la soirée est pour ollie. pour qu'on puisse lui changer les idées tous les deux. mais j'en profite. je profite de ta présence parce que j'en ai besoin aussi. je suis en pleine crise existentielle en ce moment. il se passe pleins de choses dans ma vie. j'ai bien du mal à aller de l'avance. à avancer. c'est compliqué. l'impression que tout est compliqué. les cocktails ont fait du bien à tout le monde. j'ai le smile jusqu'aux oreilles même si la journée de demain approche à grands pas. je n'ai jamais assisté à un enterrement et ça me fait flipper. je ne connaissais pas personnellement son père mais j'en ai beaucoup entendu parler. j'ai beaucoup de peine pour ollie mais grâce à l'alcool, elle semble s'être atténuée. « bonne nuit ollie, si t'as besoin on est là okay ? » mon regard se tourne vers toi lorsqu'elle quitte la cuisine. grimace qui tord mon visage en me rapprochant de toi. « c'est gentil d'être venue » on pue l'alcool à plein nez. « on a certainement pas réussi à lui faire oublier la journée de demain mais elle a bien rigolé, c'est cool pour elle» large sourire une fois à ta hauteur. « t'es fatiguée ? on s'fait un dernier cocktail ? »

j'sais bien que t'as fait ton choix. j'ai conscience que j'suis là au final pour panser tes envies. combler un désir que t'as pas l'air d'assouvir ailleurs. j'ai dû mal à te comprendre. à saisir ce que tu veux vraiment. pourtant j'suis présente. pour toi. pour ollie. un sourire constamment planté sur mes lippes. l'esprit décontracté, marqué par les traces d'éthanol. m'empêchant de rester concentrée. ni même de réfléchir. j'vogue au gré de la conversation. les verres se finissant bien trop rapidement à mon goût. les lippes qui quittent les joues d'ollie avant qu'elle ne s'évapore de ma vue. nous laissant désormais seuls. les épaules qui se haussent, feignant l'indifférence face à tes remerciements. m'étant promis de ne plus te laisser entrer. dans cette sphère insondable qui contrôlait cette tentation intarissable. — c'est normal. j'suis là pour soulager tous les maux, avec ou sans alcool j'réplique, m'installant confortablement sur le canapé. faisant référence à ce sourire apaisant que j'étais capable de t'offrir. parce que malgré tout, je pouvais pas m'empêcher d'être inquiète pour toi. avec tout ce que tu traversais en ce moment. le visage qui s'illumine face à ta proposition. — jamais fatiguée pour un cocktail, ce serait mal me connaître. je te laisse me resservir un verre avant de reporter mon attention à l'endroit même où ollie se tenait quelques minutes auparavant. — oui ce sera pas facile les prochains jours mais elle est forte, elle y arrivera j'en suis sûre. et toi comment tu vas ? j'ajoute, plantant mes rétines dans les tiennes.

je ne connais ollie que depuis quelques mois mais je ne peux déjà plus me passer d'elle. en si peu de temps, elle est devenue importante à mes yeux. une véritable amie. et la voir dans cet état là me fait beaucoup de mal. je suis triste pour elle et je me sens si impuissant face à tout ce qui lui arrive. j'aimerais pouvoir l'aider davantage mais j'en suis incapable. je ne peux pas faire mieux. elle m'a plus ou moins fait comprendre que je devais rester à l'écart, qu'elle viendrait vers moi si elle ne se sentait pas bien. donc le fait qu'elle passe la soirée, la veille de l'enterrement, à la maison, je l'ai pris pour un signe. en ta compagnie, on a tenté de lui changer les idées. l'aidé à changer un peu d'air. et le taux d'alcool dans notre sang est la preuve que nous avons réussi un tant soit peu. « ouais, j'suis sur que t'as su trouver les bons mots pour lui remonter le moral toi. moi j'ai pas réussi » je suis un véritable boulet dans cet exercice. littéralement à chier. « cool, j'vais nous en faire un spécial pour la fin de soirée » un qui va nous achever, c'est certain. je rigole bêtement tout en m'exécutant. mes gestes sont un peu maladroits mais j'ai encore le plein contrôle sur ce que je fais. ou presque. « elle est plus forte que ce qu'elle veut bien admettre. faut juste qu'elle libère tout ce qu'elle garde en elle, ça ira mieux après ça. » je me retourne vers toi avec les deux verres. « moi ? » je te lance un faible sourire. merde, je ne pensais pas qu'on viendrait à parler de moi. je m'assois sur le canapé, juste à côté de toi. « tiens » te tends ton verre. je croise ton regard, je me sens obligé de te répondre du coup. « j'en sais rien.. je suis complètement largué. ton cousin me plait beaucoup mais y'a cette fille et cette putain de véritas qui a balancé tout. tu sais que c'est faux ce qu'elle a dit, j'suis pas allé le voir. c'est pas moi qu'il s'est tapé à l'hôpital » je rigole ironiquement. « j'suis fatigué de tout ça jinx. en plus j'ai la pression d'un nouveau tableau, les cours j'vais devoir me trouver un stage mais j'ai aucune foutue idée de où j'pourrais bien le faire ... et le papa d'ollie. ça fait un peu beaucoup pour moi tu vois ? » moi qui suis habitué au calme et à la solitude, ça fait un peu trop d'un coup.