour en boire une gorgée. Parce qu'elle voulait pas que tu subisses ça plus longtemps, parce qu'elle préférait te voir loin d'elle que prêt de cette triste façade qu'elle représentait.

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Comme l’ouvrage de la perte s’avère cruel. Chasse donc ses larmes Seven, souffle une voix dans ton encéphale, dépouille-la de cette souffrance, que ses sanglots s’apaisent dans le creux de ton cou. « — Non, non, je veux pas que tu me vois comme ça. » Néanmoins, elle s’éloigne, ôtant de ton champ de vision son visage perlé d’iode. Tu pourrais forcer le réconfort, l’empêcher de fuir… Est-ce égoïste de souhaiter avec tant de force qu’elle se repose sur toi ? Comment la convaincre de tolérer ta tendre présence ? « — Ne sois pas idiote Poppy… » La distance s’accentue alors qu’elle s’installe sur son bureau, évitant soigneusement que vos regards ne se croisent. « — Il est parti, c’est comme ça. » Sa silhouette hurle le poids accablant du sépulcre, cette maternité arrachée et exhibée pour seulement quelques grains de temps. Quelle douleur d’ainsi la voir souffrir. Tu sens dans ta poitrine ton cœur se fissurer lorsque tu parviens à lire la douleur dans ses gestes. Le crachat de sarcasme se dévoilant entre ses lèvres. « — Nous le récupèrerons. » Tes convictions profondes sont insuffisante. Elle saisit la bouteille abandonnée sur le bois, déglutissant ses pleurs avec une longue gorgée brûlante. Un soupire t’échappe. « — T’inquiètes pas pour moi, ça va aller, j’ai ce qu’il faut » Un rire cynique s’extirpe de ta gorge, tes pas l’emprisonnant entre le bois et ton corps. Tu attrapes la bouteille, portant le goulot à ta bouche pour en partager le contenu. « — Tu ne préfères pas ma compagnie ?... Évidemment que je m’inquiète pour toi. »

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Elle aimerait se reposer sur toi Seven, s'évader dans tes bras, laisser s'envoler ses larmes jusqu'à leur disparition. Elle aspire à oublier cet instant et à se réfugier près de toi, mais elle n'y parvient pas. Car à travers ses pleurs et cette rencontre, elle comprend également ce qu'elle t'impose. D'un côté, ces fausses idées de paternité, et de l'autre, l'image d'un passé auquel tu ne fais peut-être pas partie. Pourtant, elle percevait la douceur qui émanait de toi, elle voyait clairement ton désir d'apaiser ses maux. Son regard se lève, sa tête se secoue un instant. Pourquoi t'es pas en train de t'énerver contre moi ? Pourquoi t'es pas déjà en train de tout casser Seven ?  Sanglot qui transparaît à travers ses mots, car elle ne pense pas mériter sa bienveillance, pas après toutes ses erreurs. Un soupir s'échappe aux prochains mots, nous ? Elle aimerait tant vivre dans ce monde idéal, ce rêve, celui où il serait réellement le père de cet enfant, où ils pourraient le retrouver et devenir les parents qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'être. Cependant, elle reste réaliste, ou peut-être un peu trop pessimiste, persuadée que rien ne se déroulera comme ça. On va rien faire, cette histoire est terminée. Parce qu'elle refuse de se laisser envahir par cet espoir, sachant que la chute serait bien trop difficile à vivre. Bouteille dérobée de ses mains, leur regard finit par se croiser, envahie par le désir de se laisser aller à sa tendresse. Son cœur peine à retrouver un rythme normal, toujours agité par leur proximité. T'peux tenter de me baiser, mais ça changera rien. Parce que y'avait que le temps qui pourrait s'en occuper, c'est ça ? Oublier, une nouvelle fois, comme elle l'avait fait y'a des années, continuer encore et encore d'effacer.

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« — Pourquoi t'es pas en train de t'énerver contre moi ? Pourquoi t'es pas déjà en train de tout casser Seven ? » L’ornement affreux de la brûlure sur son épiderme glacé, premières engelures fracturant son pauvre squelette. Ainsi, l’armure cède sous le poids de l’émotion. Les sanglots se meurent dans sa gorge, les frissons de l’affreuse bête glanant la moindre chaleur à dévorer. « —  La situation est suffisamment merdique pour que je m’amuse à tout détruire. J’suis pas énervé, pas contre toi. » Heureusement l’alcool délivre de fugaces échappées de réconfortant avant que tu n’abandonnes la bouteille sur le bureau. Tes bras ramènent Poppy contre ton torse, niant l’évident envie qu’elle éprouve d’être seule. Non. La voir souffrir brise tellement ton pauvre myocarde qu’il est interdit de songer un instant à sa solitude. Tu sentirais presque se fissurer dans ta poitrine tes organes les uns après les autres en apercevant la douleur dans ses yeux. « — On va rien faire, cette histoire est terminée. » Tu secoues la tête à la négative, tes doigts s’enroulant dans sa chevelure en douces caresses. Impossible. Tu ne peux te résoudre à cette solution suintant la fatalité. « — Je refuse. Si tu baisses les bras, c’est pas mon cas. Si ce gosse est mon fils, je le récupèrerai. » Tu saisis son menton entre tes doigts, levant son visage pour que vos regards ne puissent se disjoindre. Marteler chacune de tes syllabes dans son encéphale jusqu’à ce qu’elle comprenne ta détermination. Personne n’abandonne sa famille, son sang. Jamais, encore moins un enfant. Ton enfant. Un soupire t’échappe, ton front se collant au sien naturellement. « — T'peux tenter de me baiser, mais ça changera rien. » Un mauvais rire s’étrangle entre tes lippes alors que tu recules, l’énervement préparant l’assaut. Néanmoins, cette rage folle ne peut rivaliser aux excès de tendresse qui circulent dans tes artères. « — J’ai pas envie de te baiser là, j’veux… je veux que tu te sentes mieux. »

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Peut-être que pour une fois, t'as le droit de te laisser te noyer dans ses bras, pour une fois, tu peux simplement lâcher prise. Parce qu'elle essaye de se dire qu'elle est plus forte que ça, qu'elle pourra garder la tête haute face à ses erreurs. Mais peut-être que la carapace est restée bien trop d'années grande et imposante, si difficile à consolider tant elle était prête à se briser. Les sourcils qui se froncent à l'écoute de ses mots. Parce qu'il était encore capable de ne pas lui en vouloir, d'être à ses côtés, prêt à tout pour lui apporter ce réconfort dont elle avait besoin. Qui serait capable de faire ça à pars lui, hein Poppy ? Tu devrais.. Je mérite ta colère. Si tu fais partie de cette situation merdique, c'est à cause de moi. Parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de le provoquer, de vouloir réveiller les flammes, celles qui vous emmènent à tout brûler autour de vous à travers des mauvaises paroles. Les bras tombent le long du corps lorsque leur éteinte est retrouvé, petite bataille qu'elle préfère abandonner. Parce que ce contact, cette chaleur qu'il lui imposait, c'est ce dont elle avait besoin et lui, il le savait très bien. Tu le feras quoi que je dise... N'est ce pas ? le regard qui s'évade à travers le sien lorsque le visage est relevé. Je veux pas que tu te mettes en tête que c'est le tien, je veux pas non plus que t'imagines quelque chose qui arrivera sûrement jamais.. Tu mérites pas ça. La main qui remonte avec douceur contre sa nuque, parce qu'elle aimerait lui faire comprendre, qu'elle était avec lui, dans la même équipe. Mais tu penses que c'est réellement la bonne chose à faire, alors qu'on est pratiquement certains d'en ressortir perdants, hein Seven ? Complicité le temps d'un instant, les mots de trop échappés pour le refroidir, les épaules qui se haussent à ses paroles. Coeur qui s'ouvre peu à peu à l'idée d'accepter d'être réconfortée.  On s'en va ? On prends ta moto et on va n'importe où ? Là où le vent décidera de nous emmener. Proposition donnée sous un coup de tête, il voulait qu'elle aille mieux ? Alors il fallait certainement qu'elle parte d'ici.

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« — Tu devrais.. Je mérite ta colère. Si tu fais partie de cette situation merdique, c'est à cause de moi. » Protège-la du mauvais sort, cette fleur effeuillant par les bourrasques trop puissantes du passé. Des fantômes qui surgissent de l’abysse pour l’entraîner dans de lointaines contrées, constamment inondés par les larmes salines. Peu importe les provocations qui animent tes démons, tu préfères demeurer stoïque et l’apaiser… Déchaîner les hurlements vous entrainera seulement plus profondément dans ses terres isolées.  « — T’inquiète pas, j’ai l’habitude des situations merdiques. C’est une seconde nature… Et ce n’est pas ta faute, c’est… C’est juste la merde. » Son épiderme vaincue contre ta chair brûlante, la lueur des flammes réconfortante séchant le cheminement de sa tristesse. Tu n’es pas particulièrement habile dans cet exercice, mais pour elle tu es capable d’apprendre. Tes lèvres se déposent sur son front, ta barbe rugueuse chatouillant de son âpreté sa peau. « — Tu le feras quoi que je dise... N'est ce pas ? » Un léger rire t’échappe. En effet, inutile de nier tes intentions. « — Ouais. Je n’abandonnerai pas. » Jamais. Pas une seconde. Comment pourrais-tu nier cette possibilité ? Un fils arraché déambulant devant tes yeux. Tu ne peux résister à la tentation. «  — Je veux pas que tu te mettes en tête que c'est le tien, je veux pas non plus que t'imagines quelque chose qui arrivera sûrement jamais.. Tu mérites pas ça. » Un soupire agacé t’écorche la gorge, des mots plus assassins restant cloitrés à l’orée de tes lèvres. Pas le tien. Pas le tien. Pas le tien. Non, cette immonde possibilité ne peut s’introduire dans tes desseins. « — Mais ça pourrait être le mien, c’est peut-être le mien. » Tu recules légèrement, ses épaules se haussent… Difficile de réfréner la colère. L’injustice criante de cette part de son existence qu’elle te refuse. Comment est-il possible qu’elle ne soit pas ton entière possession ? Tes dents crissent entre elles avant qu’elle ne parvienne à faire redescendre la tension.« — On s'en va ? On prends ta moto et on va n'importe où ? Là où le vent décidera de nous emmener. » Respire. Respire. En effet, l’oxygène extérieur sera bien moins anxiogène que celui s’accumulant dans tes poumons. Tu acquiesces de la tête. « — C’est une bonne idée, viens on se tire. »

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Regard désolé qu'elle ne peut s'empêcher d'afficher, incapable de ne pas s'imaginer qu'elle était la cause de ces situations. Âmes accrochés tout au long d'une vie, lors de l'enfance innocente, l'adolescence naïve et encore pendant cette vie d'adulte, déjà loin des légèretés qui ont pu vous enivrer. Même quand elle pensait être amoureuse d'un autre, elle était toujours prêt de toi, imprégnée depuis bien trop d'années pour accepter de se séparer. Décisions qui vous ramènent à aujourd'hui, avec cette question restant en suspends, incapable de savoir si vous auriez pu représenter une vraie famille, votre famille. Je te promet.. De faire un test de paternité dès que ça sera possible. Tu auras ta réponse. Parce que tu méritais de connaître la vérité, tu pouvais pas te nourrir de cet espoir pendant trop longtemps, parce qu'un jour, il finira par entièrement te ronger cet espoir. Les yeux qui se ferment un instant, l'âme qui s'apaise à ses lèvres s'écrasant contre son front, se rappelant qu'à travers sa personnalité, sa douceur en faisait tout autant partie. Oubliant presque toutes ses fois où il a été le seul capable de l'aider, d'apaiser cette rage souvent incontrôlable. Léger sourire qu'elle laisse entrevoir face à l'écoute de sa détermination, que pouvait-elle dire de plus ? Parce qu'elle que tout comme elle, rien ne pourra l'arrêter si il décide qu'un choix est le bon. Il a déjà des parents.. Et même si j'aime l'idée de m'imaginer comme une vraie mère le temps d'un instant.. Je me dis qu'une bonne mère ne voudrait pas perturber sa vie de cette façon. Sincérité qu'elle décide d'échapper, parce que cette situation était difficile, mais encore plus quand elle comprenait qu'il était peut-être plus simple de le laisser partir une seconde fois. Tu n'as pas perdu la possibilité d'être père, rien n'est jamais trop tard tu sais. Léger sourire qu'elle délaisse, voyant bien à la contraction de son visage et de ses muscles qu'elle avait certainement échappée les paroles de trop, comme d'habitude. Proposition qui s'installe, fuir cet endroit, sans se poser de questions. Nouveau sourire qu'elle affiche à sa réponse, sa veste qu'elle attrapait, les silhouettes qui s'échappent jusqu'à l'extérieur, face au bolide déjà garé. Regard qu'elle délaisse dans le sien avant d'attraper son casque. Merci.. De toujours être là. Même dans ces situations merdiques. Nouvelle sincérité qu'elle échappe en se laissant évader à travers un baiser qu'elle lui offrait, vibrant par la reconnaissance qu'elle lui apportait à cet instant.